TOME 5 - FASCICULE 4 - DECEMBRE 1992

Sommaire

Editorial - Le culte de la mémoire

Frank VERNIER - Les abris de la PFL en mai 1940 (4/4)

R. GILS - Le rôle des fortifications permanentes dans la défense territoriale belge (1830-1914)

Col Gend e.r. G. SPOIDEN, 10 mai 1940 - Les Spahis dans les Ardennes

Photos - 1939, l'année du masque à gaz

G. PIGEON - Aquarelles à l'Oflag

Pierre BEAUJEAN - Le Capitaine DEVOS, Comd du fort de Tancrémont en mai 40

Jules LEBEAU - Les gaz de combat

Roger JAUMOULLE - Récit d'un combattant 40-45

Félix BRAIVE - La Citadelle de Liège

Bibliographie

Bérets verts - Bérets bruns 1942 – 1992 par André Tobback
Le vocabulaire de l'architecture militaire (de 1870 à 1945) par Carine Eggen, licenciée en philologie romane
La Force Aérienne, par Hervé Donnet, André Janssens, Eddy Laden, Gustave Rens, Jacques Schelfaut et Michel Terlinden
FN - Une Grande Centenaire, par Claude Gaier et Auguste Francotte

Editorial - Le culte de la mémoire

La mémoire collective de nos concitoyens est particulièrement riche et diversifiée : mémoire de nos Souverains, mémoire de la Principauté de Liège et de nos libertés chèrement acquises, mémoire des régions, mémoire des révolutions et des guerres.
La mémoire des guerres récentes reste la plus vivace. Qui n'a pas eu un père ou un grand-père à l'Yser en 14-18 ? Qui n'a pas eu un parent proche, victime du devoir, ou prisonnier de guerre ou prisonnier politique durant la dernière guerre ? Qui n'a pas eu un des siens résistant, réfractaire au travail obligatoire, ou victime civile en 40-45 ?
Le rôle de notre Centre Liégeois d'Histoire et d'Archéologie Militaires est de sauvegarder la mémoire de ces conflits et aussi des luttes plus lointaines, en ouvrant largement notre bulletin trimestriel à ceux qui se souviennent, dans leur chair et dans leur coeur des horreurs de ces périodes troublées, en valorisant le patrimoine fortificatif qui est le nôtre, ainsi que tous les lieux de mémoire, comme le Mémorial Interallié de Cointe, nos nombreux champs de bataille et nos divers monuments commémoratifs et nécropoles, enfin, en suscitant autour de nous une vigilance permanente car "ceux qui ignorent les leçons de l'Histoire sont condamnés à les revivre" (Santayana).
Notre action s'inscrit dans une perspective d'abord régionale et nous sommes ouverts à toutes les Amicales et Fraternelles de la Province de Liège qui poursuivent le même objectif; nous sommes prêts à les aider dans leurs recherches, à les soutenir dans leurs efforts de valorisation des lieux de mémoire et de défense du souvenir.
Dans une perspective plus large, nous entretenons des contacts étroits avec le Simon Stevinstichting Fonds, le Centre d'Histoire, et de Traditions de la Gendarmerie, les Amis de la Citadelle de Namur, l'Association des jeunes pour le Souvenir des deux. Guerres d'Amay, le Musée de la Résistance et des Camps de Concentration de Huy, le Musée Royal de l'Armée et le Service Historique des Forces Armées.
Nos membres de Bruxelles, Tournai, Namur et d'ailleurs collaborent étroitement avec notre Centre pour cultiver la mémoire des lieux et des faits d'armes dans notre pays tout entier.
Notre action se veut aussi européenne et nous avons des correspondants en France, en Grande-Bretagne, en Allemagne et sous peu aux Pays-Bas.
A Liège, notre objectif à court terme est d'instaurer, au niveau du mémorial Interallié de Cointe, une exposition permanente sur la Guerre 14-18. La Règie des Bâtiments, qui gère l'immeuble, nous a promis de mettre tout en oeuvre, dans les meilleurs délais, pour aménager l'étage où nous comptons installer nos panneaux et nos vitrines-souvenirs.
Enfin, nous préparons pour fin 1994 une exposition, dans nos locaux, ayant pour thème la Libération de 1944.
Toutes ces activités reposent sur les épaules de membres bénévoles.
Notre problème le plus ardu reste d'ordre budgétaire. Nous fonctionnons uniquement grâce aux cotisations de nos affiliés.
La Communauté Française de Belgique, qui nous a encouragés financièrement pendant plusieurs années, ne répond plus à présent à nos sollicitations bien légères pourtant.
Les buts que nous poursuivons méritent cependant, plus que jamais, d'être encouragés par l'Etat.
Notre grand voisin, la France, l'a compris en se dotant, depuis 1982, d'une Mission Permanente aux Commémorations et à l'Information Historique qui dépend du Secrétariat d'Etat chargé des Anciens Combattants et des Victimes de la Guerre. Cette organisation dispose d'un budget annuel de l'ordre de 32 millions de francs français.
Notre espoir est que notre Pays puisse suivre cet exemple et aider ceux qui oeuvrent pour que "la Mémoire vive".
G. Spoiden
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Frank VERNIER - Les abris de la PFL en mai 1940 (4/4)

Chapitre 7 – La P.F.L. pendant la campagne des 18 jours
Après avoir décrit la Position Fortifiée de Liège, et avant de faire l'historique des combats qui s'y sont déroulés, quelques remarques s'imposent.
Tout était prévu contre un assaillant venant de l'est et attaquant selon les mêmes axes qu'en août 1914. Cependant les forts Brialmont de 1888 furent modifiés et réarmés avec des canons de récupération, démodés, datant de la première guerre mondiale. Conçus comme soutien d'infanterie, ils combattront vite isolés de celle-ci et deviendront des forts d'arrêt, rôle pour lequel ils n'avaient pas été conçus au départ.
De manière générale, les observatoires bétonnés avaient peu de vues sur l'ennemi. Ils auraient dû être construits en avant des forts et non sur la ligne d'abris reliant tous les forts.
Très tôt, alors que la construction de la PFL 1 n'était pas encore terminée, la Défense Nationale se rendit compte que le IIIe Corps d'Armée, occupant la PFL, ne disposait ni d'effectifs suffisamment nombreux, ni d'assez de mitrailleuses pour garnir cette ligne de front de 179 abris se développant sur 60 Km. C'est pourquoi il fut décidé de ne pas l'occuper. Elle constituera un leurre pour l'ennemi, qui, on l'espérait, ne saurait pas où la ligne de défense principale serait établie. Dès le début, les forts de PFL 1 étaient donc condamnés à se battre seuls.
En cas de non-invasion des Pays-Bas par l'Allemagne, les troupes portées sur la Canal Albert, où le gros de l'armée belge attendait l'ennemi, iraient alors occuper la PFL 1.
Les 179 abris de la PFL 1 resteront inoccupés à l'exception des observatoires des forts et des 3 forts : Aubin-Neufchâteau, Battice et Tancrémont.
Ils combattront isolés, en tant que forts d'arrêt, afin de retarder le plus longtemps possible l'attaque ennemie sur la ligne principale constituée par la PFL 2.
Entre les deux autres Positions Fortifiées d'Anvers et de Namur, la Position Fortifiée de Liège était la charnière du système défensif belge dans lequel le Canal Albert devait jouer le rôle principal, où l'armée belge devait retenir le plus longtemps possible l'assaillant en attendant les renforts français et anglais sur le Canal Albert. Or les stratèges français doutèrent de la possibilité de rejoindre, à temps, l'armée belge sur ce canal. Suite à des accords secrets noués entre Belges et Français, la ligne KW (*) fut choisie comme ligne de bataille, et les secteurs furent répartis comme suit :
- les Belges tiendraient le secteur Anvers-Louvain;
- les Anglais tiendraient le secteur Louvain-Wavre;
- les Français tiendraient le secteur Wavre-Namur;
- la PFN serait défendue par le VIIe CA belge;
- les Français garderaient la Meuse en amont de Namur.

(*) Ligne KW : ligne défensive constituée d'abris, débutant à Koningshooyckt, près d'Anvers, jusqu'à Wavre, en passant par Louvain.

L'armée belge modifia donc ses plans de défense. Le Canal Albert et la Position Fortifiée de Liège avaient perdu de leur importance. Ces deux positions défensives ne devaient plus que contenir l'ennemi en attendant la mise en état de défense de la ligne KW et de son prolongement vers Namur.
Toutes les troupes garnissant la PFL dépendront du IIIe Corps d'Armée dont le PC était situé à la Citadelle de Liège.
Le IIIe CA, commandé par le général de Krahe, se composait de :
Les Cyclistes-Frontière, corps créé en mars 1934, était composé de volontaires dont la mission consistait à occuper en permanence les postes d'alerte et de destructions ainsi que les abris contre irruption de la PFL 3, de pouvoir occuper dans un bref délai les abris des centres de résistance de la Position Avancée et les têtes de ponts de PFL 3. Le 1er R Cy F assurera la couverture de la Position Avancée. Le 2ème R Cy F est disposé le long de la Meuse à partir de Cheratte jusque Lixhe. Au nord, la défense est assurée par le Ier Corps d'Armée.
Photos
Des cyclistes frontière aménageant des positions de campagne sur la Position Avancée à Ruyff (1939)
Le 4ème Régiment de Carabiniers Cyclistes assurait la jonction entre la PFL 2 et le Groupement K. Ce dernier, commandé par le général Keyaerts, avait ses unités stationnées dans les Ardennes. Il se composait de la 1ère Division de Chasseurs Ardennais, de trois régiments de cavalerie motorisée (1er Guides, 2ème Lanciers, 2ème Chasseurs à Cheval), le 3ème Cyclistes et quelques autres unités.
Les Unités Spéciales de Forteresse, constituées principalement de soldats de vieilles classes de milice, ont été créées pour occuper des abris et redoutes. Elles se composent :
- du 1er Régiment de Forteresse à 5 bataillons et 27 compagnies chargés d'occuper les forts et les redoutes d'Anvers;
- du VIème Bataillon d'U.S.F. à 4 compagnies qui occupent des abris dans la Position Fortifiée de Namur;
- du VIIème Bataillon d'U.S.F. à 4 compagnies qui occupe une position défensive le long du Canal Albert dans la région de Haccourt.
Composition du Régiment de Forteresse de Liège le 10 mai 1940

(*) Suite au décès du major Bovy le 10 mai à 5 h 30, le Cpt Cdt Guéry a assuré le commandement jusqu'à la reddition du fort le 22 mai 1940.

