Sommaire
Le Corps Expéditionnaire Britannique (BEF) à Louvain, en mai 1940
Fond du Patrimoine architectural - L'Arvô de la CHARTREUSE à LIEGE
Le tirage au sort à Neufchâteau
Le patrimoine humain est fragile
Le pilon de CHARLIER "JAMBE-DE-BOIS"
Les poudrières des forts de la Meuse
Les batailles de MALPLAQUET et de FONTENOY
Le Fort de BARCHON - Souvenirs de la Belle Epoque
Boncelles - Souvenirs de 1940
Le fort de PRE-GIROUD dans le Jura suisse
Correspondance de JOHANNESBURG en AFRIQUE DU SUD
Les Grands-Ducaux dans la tourmente 40-45
Editorial - La fin de la première guerre mondiale
"La Nation Belge" du 12 novembre 1918 titre : "C'est la victoire".
"L'Allemagne a signé un armistice de trente-six jours qui équivaut à une capitulation complète".
L'offensive victorieuse menée du 28 septembre au 11 novembre 1918 s'est déroulée en quatre phases :
1. La bataille de la Crête des Flandres, du 28 septembre au 4 octobre. Sous les ordres du Roi Albert Ier, nos troupes progressent de 75 Km et prennent Clercken, la forêt d'Houthulst et Dixmude.
2. La bataille de Thourout-Thielt (14-19 octobre). Le 19, toute la Flandre occidentale est évacuée.
3. La bataille de la Lys (21-31 octobre). Par une série d'attaques, les forces belges arrachent aux Allemands toutes les positions qu'ils occupent. Après avoir franchi la Lys, l'Armé britannique se porte vers l'Escaut.
4.La bataille de l'Escaut (1-11 novembre). Le 11 novembre, le front victorieux des Alliés suit le canal de Terneuzen et passe par Gand, Ath et Mons et se prolonge en France, par Rocroi et Sedan.
A Bruxelles, le 10 novembre, les soldats allemands avaient proclamé la république et arboré le drapeau rouge.
La retraite de troupes allemandes - notre territoire étant totalement libéré le 28 novembre 1918 - fut suivie du retour triomphal à Bruxelles de nos Souverains, de nos vaillants combattants et de leurs alliés, au milieu d'un enthousiasme indescriptible, le 22 novembre 1918, lors du Défilé de la Victoire.
La guerre s'achevait et la rentrée de nos soldats dans leur famille donnait lieu à des scènes poignantes.
La Première Guerre mondiale avait fait 12 millions de victimes.
Notre pays avait payé un lourd tribut. On compte 44.000 victimes civiles et 13.700 militaires tués au combat sur 267.000 mobilisés. On espérait que pareille boucherie ne se reproduirait plus ...
Hélas ! Les objectifs et les méthodes des nazis, l'esprit malfaisant et démoniaque du totalitarisme hitlérien et japonais, allaient plonger le monde dans un cataclysme sans précédent.
Quand on relit l'article du "Völkischer Beobachter" du 28 septembre 1928, force est de constater que les principes maléfiques qui animaient les autorités du Reich humilié par la défaite de 1918 sont encore présents dans certaines mentalités de notre temps, et sont atrocement démontrés dans leur triste réalité, dans le conflit qui dévore actuellement l'ex-Yougoslavie.
"En premier lieu", disait le journal allemand, "notre peuple doit être délivré de la confusion lamentable où l'entraînent les convictions internationales, il faut l'éduquer sciemment et systématiquement dans un nationalisme fanatique ..."
"En deuxième lieu, en apprenant au pays à lutter contre les délires de la démocratisation et en le persuadant de la nécessité d'une direction autoritaire, nous l'arracherons aux stupidités du parlementarisme."
"En troisième lieu, en délivrant le peuple de ces croyances pitoyables en des choses qui dépassent les forces de n'importe qui - telle que la croyance dans la réconciliation et la compréhension mutuelle, dans la paix du monde, la Société des Nations et la solidarité internationale -, nous détruirons ces idées."
"Il n'existe qu'un droit au monde et c'est le droit de force."
Pauvre humanité qui érige la haine en système et prêche le droit du plus fort, qui ne peut garantir une paix durable malgré les efforts des hommes de bonne volonté qui essayent en vain de rendre l'avenir pacifique !
Nous nous inclinons respectueusement devant la mémoire des victimes des confits passés et présents et nous hurlons notre soif de tolérance, de civisme et de solidarité universelle.
Puisse le prochain millénaire connaître enfin l'apaisement, la négation du racisme et du fascisme, et le bonheur, dans l'épanouissement harmonieux de tous les peuples de la terre.
Le mal est profond mais nos morts héroïques nous indiquent le non-sens de la violence. Il nous faut le rappeler sans cesse.
Pourquoi le partage des joies ne suivrait-il pas le partage des douleurs ?
G. Spoiden
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Il y a 75 ans - L'offensive libératrice
Investi du commandement du Groupe d'Armée des Flandres (11 septembre), le Roi Albert Ier est à la tête d'une force comprenant : l'Armée belge, la 2e Armée britannique du général Plumer, le 7e Corps, le 2e Corps de Cavalerie et une imposante artillerie de renfort de l'Armée française, soit au total 170.000 hommes, 1.700 officiers, 38.000 chevaux et 850 canons.
N'oublions pas de signaler aussi les services et sacrifices de 40.000 Américains qui, en octobre et novembre 1918, ont combattu dans le Groupe d'Armée commandé par le roi des Belges et dont 368 reposent dans le cimetière U.S. de WAREGEM. Situé au sud-est de la ville, à 5 Km de la route qui relie Courtrai à Gand, le cimetière est isolé du trafic extérieur par des bouquets d'arbres et arbustes très fournis. Les tombes sont alignées en quatre quartiers symétriques autour d'une chapelle en pierres blanches. A l'intérieur de la chapelle, l'autel est en marbre noir et blanc et a des drapeaux de chaque côté avec, au-dessus, des épées dont le contour est en or. Sur les murs, sont inscrits les noms des 43 disparus qui donnèrent leur vie au service de la patrie, mais dont les restes ne furent jamais retrouvés ou identifiés.
G. S.
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Richely (A sa mémoire) - L'usine d'oxygène liquide pour V2 de Tilleur
Monsieur RICHELY nous a quitté en septembre. Nos lecteurs le connaissent car il a donné à notre bulletin d'information plusieurs articles, dont les plus récents se rapportent aux sites de Mimoyecques et d'Hydrequent-Rixent. Deux d'entre nous étaient présents à ses obsèques, à Bruxelles et ont présenté à sa famille les condoléances des membres de notre a.s.b.l. Notre déplacement était aussi une façon de nous associer à la perte que ressent la cellule bruxelloise du C.L.H.A.M., dont M. Richely était un collaborateur actif.
Le 15 mars dernier, M. Richely était encore tout près de chez nous, à la Salle des Fêtes de TILLEUR, où, à l'invitation de "LI BON VI TIMPS, il donnait une conférence sur le sujet : "1943-1944 - UNE USINE SECRETE ALLEMANDE A TILLEUR" (On y fabriquait de l'oxygène liquide).
Ce sujet avait passionné l'assistance. Beaucoup de personnes avaient posé des questions; d'autres avaient apporté des informations. Aussi, M. Richely, qui avait promis de faire un article sur ce sujet pour le bulletin du C.L.H.A.M., nous avait demandé de patienter jusqu'à ce qu'il soit complet.
Nous ne recevrons pas de Monsieur Richely l'article promis. Mais nous allons "emprunter" au journal LA MEUSE du 13 mars 1993 le principal de l'excellent article de Michèle Comminette qui, tout en donnant un maximum de renseignements sur l'usine d'oxygène liquide, met l'accent sur le travail de recherche mené par Monsieur Richely.
Bien après la guerre, les Tilleuriens apprennent avec étonnement que les Allemands avaient construit une usine d'oxygène liquide dans leur quartier.
C'est M, Richely, un Bruxellois passionné d'histoire militaire, qui a retrouvé la trace de cette usine. Pendant trois ans, il a consulté une montagne d'archives de la résistance et interrogé des témoins pour en savoir plus sur cette usine mystérieuse. Les membres du Bon Vî Tîmps de Tilleur l'ont beaucoup aidé. Ils ont même retrouvé des vestiges de l'usine.
C'est en achetant le livre de Roland Hautefeuille, consacré aux "Ouvrages spéciaux" que M. Richely a découvert que les Allemands avaient projeté de construire une usine d'oxygène liquide à Tilleur. Il était prévu qu'elle fonctionne dès le 1er janvier 1944 et qu'elle produise 1.500 tonnes d'oxygène liquide par mois. Là s'arrêtent les informations dont dispose le passionné d'histoire. Intrigué, il s'adresse à des amis liégeois qui n'ont jamais entendu parler de cette usine. Il prendra aussi contact avec Gaston Baptist, un membre du Bon Vî Timps de Tilleur, qui va se renseigner et finira par retrouver des vestiges de cette usine : un mur, un escalier.
Parallèlement à ce travail, M. Richely entame un travail de bénédictin : il consulte des archives de la résistance. Contrairement aux ordres, elles n'ont pas été détruites après la guerre. M. Richely découvrira, parmi les 50.000 feuilles de papier pelure qui forment les courriers hebdomadaires des résistants, des bribes d'informations parlant bien d'une usine allemande à Tilleur. Mais il faut vérifier soigneusement les affirmations. "Et à cette époque-là", explique-t-il, "personne ne connaissait l'existence des V2 et les rapports ne parlent que de V1. Les Allemands étaient en train de mettre au point ces V2 qui consommaient énormément d'oxygène liquide", ajoute M. Richely. "Il était utilisé comme comburant ! il servait à faire brûler avec plus d'intensité le carburant (éthanol) du V2".
"Or, pour lancer un V2, il fallait compter quelque 15 tonnes d'oxygène liquide. Mais avec une production allemande de l'ordre de 4.800 tonnes par mois et une production dans les pays occupés de 1.700 tonnes, cette quantité était dérisoire par rapport aux besoins des Allemands. C'est pourquoi ils ont décidé de construire très vite des usines dans différents endroits".
Des entrepreneurs belges
Des missions allemandes ont été envoyées un peu partout, à la recherche de points stratégiques où loger leurs usines. Si Tilleur a été choisie, c'est parce qu'il y existait une ancienne usine désaffectée : les aciéries Angleur-Athus.
"Ces installations étaient recouvertes d'un toit très haut. En installant leur usine en-dessous, les Allemands la protégeaient des repérages. De plus, ils bénéficiaient, pour leurs transports, de la proximité de la Meuse et du chemin de fer. Il est à noter que cette usine est la seule, à l'arrière du front, qui ait été construite et qui ait fonctionné. Elle a été érigée sous les ordres de l'Organisation Todt, chargée de toutes les constructions allemandes. Généralement, on faisait appel à des entrepreneurs belges pour monter la structure mais ils ne savaient pas ce qu'ils construisaient. Une fois leur travail fini, ils partaient et les ingénieurs allemands s'occupaient alors de l'équipement technique. L'usine de Tilleur était semi enterrée, c'est-à-dire que les murs sortaient du sol de plusieurs mètres".
Seuls des Allemands travaillaient dans cette usine. Pour se loger, ils avaient réquisitionné bon nombre d'habitations du quartier et aussi l'école des Frères, qui était située juste en face de l'usine.
"Cette usine n'a pas fonctionné longtemps", précise M. Richely. "Elle n'est apparemment entrée en activité qu'en février ou mars 1944. Les Allemands ont eu des tas de problèmes pour mettre le V2 au point. Les premiers essais, réalisés en octobre 1943, étaient magnifiques. Mais lors des suivants, le V2 s'écrasait lamentablement : il y avait des pannes. Or l'oxygène liquide est très volatile et on ne pouvait en fabriquer que si les V2 pouvaient fonctionner.
"Le premier V2 a été lancé sur Londres le 8 septembre 1944, c'est-à-dire quand les Américains arrivaient à Liège. Il n'y avait pas de V2 à Tilleur. L'oxygène liquide était acheminé en Allemagne, probablement dans un centre d'essai de fusées".