De 1936 au 10 mai 1940
Depuis le réarmement allemand et la réoccupation de la Rhénanie, le 7 mars 1936, par l'armée allemande, nos hautes sphères militaires étaient particulièrement préoccupées par le danger que pouvait constituer l'irruption soudaine de troupes motorisées ennemies en territoire national. Dans le but de tester la sûreté des organisations défensives de Liège face à une telle éventualité, il fut décidé que les grandes manoeuvres du IIIe Corps d'Armée se feraient dans la PFL.
Dans la nuit du 4 au 5 octobre 1936, les troupes du IIIe CA furent transportées par chemin de fer dans la région liégeoise où elles occupèrent des cantonnements d'attente, sur la rive gauche de la Meuse. La nuit suivante, elles gagnèrent à pied leurs positions de combat qui étaient situées sur la PFL 2.
Les 6 et 7 octobre, se déroulèrent les manoeuvres qui virent les tentatives des colonnes motorisées d'éléments du 1er Lanciers et du 2ème Cyclistes pour percer les intervalles des forts. Ces manoeuvres furent assez décevantes.
Un an plus tard, eurent lieu les secondes manoeuvres qui opposèrent, le 8 octobre 1937, le IIIe Corps d'Armée aux troupes ennemies figurées par des éléments des Chasseurs Ardennais, du 1er Guides et du 2ème Lanciers.
Un des enseignements de ces manoeuvres fut la nécessité de loger les soldats près de la position défensive. C'est pourquoi la construction de trois nouvelles casernes fut envisagée, à Boncelles, Saive et Romsée.
Suite à l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne et à la politique très belliqueuse de cette dernière envers la Tchécoslovaquie, l'armée belge est mise sur le "Pied de Paix Renforcé" (PPR). Le PPR fut communiqué au cadre et à la troupe du 12ème de Ligne le 28 septembre 1938 à 14.15 h. Le 28 septembre au soir, le 12ème de Ligne occupa ses cantonnements de mobilisation. Le 29 septembre, le régiment fit mouvement à pied pour gagner sur PFL 2 les positions qui lui étaient assignées par les plans établis.
La Conférence de Munich (28-30 septembre 1938), premier dépeçage de la Tchécoslovaquie, éloigna le spectre de la guerre à nos frontières et notre armée fut remise sur pied de paix, le 1er octobre 1938.
Du point de vue de l'organisation et de la discipline, ce PPR fut loin d'être un succès.
Le 25 août 1939, la mobilisation fut décrétée. Une fois sur pied de guerre, les régiments allèrent occuper les positions prescrites par les plans d'opération. Dans ce cadre, le 12ème de Ligne occupait le sous-secteur Fléron-Evegnée qui était un des principaux de la PFL car il barrait l'importante voie de pénétration Aix-la-Chapelle - Liège. La position tenue était encore traversée par l'itinéraire Sur-Fossé, Liéry, Queue-du-Bois, Bellâtre, qui était la voie de pénétration par laquelle la 14ème Brigade allemande s'était infiltrée en août 1914.
La position du 12ème de Ligne était un secteur de la PFL 2 et comprenait trois lignes d'abris :
- la position avancée de Micheroux à l'est avec trois abris;
- entre les forts de Fléron et d'Evegnée, cinq abris, FE 1, FE 3, FE 4, FE 5, FE 6;
- en retrait, plus à l'ouest, trois abris :
+ à la lisière est de Queue-du-Bois, FE 2 ter, FE 3 ter;
+ l'abri de la bure de La Lonnette, FE 2 (poste d'observation du fort de Fléron);
+ et l'obstacle antichar constitué par un champ de rails joignant les deux forts.
Différents dispositifs furent adoptés par le 12ème de Ligne pour aboutir, le 27 avril 1940, à celui-ci qui ne sera plus modifié :
- en première ligne :
+ le 4ème bataillon à Evegnée,
+ le 2ème bataillon à Retinne avec, aux avancées de Micheroux et Le Hasard,
+ la 8ème compagnie avec un peloton de la 6ème compagnie
- en deuxième ligne :
+ le 1er bataillon avec la 3ème compagnie à Queue-duBois, la 1ère compagnie à Moulin-sous-Fléron et la 2ème compagnie à La Neuville. La 4ème compagnie était répartie entre ces trois compagnies. Le PC du 1er bataillon était à Moulin-sous-Fléron.
- la réserve divisionnaire : le 3ème bataillon :
Les 9ème et 10ème compagnies se trouvaient à la Fabrique Nationale d'Armes de Guerre à Herstal, la 11ème compagnie à l'usine désaffectée Sépulchre, la 12ème compagnie en mission de défense antiaérienne au quartier général du IIIe Corps à la Citadelle. En cas d'alerte, la 9ème compagnie devait s'occuper de la défense du Canal Albert, entre les ponts de Coronmeuse et de Wandre, la 10ème et la 11ème compagnies devaient s'occuper de la défense des abris à l'Ile Monsin.
Les troupes garnissant la PFL se répartissent comme suit :
- au nord de Lixhe, la 7ème DI (faisant partie du Ier CA) occupe les abris de la Basse-Meuse : PL 10; PL 10 bis, PL 10 ter. L 1, L 2, E, 1 et F.
- entre Lixhe et Engis, le IIIe Corps a organisé ses troupes avec, entre Lixhe et Chertal, le 2ème R Cy F derrière la Meuse.
De Chertal jusqu'à Chaudfontaine, la 3ème DI occupe la PFL 2 :
- le secteur Evegnée-Meuse par le 1er de Ligne,
- le secteur Evegnée-Fléron par le 12ème de Ligne,
- le secteur Fléron-Chaudfontaine par le 25ème de Ligne.
De Chaudfontaine jusqu'à Engis, la 2ème DI occupe ce secteur de la PFL 2 en disposant :
- le 28ème de Ligne entre Boncelles et Chaudfontaine,
- le 6ème de Ligne entre Seraing et Boncelles,
- le 5ème de Ligne derrière la Meuse entre Flémalle et Engis.
Le plan allemand
Le plan d'attaque allemand était totalement différent de celui de 1914 ou plan Schlieffen. Dans ce dernier, les troupes ennemies devaient s'emparer directement de la place de Liège pour se déployer ensuite en Hesbaye. La prise de Liège était capitale.
Choisissant encore une fois la traversée de notre pays pour attaquer la France, en contournant la ligne Maginot, Hitler reprit à son compte le plan audacieux imaginé par von Manstein.
Dans un premier temps, il faudra attirer le gros des armées françaises et anglaises en Belgique. Il attaquera donc au nord de la PFL, en traversant le Limbourg hollandais pour franchir le Canal Albert près de Vroenhoven.
Cette attaque de diversion doit faire croire aux Alliés que l'attaque principale se fera en ce point. Pendant ce temps, les divisions blindées de Guderian, Rommel, ... fonceront à travers les Ardennes, terrain jugé peu favorable par les Alliés à une attaque, pour franchir la Meuse entre Dinant et Sedan. Ces forces blindées fonceront ensuite par la Thiérache et la vallée de la Somme afin d'enfermer le gros des forces adverses montées vers le nord et de les détruire.
Dans un deuxième temps, il faudra attaquer les armées qui se trouvent au sud de la Somme.
Le 10 mai 1940
Le 10 mai 1940, les troupes belges sont, une nouvelle fois, en état d'alerte. Celle-ci sera la bonne. Très tôt, dès 04.10 h, des chasseurs parachutistes (1) survolent le pays à bord de planeurs, tandis que des soldats de la Wehrmacht déguisés (2) tentent de s'emparer des ponts de Maastricht.

(1) Relevés, le 11 mai, par des pionniers.

(2) Ils ont revêtu des uniformes de la gendarmerie hollandaise.

Les planeurs atterrissent près des ponts de Veldwezelt, Vroenhoven, Canne et sur le fort d'Eben-Emael, pour empêcher d'une part la destruction des ponts et de neutraliser d'autre part le fort lui-même. Très vite, les ponts de Veldwezelt et de Vroenhoven tombent aux mains des aéroportés, tandis que le major Jottrand, commandant le fort d'Eben-Emael, donne l'ordre de faire sauter le pont de Canne.
La situation sur le fort est cependant désastreuse. A l'aide de charges creuses, les troupes d'élite allemandes neutralisent successivement la majorité des armes qui auraient pu entraver le passage des troupes allemandes à Maastricht.
Quelques contre-attaques menées par des soldats belges, les Grenadiers par exemple, pour déloger les Allemands des superstructures du fort échouèrent pour diverses raisons. L'attaque par Stukas et l'envoi de renforts parachutés près des trois ponts annihilèrent complètement les défenses belges.
Dans la PFL, le code d'alerte générale arriva à 00.40 h. A 02.15 h, toutes les obstructions en dehors des axes de repli furent fermées, toutes les destructions furent amorcées.
A 04.35 h, entrée brusque des Allemands en Belgique. Les postes d'examen, les postes d'alerte, les postes fixes remplissent leur mission et communiquent rapidement à leurs supérieurs "la nouvelle de la violation du territoire national". Ils se replient ensuite tandis que les premières destructions sont réalisées et que l'on ferme barrières et chicanes. La position de couverture (Position d'Alerte) est évacuée et une partie des troupes du 1er R Cy F et du 1er Lanciers se replie sur la position d'accueil, à hauteur de la PFL 1.
Cette position ne devait être tenue que quelques heures pour permettre le repli des troupes belges situées à la frontière et pour permettre à l'infanterie de la 2ème et de la 3ème DI d'occuper leurs emplacements de combat sur PFL 2. Dès l'occupation de la position d'accueil, les troupes avancées reçurent, dans le milieu de la journée du 10 mai, l'ordre d'évacuer cette position. Elles devaient se replier de l'autre côté de la Meuse pour être incluses dans la réserve du IIIe Corps. Les 2ème et 3ème DI étaient prêtes à subir le choc de l'ennemi, du moins le croyait-on. En effet, on pouvait supposer que tout se déroulerait comme en août 1914.
Les Allemands ne feront pas deux fois la même erreur : ils contourneront la PFL par le nord et par le sud sans tenter d'y pénétrer directement.
Deux divisions d'infanterie allemandes vont contourner la PFL. Il s'agit de la 251 ID (Infanterie Division) par le sud et de la 253 ID par le nord.
Elles n'enverront du côté de leur limite latérale commune que de faibles détachements pour protéger leurs flancs.
La prise des ponts de Vetdwezelt et de Vroenhoven permit à l'ennemi, en traversant le Limbourg hollandais, de se déployer dans la plaine de Tongres pour foncer vers l'ouest.
Suite aux événements au nord d'Eben-Emael, l'état-major du IIIe Corps donna ordre à toutes ses troupes de se replier sur la rive gauche du fleuve durant la nuit du 10 au 11 mai. La situation se détériorant très rapidement, craignant l'encerclement, la tête de pont allemande n'ayant pu être réduite, dans l'après-midi du 11 mai, l'état-major du IIIe Corps donna l'ordre d'évacuer la PFL et d'éviter ainsi d'être pris à revers. La PFL fut évacuée dans la nuit du 11 mai et dans la matinée du 12, la ligne KW devenant la ligne d'arrêt.
La Position Fortifiée de Liège fut donc abandonnée très tôt, sans combattre. Seules les troupes de la Position Avancée et de la région de Visé entrèrent en contact avec l'ennemi. Malheureusement, il y eut beaucoup de victimes lors de son évacuation. L'aviation ennemie, maîtresse totale de l'air, pouvait mitrailler librement les colonnes de militaires et de réfugiés évacuant Liège. Le bombardement par Stukas de la gare de Liers, ... provoqua de nombreuses victimes militaires.
Il faut remarquer que malgré la reddition du fort d'Eben-Emael, le 11 mai, les autres forts combattirent vaillamment. Le fort de Tancrémont ne se rendit qu'un jour et demi après la capitulation de l'Armée belge, soit le 29 mai 1940.
Marche d'exercice sur PFL 2 - Quelle soif !
Halte à Beyne
A Beyne, une laitière ambulante
Pionniers en exercice de pontage sur le polygone de l'Ile Monsin (avant la construction du monument du Roi Albert)
Passerelle Hubert finie
Lancement de passerelle allemande
Radeau sur tonneaux
Lancement de passerelle
La troupe passe
Retour de Retinne
Fusil-mitrailleur en batterie
Mitrailleuse Maxim 08/15 en batterie
Hiver 39-40 quelque part en Belgique
Pont chemin de fer détruit à Dolhain
Le pont-barrage de Monsin après destruction
Annexe A – Circuit touristique dans la P.F.L.: Trajet : Battice - Henri-Chapelle - Visé - Saive - Retinne - Battice. ± 75 Km; 2 heures 30. Mettez votre compteur journalier à 0 Km.
Annexe B – Cahier des charges
Nous avons tenu à reproduire ci-dessous les grandes lignes d'un rapport daté de 1934 au sujet de la construction des abris (*).