Ferblatil
Mais qu'est devenue cette usine ? Elle a été démolie "mais on ne sait pas quand ni par qui. Ce qu'on sait, c'est qu'à la fin des années 1940, une personne qui travaillait au démontage des laminoirs de l'aciérie a vu, dans la partie occupée par les Allemands, des compresseurs et du petit matériel", ajoute M. Richely. Plus tard, le terrain a été racheté par Ferblatil mais, même en interrogeant les anciens de Ferblatil, M. Richely n'a pas obtenu de renseignements.
"Ils avaient entendu parler de murs de béton mais ne se souviennent pas les avoir vus. Beaucoup de personnes croient que l'existence de cette usine est une blague. Pourtant des tas de gens sont passés par là mais ils ne se souviennent de rien; la mémoire est une chose bien curieuse ! "Les Allemands avaient aussi construit un fortin à l'angle des rues de la Vieille Eglise et des Martyrs. M. Baptist m'en a donné une photo. Je l'ai montrée à une personne qui passait par là plusieurs fois par jour pendant la guerre. Elle ne se souvient pas l'avoir vue !"
Ajoutons que dans le bulletin d'information n° 11, de mars 1993 de "LI BON VI TIMPS", nous lisons que 23 unités de production ou compresseurs furent commandés au total avec la répartition suivante : 6 unités pour Oberraderach (Station d'essais près de Friedrichshafen) - 5 unités pour KNM - 5 unités pour WL (c-à-d Tilleur) - 7 unités en réserve.
Ces 23 unités représentaient une capacité de production d'environ 7.000 tonnes par mois ou 84.000 tonnes par an. Cette capacité ajoutée à celle de l'usine de Peenemünde, permettait théoriquement de produire 102.000 tonnes par an, correspondant à une cadence journalière de tir de 20,5 fusées V2 par jour.
P. B.
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HARLEPIN - Les forts français de 1914 (période 1874-1914) (voir V/9 - Avr 94)
C. LES COUPOLES CUIRASSEES MOUGIN
La casemate MOUGIN avait un débattement latéral limité et ne pouvait tirer que dans une seule direction. Mougin étudia alors un autre système, à rotation totale, pour couvrir tous les azimuts. Ce sera la coupole cuirassée qui date de 1874 - 1875.
1) Construction de la maçonnerie :
On dispose d'une chambre cylindrique sous la coupole (chambre voûtée). Les murs ont deux mètres d'épaisseur. Sur le dessus, une plaque de béton sert de base et contient le pivot central.
On dispose sur le coté d'une petite chambre de manoeuvre, où se trouve le treuil, qui, par un système à grosse chaîne permet la rotation de la tourelle. Une cage d'escalier latérale donne accès à la chambre à canon.
La chambre cylindrique descend jusque dans les fondations; il faut en effet un solide maçonnerie pour supporter le poids de la tourelle.
2) Tourelle :
Une charpente formée de poutres rayonnant à partir du centre forme une plateforme. Le centre pivote autour d'un axe noyé dans le béton de la dalle précitée.
Sur une couronne annulaire, sont disposés 14 montants d'une hauteur de 2 m, en fers I, reliés par des tôles.
Sur le dessus, une couronne est placée pour supporter les voussoirs.
Il y a 2 portes coulissantes (service des canons). Sous la couronne inférieure, il y a un jeu de 16 galets coniques, rattachés au pivot central par des axes. Sous les galets, une circulaire de roulement est placée sur le sol.
Le poids de la charpente est de 40 tonnes.
3) Cuirasse :
La charpente ci-dessus affleure le niveau extérieur du terrain; on y a superposé un dôme, constitué de "5 voussoirs et d'une calotte. Ils sont en fonte dure et peuvent résister aux canons de l'époque. La base a un diamètre de 6 m et la flèche est de 1,30 m.
Les 5 voussoirs sont posés jointifs, et les joints sont en plomb matté. La clef centrale est de forme sphérique.
Le poids des voussoirs est de 21 tonnes par voussoir. La clef fait 11 tonnes.
Un des voussoirs comporte deux embrasures pour les deux canons.
La tourelle MOUGIN en fonte
Schéma selon ROCOLLE
4) Avant-cuirasse :
Il s'agit d'une couronne annulaire en 4 segments en fonte dure (de 21 tonnes chacune), encastrée dans une collerette en béton. Son but est de protéger la base de la tourelle.
5) Manoeuvre :
Le pivot fait office de piston de presse hydraulique; une petite pompe permet d'exercer une pression sur le piston et soulève quelque peu la coupole en son centre. La pression est de 220 atm, et il reste 1/10ème du poids de la coupole sur les galets.
Un treuil agit sur une chaîne métallique sans fin, qui entoure la tourelle et passe dans le treuil. Celui-ci peut être actionné par 4 ou 6 hommes, ou, dans certains cas, à l'aide d'une machine à vapeur.
6) Pointage :
Le tir est indirect; les données viennent d'un observatoire séparé de la tourelle.
Le tir en azimut se fait naturellement en tournant la coupole à l'aide du treuil. Le positionnement se fait en utilisant une circulaire graduée fixe; mais la masse de la coupole rend difficile un arrêt précis. Alors le tireur positionne une came sur la direction du tir (sur la circulaire graduée). Sur la tourelle, au droit des canons se trouve un contact électrique, lequel déclenche le tir au passage du point choisi.
Le tir en site se fait en inclinant le tube de la même façon que les canons de la casemate Mougin décrite au § précédent.
COMMENTAIRES SUR LES PHOTOS DU PLAN 15. (voir bulletin précédent)
On y voit des affûts et tubes des canons situés dans la tourelle Mougin. On distingue clairement les bras de levier du système à parallélogramme qui permet de faire osciller le tube pour réglage en hauteur. C'est pratiquement la même pièce utilisée dans les casemates et dans les tourelles (155 L de BANGE).
OÙ Y A-T-IL DES TOURELLES MOUGIN ?
Nous n'avons pas pu en établir une liste complète. Dans les documents, nous avons pu repérer ce qui suit :
Barbonnet : ou fort SUCHET à SOSPEL : 2 tourelles.
MAUBEUGE : Fort de CERPONTAINE et de BOUSSOIS : 2 x 1 tourelle.
VILLEY-LE-SEC : 1 tourelle.
MANONVILLERS : 2 tourelles.
FROUARD : 1 tourelle.
Batterie de l'EPERON : 1 tourelle
Il semble bien que nous donnions ici un renseignement erroné. Quand l'occasion se présentera, nous vérifierons sur place, mais il n'y a pas lieu de douter de nos correspondants.
Monsieur Alain Mariotte nous écrit le 08.06.2004:
"... néanmoins j'ai constaté une petite erreur au sujet de la batterie de l'Eperon. En effet la batterie possède bien une tourelle mais du type Galopin et non Mougin comme vous l'indiquez."
Monsieur Toussaint nous écrit le 26.08.2004:
"Dans la page consacrée à la tourelle mougin vous indiquez qu'un exemplaire se trouve à la batterie de l'éperon à Frouard c'est inexact c'est une tourelle à éclipse Galopin pour 2 155 longs.
Par contre la Place de Toul en possédait 2 autres exemplaires 1 à Lucey et une à Pont St Vincent
J'en connais deux autres au Fort de Longchamp à Épinal , une à Liouville ( côtes de Meuse) et une à Pagny la blanche côte"
Merci à ces deux lecteurs attentifs qui témoignent de leur intérêt pour nos textes et qui ont pris la peine de nous corriger.
HIRSON : 1 tourelle.
Au total, il y en eut 25 exemplaires.
Canon de 75 en configuration de tir par embrasure minimum. Emploi en casemates de BOURGES
D. LES CUIRASSEMENTS DE LA 3ème PERIODE
L'idée de la tourelle de MOUGIN, qui, rappelons-le, datait d'avant 1885 (obus-torpille), fit son chemin.
L'idée de l'embrasure minima, née de la précision accrue de l'artillerie, fut vite dépassée, et on rechercha à soustraire cette embrasure au tir adverse.
Ce fut fait par le biais de la tourelle escamotable ou à éclipse.
Lorsque les forts furent, en partie, bétonnés, on leur adjoignit un nouvel équipement en artillerie : la tourelle escamotable. On en rencontre trois types :
1. LA TOURELLE A ECLIPSE SYSTEME GALOPIN
Il s'agit d'une tourelle équipée de deux canons de 155 mm, dérivés du canon De BANGE, toujours à l'honneur.
La chambre à canons est montée sur un châssis cylindrique, pouvant monter et descendre (éclipse). L'ensemble repose sur un système à balanciers avec contrepoids (double).
2. LA TOURELLE A ECLIPSE DE 75 mm
Le principe est le même que pour la tourelle de 155, sauf qu'il n'y a qu'un seul bras de levier et un seul contrepoids. Un système à crémaillère fait basculer le bras pour provoquer la mise en batterie ou l'éclipse.
Le canon utilisé est le 75 mm (le célèbre "soixante-quinze") qui vient de voir le jour (modèle 1897).
3. LA TOURELLE DE MITRAILLEUSE
C'est une tourelle équipée de deux mitrailleuses, et qui peut couvrir, comme les précédentes, 360°. Elle est éclipsable.
4. LES OBSERVATOIRES CUIRASSES
Citons encore les cuirassements des P.O. (postes d'observation). Ce sont des cloches en fonte, ou déjà en acier, montées fixes et enchâssées dans le béton.
Ce type de cloches va se développer et donner naissance à divers types selon les missions : cloches DIGUOIN, cloches PAMARD (et GFM dans la ligne MAGINOT).
Tous ces cuirassements auront leur prolongement jusque dans les fortifications de 1940.
Rappelons, pour comparaison, que l'artillerie principale des forts de Meuse (BRIALMONT) était sous tourelles non éclipsables, avec embrasures affleurantes (BELGIQUE).
On voit un paradoxe : les forts de Meuse sont déjà en béton, alors que les forts SERE de RIVIERES sont encore en maçonnerie. Par contre, l'armement final de ces derniers forts SERE refondus comporte des tourelles à éclipse plus modernes.
Photos
E. DEFENSE RAPPROCHEE
Il s'agit essentiellement de la défense des fossés par tir d'enfilade, à partir des caponnières.
Il y a deux choses à prévoir :
a) attaque d'infanterie avec présence de fantassins ennemis dans les fossés.
b) attaque à l'aide de moyens de franchissement (échelles, passerelles, etc.).
Pour le premier cas, on utilise le canon revolver HOTCHKISS modèle 1879. Il est dérivé de la mitrailleuse américaine GATTLING Il est composé de 5 tubes en acier, tournant autour d'un axe central. L'affût est dérivé de l'affût de 7 cm de REFFYE.
Par la suite, le canon revolver (arme périmée) sera remplacé par la mitrailleuse bien connue HOTCHKISS.
Pour le deuxième cas, on utilise le canon de 12 culasse. Il s'agit d'une pièce d'un ancien type, en bronze, de récupération (pièce de 12 livres), modèle 1858. On l'a dotée d'un chargement par la culasse, système LAHITOLLE.
Ces armes étaient montées fixes et réglées pour couvrir les différents coins des fossés sans devoir viser au préalable. Le tir était ainsi rapide pour des armes chargées au préalable.
F. LA VOIE DE 60
On ne peut, dans le cadre de cette étude sur les forts SERE de RIVIERES, omettre de mentionner un élément important dans les camps retranchés. Il s'agit de la voie de 0,60 m, connue aussi sous le nom de DECAUVILLE.
Beaucoup de camps retranchés disposaient d'un véritable réseau de chemin de fer à voie étroite, équipé de :
- locomotives à vapeur
- wagons à 2 essieux ou 2 bogies
- points d'eau
- points d'arrêt (petites gares).
Ces trains desservaient les divers forts de l'enceinte et les divers dépôts du camp retranché.
Ils transportaient les approvisionnements et même les canons, les munitions, etc.
On peut encore voir au fort de VILLEY-le-SEC (dans le réduit), des éléments de voie pénétrant dans les fossés. Il y a une grosse casemate équipée en dépôt de locomotives DIESEL. Le fort était un terminus.
L'avantage de ce système, était qu'il comportait des éléments standards de voie étroite (60 cm), qu'il suffisait d'assembler sur un sol suffisamment affermi.
Le tracé de la voie était étudié de façon à se trouver au maximum derrière des talus pour abriter les convois des tirs ennemis.
La capacité de transport était assez importante et on retrouvera ce système de voie sur tout le front en 1914. La voie étroite rendra d'énormes services à l'arrière du front pour les transports les plus divers : hommes, approvisionnements, matériels, etc. Des canons et des mortiers étaient déplacés par ce système.
On retrouvera ce type de petit train dans les gros ouvrages de la ligne Maginot.
VI. LISTE DES FORTS
L'imposant travail réalisé par la France pour se doter d'une défense qu'elle croyait efficace, mérite que l'on garde en mémoire les noms de ces forts, d'autant plus que certains sont entrés dans l'Histoire.
Certains sont modestes et oubliés aujourd'hui.
Nous avons jugé utile de rassembler les noms d'un maximum de ces ouvrages, que l'on rencontre parfois au cours de périples vacanciers. Certaines associations, s'intéressant à l'archéologie militaire, tentent d'en reprendre en mains quelques-uns en vue de conservation.
1. REGION DE DUNKERQUE : il n'y a que deux forts de cette époque, à savoir :
Fort des dunes - Fort de la Petite Synthe
2. REGION DE LILLE :
BONDUES - CROIX DE VALLERS - DUHOUX - ENCHEMONT - ENCLOS - ENTREPOT - EPINAY - FLERS - HALLENES - HOUPLIN - JONCHERE - LOMPRET - MONS EN BAREUIL - NOYELLES - SART - SENARMONT - SAINGHIN - SECLIN - VENDEVILLE - VERT GALANT - WAMBRECHIES
3. REGION VALENCIENNES - MAUBEUGE :
Sous forme de rideau défensif, nous avons les forts de CURGIES, FLINES et MAULDE.
Vient ensuite le camp retranché de MAUBEUGE :
ASSEYENT - BERSILLIES - BOURDIAU - BOUSSOIS - CERFONTAINE - FAGNE - FEIGNIES - FERRIERE - GREVAUX - HAUTMONT - HERONFONTAINE - LA SALMAGNE - LES SARTS - LEVEAU - ROCQ
4. REGION DES ARDENNES :
Batterie des AYVELLES - Fort des AYVELLES - Fort d'HIRSON
5. DEUXIEME LIGNE :
a) LA FERE avec VENDEUIL, MAYOT et LIEZ.
b) LAON avec :
BRUYERE - CONDE SUR AISNE - LANISCOURT - LA MALMAISON - MONTBERAUT
c) REIMS :
BERU - BRIMONT - CHENAY (batterie) - CRAN (batterie) - FRESNES - LA POMPELLE - LOIVRE (batterie) - MONTBRE - NOGENT L'ABESSE - SAINT THIERRY - WITRY LES REIMS
On pourrait aussi parler de la position de PARIS, mais cela vaudrait une étude particulière.
6. REGION DE L'EST : On distingue :
1ère partie de MEZIERES et LONGWY jusqu'au sud de TOUL.
2ème partie depuis le sud de TOUL jusque GIROMAGNY.
3ème partie de GIROMAGNY au MONT LOMONT.
A. VERDUN : possède une citadelle et une enceinte bastionnée.
BELLE EPINE - BELLEVILLE - BELRUPT - BEZONVAUX - BOIS BOURRU - CHANA - CHARNY - CHOISEL - DE LA CHAUME - DERAME - DUGNY - FROIDETERRE (DOUAUMONT) - GENICOURT - HARDAUMONT - HOUDAINVILLE - LA CHAUME - LA FALOUSE - LANDRECOURT - LES SARTELLES - MARRE - MONT SAINT MICHEL - MOULINVILLE - OUVRAGE DE THIAUMONT - OUVRAGE DE LA LAUFEE - REGRET - ROZELIER - SAINT SYMPHORIEN - SOUVILLE - TAVANNES - VACHERAUVILLE - VAUX
B. ENTRE VERDUN ET TOUL
CAMP DES ROMAINS (batteries) - GENICOURT - GIRONVILLE - JOUY SOUS LES COTES - LIOUVILLE - PAROCES - TROYON
C. TOUL :
BLENOD LEZ TOUL - BRULEY - DOMMARTIN - DONGERMAIN - ECROUVES - GONDREVILLE - LE CHANOT - LUCEY (+ batterie de TRONDES) - MONT SAINT MICHEL - REDOUTE DE BLENOT - REDOUTE DE CHAUDENEY - REDOUTE DE LA JUSTICE - REDOUTE DE TILLOT - VIEUX CANTON - VILLEY LE SEC (avec batteries)
Au sud de TOUL : BOURLEMONT, NEUFCHATEAU, PAGNY LA BLANCHE COTE
Entre TOUL et NANCY : PONT SAINT VINCENT
NANCY est une ville ouverte mais au nord, on trouve :
le fort FROUARD et les batteries et redoutes d'AMANCE et de MALZEVILLE.
Entre LUNEVILLE et BLAMONT, on a MANONVILLERS(trouée de CHARMES).
La deuxième région commence au fort de DOGNEVILLE qui est le plus au nord d'EPINAL.
D. EPINAL :
BALLON DE SERVANCE - BAMBOIS - BOIS L'ABBE - BOULON (batterie) - DEYVILLERS - Batterie des FLECHES - GIRANCOURT (batterie) - GRANDE BATTERIE DE LA HAIE - FORT DES MONTS FAUCILLES - LA GRANDE HAIE - LA MOUCHE - LE ROULON - LES ADELPHES - LES ARCHES - LES FRICHES - LONGCHAMP (2 forts entourés de batteries) - RAZIMONT - REMIREMONT - SAUCHEZ - TICHA - Fortin de la VOIVRE - UXEGNEY (nord)
Entre EPINAL et BELFORT :
CHATEAU LAMBERT - FORT DE SERVANCE (dans le bas) - PARMONT - RUPT (+ batteries annexes) - Enfin le fort de GIROMAGNY (ou fort de la tête du milieu).
La troisième partie va de GIROMAGNY à la frontière suisse.
E. BELFORT (centre) :
Belfort est une ancienne ville fortifiée depuis longtemps.
Les forts repris ci après sont toujours en service, mais sont de construction antérieure à notre période.
Nous disposons de :
FORT DE LA JUSTICE - FORT HATRY - LA MIOTTE - FORT DES BASSES PERCHES - FORT DES HAUTES PERCHES - Ces forts sont du type bastionné.
Citons encore :
FORT DU MONT BARD (hauteurs de BREVILLIERS) - LA CHAUX - MONT VAUDOIS (Héricourt) - ROPPE (+ batterie) - ROSEMONT (+ 2 batteries) - SALBERG (N.O.) entouré de redoutes - VEZEBOIS (ou VEZELAS ?) + 3 grandes batteries au sud
A 28 Km de BELFORT, on trouve les hautes montagnes du mont LOMONT. On y a installé un système défensif avec
Fort du MONT LOMONT - DEUX GRANDES BATTERIES DES ROCHES - DEUX REDOUTES. Cela est orienté vers la SUISSE, au sud de BELFORT.
F. BELFORT (environs) :
Nous disposons ici d'une série de noms que nous n'avons pu situer ni confirmer. Ce sont :
BAS-BOIS - BESSONCOURT - BOIS D'OYE - COTE D'ESSERT - ETANG NEUF - FONGERAIS - GRAND BOIS - HAUT DU BOIS - MERICOURT - MEROUX - MONT DENNEY - MONT RUDOLPHE - RONDOT
G. DEUXIEME LIGNE:
CAMP RETRANCHE DE LANGRES - BONCILE - BUZON - COGNELOT - DAMPIERRE - DIAMANT - de la MARNOTTE - de la POINTE - MONTLANDON - PERGNY - PLESNOY - SAINT MANGEL - CAMP RETRANCHE DE BESANÇON - BUIZILLE - CHAILIU - CHARMONT - CHATILLON - CHAUDANNE - FONTAIR - FORT EST DE BUIS - FORT OUEST DE BUIS - FORT NEUF - LARMONT - MONTS BOUCOUS - ROLIAND - ROSEMOND - VIEUX FORT
Il faut encore signaler au sud de BESANÇON, SALINS avec deux forts : BELIN et SAINT-ANDRE
Ici encore, il semble y avoir "contestation".
Monsieur André Guillot nous écrit le 18.02.2005:
...
Passionné d’Histoire, je suis président d’une association qui travaille à la sauvegarde d’un château médiéval du Xe siècle, une ruine attachante qui demande beaucoup de soins. Mais beaucoup de choses m’intéresse dont votre sujet.
Dans la partie qui me concerne plus directement j’ai trouvé d’infimes erreurs que vous pouvez aisément corriger.
Je ne pense pas que le camp retranché de Besançon était en deuxième ligne, car il gardait la partie Suisse de notre frontière, nous en sommes à 80 Km seulement. Bref, cela ne change rien à votre exposé très complet.
Camp retranché de Besançon vérifier l’orthographe des noms (en gras)
Bregille - Chailluz (ou de la Dame Blanche) - Charmont - Châtillon-le-Duc - Chaudanne - Fontain - Fort Est des Buis - Fort Ouest des Buis - Fort Neuf (de Montfaucon) - Larmont (ne fait pas partie du camp retranché de Besançon) - Montsboucons - Rolland (batterie) - Rosemont - Vieux fort (de Montfaucon à retirer de la liste)
A rajouter à votre liste
Benoit - Planoise - Calvaire (batterie) - Ferme de l’Hopital (batterie) - Pugey (batterie enterrée, en excellent état) - Pouolley-les-Vignes
Remarques :
Sur Montfaucon que j’habite :
Le Vieux fort est une redoute réaménagée en 1870 et qui fut rapidement dépassée par ce que l’on appelle le fort neuf.
Ce dernier grand classique Séré de Rivières (construit de 27 septembre 1874 à octobre 1878, pour un coup de 2.099.583 fr, y compris l’acquisition des terrains) est toujours en activité puisque l’armée y est installée avec un poste de transmission hertzien.
De plus Montfaucon possède deux batteries: Les Rattes et les Epesses; une casemate servant de relais entre le fort et la batterie des Epesses; des magasins à poudre sous roche.
Le fort n’a pas servi pendant les deux guerres car il a été désarmé à la suite d’une explosion survenue le 16 septembre 1906. La poudrière du fort a explosée suite à un orage violent: 9 morts, tous civils. Seuls deux étaient dans le fort (la femme et la fille de l’Adjudant commandant le fort) les autres ont été tués par des projectiles.
Le fort possédait une tourelle cuirassée Mougin qui a été enlevée dès l’accident.
Nous allons commémorer le centenaire de l’explosion en 2006, et à ce titre nous préparons l’événement
Nous pensons éditer une petite plaquette pour présenter le fort et sa spécificité Séré de Rivières. Comme il est en relatif bon état, (l’armée ne l’occupe que partiellement, mais interdit d’y pénétrer), seules les dégradations dues au temps sont à déplorer. Par contre il répond parfaitement à la définition du fort Séré de Rivières et on y trouve tous les ingrédients.
Pourrai-je m’inspirer de votre site pour préparer la plaquette ?
Merci à Mr Guillot qui témoigne lui aussi de son intérêt pour nos textes et qui prend la peine de nous aider à affiner nos connaissances.
Puissent MM. Mariotte, Toussaint et Guillot inciter d'autres érudits de faire de même.