(*) C.D.H. à EVERE, dossier OGT n° 257.

Annexe C – Document décrivant l'état de la PFL en 1952
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R. GILS - Le rôle des fortifications permanentes dans la défense territoriale belge (1830-1914)

(Traduction d'un article de la revue "Vesting", périodique du Simon Stevinstichting, année 1992 - numéro 1, avec l'autorisation de l'auteur, que nous remercions d'autant plus vivement qu'il a amélioré cette traduction).
Après les guerres napoléoniennes, il est admis comme principe que la défense du territoire doit avant tout reposer sur l'organisation d'une forte armée de campagne. Les fortifications permanentes sont rejetées au deuxième plan et n'ont plus de sens que dans la mesure où elles facilitent les opérations de son armée propre et gênent les opérations de l'armée ennemie.
L'implantation des fortifications sur le territoire se fait alors également en fonction de l'emploi envisagé de l'armée de campagne.
Nous envisagerons le rôle des fortifications belges en fonction des différentes conceptions de défense entre 1830 et 1914.
1830 - 1850
Après la révolution de 1830, notre pays hérite de la période hollandaise la "Barrière Wellington, construite sous l'impulsion des Britanniques. Elle consiste en 19 places fortes/forteresses, qui, toutes, interceptent les voies de communication avec la France et forment en conséquence une barrière à l'exception de trois (1).

(1) A l'exception de Lille-Courtrai (via Mouscron), Condé-Ronse (via Leuze) et Longwy-la-Meuse (via Arlon).

Contre la Hollande, ces fortifications ne sont pas utiles. Entre Anvers et Maastricht, il n'y pas de fortifications qui protègent le centre du pays.
Il existe la ligne Rupel - Nethe - Dyle – Demer, mais seuls Hasselt et Lierre ont conservé quelques restes de leurs anciennes enceintes. Dans le nord, la Campine constitue une région difficile à défendre. D'ailleurs, pendant la campagne des 10 jours de 1831, elle n'arrêtera pas les Hollandais.
En 1835, Hasselt et Lierre sont protégées contre une attaque par surprise et des fortifications de campagne voient le jour à Grobbendonck, Herenthals et Westerloo. Il existe également des plans pour des fortifications à Lierre, Malines, Hasselt, Diest, Aarschot et Zammel (2). Pour la défense de la frontière, l'armée de campagne est concentrée pendant l'été dans un camp près de Montaigu, plus tard près de Beverlo. En même temps que les fortifications le long de la frontière française, ce concept de défense est appelé "Système de lignes de places fortes parallèles à la frontière" (voir fig 2). Après la paix de 1839, l'intérêt pour la défense de la frontière nord disparaît et seule Diest continuera à être fortifiée (1837-1855). Cette fortification doit assurer la liaison avec une armée de secours en provenance de la vallée mosane.

(2) Près de Westerlo, à l'embouchure de la Laak dans la Grande Nethe. En 1824, le capitaine-ingénieur hollandais Ninaber avait cherché un emplacement pour une fortification capitale près d'Oosterlo.

En raison du fait que les grandes puissances sont convaincues que la Belgique est un trop petit pays pour se défendre seul avec succès contre la France et craignant qu'en cas de conflit les armées françaises n'investissent et ne s'installent dans certaines places fortes - avec le problème de les en chasser de nouveau - une "Convention des Forteresses" avait déjà été signée le 14 décembre 1831, par laquelle la Belgique s'engageait à démanteler les fortifications à Menin, Ath, Mons, Philippeville et Mariembourg. Toutefois, en raison de la guerre avec la Hollande, notre pays demanda et obtint un sursis et le sursis devint remise.
Par le Traité des XXIV Articles, la neutralité fut imposée à la Belgique et notre indépendance garantie par les grandes puissances. Cela implique que notre neutralité doit être défendue par les armes, par nos propres troupes, en attendant le secours des garants. Malheureusement, cela n'apparaissait pas de façon expresse dans le traité, ce qui, pour beaucoup, constituera une excuse pour freiner les efforts nécessaires à une défense du territoire efficace.
Maintenant que les difficultés avec notre voisin du nord sont derrière nous, l'ennemi potentiel redevient la France. Ceci pour des raisons historiques comme les guerres des 17e et 18e siècles, mais il existe aussi en France une idée d'annexion et de revanche, entendue ça et là, et même sensible, comme en 1848, lors de l'affaire de Risquons-Tout" (3).

(3) Hameau près de Mouscron où un détachement belge avait dispersé une dénommée "Légion Belge" (une troupe d'un effectif de 2.000 hommes payés, équipés et transportés par les Français).

Entretenir les places fortes de la Barrière Wellington coûte très cher et les occuper toutes et les défendre en cas de conflit n'est pas réalisable. En plus, le jeune Etat belge réalise un vaste programme de construction de ponts, routes et chemins de fer, de sorte que la barrière devient bientôt un fardeau, d'autant plus que des fortifications devraient être construites en complément ... Les fortifications existantes sont maintenues provisoirement, mais entre 1847 et 1851, plusieurs commissions sont chargées de l'étude de la défense nationale (4). Le résultat en est la conception défensive de 1851.

(4) Créées par A.R. du 15 septembre 1847, A.R. du 1er mars 1851 et A.R. du 14 octobre 1851.

1851
Le concept est basé sur la défense pied à pied du territoire. On reconnaît que la Belgique n'est pas en état de se mesurer seule avec, par exemple, la France ou la Prusse. Mais, parce qu'une agression contre la Belgique neutre serait considérée par les autres garants comme une déclaration de guerre contre eux, on arrive à la conclusion que l'agresseur ne pourrait diriger qu'une partie de ses forces contre la Belgique, d'où chances accrues pour nous de nous défendre avec succès. Il serait imprudent de mettre l'armée de campagne en oeuvre pour une bataille décisive et on estime qu'il est préférable de mener des actions retardatrices pour gagner du temps, suffisamment pour permettre la jonction des armées des garants avec la nôtre. L'étude des lignes de défense, pour permettre cette jonction, amène la commission sur la Meuse et l'Escaut et leurs fortifications. Elle reconnaissait la nécessité de camps retranchés à Aarschot et Malines.
Comme suite à ces études, on maintient les places fortes suivantes :
- sur la Meuse : Liège, Huy, Namur et Dinant;
- sur l'Escaut : Tournai, Audenaerde, Gand, Termonde et Anvers;
- entre les deux, au sud : Mons et Charleroi;
- entre les deux, au nord : Diest et des travaux de campagne à Aarschot et Malines;
- comme défense côtière (et lieu de débarquement des Anglais) Ostende et (provisoirement) Nieuport sont maintenus.
Les places suivantes sont abandonnées : Ypres (en 1853), Ath, Philippeville, Mariembourg et Bouillon. Nieuport sera démantelé en 1856.
En cas d'attaque venant du sud, le gouvernement se retire à Anvers; en cas d'attaque venant de l'est, il a le choix entre Mons et Anvers. L'armée de campagne, avec sa base opérationnelle à Anvers, défend le pays pied à pied, en faisant front le plus souvent possible pour retarder l'ennemi. Une bataille n'est envisagée que si le rapport des forces est favorable et la retraite vers Anvers préservée. En cas de revers, l'armée de campagne se retire derrière la ligne Escaut - Rupel - Dyle - Demer défendue par les têtes de pont Gand, Termonde, Malines, Aarschot et Diest. Enfin, l'armée de campagne peut trouver refuge dans le camp retranché d'Anvers, d'où, après renfort des garants, elle peut à nouveau intervenir offensivement. Cette conception est également connue comme "Système de lignes de places fortes perpendiculaires à la frontière".
1859
Les études en rapport avec le camp retranché d'Anvers ont comme résultat une conception de défense qui concentre pratiquement tous les moyens autour d'un grand camp retranché qui forme à la fois base opérationnelle et réduit national. Un grand nombre de places fortes peuvent donc être abandonnées.
Le concept s'articule comme suit :
1. Une ligne de défense sur la ligne Rupel - Dyle - Demer s'appuyant sur Diest et l'Escaut et des travaux de campagne dans les têtes de pont de Malines et Aarschot.
2. Un Réduit National pour le gouvernement et l'armée, basé sur une place fortifiée d'Anvers étendue, à la fois base de ravitaillement et pivot de manoeuvre.
3. Une ligne de manoeuvre sur l'Escaut depuis Rupelmonde et surveillé par la place de Termonde et la Citadelle de Gand. Cette ligne de manoeuvre doit permettre à l'armée de campagne de rester maîtresse des deux rives de l'Escaut à Anvers (pour, par exemple, traverser l'Escaut près de Termonde et attaquer sur la rive droite, l'ennemi investissant Anvers) et assurer la liaison avec la mer, sans devoir emprunter l'Escaut maritime.
4. Sur la Meuse, la Citadelle de Namur et la Citadelle et la Chartreuse de Liège sont maintenues. Diest doit assurer la sécurité des communications avec l'est.
Sont abandonnées les places fortes d'Ostende (1865), Audenarde, Tournai, Mons, Charleroi, Dinant et Huy.
En cas de conflit, le gouvernement se retire à Anvers. L'armée va à la rencontre de l'assaillant, livre des actions retardatrices, sans se laisser accrocher, se retire derrière la ligne Rupel - Dyle - Demer et enfin rejoint le Réduit National, pour y offrir une résistance active jusqu'à l'arrivée des garants. Cette conception est aussi appelée "Système dit de la grande enceinte".
En 1868, l'édification d'un camp retranché sur la rive gauche d'Anvers entraîne l'abandon de la Citadelle de Gand et Termonde est transformée en double tête de pont.
Après 1876, compte tenu de la portée accrue de l'artillerie, la principale défense du Réduit National est déplacée de la ceinture des forts vers la ligne Rupel - Nethe et les forts de têtes de pont de Lierre, Walem et Steendorp sont construits.
La guerre franco-allemande de 1870 entraîne avec elle une autre sorte de danger, notamment qu'un des belligérants se rue à travers notre pays (5).

(5) Quand une armée française est encerclée à SEDAN en 1870, la question est posée de savoir si on essayerait de traverser la Belgique en direction de Lille. La conclusion éclata clairement : "Envahir la Belgique ce serait s'attirer 70.000 ennemis de plus".

Pour défendre militairement notre neutralité, deux armées sont constituées : l'Armée d'Observation à la frontière et l'Armée d'Anvers. La Citadelle de Gand qui avait déjà été désarmée, mais était encore intacte, fut remise en état de défense et mise seulement hors service définitivement après 1870.
1887
La guerre de 1870 change profondément la situation militaire et politique en Europe de l'Ouest.
Très vite, aussi bien la France que l'Allemagne renforcent leurs nouvelles frontières. Ainsi les Français fortifient la région Verdun - Toul et Epinal - Belfort, de telle façon que seules deux ouvertures subsistent : "La trouée des Charmes" et "La trouée de Stenay" (6).

(6) La "Trouée de Belfort", appelée également "Porte de Bourgogne", entre Belfort et la frontière suisse fut fermée par des fortifications par les Français.

Les Allemands fortifient Thionville, Metz et Strasbourg et disposent au-delà des passages fortifiés du Rhin. Une attaque frontale est de ce fait rendue très difficile et une manoeuvre par l'aile gauche à travers notre pays vraisemblable.
Notre pays ne craint plus maintenant une politique française d'annexion mais bien - le revanchisme verbal français nous fait craindre le pire – la ruée d'un des partis à travers notre pays. Initialement, on craint encore le plus la France mais, après la disparition de Bismarck en 1892, l'Empire Allemand va mener une politique assez agressive et imprudente, si bien que la perception du danger va changer lentement.
Notre neutralité nous oblige, en cas de franchissement de la frontière, à livrer une résistance active.
La Vallée Mosane, prolongée par la Sambre et l'Oise, est une voie d'invasion historique et forme un couloir, vers Paris d'un côté, vers le Rhin, entre Cologne et Wesel d'autre part. Le plan prend forme d'établir sur la Meuse, à Liège et à Namur, deux positions fortifiées, avec comme but :
- interdire l'usage de la Sambre et de la Meuse comme chemin d'invasion;
- former des points d'appui pour l'armée de campagne, d'où elle peut opérer sur les deux rives de la Meuse (7).

(7) Très plausible compte tenu des effectifs des armées en cette période : Sadowa : 220.000 Autrichiens et Saxons contre 215.000 Prussiens;
Gravelotte : 120.000 Français contre 200.000 Prussiens; Sedan : 130.000 Français contre 200.000 Prussiens.

Les positions fortifiées de Liège et de Namur restent limitées à une ceinture de forts, sans enceinte.
Pour ne pas être considéré, à la Conférence de la Paix, comme belligérant, il serait imprudent de réunir notre armée avec celle de l'un des partis.
La conception de défense de 1887 est la suivante : la réunion de l'armée de campagne dans le centre du pays avec comme base d'opération Anvers. L'armée peut opérer à partir de trois positions fortifiées et peut éventuellement recevoir en renfort une armée de secours. Notre armée a comme mission de menacer le flanc de l'armée ennemie qui traverse notre pays. En cas de défaite, il reste Anvers, le Réduit National. En aucun cas, une armée de campagne ne quitte le territoire national.
Les Citadelles de Namur et de Liège, de même que la Chartreuse, sont déclassées en 1891, mais Huy est à nouveau remis en service et modernisé comme fort d'arrêt pour les deux ponts de la Meuse dans cette ville. Diest et Termonde, non conçus pour résister aux obus torpilles, restent provisoirement encore en service. En 1895, l'enceinte de Diest est démantelée et, en 1906, la Citadelle. La même année. Termonde est aussi abandonnée comme place forte.
L'extension de la position fortifiée d'Anvers après 1906 ne change rien en fait à la conception de défense.
L'extension continuelle des armées rend incertaine l'utilisation de Liège et Namur par notre armée comme pivot de manoeuvre. Une extension des effectifs de l'armée à 200.000 hommes s'impose, mais cela suppose l'adaptation du principe du service militaire généralisé qui se fera attendre jusqu'en 1913 ... trop tard en fait pour apporter beaucoup de poids dans la balance.
Dès le déclenchement du conflit en 1914, il n'est dès lors pas étonnant que Liège et Namur sont abandonnés à leur sort et que l'armée belge s'installe en attente derrière la Gette. Devant la supériorité ennemie, il apparaît sage de se retrancher dans le Réduit National, en attendant l'aide des garants qui, à l'exception d'une division anglaise de marine, ne viendra pas.
L'arrivée de renforts par la mer est exclue, parce que la Hollande interdit l'usage du fleuve par les belligérants. Le corridor du Pays de Waes doit donc rester ouvert et, dès qu'il est menacé, cela signifie que le sort de la position fortifiée est scellé et que l'armée abandonne le Réduit National.
Conclusion
La résistance des fortifications belges en 1914 fut désespérément faible. La même chose peut être dite des fortifications françaises. Celles des Allemands ne furent pas mises à l'épreuve. Les causes en sont la mobilité et la puissance de feu des armées et l'évolution rapide de la technologie militaire qui fait que les fortifications vieillissent vite.
Bibliographie
Duvivier H., "Du rôle de l'armée de campagne et des forteresses belges en 1914", dans BBSM (Bulletin Belge de Sciences Militaires), mars-octobre 1928.
De Ryckel, Historique de l'établissement militaire de la Belgique, 1907.
Brialmont, Considérations politiques et militaires sur la Belgique, 1851 - 1861 - 1863.
Brialmont, Traité de fortification polygonale, 1869.
Brialmont, Les fortifications d'Anvers ...
Brialmont, Les fortifications de la Meuse, 1887.
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Col Gend e.r. G. SPOIDEN, 10 mai 1940 - Les Spahis dans les Ardennes

Dans son édition de la Pentecôte 1992, "L'Avenir du Luxembourg" nous parle des cérémonies du souvenir organisées à Saint-Hubert, en hommage aux Spahis, combattants de 1940, accourus dès le 10 mai à notre secours, dans la région de Wellin et Saint-Hubert.
Ces cérémonies ont lieu chaque année, depuis 5 ans, et servent de préliminaires au pèlerinage à La Horgne, au sud-ouest de Sedan, où la 3e Brigade de Spahis, qui avait commencé la campagne dans nos Ardennes et qui était commandée par le colonel Marc, s'illustra le 15 mai 40, face aux bataillons de Richter et Von Stüdnitz de la 1 PzDiv, au prix de très lourdes pertes.
Les autorités et associations patriotiques se rassemblent depuis 1987 au pied du monument, où une plaque commémorative a été apposée.
Cette année. Monsieur Guy Maizières, maire de La Horgne, a rappelé la mission de sacrifice de la 3e Brigade de Spahis qui, du 15 mai 40 à 09.00 h au 15 mai 40 à 17.00 h, a affronté l'ennemi, perdant plus de 600 hommes, dont deux chefs de corps.
Il a parlé de son intention de créer une chaîne du Souvenir et de la Reconnaissance appelée à devenir européenne.
Le bourgmestre de Saint-Hubert, Claude Bonmariage, a évoqué la volonté commune de perpétuer le souvenir de ces hommes venus d'Afrique, qui s'était déjà manifestée dans sa cité par la pose de la plaque commémorative et l'érection du Mémorial au Marocain à Poix-Saint-Hubert.
Etaient présents à cette manifestation d'hommage, le vice-président provincial de la FNC, Monsieur Leroy et le secrétaire fédéral, Monsieur Vasseur.
Monsieur Debart de Corbion, vice-président de l'Association des "Amis de La Horgne" s'était chargé de l'acheminement des flambeaux allumés par deux anciens Spahis, de Saint-Hubert à Bouillon, la flamme du souvenir devant rejoindre La Horgne pour les cérémonies du lendemain, dans cette commune française si durement éprouvée durant les combats du 15 mai.
C'est la jeune sportive de 13 ans, Valérie Damien de Rochehaut, championne provinciale minimes 1990 en cross country, qui quitta Saint-Hubert avec le flambeau.
Notons aussi qu'un arrêt d'hommage au Monument "Le Marocain" fut observé à Poix, à la mémoire du premier Spahi mort lors d'un mitraillage aérien, le 11 mai 1940, alors que le mouvement de repli de la 3e Brigade de Spahis venait de commencer.
Outre le bourgmestre de Saint-Hubert et ses échevins, des délégations des communes de Wellin et de Bouillon assistèrent aux cérémonies de La Horgne.
Ce jumelage patriotique Wellin - Saint-Hubert - Bouillon - La Horgne particulièrement émouvant m'incite à rechercher pour nos lecteurs les données historiques propres à illustrer les faits d'armes ainsi commémorés.
La 3e Brigade de Spahis (3e BS) était commandée par le colonel MARC, qui fut grièvement blessé à La Horgne.
Elle comprenait :
- Le 2e Régiment de Spahis Algériens (2e RSA), sous les ordres du colonel Burnol, tué au combat.
- Le 2e Régiment de Spahis Marocains (2e RSM) sous les ordres du colonel Geoffroy tué au combat.
La veille du 10 mai, la 3e BS occupait des cantonnements au nord et au nord-est de la région de Mézières-Charleville. Elle avait sous ses ordres le 41e escadron du 1er Chasseurs à Cheval (41e/1er ChCh) et le 41e escadron du 19e Dragons (41e/19e Dr).
La 3e BS était la Grande Unité d'extrême droite de la cavalerie de la 9e Armée française du général Corap. C'était une brigade à cheval plus lente que les deux Divisions Légères de Cavalerie (DLC) qui l'encadraient, la 1re DLC de la 9e Armée, à gauche, et la 5e DLC de la 2e Armée Hutzinger, à droite.
Elle devait progresser de Montherme en direction de Saint-Hubert entre les limites suivantes :
- Au nord (1re DLC) : Dion, Javingue, Halma, Tellin, Grupont, Champlon.
- Au sud (5e DLC) : Alle, Cornimont, Carlsbourg, Opont, Libin.
Elle marche selon deux itinéraires : le 2e RSA à gauche, le 2e RSM à droite. Elle a pour premier objectif la Lomme entre Mirwart et Val-De-Poix.
Ce 10 mai, à 10.30 h, les Français ont dépassé Gedinne. Vers 15.30 h, la 3e BS dépasse la voie ferrée Gedinne-Bertrix. Vers 18.00 h, elle atteint la Lesse et, à 20.30 h, des éléments avancés sont sur la Lomme.
Voir carte du Lt-Col. Hre A. Bikar, dessinateur J.M. Geldhof)
Le 10 mai 1940, la 3e BS n'a pas de contact avec l'ennemi.
Elle consolide sa position dans la matinée du 11 mai. Le 2e RSA tient Mirwart, le bois de Transinne et Daverdisse. Le 2e RSM est à Poix-Saint-Hubert et à Maissin.
Dans l'après-midi, le repli de la 5e DLC entraîne celui de la 3e BS qui se replie sur la Semois où elle arrive vers 20 h.
A minuit, elle occupe une position de Montherme à Sugny.
A l'aube du 11 mai, il n'y a plus de Chasseurs Ardennais dans la région sud de l'Ardenne. Ceux-ci se sont repliés, conformément aux ordres reçus, durant la nuit, vers la position d'arrière-garde au sud de la Meuse à Huy.
Seuls les Français mènent le combat retardateur dans nos Ardennes du sud.
Les Allemands progressent dangereusement et arrivent sur la Semois à Bouillon (1re Pz) à 18.15 h.
La 3e BS se replie en conséquence derrière la Meuse, par les ponts de Montey-Notre-Dame, Letheux et Lumes. Elle commence son mouvement dès 03.30 h.
Le 2e RSA s'installe à l'ouest de Mézières, le 2e RSM entre Mézières et Poix-Terron.
La 3e BS passe aux ordres du XLIe Corps de Forteresse et reçoit l'ordre de repartir vers l'avant vers La Granville qu'elle occupe vers 18.00 h.
Le 13 mai, elle se replie sur ordre et occupe le bois de Touligny, à 2 Km au nord-est de Poix-Terron.
Le 14 mai, elle est rattachée à la 53e DI, donnée le 12 mai par le général Georges, commandant le front Nord-Est, à la 9e Armée pour renforcer sa droite et colmater la brèche qui s'est créée entre la 2e Armée et la 9e Armée.
Signalons que la 53e DI est une division de série B, nullement préparée à la bataille.
La 3e BS reçoit l'ordre de défendre le Canal des Ardennes, face à l'est, à Omicourt. Elle se heurte aux éléments avancés ennemis venant de Sedan, à Vendresse et à l'est de Villers-Le-Tilleul.
Dans la nuit du 14 au 15 mai, les Spahis reçoivent l'ordre de mettre La Horgne en état de défense et d'y organiser une position d'arrêt à 800 m au sud du village.
Dès 08.00 h, les IIIe et Ier Bataillons du Régiment de Fusiliers n° 1 de la 1ère Division Panzer du général Guderian venant de Singly sont au contact.
La 3e BS s'est barricadée dans La Horgne. Chaque ferme est transformée en blockhaus. Un PC de Corps est dans l'église, armé d'un canon antichar de 25 tirant par un trou pratiqué dans le mur.
L'attaque ennemie démarre à 09.00 h. Les Allemands doivent réduire un par un chaque point de résistance. Huit heures durant, la bataille fait rage. Les pertes sont nombreuses de part et d'autre. Au soir du combat, on dénombrera 610 disparus sur les effectifs de la brigade.
Berben et Iselin écriront dans "Les Panzers passent la Meuse", à propos de cette journée noire pour la 3e BS : "La 3e Brigade de Spahis s'est entièrement sacrifiée."
Hommage soit rendu à ces vaillants combattants dont beaucoup reposent dans le petit cimetière de La Horgne, que j'ai visité récemment avec émotion et recueillement. GLORIA VICTIS !
Humbles héros oubliés de la Grande Tourmente de 1940, il fallut attendre 1950 et 1956 pour que l'Etat français les sortent enfin de l'ombre et mette en lumière leur vaillance et leur esprit de sacrifice
Citation du 2e Spahis algériens
Citation à l'ordre de l'Armée, le 24 octobre 1950, par ordre n° 2116/C, signé par M. Max Lejeune, Secrétaire d'Etat aux Forces Armées (Guerre).
"Régiment au brillant passé africain, a accompli au cours des tragiques journées du printemps 1940, sous les ordres du Colonel Burnol, un des plus glorieux faits d'armes de la Cavalerie française, arrachant à ses ennemis eux-mêmes, au soir de la bataille, l'hommage de leur admiration.
"Le 14 mai 1940, après quatre jours de combats incessants, a reçu la mission de tenir le village et le carrefour de La Horgne.
"Le 15 mai, attaqué dès les premières heures par un ennemi disposant d'une supériorité totale en hommes et en matériel, a résisté sans faiblir aux assauts répétés de la division blindée Westfalen à laquelle il a infligé des pertes sévères.
"Luttant pied à pied, pendant dix heures, au milieu des ruines fumantes de La Horgne, contre-attaquant à plusieurs reprises pour éviter l'encerclement, s'est laissé écraser sur place plutôt que de reculer, jusqu'à épuisement total de ses munitions.
"A perdu au cours de ce combat 14 officiers et 490 gradés ou Spahis, dont le chef de corps, tué en faisant le coup de feu au milieu d'une poignée d'hommes, au cours d'une ultime tentative de percée.
"A reçu, à 18 heures, dans la personne de quelques rescapés, les honneurs de la guerre, sur le terrain de l'action.
La présente citation comporte l'attribution de la Croix de Guerre avec palme.
Citation du 2e Spahis marocains
Ordre n° 2.259/C du 13 juin 1956.
"Magnifique régiment qui, sous l'impulsion énergique de son chef, le Colonel Geoffroy, a, le 14 mai 1940, après quatre jours de combat en retraite, reçu mission de défendre le village de La Horgne.
"Le 15 mai, attaqué par un ennemi disposant d'une supériorité totale en hommes et en matériel, a résisté sans faiblir à l'assaillant en lui infligeant des pertes sévères. Contre-attaquant à plusieurs reprises pour éviter l'encerclement, n'a cessé la lutte qu'après épuisement complet des munitions. A perdu au cours des combats 10 officiers dont le chef de corps et 240 hommes.
"Son héroïque résistance a forcé l'admiration de l'adversaire qui, spontanément, sur le terrain de faction, lui a rendu les honneurs militaires.
Cette citation comporte l'attribution de la Croix de Guerre avec palme.
Un petit musée a été créé récemment dans la commune de La Horgne. Il commémore le souvenir de ces deux régiments africains "Marrakech" (2 RSM) et Tlemcen (2 RSA), incomplets en effectifs et en armement, épuisés par les marches et les combats retardateurs, à cheval, presque sans moyens devant un adversaire agressif et puissamment armé, qui tinrent la gageure d'arrêter la progression ennemie pendant plus de 10 heures, au prix de pertes effroyables en hommes et en montures.
J'invite nos membres à visiter un jour prochain le site légendaire, son Monument aux Spahis victimes du devoir, sa table d'orientation où l'on peut reconstituer la bataille et son musée bien agencé.
Ils pourront, comme je l'ai fait il y a peu, y méditer la sentence de François Ier : "Rien n'est pis que la guerre si ce n'est le déshonneur, l'esclavage ou l'absurde vengeance".
Bibliographie
"La campagne de mai 1940 en Belgique. La 3e Brigade de Spahis dans nos Ardennes, les 10, 11 et 12 MAI" par A. Bikar, Lt-Col. Hre. ancien chef de la Section Historique des Forces Armées Belges.
"Troisième brigade de Spahis 1940" – Journal de marche du 10 au 15 mai 40, reconstitué en captivité par le colonel Marc, commandant la 3e BS.
Guerre 40-45
L'église et le mémorial des Spahis à La Horgne (Ardennes - France)
Ceci n'est pas une photo de la guerre 40-45 !
Extraite de "Gloire et misère au front de Flandre", planche 11, texte et dessins de James Thiriar, la gravure représente : les "Goumiers - Hiver 1914-1915".
La légende en est : "La campagne de Flandre fut un terrible calvaire pour ces cavaliers marocains et algériens peu faits à notre climat et à ses intempéries
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Photos - 1939, l'année du masque à gaz