CAMP RETRANCHE DE DIJON
ASNIERES - BEAUREGARD - HAUTEVILLE - MONT AFRIQUE - de la MOTTE-GIRON - SAINTE-APPOLINAIRE - SENNECEY - VAROIS (ou VARAIS)
7. LES FORTS DANS LE SUD
Cette zone couvre la frontière italienne, de GENEVE jusque NICE et TOULON.
a) LYON :
BRON - BRUISSIN - de CHAMPVILLARS - CHAPOLY - CORBAS - FEYSIN - GENAS - MEYZIEU - MONTCORIN - FORT DE MONT VERDUN - FORT DU PAILLET - SAINT GENIS - SAINT PRIEST - VANCIA
b) BOURG SAINT MAURICE :
BATTERIE DE VULMIX - COURBATON - FORT DE TRUC - OUVRAGE DE LA FLATTE - redoute RUINE
c) ALBERTVILLE :
BATTERIE DE L'ALPETTAZ - BLOCKHAUS DE LAITELET - BLOCKHAUS DES TETES - FORT DE L'ESTAL - FORT DU MONT - FORT DE TAMIE - FORT DE VILLARS
d) CHAMOUSSET - ALTON :
BATTERIE DE PLACHAUX - BATTERIE DE ROCHEBRUNE - BLOCKHAUS DE CREPA - FAYATIER - FORT D'AITON - FORT DE MONT PERCHE - MONTGILBERT - SAINTE LUCIE - TETE BASSE
e) VALLEE DE LA MAURIENNE :
FORT DU REPLATON - FORT DU SAPEY - FORT DU TELEGRAPHE
f) MONT-CENIS :
FORT DE LA TURRA - de RONCE - MALAMOT - PATACREUSE - VARICELLE
g) GRENOBLE :
CAMP DE BOISSAT - du BOURCET - de COMBOIRE - de MONTAVIE - du MURIER - des QUATRE SEIGNEURS - SAINT EYNARD
h) BRIANÇON :
de l'ENLON - de la LAUSETTE - FORT DE L'OLIVE - FORTS DE GONDRAN (2) - LA CROIX DE BRETAGNE - la GRANDE MAYE - l'INFERNET - LE JANUS
i) ENSEMBLE FORTIFIE DE LA VALLEE DE L'UBAYE :
batteries du CHATELARD (2) - CHAUDON - Batterie de MALLEMORT - FORT DE COL BAS - FORTIN DE CUGURET - FORTIN DE VIRAYSSE - OUVRAGE DE ROCHE LACROIX
j ) COL DE TENDE :
CENTRAL - la MAGUERIE - FORT DE GIAURE - PEPIN - PERNANTE - TABOURDE
k) REGION DE SOSPEL :
LA FORÇA, MILLE FOURCHES, FORT SUCHET (avec LE BARBONNET et St ROCH qui sont des ouvrages de la Ligne MAGINOT)
l) REGION DE NICE :
COLOMARS - FORT DE LA DRETE - FORT DU MONT BARON - FORT DE LA TETE DU CHIEN - MONT CHAUVE D'ASPREMONT - MONT CHAUVE DE TOURETTE - LA REVERE
m) REGION DE TOULON :
BATTERIE DU MONT CAUME (2) - BATTERIE DU BAN POINTU - BATTERIE DE CARQUAIRANE - FORT DE LA CROIX FARON - GIRARDON - DE LA COLLE NOIRE - FORT DES 6 FOURS - la GAVARESSE - OUVRAGE DU GROS CERVEAU - PIPAUDON
Les Fortifications
VII. EXAMEN DE QUELQUES FORTS
A titre d'exemple, nous nous proposons de détailler quelques forts SERE de RIVIERES, soit qu'ils ont fait l'objet d'une visite soit qu'ils soient importants; de plus, nous disposons d'un plan ne fût-ce qu'approximatif.
Nous considérons les forts de la région de VERDUN comme connus.
A. LE FORT DE FROUARD
Situé sur le front Est, face à l'Allemagne, au nord de NANCY, il est le premier que rencontrerait un envahisseur. C'est un fort d'arrêt, en forme de carré. Le plan en montre la disposition générale.
On peut constater qu'il s'agit d'un fort typique SERE de RIVIERES, qui a fait l'objet d'un renforcement bétonné et d'un équipement plus moderne en artillerie.
On reconnaît les traverses abris T qui protégeaient les pièces d'artillerie initiales, lesquelles ont été supprimées (à ciel ouvert).
Il y a deux casernes : une centrale C1 qui comporte un étage, et une autre C2, située le long du fossé de gorge. Ces dernières casernes semblent conçues pour abriter une garnison importante. Les soldats logés dans la caserne C2 ont la possibilité de gagner des positions à l'extérieur du fort par une sortie de ce côté, et une rampe permettant de quitter le fossé (une guérite G surveille cet accès).
Les 4 fossés sont sous le feu de deux caponnières simples et d'une double. Les deux premières sont restées d'origine (rattachées au corps du fort); la caponnière double a été rejetée à la contrescarpe.
L'entrée principale, chose étrange, est située côté front (ennemi) probablement à cause de considérations locales.
Le fort possédait, à l'origine, une tourelle MOUGIN de 155L. Par la suite, le fort reçut des cuirassements complémentaires. A savoir : une tourelle de 2 x 75 et trois tourelles de mitrailleuses (le tout aux angles).
En complément, on ajouta des cloches P.O..
A signaler, un certain nombre de guérites (légèrement protégées),
Les poudrières initiales devaient se trouver en P, mais en 1914, ces locaux étaient des citernes d'eau. Il y en avait une autre près de la tourelle MOUGIN.
Lors du renforcement, on a rempli les 5 casemates du 2ème étage de C1, les plus proches de la tourelle, avec de la pierraille pour assurer une meilleure résistance dans l'environnement de la coupole MOUGIN.
Une cour entoure complètement la caserne centrale C1. A partir de cette cour, on accède à la plupart des passages et aux galeries.
B. LE FORT DE VILLEY-LE-SEC
Ce fort fait partie de l'enceinte du camp retranché de TOUL. Il est situé à l'est, du côté d'où viendrait l'ennemi. Cela explique peut-être qu'il est construit comme un fort d'arrêt.
Sa caractéristique propre, c'est que le fort forme avec deux batteries annexes, un ensemble fortifié qui enserre le village lui-même.
Un plan et une vue axonométrique (de ROCOLLE) montrent la disposition des lieux. Le fort forme réduit et est situé d'un côté du village; de l'autre, se trouvent deux batteries, nord et sud, reliées par un redan.
Au départ,le tout était équipé de batteries à ciel ouvert, dont il reste des traces dans la batterie nord.
Lors du renforcement, les batteries ont été équipées de deux tourelles de 2 x 75, et d'une tourelle Mi. En plus, on plaça quelques P.O.. L'armement du réduit ne fut pas changé. Il possédait en son centre une tourelle MOUGIN de 155. Ses caponnières furent rejetées aux contrescarpes.
Une autre particularité du fort est qu'il formait "gare terminus" du chemin de fer à voie étroite de TOUL. A l'arrière du fort, une rampe descend dans les fossés et permet l'accès des trains dans ceux-ci.
Une casemate sert de dépôt aux locomotives.
L'état actuel est celui d'un fort entretenu, car dans les mains d'une association. On le visite avec démonstration du fonctionnement des tourelles, tir, etc.
C. FORT DE LA POMPELLE
Ce fort fait partie de la ceinture de la ville de REIMS.
C'est un fort classique mais de puissance modeste. Il est rectangulaire et a gardé sa configuration d'origine, car il n'a pas été renforcé.
On trouve sur le plan, la caserne avec ses satellites : cuisines à gauche et poudrière à droite.
Tout autour, on voit la batterie avec ses traverses abris.
Les caponnières sont classiques SERE de RIVIERES. Une particularité : il y a des coffres de part et d'autre de la courtine (entrée) pour battre les fossés de gorge.
Actuellement, le fort, fort endommagé par les combats de 1914, est devenu un musée et est visitable.
D. BATTERIE DE L'EPERON
Cet ensemble fortifié, situé dans la région de NANCY, est en fait une batterie, mais tellement importante qu'elle ressemble en fait à un fort. En forme de pentagone irrégulier, elle est entourée partout par un fossé, défendu par une caponnière double de tête, une caponnière simple à gauche et deux coffres à la gorge (A, A', B et C).
La gorge est défendue par une tenaille de style ancien.
Prévue initialement comme batterie à ciel ouvert (voir 4 abris à canon en E), l'ouvrage comportait une caserne et une tourelle MOUGIN de 155 (F), ainsi que deux casemates MOUGIN (D et D').
L'ensemble a été par la suite bétonné. On remarque des P.O. (trois pièces en H). Il y a une poudrière en I.
Noter que la caponnière B est restée attachée au corps du fort. Par contre, la caponnière C (caponnière double située côté ennemi) a été rejetée à la contrescarpe.
E. FORT DE CONDE SUR AISNE
Ce fort, situé près de CONDE sur AISNE, est très caractéristique des forts SERE de RIVIERES, et est un gros fort. Il n'a pas fait l'objet d'un renforcement et garde donc sa situation originale.
Il est assez bien conservé, sauf quelques locaux détruits par les Allemands lors de leur retraite en 1918. Des galeries sont aussi obstruées.
On voit bien sur le plan, la caserne au centre (9), avec les locaux officiers en 12.
Le tout est entouré des traverses abris formant la ligne de tir de la batterie de canons de rempart; celle-ci est à ciel ouvert et comporte 18 plates-formes.
Ce fort comporte deux casemates MOUGIN, situées en 16' et 17', déjà décrites.
Les caponnières sont :
en 3 : une caponnière double d'entrée
en 4 : une caponnière double du saillant 2
en 5 : une caponnière simple au saillant 3.
L'entrée ne se fait pas par la caponnière mais par une poterne accessible par un pont franchissant le fossé (2). L'entrée est défendue par une petite redoute en terre A.
Voici quelques repères visibles sur le plan :
1. Fossé de gorge.
2. Pont de l'entrée.
3. Caponnière de gorge.
4. Caponnière double de saillant.
5. Caponnière simple de saillant.
6 et 7. Cours avec accès aux saillants 1 et 4.
8. Rue du rempart : cinq cours.
9. Cour de la caserne.
10. Galerie d'entrée.
11. Escaliers à vis conduisant sur les dessus.
12. Locaux officiers détruits.
13. Atelier ouvriers du bois.
14. Forge.
15. Ecuries.
16. Passage.
16'. Casemate MOUGIN.
17. Galerie vers caponnière 3 de gorge.
17'. Casemate MOUGIN.
Dans ce fort, une gaine souterraine de circulation relie les diverses traverses, qui sont à étage.
F. FORT DES DUNES ET BATTERIE DE ZUYDCOOTE
Fort situé près de DUNKERQUE, pas loin de BRAY-DUNES (exactement LEFFRINCKOUKE); c'est un ouvrage d'origine, non renforcé; c'est un petit fort.
Le plan a été reconstitué après une visite sur place. Il y a une petite caserne, à étage, avec à droite, la poudrière. Le tout est entouré des classiques traverses abris. Les caponnières sont classiques aussi. Le fossé de gorge est protégé par deux coffres inclus dans le bâtiment de l'entrée. En 1914, il n'a pas combattu (situé à l'arrière du front). En 1940, des bombes de STUKA sont tombées sur l'entrée et sur un des locaux de la caserne, dont elles ont détruit deux casemates superposées.
Il faut associer à ce fort, la batterie annexe de ZUYDCOOTE. Elle est actuellement en ruines car elle a été modifiée plusieurs fois. Au départ c'était une batterie haute, sur la caserne qui existe encore, avec sa poudrière.
Cette batterie fut transformée plusieurs fois :
- en 1940, c'était une batterie à 4 encuvements avec canons de 194 mm de côte français.
- en 1943, elle devint une batterie à 4 canons de 105 mm allemands, sous abri R 671, avec poste de tir.
G. FORT LEVEAU
Il appartient à la ceinture de MAUBEUGE. Il s'agit d'un petit fort de puissance limitée; il est fort abîmé suite à l'attaque de MAUBEUGE en 1914.
Le fort est classique et non renforcé. Un plan approximatif (suite à une visite) montre sur la caserne, cinq traverses en D, et dont la centrale est détruite.
Les caponnières C1 et C2 sont détruites, et celles de gorge, disparues. Il s'agit d'un fort à batterie haute; la banquette de tir d'infanterie longe les fossés.
En A, se trouvent 2 encuvements en terre, et en B, un abri circulaire en béton mince avec embrasures (pour canons); il est recouvert d'une dalle en béton mince (?). Derrière cet abri est situé un bunker plus récent, avec deux cloches.
On retrouve de nombreuses traces des coups d'obus de 1914. Une moitié de la caserne en particulier est détruite et les ruines sont masquées par un mur.
Ce fort est donc en ruine, du moins partiellement, mais les éléments typiques de SERE de RIVIERES sont bien reconnaissables.
Deux autres forts de MAUBEUGE, CERFONTAINE et BOUSSOIS, sont plus puissants et possèdent chacun, une tourelle MOUGIN.
Photo
Schema type d'un fort de la période 1875 - 1885
Dessin représentatif d'un rempart typique, tel qu'on le voit dans les forts SERE de RIVIERES. On trouve le parapet avec les embrasures pour les canons, la traverse abri et un pare éclats (contre les tirs d'enfilade). Sous la traverse, la casemate, abri des canons.