Photos
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G. PIGEON - Aquarelles à l'Oflag

Dû au pinceau de Georges Pigeon, le tableau montre comment l'auteur voyait son Oflag (camp pour officiers prisonniers). Voir l'article paru dans le bulletin Tome V - Fasc 2
Dans le dernier bulletin, nous vous annoncions la "choubinette", ce poêle minuscule bricolé à l'aide de boîtes à conserve. En voici la photo.
D'autre part, Georges Pigeon a peint, à l'aquarelle, une splendide cuisinière faite du même matériau. Remarquez l'ingénieux appareil de récupération de chaleur qui surmonte le conduit de cheminée.
Ci-dessous, l'intérieur d'une chambre à l'Oflag.
(Photos et peintures prêtées par M. G. Huygen)
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Pierre BEAUJEAN - Le Capitaine DEVOS, Comd du fort de Tancrémont en mai 40

Le 27 octobre, dans le cadre des conférences-débats du C.L.H.A.M., G Spoiden nous a parlé du fort de Tancrémont, en présence de plusieurs membres des "Amis du Fort de Tancrémont". Ceux-ci nous ont offert de présenter sur ce sujet un exposé complémentaire agrémenté de projections de dias. Il sera intéressant de programmer cette conférence à l'occasion de la prochaine assemblée générale du C.L.H.A.M..
G. Spoiden commença son exposé en rendant hommage au Colonel d'artillerie e.r. Devos, qui vient de mourir il y a à peine 14 jours, à l'âge de 88 ans.
Né à Gistel le 5 juillet 1904, volontaire à 16 ans, ingénieur civil (A.I.A.) et électricien (A.I.G.), officier d'artillerie, le Colonel e.r. Devos était Président national honoraire de l'Oeuvre nationale des Invalides de Guerre et ancien Auditeur au Collège de Défense de l'OTAN. Il était Grand Officier de l'Ordre de Léopold II. Nous ne citerons pas ses nombreuses autres distinctions honorifiques.
En 1939, le Capitaine Devos reçut le commandement du fort de Tancrémont, sur les hauteurs de Pepinster, fort de la Position Fortifiée de Liège.
L'histoire de ce fort se distingue en ceci que, loin de céder aux premiers assauts des Allemands, il se battait encore alors que l'armée belge, le 28 mai 1940, avait déposé les armes. C'était le résultat à la fois du courage de ses défenseurs et de la mauvaise qualité des transmissions radio : le quartier général était à plus de 150 Km et l'ordre de se rendre ne parvint jamais au fort.
Le Capitaine Abel Devos, avant de céder aux Allemands qui menaçaient d'anéantir le fort et ses occupants, se fit signer par le Lieutenant général allemand Spang une déclaration sur l'honneur certifiant que S. M. le Roi Léopold avait déposé les armes pour toute l'armée et capitulé sans conditions. C'était le 29 mai à 15 heures et une vingtaine d'officiers allemands rendirent aux officiers belges sortant du fort les honneurs que toute la garnison partagea, avant de partir en captivité.
Rapatrié en 1942 pour raison de santé, Abel Devos prit des responsabilités dans la Résistance, puis, à la fin des hostilités, retrouva le cours d'une carrière qui le vit notamment au Secrétariat du Comité des chefs d état-major, au Collège de Défense de l'OTAN à Paris et au commandement de l'Ecole des Cadets de Laeken et de Lierre. Il fut ensuite, pendant 17 ans, Président national de l'Oeuvre des Invalides de Guerre.
C'était un motif de fierté du Colonel Devos de citer les paroles suivantes : "Monsieur le Commandant, les destructions et obstructions routières que le fort coiffait de ses tirs sont restées intactes. Il s'agit de la réponse que lui fit l'officier allemand qui pilotait la voiture qui le conduisait le 29 mai au camp d'Hemer en Westphalie, et à qui il demandait pourquoi il prenait la direction de Liège. De fait, la voiture emprunta la route en plateaux entre Amblève et Vesdre, traversa cette vallée à Nessonvaux pour remonter ensuite le plateau de Herve jusqu a Battice et redescendre sur Verviers, à quelques kilomètres de Tancrémont, tout autre itinéraire étant impraticable.
Ceux qui veulent bien connaître l'histoire du fort de Tancrémont peuvent lire "Les 469 heures du fort de Tancrémont" par le Colonel B.E.M. A. de Wergifosse (Marabout 1962); "29 Mai 1940 - Tancrémont tient toujours ! par René Gillis, 1978 (Edité par l'A.S.B.L. Amicale du fort de Tancrémont); "Le Système défensif du fort de Tancrémont sur la Commune de Pepinster en mai 1940" par André Alexandre, 1986 (Edité par la Commission Communale de Pepinster) - deux articles, sous la plume du Colonel Devos, parus dans La Belgique militaire n° 171 de juillet 1985 et n° 180 de janvier 1987.
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Jules LEBEAU - Les gaz de combat

Après la Première Guerre Mondiale, une crainte des états-majors est l'utilisation des gaz de combat dans une guerre future. Pour soutenir cette affirmation, il suffit de constater les travaux réalisés dans les fortifications permanentes, afin que les occupants soient à l'abri des effets funestes de l'arme chimique.
Le principe général de protection dans ce cas est de capter de l'air le moins contaminé possible, de le filtrer et de l'envoyer à l'état pur dans les locaux hébergeant le personnel, avec une légère pression et un débit suffisant (pour quelques centaines d'hommes dans les fortifications importantes). Cette technique est toujours d'actualité, mais avec des moyens plus perfectionnés.
I. Origine des gaz de guerre ou de combat
La recette d'une bombe asphyxiante est déjà donnée dans un manuscrit d'origine allemande de 1483.
C'est le 22 avril 1915, à Langemark, que les Allemands commencent à utiliser des produits suffocants, en nappes d'abord, puis par projectiles. Il s'agissait de vagues de chlore dont les effets se faisaient sentir sur 3 Km.
Cet emploi des gaz s'est fait au mépris absolu des lois de la guerre et en opposition flagrante avec les Actes de La Haye (contresignés par les Allemands en 1899) (*).

(*) La première conférence de La Haye a été réunie sur initiative du Tsar Nicolas II. du 18 mai au 21 juillet 1899.

Cette conférence adopta trois déclarations :
1° interdiction des bombardements aériens;
2° interdiction des gaz asphyxiants;
3° interdiction des balles explosives.
Prise au dépourvu, la France, afin de pouvoir lutter à armes égales, institua au plus vite un service chimique de guerre et fut vite en mesure de répondre à ses adversaires, malgré la pénurie de ressources industrielles du moment.
II. Généralités
Les gaz de combats sont des produits qui, émis dans l'atmosphère sous la forme gazeuse, liquide ou solide, peuvent provoquer des effets toxiques sur l'organisme.
Les gaz ou vapeurs formés par ces produits sont plus lourds que l'air, collent au sol et s'infiltrent dans toutes les anfractuosités du terrain.
En particules solides, ces produits tombent très lentement sur le sol.
Classification.
1. On classe souvent les gaz de combat suivant leurs effets physiologiques.
Les principaux produits sont :
- le phosgène : combinaison de chlore et d'oxyde de carbone; c'est un gaz suffocant à la température ordinaire;
- la chloropicrine : composé nitré de chlorure de chaux; est émise sous forme de gouttelettes dont les vapeurs sont suffocantes et lacrymogènes;
- la chloracétophénone : produit solide dont les vapeurs sont lacrymogènes;
- la déphénylaminechlorarsine (D.M.) : émise dans l'atmosphère sous forme de particules solides qui ont un effet sternutatoire;
- la lewisite : liquide huileux vésicant préparé par action de l'acétylène sur le tri chlorure d'arsenic;
- l'ypérite (*): à base de sulfure d'éthyle dichloré.

(*) L'ypérite a été employée pour la première fois par les Allemands sous forme d'obus toxiques à Ypres en juillet 1917 (d'où son nom). En raison de son odeur, l'ypérite est souvent appelée gaz moutarde.

Ces deux derniers produits sont émis sous forme de gouttelettes sur le sol.
Les symptômes sont tardifs et surviennent plusieurs heures, même jusqu'à 48 heures après l'exposition dans l'atmosphère infectée.
Tels sont les gaz de combat repris avant 1940 dans le manuel de protection contre les produits toxiques de l'Armée belge.
2. Suivant leur emploi tactique, ces produits sont classés comme suit :
- fugaces (qui disparaissent rapidement) : phosgène, D.M.;
- persistants immédiats : chloropicrine, chloracétophénone;
- persistants retardés : lewisite, ypérite.
3. Les produits se caractérisent en général par l'odeur :
- le phosgène a l'odeur du terreau pourri;
- l'ypérite, celle de la moutarde, d'ail ou d'oignon;
- la lewisite, celle du géranium.
On doit admettre comme suspect tout nuage de vapeur ou de particules solides et tout liquide, lancés par l'ennemi.
A la moindre alerte, au moindre indice, le devoir du chef est de faire placer par ses subordonnés l'appareil filtrant et il lui appartient de décider quand il doit être enlevé. La mise correcte du masque en temps opportun est une question de vie ou de mort pour le soldat.
Vis-à-vis d'un personnel instruit et soigneux de son matériel, les effets des gaz sont restreints; par contre, ils sont graves lorsque le personnel est négligent ou insuffisamment instruit.
III. Mode d'emploi des produits toxiques
Les produits peuvent être employés, purs ou mélangés,
- en vagues,
- en chargement de projectiles,
- en chargement de bombes pour projectors,
- en grenades,
- en bombes ou récipients transportés par avions.
1. La vague est émise par une batterie de bonbonnes ou par des chandelles à fumées toxiques. Les premières contiennent le toxique à l'état liquide; les secondes le produisent par la combustion de poudre sans fumée dont les gaz entraînent les particules des corps toxiques qu'elles contiennent. Pour ce genre d'émission, on peut utiliser en bonbonnes : le chlore ou le phosgène mélangé au chlore; en chandelles : la D.M. ou la chloracétophénone.
L'efficacité d'une vague émise par bonbonnes peut s'étendre jusqu'à 20 Km de la ligne d'émission. L'efficacité des chandelles ne dépasse pas 5 Km.
La hauteur des vagues est d'environ 10 m.
Les conditions météorologiques de ces émissions sont :
a) vent de 3 à 5 mètres par seconde,
b) temps sec (la pluie détruit les vapeurs).
La nuit, l'aube ou le crépuscule sont les moments propices pour ce genre d'émission.
2. Les projectiles d'artillerie sont chargés en fugaces, persistants immédiats ou retardés et sternutatoires.
- Au moment de l'explosion, le projectile fugace forme un nuage de 16 m³ pour l'obus de 75 mm et de 1.000 m³ pour le 155 mm. Suivant l'intensité du vent, il parcourt 50 à 100 m avant de se dissiper. La limite de vent pour l'emploi de ce genre de projectile est de 3 m par seconde.
- Pour les obus à persistants immédiats, une grande partie du chargement se répand en gouttelettes sur le sol en infectant une zone de 5 m² (obus de 75 mm) ou de 50 m² (obus de 155 mm). La durée d'efficacité varie avec le produit. Pour la chtoropicrine, elle est de 6 heures. La limite de vent s'élève pour ces produits à 6 m par seconde.
- Les produits persistants retardés se répandent presque entièrement au moment de l'explosion, en gouttelettes, sur des zones de 20 m² pour l'obus de 75 mm et de 200 m² pour le 155 mm. Il n'y a pas de limite de vent pour l'emploi de ces projectiles. La durée d'efficacité peut atteindre 15 jours.
- Les projectiles chargés avec produits sternutatoires sont comparables aux fugaces : formation d'un nuage de particules solides, efficacité immédiate et de très courte durée.
- Les "projectors", lance-bombes simplifiés, s'emploient par batteries tirant simultanément sur une même zone des bombes chargées de produits fugaces (par exemple, phosgène). La portée des projectors peut atteindre 5 Km. La nappe toxique formée produit des effets toxiques jusqu'à 3.000 m des points de chute. Les conditions de vent sont comprises entre 1 et 3 m par seconde.
- On peut utiliser les grenades à main et à fusil, chargées de produits suffocants, lacrymogènes et sternutatoires. Elles forment des nuages de faibles dimensions ou recouvrent de gouttelettes de petites parties de terrain.
- L'avion peut être utilisé pour le transport de produits toxiques, soit en bombes, soit dans des réservoirs que l'on vide par des dispositifs particuliers. Les produits ainsi lancés sont des fugaces (en bombes de 200 à 300 Kg) ou des persistants retardés (en bombes de 50 Kg environ).
Le nuage formé par les bombes à produits fugaces peut atteindre 40 m de haut. On admet que 10 grammes d'ypérite suffisent pour infecter 1 m² de terrain.
IV. Protection contre les produits toxiques
La protection, qui comporte l'ensemble des moyens réduisant ou annihilant les effets des produits toxiques, comprend :
1. la protection individuelle par les matériels protégeant soit les voies respiratoires, soit les autres parties du corps.
2. la protection collective comportant les dispositions tactiques et les mesures techniques à prendre pour protéger les combattants, les animaux, le matériel.
Protection individuelle.
Elle est réalisée par :
- les appareils filtrants purifiant l'air inspiré en retenant les produits toxiques (masque à gaz),
- les appareils isolants créant une atmosphère isolée de l'air extérieur,
- les vêtements spéciaux protégeant contre le pouvoir vésicant de certains produits.
Il est indispensable d'avoir constamment sur soi son appareil de protection individuelle quand on se trouve dans une région exposée à subir les attaques par gaz. Pendant le sommeil, il faut l'avoir à proximité immédiate et être certain de pouvoir le saisir instantanément, même en cas de réveil brusque dans l'obscurité. Cet appareil doit être entretenu avec autant de soin que les armes.
L'appareil filtrant en usage en 1940 est le modèle 29-31. Il se compose d'un couvre face en caoutchouc (3 tailles), d'un tube chenille (65 cm de long) et d'une boîte filtrante, contenus dans une besace. Il protège durant de nombreuses heures dans les conditions ordinaires du champ de bataille.
Les appareils isolants et les vêtements spéciaux sont destinés à certaines unités qui peuvent être chargées de missions particulières (décontamination).
Protection collective
Les dispositions tactiques relèvent du commandement.
Les dispositions techniques de protection collective consistent dans :
- l'utilisation de signaux d'alerte pour avertir de l'arrivée ou de la présence de gaz,
- l'aménagement de locaux pouvant servir d'abris contre les gaz,
- la protection des aliments et des animaux,
- la désinfection du terrain et des objets souillés par les gaz.
Certaines de ces mesures ne sont applicables que sur un front stabilisé.
Signaux d'alerte
Les moyens à appliquer pour alerter sont :
- les signaux acoustiques (avertisseur - clairon - cloche),
- les signaux optiques (fusée),
- le téléphone.
Les règles d'emploi des divers signaux sont fixées par le commandement.
Abris
Les abris sont organisés en abris étanches ou en abris avec régénérateur d'air s'ils doivent être occupés par une garnison importante pendant plusieurs heures.
Pour l'organisation d'un abri étanche, il faut choisir un terrain approprié, réduire les ouvertures et les entrées au minimum, organiser des sas et préparer des tampons pour boucher les fissures. Ces dispositions n'empêchent jamais parfaitement l'entrée des gaz, qu'il faut traiter à l'aide de pulvérisateurs contenant une solution neutralisante (solution Solvay au carbonate de soude – 1½ litre pour 10 litres d'eau ou la solution au foie de soufre) (*).

(*) Foie de soufre : les anciens chimistes donnaient le nom de "foie" à diverses substances qui, toutes, renfermaient du soufre. Le foie de soufre est un polysulfure de potassium, qui résulte de la fusion du carbonate de potassium et du soufre en vase clos. Il sert à la préparation de bains, lotions, pommades, utilisées dans les affections cutanées et comme parasiticide.

Ces neutralisants n'ont aucune action sur l'ypérite et les arsines (sternutatoires).
Pour l'organisation d'un abri avec régénérateur d'air, il faut :
1. de nombreuses prises d'air camouflées et placées autant que possible en des points élevés,
2. un ventilateur,
3. un filtre pour l'épuration de l'air puisé à l'extérieur.
Ce dispositif crée à l'intérieur de l'abri une légère surpression empêchant l'entrée d'air infecté par les fissures et les issues.
Remarque
Les forts modernes (Eben-Emael - Battice ...) ont plusieurs prises d'air tandis que les forts réarmés n'en possèdent qu'une (1).

(1) Voir article de F. Tirtiat "Les tours d'air des forts réarmés des Positions Fortifiées de Liège et de Namur", dans le bulletin du C.L.H.A.M., Tome III, fascicule 8, de décembre 1987.

Désinfection du terrain et du matériel
Le terrain et le matériel infectés par des produits autres que l'ypérite ne nécessitent aucune mesure spéciale de désinfection. Les abris infectés par ces produits sont assainis par l'aération ou les feux.
Aliments
Les vivres de réserve sont protégés par leur enveloppe métallique étanche. Les autres vivres, l'eau, les boissons, le tabac, qui ont séjourné dans une atmosphère toxique ne peuvent être utilisés.
Pour les soins de propreté, l'eau peut être désinfectée par l'extrait de Javel du commerce (6 à 7 cm³ par litre d'eau ) (2).

(2) On appelle verdunisation le procédé de purification de l'eau par addition de chlore à très faible dose. Ce procédé d'assainissement des eaux a été inventé par l'ingénieur français Philippe Bunau-Varilla, directeur du service des eaux à l'armée de Verdun pendant la première guerre mondiale.