BIBLIOGRAPHIE
- Article de Mr LECOMTE paru dans le bulletin.
- ROCOLLE.
- Gazette des Armes.
- Matériel d'artillerie (1916).
- Annales historiques Compiègnoises.
- Etudes touloises n° 42.
- Les matériels de l'artillerie française (LAVAUZELLE).
- Documentation de l'auteur.
ORIGINE DES DOCUMENTS :
ROCOLLE : plans 1, 2, 4, 13B, 14, 16, 20, 21.
ANNALES HISTORIQUES COMPIEGNOISES : 7C, 24.
ECOLE MILITAIRE DE L'ARTILLERIE de 1916 : plans 10 et 11.
SIMON STEVINSTICHTING (Mr GILS) : plans 8 et 9.
GAZETTE DES ARMES : plan 13A.
DE L'AUTEUR : plans 3, 5, 6, 7 A+B, 12, 25, 26.
PHOTOS DE LA PLANCHE 15 : LECOMTE ET HARLEPIN PIERRE.
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Joseph THONUS - Regard sur l'histoire de l'Artillerie (3)
LES PREMIERES BOUCHES A FEU
La naissance de l'artillerie "à feu" n'apparaît dans les documents anciens ou ouvrages s'y rapportant qu'en descriptions très diverses autant qu'approximatives.
A en juger par une des plus anciennes gravures datant du début du XIVe siècle, illustrant un manuscrit de WALTER de MILEMETE (1326), la première bouche à feu avait la forme d'un vase, ou plus exactement d'une "bouteille", probablement coulée en bronze, pourvue d'un trou ou "lumière" dans la partie la plus épaisse. La mise à feu s'effectuait à l'aide d'une barre de métal dont une des extrémités était rougie au feu.
Le projectile n'était encore qu'une grosse flèche. Ces premières bouches à feu servaient principalement à lancer des flèches incendiaires par-dessus les murs d'enceinte des villes ou des châteaux assiégés. Il existe encore un exemplaire d'un tel engin au musée militaire de STOCKHOLM. Le tube à feu a 30 cm de long et un calibre de 3,6 cm.
Mais déjà l'on entrevoit les éventuelles possibilités de la puissance des gaz dégagés par la poudre noire, et naît l'idée d'employer cette force pour remplacer les encombrantes machines névro-balistiques et à contrepoids par des engins à feu, plus maniables, moins onéreux et plus résistants à la destruction par l'ennemi. Aussi, si les premières réalisations ne furent que de faible calibre, lançant des pierrailles ou des "plombées" en fer forgé, la tendance à ce remplacement des moyens de lancement de projectiles, mènera très vite à une rapide augmentation des calibres utilisés.
LES BOMBARDES
Le début du XIVe siècle vit l'apparition de ces engins balistiques appelés "BOMBARDES", nom qui, étymologiquement, signifie "bruit sourd" (cependant certains écrits ont émis l'hypothèse que le mot "BOMBARDE" serait la déformation euphonique de "LOMBARDE", des premières pièces du genre ayant effectivement été construites en LOMBARDIE en 1324). Selon leur origine, les pièces correspondantes utilisant des projectiles à parachèvement sphérique portent le nom de "BOMBA" en italien, "BUCHSE" en allemand, "BOMBARDA" en espagnol, parfois "CANON" en français (augmentatif de "CANNA" (TUBE).
Le nom de BOMBARDE, à lui seul, pouvant prêter à confusion, l'énorme diversité que présentaient ces engins, tant du point de vue des techniques de construction que de systèmes et de calibres, se compliquant par le fait qu'il était d'usage au Moyen Age de donner un "nom" aux bouches à feu (nom de leur réalisateur, de la ville ou du seigneur en ayant fait l'acquisition ou en ayant commandé la construction), l'on ne s'étonnera pas d'être confronté à diverses appellations pour une même pièce, ou, pour le moins, pour des pièces très semblables.
Le fer étant un métal élastique et relativement aisé à travailler par des artisans de l'époque, pendant près d'un siècle (1350 à 1450), elles seront fabriquées en fer forgé.
Etant donné qu'à l'époque, il était possible de trouver les installations et l'outillage nécessaires dans les agglomérations de moyenne importance, une équipe d'artisans spécialisés travaillant sous la direction d'un "maître-engingneur", disposant d'un plan bien étudié, pouvait se déplacer de ville en ville et travailler sur place, selon tes besoins des commandes.
Figure 1
Très ressemblante au "vase" de Walter de Milemete, cette bouche à feu coulée à LOSHULT, au sud de la SUEDE.
Cette pièce dont l'âge exact reste indéterminé (probablement au XIVe siècle) est la plus ancienne découverte à ce jour et est conservée au Statens Historika Museum de STOCKHOLM
Figure 4
Bombarde-mortier de TURIN et un de ces boulets de 50 cm
Figure 2
Phases successives de la fabrication d'une bombarde
Assez paradoxalement, si les seigneurs-guerriers de l'époque, manifestèrent un intérêt grandissant à la fabrication de ces engins offensifs, il semble que la noblesse et les maîtres de guerre en aient laissé le soin aux gens de métier (engingneurs), roturiers passés maîtres dans les travaux à problèmes mathématiques tout autant que dans la connaissance des divers métiers requis par de telles fabrications (mécanique, serrurerie, menuiserie) (1).
(1) Parmi les maîtres armuriers de l'époque, citons : UDO TEDESCO, ULRICH von EICHSTATT, JAKOB von TORAN. WALTER von ARLE.
Les premières bombardes sont formées à la manière d'un tonneau, par des barres d'acier brasées entre elles et maintenues extérieurement par des cercles d'acier leur assurant une certaine étanchéité. A l'origine, elles lançaient à grand bruit des blocs de pierres, de pierrailles, sans beaucoup plus de danger pour l'ennemi que pour l'artilleur lui-même. On les connaît alors sous la désignation de "pierriers". (Voir figure 9)
Figure 9
Pierrier géant de 8.000 Kg datant de la première moitié du XVe siècles.
Son calibre est de 88 cm. La longueur du canon est de 2.58 m.
Son nom est "Pumhardt".
Il se trouve au Heeresgeschichtliches Museum de Vienne
Par la suite, on utilisa des "boulets de pierre", de calibre plus ou moins ajusté et de forme relativement sphérique. Etant chargés par la "gueule" (bouche) ces boulets sont maintenus par des coins de bois, afin d'en assurer l'assise dans le tube. Le vide entre le boulet et le tube était bourré d'étoupe ou de terre, afin de réduire la déperdition de gaz. Généralement ces engins éclataient après une douzaine de coups.
LES PREMIERS AFFUTS
A l'origine, le tube était fixé sur un socle en bois, en quelque sorte une charpente massive, dénommée "heurtoir". En principe, celui-ci étant enterré dans le sol, ces poutres absorbaient le recul provoqué par le départ du coup.
L'on distingue deux sortes de bombardes se différenciant par le genre de tir utilisé, soit, à "tir direct" (de but en blanc) - les "michelettes" en sont un exemple -, soit à "tir courbe" ou indirect (à la volée).
Ceci amène la recherche de différents systèmes d'ancrage des tubes, tout en essayant cependant de procurer une certaine protection, car les accidents par explosion du tube étaient relativement fréquents.
L'affût-caisse, constitué de solides madriers, reliés solidement ensemble par des colliers de fer, protégeait en fait les servants en cas d'éclatement de l'engin tout en offrant la possibilité de donner une certaine inclinaison à la bouche à feu, la gueule étant encastrée dans le bord supérieur avant de la caisse, et l'autre bout du tube, pourvu d'une "lumière", reposant sur le fond de l'affût-caisson.
Les bouches à feu de ce type se chargeaient par la gueule à l'aide d'une petite pelle que l'on appela plus tard "lanterne". Le projectile étant bourré avec de "l'étoupe, à défaut avec du foin ou du gazon, la mise à feu s'effectue à l'aide d'une lance ou d'un fer chauffé au rouge.
Il va de soi que de tels engins étaient peu maniables. Une fois mises en position, ces pièces ne pouvaient modifier leur pointage ou inclinaison qu'au prix de durs et longs travaux de terrassement et d'ancrage.
On peut s'imaginer que le transport des pièces devait entraîner d'énormes difficultés, considérant l'état des routes de l'époque, qui n'étaient généralement que des pistes et des chemins destinés aux déplacements des courriers à pied ou à cheval. Lorsque la disposition des lieux le permettait, les voies d'eau étaient utilisées au maximum.
Les bombardes devant en ordre principal créer des brèches dans les murailles attaquées, la nécessité d'agir sur l'inclinaison des tubes n'était pratiquement pas nécessaire au début de leur utilisation; l'affût pouvait donc se limiter, comme nous l'avons vu, à un simple berceau en bois fortement charpenté, car elles n'étaient utilisées que dans les combats de siège (2).
(2) Cela pourrait expliquer la raison pour laquelle l'on ne date généralement l'apparition de la bouche à feu que de la bataille de Crécy, en 1346, première bataille d'artillerie, en rase campagne, alors que le premier coup de canon des guerres d'Occident a en fait été tiré par l'artillerie de Charles de Valois, lors du siège de la REDE en septembre 1324.
Avec le temps et les nécessités d'utilisation, les tubes s'allongent et les calibres augmentent, pour atteindre jusqu'à plus de 50 cm de calibre, la pièce pesant plusieurs tonnes.
Déjà, ces grosses bombardes paraissent répondre à des règles bien précises, tirées d'un traité d'artillerie existant à l'époque (3).
(3) A ce moment de l'évolution de l'artillerie naissante, il convient de signaler un ouvrage résumant les connaissances du temps, ainsi que des suggestions révolutionnaires en ce qui concerne les techniques de mise en batterie et d'accélération des cadences de tir : "Le BELLIFORTIS" de Conrad Rieser von EICHSTATT.
C'est ainsi que le tube a une longueur correspondant à 5 fois le calibre, de même que celle de la chambre équivaut à 5 fois son diamètre. Le poids de la poudre est en principe 1/9 du poids du projectile. La charge occupe les 3/5 du volume de la chambre à feu, 1/5 reste vide et le dernier 1/5 est rempli par une bourre (tampon en bois) destinée à communiquer l'impulsion au boulet. En principe, le poids d'une telle bouche à feu s'évalue à environ 50 fois le poids du projectile correspondant.
Suivant l'évolution des tubes, les affûts seront rendus plus mobiles et le premier pas de cette amélioration de mobilité et de pointage sera "l'affût-caisse triangulaire". Semblable à l'affût-caisson dont nous avons donné la description, celui-ci est doté de deux roulettes à l'avant et est fixé à l'arrière sur un pivot (sommet du triangle) lui permettant de pointer sur un certain arc de cercle. La manoeuvre s'effectuant à l'aide de leviers, compte tenu de l'augmentation des diamètres des calibres et, conséquemment, du poids considérable atteint par ces bombardes, l'on renoncera bientôt à ce principe de support de la bouche à feu, qui, vers 1470, recevra des roues. Celles-ci, tout en donnant d'une part des possibilités de déplacements inconnus jusqu'alors, d'autre part amortissent le recul de la pièce au départ du coup, l'affût reculant sur ses roues, ce qui diminue sa fatigue.
L'EVOLUTION TECHNIQUE
A partir de 1450, l'exploitation des mines de cuivre va rendre possible la fabrication de canons en bronze; le tube pourra être coûté d'une seule pièce. Cet alliage de fer et de cuivre fondu donne enfin une matière permettant d'obtenir la construction plus précise des tubes, notamment une épaisseur relativement constante et uniforme. De plus, avec ce nouveau métal, plus souple que le fer, les risques d'éclatement sont moindres et la longévité du matériel est fortement accrue.
Technologiquement parlant, le problème ralentissant à l'époque cette évolution est surtout la difficulté d'obtenir des sources de chaleur suffisantes et pouvant être dominées avec suffisamment de rigueur pour de telles fabrications.
La possibilité de "couler" les tubes ouvre la voie à d'énormes progrès, qui améliorent sensiblement l'utilisation des bouches à feu, encore primitives, notamment la conception de pièces avec "tourillons", axes coulés en même temps que le tube. fixant ce dernier à l'affût, sans en gêner la mobilité verticale. La bouche à feu commence de ce fait à prendre l'allure de ce qui, durant plusieurs siècles, représentera le canon traditionnel.
Parallèlement, 1450 verra également l'évolution du projectile, par l'apparition des boulets en fonte de fer, qui vont remplacer les boulets en pierre, qui, eux, dès le début du XVIe siècle, ne seront plus que rarement utilisés, avec des bouches à feu de type ancien.
LES BOMBARDES-MORTIERS
Au début du XVe siècle, apparaissent les bombardes-mortiers dénommées communément "mortiers".
En principe, il s'agissait de pièces de très gros calibre. Un des rares exemplaires, dont la construction semble remonter à 1410-1420, se trouve au musée national d'artillerie de Turin.
Contrairement à la plupart des pièces de ce type construites à l'instar des bombardes du siècle précédent (assemblage à la manière d'un tonneau), du fait de l'importance de leur calibre, cet engin a été coulé en deux pièces (fonte de fer). Les deux composants, chambre et tube (constituant en fait aussi la "volée", de par sa conception), restaient assemblés durant le tir, le chargement s'effectuant par la gueule. Caractéristiques "tube" : longueur 58 cm, diamètre de 46 à 51 cm à la votée; "chambre" : longueur 86 cm, diamètre de 12,5 à 15,6 cm; longueur totale de la pièce : 1,44 m; poids total : 1.500 Kg; portée non connue. Caractéristiques particulières de cette pièce : la chambre est plus longue que le tube ! Elle tire des boulets d'un calibre de 50 cm !
Il est à remarquer que le principe de construction en 2 pièces fut également utilisé pour la construction de certaines bombardes de gros calibre. En effet, vu leur poids considérable (plusieurs tonnes) et leurs dimensions, l'on divisait la bouche à feu en deux parties (à dévisser) pour en faciliter le transport (fin du XVe siècle) (voir ci-dessous et figure 10).
LES GROSSES BOMBARDES OU PIERRIERS GEANTS
Bien que, dès le XVe siècle, l'on réalisait déjà des bouches à feu "coulées", de par leurs dimensions et la complication de leur construction, les moyens techniques de l'époque ne permettaient pas le forage et il était encore impossible de réaliser une telle pièce en un "ensemble métallique homogène". Aussi étaient-elles encore construites selon le principe composite des premières bouches à feu.
La grosse bombarde de STEYR se trouvant au HEERESGESCHITLICHES-MUSEUM de VIENNE reste un des rares témoins de ces pièces géantes, pouvant lancer des boulets d'un calibre de 80 cm de diamètre.
Le tube est constitué d'un ensemble d'une trentaine de barres de fer forgé de 1,30 m de long, d'une largeur de 8 à 9 cm et de 2 cm d'épaisseur. Soudées côte à côte, à la façon d'une barrique, ces barres forment une grande cuve, renforcée intérieurement et extérieurement par des cercles en fer forgé soudés entre eux. L'intérieur du tube est parachevé par des fers plats forgés et soudés à l'ensemble.
La chambre est également constituée par 32 anneaux forgés et soudés. La volée a un diamètre de 88 cm, la longueur intérieure du tube étant de 1,28 m. D'une longueur de 114 cm, la chambre a un diamètre de 18 cm. La longueur totale de la pièce est de 2,58 m et son poids d'environ 8 tonnes. Le projectile, boulet d'un diamètre de 80 cm, pèse près de 700 Kg.
L'on ne connaît pas les performances de cette pièce géante, mais l'on peut cependant s'imaginer les problèmes que devait comporter, pour l'époque, l'utilisation d'une telle bouche à feu, qui semble avoir été construite dans la première moitié du XVe siècle.
Figure 3
Bombardes et pierriers
Figure 5
Grosse bombarde - fin du XVe s.
Les encastrements aux deux extrémités permettaient de visser et dévisser la chambre à l'aide de leviers. Cela facilitait le transport de la pièce.
LES VEUGLAIRES OU BOMBARDES A CULASSE
L'idée de charger une bouche à feu par l'arrière avec un système de chambre amovible était séduisante et présentait l'avantage d'éviter l'échauffement de la pièce et les accidents qui en résultaient souvent. Cela permettait de préparer les charges à l'avance.
Réalisée en 1356 sous les noms de "SARRES, SPIROLES ou ACQUERAUX", les VEUGLAIRES étaient composées d'au moins deux pièces : le tube. de forme cylindrique ou légèrement tronconique, et la chambre mobile ou boîte à poudre.
Cette chambre à poudre était munie d'une anse afin de faciliter sa manipulation qui consistait à introduire la partie mate dans le fond de la volée. Un coin en bois ou en fer (LAICHET) la calait dans cette position pendant le tir. Cette "boîte" était percée d'un trou ou "lumière" à laquelle on adaptait une fusée, ou tuyau rempli de poudre, que le servant enflammait à l'aide d'une barre rougie au feu.
Le nombre de chambres mobiles par pièce était variable, 3 ou 4 suffisaient pour maintenir une cadence de tir, de toute évidence plus rapide que celle des bombardes.
Il existait différents systèmes de verrouillage des chambres mobiles à poudre selon la construction de la culasse du tube.
Sur la figure 6a, dont le tube est hexagonal, il s'agit d'une pièce a "encastrement à joues". La chambre mobile étant introduite dans son logement, elle est verrouillée par deux clavettes chassées à coups de marteau dans des orifices pratiqués dans les "joues". Une troisième clavette tronconique est enfin enfoncée entre le fond de la culasse et la boîte à poudre, afin de serrer cette-ci contre la feuillure et de pallier au feu apparaissant à celle-ci, lorsqu'une certaine usure provoquait une perte de gaz à l'explosion (voir plan transversal).
La figure 6b présente un système à "verrouillage arrière dont la chambre à poudre est maintenue en place par une barre en fer forgé pivotant sur un axe fixé sur la tranche arrière de la culasse, se verrouillant à l'aide d une seule clavette enfoncée dans les orifices d'une frette cintrée sur la partie arrière du tube de la pièce.
Un des derniers modèles à "LAICHET" (PETARARA-VEUGLAIRE) fut construit en 1470 (figure 7). L'on remarquera que cette pièce est déjà montée sur tourillons, perfectionnement remarquable pour l'époque.
Figures 6a, 6b et 7
A l'encontre des autres veuglaires, cette-ci se compose de 3 parties : le tube, l'ensemble bloc-culasse et la chambre à poudre amovible.
L'ensemble bloc-culasse, destiné à recevoir la chambre à poudre, s'assemblant au tube à l'aide d'une cale à tenons, présente un évidement de forme tronconique, lequel est pourvu d'un berceau de chambre coulissant transversalement. Ce système ingénieux permettait une bonne étanchéité de la chambre à poudre avec la feuillure de l'ensemble culasse.
Introduite dans la partie la plus évasée de la chambre, la boîte à poudre était ensuite engagée (vers l'avant) entre les parois tronconiques, de façon à laisser passage au laichet, qui enfoncé à coups de maillet, bloquait la chambre-boîte à poudre contre la tranche de la culasse. Lorsqu'un certain jeu subsistait (usure). L'on agissait ensuite sur le berceau de la chambre afin d'obturer au mieux l'ensemble culasse-boîte à poudre.
Cette "PETARARA" était relativement légère pour l'époque; d'un calibre de 63 cm, le tube, d'une longueur de 90 cm, ne pesait que 56 Kg.
Bien que le VEUGLAIRE offrait la possibilité d'être dotée de 3 ou 4 chambres à poudre, ce qui permettait de diviser les opérations de sa manipulation (nettoyage, chargement, calage), d'où une augmentation appréciable de la cadence de tir, le système présentait de sérieux inconvénients.
En effet, une partie des gaz s'échappait à la jonction de la boîte à poudre et du tube (ou culasse); de ce fait, une quantité considérable de force de propulsion était perdue. De plus, à l'usure, suite à ces fuites, les opérations de nettoyage de l'espace d'encastrement de la boîte à poudre s'avéraient difficiles, tant le dépôt de poudre brûlée était important. Après un certain nombre de coups, le logement de la boîte à poudre s'égueulait, la majeure partie des gaz s'échappait vers l'arrière, réduisant considérablement la trajectoire du projectile.
Aussi, suite aux inconvénients d'étanchéité du système et à son manque de sûreté, vers la fin du XVe siècle, le principe "VEUGLAIRE" fut abandonné au bénéfice de pièces se chargeant ... par la bouche !
(à suivre)
Documents consultés
- Cours d'armement de l'ESAM - France.
- Description de la fabrication des bouches à feu de HUGUENIN.
- Traité élémentaire sur les procédés en usage dans les fonderies pour la fabrication des bouches à feu de DARSTEIN Ch.
Figure 8
Aspect d'une fonderie de canons de l'époque.
On remarquera, dans la partie centrale gauche, une bombarde-mortier (tube sans chambre), pièce coûtée en deux parties. Un peu plus haut, un amoncellement de morceaux de bombardes, que l'on introduit dans le four afin d'y être refondus laisse supposer qu'il y avait beaucoup de déchets à la coulée. Dans la partie droite, les tubes sont débarrassés de leurs bavures par burinage.
(Doc. British Museum, London)
Figure 10
Bombarde en bronze de 3.325 Kg de la fin du XVe siècle.
Le boulet de granit pesait 261 Kg. Le calibre est de 58 cm. La longueur du canon est de 1,95 m. Il a été fondu par ordre de Pierre d'Aubusson, grand maître de l'ordre hospitalier de Jérusalem. Il se trouve au Musée de l'Armée à Paris. Ce type de pièce pouvait être divisé pour te transport. A remarquer les encastrements aux deux extrémités, où on glissait les leviers pour visser et dévisser la chambre.
Figure 11
Mortier en fer forgé du XVe siècle. Son poids est de 37 Kg. Le calibre est de 17 cm. La longueur du canon est de 0,43 cm. Il se trouve au Bernisches Historisches Museum de Berne.
Figure 12
Au siège de DURAS (sud-ouest de la France), on note l'apparition des premières bouches à feu destinées à démanteler les murailles.
La reprise du château de Gerberoy, aux confins de l'Ile-de-France et de la Normandie. (Miniatures de la Bibliothèque nationale, Paris)
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Epinglé pour vous
Le Corps Expéditionnaire Britannique (BEF) à Louvain, en mai 1940
Le 10 mai 40, la défense du secteur de LOUVAIN sur la Position KW fut confiée par Lord GORT, commandant en chef de la British Expeditionary Force (BEF) au lieutenant-général BROOKE, qui commandait le IIe Corps d'Armée.
La responsabilité de la défense de la ville de LOUVAIN fut donnée au général-major MONTGOMERY qui commandait la 3e Division d'Infanterie.
A la droite de cette 3e Division, se trouvait la 1ère Division britannique commandée par le général-major the Honourable ALEXANDER.
Les trois officiers généraux anglais présents dans le secteur de LOUVAIN du 10 au 16 mai 1940 allaient ultérieurement être anoblis pour leur brillante carrière militaire et devenir respectivement :
- le vicomte ALAN BROOKE K. G.
- le comte ALEXANDER de TUNIS K. G.
- le vicomte MONTGOMERY d'ALAMEIN K. G.
Chacun d'eux sera promu maréchal, le premier, le 1er janvier 44, le second, le 4 juin 44, le troisième, le 1er septembre 44.
Légende de la carte
7 Gds Bde : 7e Brigade de Guards
8 Bde : 8e Brigade d'Infanterie
9 Bde : 9 Brigade d'Infanterie
33 Fd Regt : 33e Régiment d'Artillerie de Campagne
15/19 H : 15e/19e Hussars (Blindés)
1 Suffolk : 1er Battalion Suffolk Regiment
2 E Yorks : 2e Bataillon East Yorkshire Regiment
4 R Berks : 4e Bataillon Royal Berkshire Regiment
2 RUR : 2e Bataillon Royal Ulster Regiment
1 KOSB : 1er Batallion King's Own Scottish Borderers
2 Lincoins : 2e Bataillon Lincolnshire Regiment
1 Cotdm Gds : 1er Bataillon Cotdstream Guards
1/7 MX (MG) : 1er/7e Bataillon Middlesex Regiment (bat. de mitrailleuses)
2 RHA : 2e Royal Horse Artillery Regiment
1 Gren Gds et 2 Gren Gds : 1er et 2e Bataillons Grenadier Guards
88 A Fd Regt : 88e Régiment Artillerie de Campagne
5 DG : 5e Royal Inniskilling Dragoon Guards (2 bataillons)
20 ATk Regt : 20e Régiment antichar
Armement.