Animaux
Les animaux peuvent être protégés par des dispositifs basés sur la neutralisation chimique (masque pour chevaux et chiens, housse pour paniers à pigeons). Un moyen de fortune consiste, pour le cheval, à lui coiffer les naseaux d'une musette doublée contenant, entre la doublure et la musette, du foin imprégné d'une solution neutralisante.
V. La protection contre l'ypérite
Avant 1940, l'ypérite est supposée être le produit toxique qui serait le plus employé sur les champs de bataille.
Le combattant dispose de peu de moyens de protection contre le pouvoir vésicant (qui fait naître des ampoules sur la peau) de ce produit; il doit donc en connaître les caractères généraux et les particularités pour pouvoir s'écarter des endroits infectés par ce gaz.
Le danger de "l'ypérite subsiste tant que son odeur est perceptible, si faible soit-elle. Cette odeur est souvent masquée par celle d'autres produits lancés en même temps qu'elle.
L'atmosphère infectée par l'ypérite est d'autant plus nocive que la température est plus élevée; on doit donc redoubler de précautions quand le soleil luit et surtout au lever du jour, après un bombardement de nuit.
La contamination du corps par le liquide ou ses vapeurs est immédiate mais n'est pas douloureuse au moment même; les effets sont retardés parfois assez longuement (12, 24 et même 48 heures). L'infection latente peut être reportée par contact, généralement par les mains, sur les autres parties du corps. Les voies respiratoires, les yeux, les parties sexuelles, l'anus sont très sensibles à l'ypérite.
Soins immédiats aux ypérités
Tout homme atteint par l'ypérite doit être isolé et dirigé sans retard sur le poste de secours. Si celui-ci est éloigné, il y a lieu de procéder sur place à une première désinfection si on dispose des moyens indiqués ci-après.
Pour désinfecter une partie du corps touchée par l'ypérite liquide, notamment les mains, y appliquer, dans les 3 minutes, une bouillie épaisse au chlorure de chaux que l'on laisse pendant quelques minutes; laver ensuite à l'eau puis savonner. Pour les parties du corps où la peau est plus fine, savonner seulement car le chlorure de chaux est irritant.
A défaut de chlorure de chaux, se savonner, si possible à chaud; à défaut de savon, se laver abondamment avec de l'eau pure, de préférence chaude.
Pour les yeux, employer de l'eau pure, qu'ils soient atteints par le liquide ou par la vapeur de l'ypérite.
Les vêtements souillés par le liquide doivent être changés le plus tôt possible.
Désinfection des matériaux et du matériel ypérités
La désinfection du terrain, des abris, du matériel souillés par l'ypérite se fait en principe au chlorure de chaux par les équipes de désinfection des unités.
Il faut 14 Kg de chaux pour neutraliser l'ypérite contenue dans un projectile de 75 mm et 35 Kg pour un projectile de 155 mm.
a) Les abris et le terrain sont désinfectés au chlorure de chaux solide ou au moyen de la bouillie au chlorure de chaux (3 volumes de chlorure pour un volume d'eau).
b) Pour désinfecter le matériel :
1. Enlever les souillures apparentes avec un chiffon.
2. Saupoudrer au chlorure de chaux ou plonger l'objet dans la bouillie pendant 2 heures.
La désinfection du terrain, des abris et du matériel traités comme ci-dessus peut être considérée comme achevée après 3 heures.
VI. Personnel "Z"
Dans chaque compagnie, 2 ou 3 gradés ou hommes sont choisis pour remplir les fonctions d'éclaireurs "Z". Ils reçoivent une instruction spéciale.
Equipes de désinfections
Les équipes de désinfection sont chargées de désinfecter le matériel et le terrain souillés par des produits tels que l'ypérite qui, pendant un temps plus ou moins long, rendent dangereux le contact du matériel ou le passage sur le terrain. En principe, il est organisé une équipe de désinfection par bataillon d'infanterie.
VII. Conclusion
Cet exposé scolastique est nécessaire pour comprendre les dangers des gaz de combat de l'époque, et permet de se faire une idée de ce que devait connaître un gradé, ainsi que les raisons pour lesquelles une grande quantité de chlorure de chaux était stockée dans les fortifications permanentes.
VIII. Historique
La prohibition de l'emploi des gaz asphyxiants à la guerre a été renouvelée par le protocole de Genève du 17 juin 1925.
Cette interdiction n'empêcha cependant pas l'emploi de gaz moutarde par les Italiens lors de la guerre d'Ethiopie en 1935-1936.
2eme Guerre mondiale
Durant cette guerre, l'emploi de gaz de combat n'a pas eu lieu. Cependant cette hypothèse ne fut pas exclue.
Dans une lettre du Premier Ministre anglais, adressée au Ministre des Fabrications aériennes en date du 22 décembre 1940, nous relevons :
"Je suis troublé de voir, dans les rapports que m'envoie le Ministre de la Production, que les délivrances à la Royal Air Force de bombes et de récipients chargés en gaz ont diminué très sensiblement au cours du dernier mois.
"Le total, pour les 4 semaines qui vont du 11 novembre au 9 décembre, se répartit ainsi :
Cette lettre stipule encore :
"II est, néanmoins d'une importance capitale que nous puissions disposer d'un approvisionnement aussi vaste que possible pour être en mesure de riposter sans délai, le cas échéant " (*).

(*) Winston S. CHURCHILL "Mémoires sur la 2eme Guerre mondiale", tome II, page 389

Il est indéniable que chaque adversaire possédait des gaz de combat prêts à être utilisés et que la lutte contre les effets physiologiques des gaz de combat a conduit à la découverte par les Anglais du B.A.L. (British Anti Lewisite) en 1941, efficace contre les arsines, employé depuis dans la lutte contre le cancer.
Du côté russe, la crainte de l'emploi des gaz existait également; c'est ainsi que la Grande-Bretagne leur livra, entre octobre 1941 et le 30 juin 1942, un million et demi de masques à gaz.
Si la 2eme guerre mondiale n'a heureusement pas connu l'emploi des gaz sur le terrain, de nouveaux produits ont cependant été inventés et fabriqués.
Lors du procès de Nuremberg, à la question de savoir pourquoi les gaz de combat n'avaient pas été employés, le Maréchal Keitel déclara que cette éventualité avait été envisagée lors du débarquement allié en Normandie, mais, par peur des représailles, cette arme ne fut pas utilisée. A cette époque, les transports dans les villes bombardées s'effectuaient en majorité par traction chevaline et il n'existait pas de protection pour équiper les chevaux, d'où la crainte de perturbations dans l'industrie déjà fortement réduite par les bombardements.
Et les Belges ?
Dans un tableau reprenant les munitions afférentes aux bouches à feu de l'armée belge, nous trouvons :
a) pour le canon de 75 mm T.R. (tir rapide) :
obus toxique n° 5, peint en vert avec couronne blanche au renflement et à ceinture de forcement type français;
b) pour le canon de 75 mm G.P. (grande portée) :
obus toxique n° 5, marquage idem
c) pour le canon de 155 Schneider modèle 17 :
obus toxique n° 5, marquage idem
d) pour le canon de 155 L.S. 17 (Long Schneider modèle 17) :
obus toxique n° 5, marquage idem
Les obus toxiques n° 5 sont chargés de toxiques violents mais fugaces. Les produits contenus dans ces obus sont très volatils. Ils se vaporisent entièrement au moment de l'explosion du projectile en formant un nuage susceptible de donner des effets mortels, mais qui perd plus ou moins rapidement son efficacité en se diluant dans l'air environnant.
Des questions se posent :
1. Quelles étaient les unités équipées de ce matériel ?
2. Qui pouvait donner l'ordre de les employer ?
3. Que sont devenues ces munitions et où étaient-elles entreposées ?
L'auteur de cet article continue ses recherches et compte trouver les réponses à ces questions.
Si par hasard, vous découvrez un de ces engins avec des traces de couleur verte, ainsi que tout autre obus d'ailleurs, avertissez les autorités compétentes. Surtout ne vous improvisez pas démineur.
C'est un conseil d'ami !
On oublie souvent les services rendus par cet ami de l'homme, le chien (liaisons, traction de Mi, ...).
Les combattants de 14-18 pensaient à le protéger
"Qui veut aller loin, ménage sa monture". Cet axiome est appliqué par ces deux cavaliers.
Guerre 14-18. Vue aérienne d'une attaque au gaz de chlore par chandelles
Comparons les dessins de James Thiriar en 14-18 : "les hôpitaux fournirent, aussi vite que possible, des tampons pour la bouche, qui, avec les lunettes d'automobile, furent le point de départ du masque" avec la photo du Soir Illustré du 11/11/39 montrant la tenue sophistiquée des volontaires du Service de Désinfection : masque et vêtement antivésicant.
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Roger JAUMOULLE - Récit d'un combattant 40-45