- Hussars et Dragoon Guards disposent de chars légers et de chenillettes (Bren).
- Régiments d'artillerie de campagne : deux batteries fortes chacune de 12 pièces (canons 18/25 ou obusiers de 4,5).
- Régiments ATK : quatre batteries de 12 canons de 2 livres.
- Bataillon de mitrailleuses : 4 compagnies dotées chacune de 12 mitrailleuses .303 type Vickers et 1 compagnie hors-rang.
Source :
"L'ARMEE-LA NATION du 1er mai 1965 (numéro spécial CAMPAGNE DE 1940).
G.S.
L'Arvô de la CHARTREUSE à LIEGE
Copie d'un document Fondation Roi Baudouin
En août 1988, alarmé par les menaces de lotissement qui pesaient sur le site de la Chartreuse, un groupe de riverains se constituaient en asbl "Parc des Oblats".
Son but : veiller à la sauvegarde du patrimoine naturel et architectural du site et protéger de toute construction les deux zones d'habitat enclavées dans les zones d'espaces verts.
L'asbl s'est préoccupée de la conservation et de la réaffectation de l'arvô classé comme monument par A.R. du 5 juin 1981.
Elle l'acquit le 30 août 1990 pour un franc symbolique en vue de le restaurer et de lui restituer notamment sa vocation initiale de passage.
Ainsi, il donnera accès, par le nord, à un vaste ensemble naturel reconnu par le W.W.F. Belgium, d'intérêt éducatif, récréatif, paysager, biologique et scientifique et par ailleurs classé comme site par A. Ex. du 31.10.91.
Projet de restauration
Les fonds récoltés seront affectés aux travaux de restauration portant principalement sur la réfection des parties de mur fissurées et hors plomb, le nettoyage et le rejointoyage des maçonneries, la consolidation de la charpente, le renouvellement de la couverture en ardoise naturelle et des corniches.
Restauré, l'arvô constituera :
- l'accès nord au site de la Chartreuse - Parc des Oblats - dont une partie est déjà aménagée en réserve éducative;
- un lieu de transition informatif : panneaux didactiques, expositions, information des visiteurs de la réserve éducative;
- une salle de réunion pour les asbl locales et les groupes "Nature".
L'arvô et le site de la Chartreuse
Dominant l'extrémité du faubourg d'Amercoeur, le mont Cornillon est traversé par le thier de la Chartreuse qui fut longtemps la seule voie vers le duché de Limbourg, connue jadis sous les noms de "Grand chemin" ou "Chemin royal".
C'est au XIVe siècle que les chartreux s'installèrent à Liège et prirent possession des terres qui leur avaient été attribuées sur les flancs du mont Cornillon. Autour de leur couvent, ils possédaient des terres bien exposées sur le coteau dont une grande partie était séparée de leurs bâtiments de ferme par cette route encaissée qui menait de Liège à Herve. Aussi, en 1381, le prince-évêque les autorisa à construire un pont pour le passage du charroi et du bétail à leurs terres.
Comme en témoignent des meurtrières percées aux deux faces de l'arvô, ce pont fut fortifié en même temps que le couvent qu'il desservait, lequel avait été transformé en forteresse au XVIIe siècle durant les guerres de Louis XIV. Il fut restauré au début du XVIIIe siècle par les chartreux qui avaient entrepris la reconstruction de leurs bâtiments détruits et incendiés par les belligérants. Au XIXe siècle, une grande forteresse hollandaise fut édifiée sur le plateau.
Transformée en caserne à la fin XIXe siècle, elle est abandonnée par la Défense Nationale en 1981. Le fort et les zones vertes qui l'entourent ont été mis en vente en 1989.
Une Fondation "Chartreuse" sera prochainement créée dans le but d'acquérir et d'aménager ce site. La restauration de l'arvô constitue la première phase de ce projet ambitieux.
G. S.
Le tirage au sort à Neufchâteau (1).
(1) Le tirage au sort a été traité dans le bulletin du C.L.H.A.M. Tome III, fasc. 12, de décembre 1988, pages 41 à 48.
Jusqu'en 1909, les jeunes gens qui devaient être soldats étaient désignés par le tirage au sort par canton.
A Neufchâteau, les bourgmestres amenaient les jeunes appelés du canton âgés de 20 ans qu'on appelaient conscrits. Le commissaire d'arrondissement présidait le tirage dans la salle de l'hôtel de ville qu'on appelle maintenant "Salle Gouverneur Bovesse". Chaque commune passait à son tour selon l'ordre alphabétique. Les conscrits venaient tirer un numéro dans un grand bocal. On disait que les plus hauts numéros étaient dehors et les plus petits dedans (2) (3). Cela dépendait du nombre de soldats que le canton devait fournir.
(2) Dans la région liégeoise, on chantait : "Tot les hauts fè n'bonne djourneye, min les bas c'n'est nin çoula !" (tous les hauts font une bonne journée, mais les bas, ce n'est pas cela !).
(3) Les numéros étaient placés dans des olives creuses disposées dans une roue de loterie. Il existait cependant une dangereuse échappatoire : le remplacement, qui permettait à un "petit numéro", moyennant paiement d'une somme de 1.500 francs, de se faire remplacer par un "gros numéro". 1.500 francs de l'époque représentent environ 225.000 francs d'aujourd'hui. En 1884, une éphémère "jeune garde républicaine" avait entrepris une action contre ce système particulièrement favorable aux "biens nantis", ce qui faisait dire que notre armée était une "armée de Pauvres". Le Roi Léopold II mit tout en œuvre pour en arriver au service militaire personnel obligatoire, ce qu'il obtint le 18 novembre 1909. Nos parlementaires viennent de mettre fin, en 1993, à cette obligation civique, à partir de la levée 1994. Il n'y aura plus d'armée de milice.
Moi, j'étais de la commune de Tournay et j'ai pris le numéro 80 au dernier tirage de 1909. Le commissaire d'arrondissement Dubois m'a dit : "Il est peut-être bon !". Cela voulait dire : "Peut-être que vous ne serez pas soldat !".
Mais j'y ai été quand même pour sept mois dans la cavalerie et pour toute la guerre 1914-1918. J'ai appris après le tirage que j'avais pris le dernier mauvais numéro. Après la commune de Tournay, il n'y avait plus que la commune de Witry et il ne restait plus que des gros numéros dans le bocal
.
Je me rappelle qu'il y avait un conscrit de Neufchâteau qui s'appelait Emile Castagne. Il était venu avec des camarades qui formaient une ligne dans les escaliers de l'Hôtel de Ville, sur la place et jusque chez Rinnoy. Castagne a pris un bon numéro et tous ses camarades ont crié ensemble "Mimile est dehors".
Après le tirage au sort, les conscrits de la même commune se rassemblaient avec un joueur d'accordéon. Ils attachaient leur numéro à leur casquette ou à leur chapeau avec quatre ou cinq rubans de toutes les couleurs et d'à peu près un mètre de long, lis allaient boire un verre ou deux dans un café de Neufchâteau. L'accordéoniste les animait et il les suivait deux ou trois jours, le temps qu'allait durer la fête.
On devait d'abord passer chez les parents des conscrits; on y buvait et on y mangeait et puis, on faisait le tour des cafés de la commune. Parfois l'on dansait avec les filles et on chantait de vieilles ritournelles assez banales et aussi de plus belles chansons, de celles qu'on entend parfois encore de nos jours.
Ceux qui avaient pris un mauvais numéro étaient ordinairement aussi gais que les autres, mais on ne songeait pas alors qu'il aurait pu y avoir une guerre.
Souvenirs de Georges LEJEUNE, PETITVOIR, parus en wallon dans l'Avenir du Luxembourg du 31 août 93.
G. S.
Le patrimoine humain est fragile
Charles DUBOST, procureur général français au Tribunal militaire international de NÜREMBERG (ouverture 20 novembre 1945) s'exprimait ainsi à la fin de son réquisitoire :
"Nous devons conclure que le patrimoine humain dont nous sommes dépositaires est fragile, que toutes les régressions sont possibles et que nous devons soigneusement veiller sur lui. Il n'est point de nation qui, mal éduquée, mal conduite par de nouveaux maîtres, ne puisse à la longue retomber dans la barbarie des premiers âges".
G.S.
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Le courrier des lecteurs
Le pilon de CHARLIER "JAMBE-DE-BOIS"
De Monsieur Pierre GREGOIRE, administrateur de l'a.s.b.l. LES AMIS DU MUSEE D'ARMES DE LIEGE.
En ma qualité de membre du C.L.H.A.M., c'est toujours avec grand intérêt que je reçois le bulletin de votre association.
A la lecture de la livraison de septembre, chronique "Epinglé pour vous", je me permets de vous signaler que le fameux pilon de J.J. Charlier est dorénavant exposé au Musée d'Armes de Liège. Il s'y trouve d'ailleurs en bonne compagnie, avec le Sabre d'honneur décerné à la "Jambe de Bois", le 29.09.1830, par Don Juan Van Halen, commandant en chef des Forces belges de l'époque. Une brève notice nous explique l'arrivée de cette lame dans les mains de J.J. Charlier (vitrine du premier étage, à gauche de l'entrée de la Salle de Musique).
Les poudrières des forts de la Meuse
Une question de Monsieur HARLEPIN.
Photo
"Ma question concerne les guichets dans les poudrières des forts de Meuse de BRIALMONT. Il y a deux hypothèses sur l'affectation des guichets qui se trouvent dans le fond des poudrières.
1) Dans le fond de la poudrière, il y a aussi un petit local. Ce local pourrait être celui où les soldats venaient prendre livraison des munitions pour les coupoles, par les trois guichets.
2) Les trois guichets du fond serviraient à l'éclairage de la poudrière, avec un verre intercalaire et service des lampes par le local. Dans ce cas, une cloison (briques ou bois ?) aurait existé de l'autre côté, avec porte et guichets pour servir les munitions. Dans ce cas, les soldats pénètrent par l'entrée côté galerie en capitale ! Donc, dans la poudrière.
N.B. : ne pas oublier que les soldats ont des souliers cloutés et ne peuvent pas pénétrer dans un local où on manipule de la poudre (étincelle) !
Quelle est la thèse exacte ?
Et une réponse qui nous est transmise par Monsieur Raymond PIERRE.
Après une visite au fort de Barchon, un membre de la Simon Stevinstichting, Monsieur Frank VANDIJK, a transmis à Monsieur PIERRE, notre actif correspondant du Fort de BARCHON, son opinion au sujet de la question ci-dessus. Monsieur PIERRE a eu l'amabilité de traduire la lettre écrite en néerlandais. "Monsieur VANDIJK a recueilli la documentation ci-jointe et soutient la deuxième hypothèse : "les 3 guichets étaient des ouvertures permettant l'éclairage", avec les arguments suivants :
- "L'emploi d'ouvertures avec vitrage et lampe à pétrole était déjà en usage dans les vieilles citadelles en briques.
- "Dans l'énumération des coûts de construction des forts, on trouve mention de 4 vitres pour les guichets du magasin à munitions (annexe 2).
- "La cloison "C", supposée par Monsieur Harlepin dans sa seconde hypothèse, existait au fort de Dave (voir plan annexe 1). Elle aurait été construite en briques.
- "En supposant que le couloir plutôt étroit (largeur 1 m, ouverture de la porte 0,80 m) ait servi à la distribution des munitions, son exiguïté ne permettait pas le passage simultané de plusieurs soldats. Donc la présence de trois guichets aurait été un non-sens.
- "De plus, si les munitions pour les coupoles centrales de 21, 15 et 12 cm avaient dû être transportées par ce couloir étroit, cela aurait signifié un détour de ± 20 m (voir les flèches sur le plan annexe 2).
- "Quant aux munitions de 5,7 cm, on pourrait supposer qu'elles aient été stockées dans un petit magasin près de la coupole. En effet, elles consistaient en une douille et une balle qui formaient un tout et qu'il n'était pas nécessaire de stocker dans le magasin à munitions". (sé) Frank Vandijk
Photos
Les batailles de MALPLAQUET et de FONTENOY
Nous avons reçu de Monsieur André COMINOTTO, un ingénieur montois, le fruit de ses recherches très fouillées sur les batailles de MALPLAQUET en 1709 entre le maréchal de VILLARS et le duc de MARLBOROUGH et de FONTENOY en 1745 entre le maréchal de SAXE et le duc de CUMBERLAND.
Nous l'en remercions vivement. Nous en publierons de larges extraits dans nos prochains bulletins.
Monsieur Cominotto, membre du C.L.H.A.M., est un passionné d'histoire. Il parcourt les champs de bataille avec un groupe d'amis afin d'y retrouver les emplacements des belligérants et de découvrir des vestiges des affrontements anciens. Les résultats des fouitles de MALPLAQUET seront exposés dans le Musée de l'Artillerie à MONS en 1996.
Il nous explique que son groupe et lui ont développé une méthode géomagnétique avec des baguettes qui leur permet, sans ouvrir le sol, de trouver les tranchées et les positions des redans ainsi que les ossuaires. Les détecteurs de métaux et les échos sondeurs terminent le travail.
Relevons quelques travaux menés par cette équipe de bénévoles au sein de la Cellule Recherches du Cercle archéologique montois et du Centre régional de Recherche archéologique et historique d'ANTOING.
- Siège de Mons en 1746 : emplacement d'une batterie;
- Bataille de Jemappes (1792) : deux redoutes;
- Bataille de Malptaquet (1709) sur le site de Blaregnies : batteries; retranchements, boulets, baïonnettes, épées et tombes;
- Bataille de Fontenoy : septante squelettes ont été exhumés, grâce au grand chantier de la sucrerie de Wez et de Warcoing et au zèle des chercheurs archéologues.
La cellule animée par André Cominotto dispose également d'une belle collection d'obus 1914-1918 et spécialement d'obus à gaz allemands. Notre membre nous propose de nous envoyer tout le détail sur ces munitions, avec composition chimique et vues éclatées. Un grand merci pour son apport à notre Centre. La documentation sera soigneusement classée dans notre bibliothèque et mise à la disposition de nos membres.
G. S.
Le Fort de BARCHON - Souvenirs de la Belle Epoque
De Monsieur Raymond PIERRE
Le fort de Barchon a été construit en 1888. Pendant 5 ans, plus de 500 ouvriers, pour la plupart originaires de la région, ont participé à la construction du fort.
Une série de photos, don de Monsieur TECQMENNE, dont le grand-père, brillant officier du Génie, fut ingénieur des constructions militaires au fort de Barchon, nous montrent les conditions de travail à la Belle Epoque.
L'amenée des matériaux au sommet du massif se faisait par des plans inclinés. La brouette descendante, chargée de déblais, faisait office de contrepoids. La brouette montante amenait les ciments, sables et graviers au sommet du massif. Un ouvrier descendait en courant le plan incliné, entraîné par sa brouette. Il était muni d'un harnais relié par une corde à la brouette montante par l'intermédiaire d'une poulie de renvoi fixée au sommet du massif. L'ouvrier montant, accroché à sa brouette, était entraîné comme une balle. Jusqu'au sommet du massif.
date d'il y a à peine cent ans, quand n'existait ni bulldozer, ni camion-benne. Il n'y avait pas de syndicat. Seul un contremaître avec son chien surveillait le rythme infernal du va-et-vient des brouettes.
C'était la Belle Epoque, mais la Belle Epoque n'était pas belle pour tout le monde.
BONCELLES - Souvenirs de 1940
De Monsieur Louis FREUVILLE
Mes parents et moi habitions Ougrée, au coin de la rue de Boncelles et de la rue F. Nicolay. De ma fenêtre, le 13 mai 1940 après-midi, je voyais l'infanterie allemande en marche d'approche vers le fort de Boncelles : équipe de fusil-mitrailleur sur le trottoir d'en face, abritée par un poteau de téléphone : fusiliers longeant les murs de mon côté de la rue, profitant de chaque encoignure, de chaque entrée de magasin. Certes, le fort est encore loin mais ses canons tirent, à l'aveuglette sans doute, mais sur des objectifs bien connus tels le pont et la gare d'Ougrée toute proche.
Boncelles, comme tous les forts de la PFL, avait ses oeuvres vives orientées vers l'extérieur de l'agglomération. Or, tout comme en 14, les Boches trouèrent la ceinture par le Nord (Eben-Emael !), ce qui leur permit d'attaquer les forts par leur point faible.
Les premiers obus de 88 mm tombent sur Boncelles vers 16 h 30 près de la tour d'aération et de la ferme de Cornillon; les obus se rapprochent, touchent un mur de contrescarpe et démolissent la cheminée des cuisines.
Le 15 mai, à partir de 13 h, les obus de 37 mm tombent comme grêle, les Stukas bombardent; les coupoles I, III et IV sont tour à tour détruites. Au matin du 16 mai, vers 7 h 30, un Stuka s'écrase au sol pour une cause inconnue. La légende veut qu'il ait été abattu par une bombe d'un avion qui le suivait ...
Le même jour, vers 10 h 30, le commandant du fort, le commandant CHARLIER, réunit le conseil de défense. Malgré l'avis contraire des autres officiers, il décide de continuer la lutte; la coupole II est toujours en état de tir et il reste des munitions; avec le lieutenant LHOEST et 25 sous-officiers et soldats, ils tiennent. Vers 12 h 30, une violente explosion démolit la poterne d'entrée; l'onde de choc se répand dans l'ouvrage, tue CHARLIER et blesse grièvement la plupart des autres. BONCELLES, comme LONCIN en 14, ne s'est pas rendu; il a été pris de vive force.
L'après-midi, le commandant CHARLIER fut inhumé provisoirement dans le cimetière militaire contenant les dépouilles mortelles des soldats belges tombés lors des combats du 5 août 1914. Les Allemands et les Belges (épuisés et prisonniers) lui rendirent les honneurs militaires.
A l'époque, j'étais âgé de 14 ans et 5 mois. J'avais été élevé dans la haine du Boche par mes parents et grands-parents qui tous, en 14-18, avaient subi de plein fouet la barbarie qui, si elle n'était pas nazie, était déjà boche. J'étais exaspéré par la présence des "doryphores" chez nous ... même si, selon certains, ils étaient si "Korrect". Par ailleurs, du fait du recrutement régional, les miliciens du fort de Boncelles étaient quasi tous des jeunes gars que nous connaissions et nous n'avions guère de nouvelles des morts et blessés.
Le 17 mai dans la matinée, j'enfourchai ma bicyclette et me rendis sur les ruines du fort ... pas une sentinelle en vue. Pendant mon tour d'inspection, je découvris, dans un cratère, les reste du Stuka abattu; parmi les décombres, je pus récupérer le volet d'accès au fuselage ... et une mitrailleuse qui avait l'air intacte. Je fixai cette arme à l'aide de fil téléphonique sur le cadre de mon vélo et rejoignis mon domicile par des chemins écartés. J'ignore pourquoi j'ai récupéré cette mitrailleuse; ce fut instinctif (encore une que les Boches n'auront pas !).
Rentré chez moi, j'entourai la Machinegewehr de plusieurs épaisseurs de papier journal et l'enfouis sous le charbon, dans la cave d'où je la récupérai vers la mi-juin pour la confier à un ancien des Brigades Internationales d'Espagne qui, ultérieurement, a pu en faire un bon usage. Etait-ce déjà ce qu'on a ultérieurement appelé la "Résistance" ? Ou était-ce cet esprit frondeur d'un Liégeois pur jus ?
C'était en tout cas dans le même état d'esprit que, lors de la reprise des cours à l'Athénée de Seraing, nous fîmes "suer" les Schleus qui bivouaquaient dans la cour de l'école : pneus crevés, "récupération" de vêtements, de pièces d'équipement ...
Peu de temps avant son assassinat, la RTBF consacra une émission "Les copains d'alors" à André COOLS. Un de ses amis rappela qu'à la même époque, au même Athénée, ils urinaient dans les casseroles de goulache de la Wehrmacht. Enfantillages, bien sûr, mais si cela ne gênait guère l'effort de guerre des Teutons, ça nous soulageait, ça nous consolait de la défaite de nos Anciens.
Et 53 ans plus tard, avec le recul, on est bien obligé de constater que tout ce que les martyrs de Boncelles et autres lieux ont fait, les milliers de morts de la Résistance et de la Déportation, les victimes des bombardements, tout cela n'a servi à rien ! Ce qui reste de la Belgique est maintenant la cinquième roue du coche d'une CEE sous le joug du 4ème Reich d'Helmut Kohl, d'une Festung Europa rêvée par Adolf Hitler ...
PENIBLE !
Le fort de PRE-GIROUD dans le Jura suisse
Monsieur Jacques BREULET nous a raconté son voyage dans le canton de VAUD en Suisse et nous a parlé des contacts qu'il a noués avec un membre de la Fondation du Fort de Pré-Giroud dans le Jura.
Pourquoi une forteresse à Pré-Giroud VALLORBE ? Une brochure très détaillée d'André JAILLET y répond.
Barrière entre la Saône et le Plateau suisse, le Jura est un obstacle naturel considérable. Un torrent, le JOUGNENAZ, a forcé un passage entre le Mont-d'Or et les contreforts du Suchet. Un fort fut édifié à Joux (près de Pontarlier en France) au Xe siècle et JOFFRE le fit aménager dans sa forme actuelle en 1877.
Estimant que le col de Jougne est une pénétrante à défendre militairement, les Français édifièrent au siècle dernier une série de forts tout au long du Jura :
- le fort du Risoux au-dessus du Lac des Rousses (1880),
- le fort Saint-Antoine au sud du Lac de Saint-Point (1883),
- le fort réaménagé de Joux, cité plus haut,
- le fort de Larmont,
- le fort des Rousses, le plus puissant de la France après le Mont Valérien.
En 1914 et en 1930, la crainte d'une percée allemande par la Suisse se traduisit par un renforcement considérable des effectifs et de l'armement tout au long du cours du Doubs.
En 1847, une nouvelle route est construite sur la rive droite de la Jougnenaz qui relie directement Jougne à Vattorbe. La ligne de chemin de fer Jougne-VatIorbe voit le jour sur le tronçon suisse le 6 juillet 1870 et la liaison franco-helvétique est réalisée par le tunnel sous Jougne le 1er juillet 1875.
Entre 1910 et 1915, on perce le tunnel du Mont-d'Or.
Après la guerre 14-18, le train Paris-Istamboul appelé "Simplon-Orient-Express" circule sur la nouvelle ligne du tunnel du Mont-d'Or, et cela, jusqu'en septembre 1939, date de sa suppression définitive. C'était la fin des trains de luxe concurrencés par l'automobile.
Lors de la 1ère Guerre mondiale, la Suisse mobilisa : 250.000 hommes et 45.000 chevaux étaient prêts à marcher. Elle resta cependant en dehors du conflit.
Vu l'importance de la "pénétrante Jougne-Vallorbe", la Suisse construisit entre 1937 et 1939, un fort d'artillerie au passage frontalier, complété en 1941 par trois fortins indépendants.
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La garnison fut mobilisée le 21 août 1939, soit 130 officiers, sous-officiers et soldats, avec mission d'interdire le passage de Jougne, la sortie du tunnel du Mont-d'Or, la route de la vallée de Joux.
Le premier commandant de ce fort appelé fort de Pré-Giroud fut le capitaine d'artillerie de forteresse Edouard LAMBELET.
La coupe du fort, extraite de l'ouvrage édité par la Fondation du fort de Vallorbe en 1988 donne une idée exacte de l'organe défensif et de son armement.
Durant le conflit franco-allemand de 1940, la Suisse fut une terre d'accueil comme en 1870 et 1914. Elle désarma et interna 12.000 soldats français et 16.000 soldats polonais qui combattaient en France.
La guerre finie, la forteresse de Pré-Giroud est restée vigilante et demeure un symbole. C'est devenu un monument historique qu'il est bien agréable et instructif de visiter.
Monsieur BREULET a mis un des membres de la Fondation du Fort de Vallorbe, Monsieur Henri RAYROUD de LAUSANNE, au courant des activités du C.L.H.A.M.. La Fondation aimerait s'affilier à notre Centre et visiter les fortifications en Belgique et certainement connaître notre Exposition "De la Libération à la Bataille des Ardennes", en 1994.
Le Président du C.L.H.A.M. s'est mis en rapport par lettre avec Monsieur RAYROUD afin d'établir entre la Fondation et notre Centre des relations fructueuses.
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