Déclaré bon pour le service, je suis désigné pour le Régiment de Forteresse de Namur, en abrégé R.F. N., pour 17 mois de service actif, et affecté au fort de Marchovelette lequel, avec d'autres, fait partie de la Position Fortifiée de Namur.
Le 31 janvier 1938, après être descendu du train à la gare de Namur, puis avoir pris le tram à vapeur - ligne Namur-Hannut - c'est l'arrivée au fort avant midi avec hébergement dans les baraquements en bois ...
Après un mois d'instruction - par temps de neige et froid de canard - c'est la fièvre et la scarlatine ... ! Comme il s'agit d'une maladie contagieuse, je suis soigné à l'hôpital militaire de Namur pendant deux mois, puis renvoyé à la maison encore pour deux mois, en convalescence. Pendant ce temps, j'ai pris 4 mois de retard pour l'instruction.
Mais à l'armée, tout a été prévu : lorsque je réintègre le régiment, je suis pris en charge par un gradé pour l'instruction en plaine ainsi qu'à l'intérieur du fort. Pour celle-ci, explications du fonctionnement de la coupole G.P. 75 (grande portée), des autres coupoles ainsi que des casemates à mitrailleuses. En fait, j'ai reçu une instruction de luxe ... ce qui me vaut d'être désigné pour la coupole G.P. comme chargeur-tireur, car le soldat, à l'intérieur du fort, doit être capable d'assumer plusieurs fonctions.
Le temps passe et, le 30 juin 1939, c'est la fin du service. Malheureusement, il n'est pas question de libération car le P.P.R. (pied de paix renforcé) nous maintiendra sous les drapeaux jusqu'au 10 mai 1940...
Entre temps la vie s'organise, car après une convocation auprès du commandant du fort, je suis désigné avec d'autres pour faire partie de l'A.T. (artillerie de tranchée) et rejoindre le fort d'Andoy, chargé de tout le barda, fusil compris, par nos propres moyens ... Nous formons une section de 10 hommes, avec un obusier qui tire des obus à ailettes, dont la seule caractéristique est l'imprécision totale du tir ... ! Nous en ferons l'expérience.
Casernés à la ferme Tillieux, à Limoy, entre les forts d'Andoy et de Maizeret, on nous désigne un emplacement à l'entrée d'un bois. Peu après, on creuse un trou de la forme d'un quadrilatère de 4 m sur 4 m, profond de 2 m, pour y recevoir les munitions qui arriveront au compte-gouttes ... (Je signale qu'il s'agit d'un obusier ayant servi en 14-18 !) Le trou n'ayant aucune protection, inutile d'ajouter qu'à la fonte des neiges, il y aura 50 cm d'eau, mais que nous importe cet inconvénient : nous possédons tous nos "bottes personnelles".
Peu de temps après notre arrivée à Limoy, on nous désigne une petite maison vide à Andoy, à ... 3 Km de la position. La maison est vide, sauf un vieux poèle qui nous rendra bien des services, et surtout de la chaleur.
Nous fabriquons des lits de fortune avec des planches récupérées à droite et à gauche; c'est mieux qu'à même le sol.
Possédant un diplôme de boucher-charcutier, me voilà désigné pour la cuisine et l'entretien de la maison, avec la conséquence d'être exempt du travail sur la position mais de devoir m'y rendre pour y porter le dîner. Sur la photo de la petite maison à Andoy, on peut remarquer que j'y exerce une nouvelle profession : celle de barbier; il n'y a pas de sot métier !
Et c'est le 10 mai 1940. Bien informés sur les événements par notre radio personnelle, nous rassemblons toutes nos affaires et nous nous installons sur la position pour y remarquer qu'un arbre gêne complètement la vue.
Après quelques tirs, nous nous rendons compte qu'il nous est impossible de l'abattre et comprenons seulement que, pour toucher un char ennemi, il nous faudra non pas de l'adresse, mais une chance inouïe.
Le 14 mai 1940, nous recevons l'ordre d'abandonner la position et de charger tout le matériel (sauf les munitions !!!) sur un camion.
Possédant nos vélos personnels, nous sommes désignés à cinq hommes pour démonter la ligne téléphonique qui nous relie au commandement. Il est plus que temps d'obéir aux ordres car nous entendons au loin un drôle de bruit de moteur, qui n'est pas celui d'un camion. Les chars allemands sont au carrefour Quinaux. Nous dévalons à toute vitesse à travers bois vers la Meuse, passons le pont de Jambes terriblement encombré, traversons la ville et nous sommes les derniers à passer le pont de Salzinnes car, quelques centaines de mètres plus loin, nous entendrons le fracas de l'explosion ...
Sur la route de Charleroi, face aux ateliers de Ronet, c'est le baptême du feu (mitraillage par des avions allemands) et il y en aura d'autres, avec abandon du vélo au milieu de la route et plongée dans les fossés.
Arrivés au point de ralliement - centre de Mornimont - à l'effet d'y reprendre le camion, première et immense déception : de camion point, et nous ne le reverrons jamais. (Après la guerre, on a dit, sans contrôle possible, que le camion aurait sauté sur une mine, généreusement placée par nos amis marocains.)
Nous sommes donc, avec mes quatre copains, dans l'obligation de continuer notre route à vélo dans un incroyable désordre. Les nouvelles, mauvaises, circulent à vitesse accélérée. Nous n'irons pas loin, car à Tamines, nous sommes arrêtés par les Marocains - Ils sont partout aux mauvais endroits. Cinq soldats belges à vélo et sans arme, il faut avouer que c'est louche et il faudra l'arrivée d'un lieutenant français qui, après explications et vérification des cartes d'identité, nous permettra de continuer notre route.
La nuit tombe vite. Après avoir trouvé une maison vide dans les environs de Charleroi, et des vivres - c'est le premier repas de la journée -, premier bain dans une vraie baignoire et un sommeil lourd de fatigue jusqu'au lendemain matin.
La frontière française passée, c'est l'arrivée à Douai, incroyablement encombrée de civils et de militaires et où un sous-officier français nous guide vers une caserne où il y a rassemblement des militaires belges. Mais après un sévère bombardement, c'est la débandade à nouveau et la disparition de trois de nos camarades. Je reste avec Dalcq pour la suite des événements.
Comme on ne s'occupe plus de nous, nous reprenons la route de la Belgique après avoir essuyé plusieurs bombardements et mitraillages par les Stukas, pour constater que ces routes sont encombrées d'un innombrable matériel anglais abandonné à la sauvette.
Nous commençons à comprendre la réalité des choses ...
Après avoir logé un peu partout, dans des étables et des prairies, c'est l'arrivée aux environs de Torhout, en pleine fournaise. On entend des tirs de canons de tous côtés.
Le 26 mai 1940, nous sommes réquisitionnés comme artilleurs, puis pour remplacer des troupes en première ligne, et cela, toujours sans fusil. Puis c'est le 28 mai et la capitulation ...
C'est à ce moment que nous rencontrons les premiers Allemands, montant en ligne en bras de chemises, accrochés au coude à coude et chantant à tue-tête ... c'est plus impressionnant que leurs armes !!! Comme ils nous ont dépassés, nous espérons ne pas être prisonniers.
Le soir, nous cherchons un abri dans une église et à un certain moment, mon camarade Dalcq me dit qu'il a faim et qu'il faut trouver de quoi manger. Je m'endors, accablé de fatigue. Le lendemain matin, il n'est pas rentré et je ne le reverrai plus qu'après la guerre, en 1945, car il est prisonnier ...
Je décide de sortir de l'église et je rencontre un officier belge qui est précisément à la recherche des soldats perdus; il me dit que je dois me rendre dans l'usine de filature dont je n'ai pas conservé le nom, où l'on rassemble les soldats de toutes nationalités. On m'oblige à déposer mon vélo - en fait, c'est celui de mon frère, nouvellement acheté en 38 - chez un particulier affirmant que je le retrouverai dès ma libération (!)
Le lendemain, les Belges seuls doivent sortir de l'usine, car nous devons prendre chacun 3 chevaux français pour les conduire de pâture en pâture dans les villages voisins. Pendant ces quelques jours, nous sommes logés et nourris dans une école. Le 10 juin 1940, nous embarquons les chevaux dans un train en partance pour l'Allemagne.
Le 11 juin, les Flamands sont libérés ... au grand dam des cinq wallons restants. Enfin, le lieutenant (flamand) nous confie qu'il essaye de nous faire libérer par tous les moyens, ce qui sera fait le 12 juin. Nous nous présentons devant un colonel allemand et, sans un mot, nous recevons un papier confirmant notre libération. Retourné auprès du particulier détenteur de mon vélo, j'y apprend que les Allemands auraient pris ce vélo ...
A 9 heures du matin, je suis seul sur la route vers Bruxelles; je fais du stop, une charrette d'abord, une camionnette de marchand de bière ensuite, qui me conduit à Bruxelles. Je traverse la ville, étonné de me trouver seul en uniforme belge. Personne ne m'inquiète, ni dans un sens, ni dans l'autre, et, après avoir pris le tram à la Place Rouppe pour Wavre, puis Jodoigne, je suis chargé par un camion jusque Jauche. Les 5 derniers kilomètres à pied me paraissent terriblement légers et c'est la rentrée à la maison (*) vers 18 h, heureux de retrouver mes parents sains et saufs, après 29 mois à l'armée sans interruption. Certains de mes camarades n'ont pas eu cette chance.

(*) M. Jaumoulle habitait à Autre-Eglise.

Seule ombre au tableau, mon jeune frère, entré au service militaire le 15 avril 1940, n'est pas rentré et on est sans nouvelles depuis le 20 avril... Il rentrera le 1er août 1940, après une singulière odyssée en France (prisonnier aux environs de Bar-sur-Seine), mais ceci c'est une autre histoire !
Dans la région d'Andoy - 1940
R. Jaumoulle est le deuxième à gauche, debout
La vie quotidienne du mobilisé. Séance de rasage
Mars 1939. Lombardzijde: entraînement au tir contre avions.
Mars 1939. Nieuport. Défilé devant le monument du Roi Albert
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Félix BRAIVE - La Citadelle de Liège

Parmi nos membres, un bon nombre ont certainement séjourné dans ce bâtiment militaire dénommé Citadelle ou, tout au moins, l'ont visité avant sa démolition récente. Car elle a eu moins de chance que son vis-à-vis, la Chartreuse, qui garde encore un espoir de rester debout.
Mais peut-être l'histoire de cette fortification n'est-elle pas tellement connue ?
L'endroit, qui surplombe magnifiquement la ville de Liège, était un endroit rêvé pour y établir un emplacement militaire qui tiendrait la turbulente cité en respect.
En 1255, le prince-évêque Henri de Gueldre fit ériger une puissante redoute à la porte Sainte-Walburge, à la colère des Liégeois. Ceux-ci attaquèrent à plusieurs reprises la fortification avec des fortunes diverses.
C'est ainsi que, lors du sac de la ville par les troupes bourguignonnes de Charles le Téméraire, en 1468, les 600 Franchimontois y attaquèrent celles-ci à proximité; mais ils ne purent empêcher la destruction de la Cité.
Durant deux siècles, il n'y eut plus d'exploit guerrier dans les environs de la porte Sainte-Walburge. Mais, malgré sa politique de neutralité, la principauté subissait le choc des belligérants par suite de la proximité de l'Empire, de la France et des Pays-Bas.
En 1650, le prince-évèque Maximilien-Henri de Bavière fit édifier un vaste pentagone fortement protégé. Cependant, en 1675, les Français en guerre firent sauter la construction. En 1684, sous le prince-évêque précité, les travaux de construction furent repris; cette citadelle devait subir ultérieurement maints assauts de belligérants, toujours les mêmes.
Au début du XVIIIe siècle, des traités de paix décidèrent que les redoutes installées du côté de la campagne seraient démolies. Ainsi diminuée, la fortification perdit son intérêt stratégique sans perdre son aspect militaire. Les alentours devinrent un jardin du gouverneur où les citadins aimaient se promener.
En 1789, la population, voulant imiter les révolutionnaires français, envahit et pilla la Citadelle. Elle fut de nouveau occupée par les régiments qui investirent le pays.
Après la chute de l'empire de Napoléon, le pays de Liège fut incorporé aux Pays-Bas, qui voulurent dresser contre la France un solide rempart.
La reconstruction de la Citadelle fut décidée et commencée en 1817.
Le duc de Wellington dirigeait ces travaux. L'ensemble fortifié qui subsista jusque récemment fut réalisé "à la Vauban". Il comprenait également un pentagone avec casernes, cinq bastions fortifiés, parapets, chemins couverts, fossés, contre-escarpes et glacis. Sur le linteau de la porte d'entrée, une inscription : Excetsus Animus Nec Minis - Nic Illata VI Commovetur.
Survint la révolution belge de 1830. La garnison hollandaise du fort, coupée de sa base, dut capituler, à l'allégresse des Liégeois : coups de canons, sonneries de cloches, vivats de la population enthousiaste.
Ce fut le deuxième bataillon du premier régiment de la Belgique indépendante qui occupa en premier l'édifice militaire.
En 1891, un arrêté royal déclassait la Citadelle en tant que fortification. Il fallait entourer Liège d'une ceinture de forts modernes conçue par le général Brialmont.
Le 12e de Ligne était caserné là-bas lorsque, en 1914, ce fut la violation de notre neutralité. Les fantassins prirent part à la défense de Liège avec un courage qui valut au régiment sa première citation. Ensuite ce fut le long repli derrière l'Yser, où le vaillant 12e décrocha cinq autres citations.
Durant la guerre 1914-1918, la Citadelle servit de logement aux troupes du Kaiser, de camp d'internement et d'hôpital pour les soldats alliés. Le jour de l'Armistice, des centaines de soldats malades abandonnés misérablement furent délivrés avec soulagement.
Le 12e de Ligne vint reprendre ses quartiers en 1921. Et ce fut, durant vingt années, la vie de garnison faite d'exercices, de corvées et de permissions. Puis, de nouveau, ce fut le départ pour une nouvelle guerre.
Au cours de cinq tragiques années, la Citadelle allait connaître une double destination de caserne et de prison. Caserne pour les feldgraus, centre d'entraînement pour les gardes wallonnes et prison pour les patriotes.
Le bloc 24 restera à jamais glorieux; aménagé en prison, de nombreux résistants y furent incarcérés, dont beaucoup pour être déportés vers les camps de mort, d'autres pour être fusillés dans cet enclos situé au nord-ouest du vieux fort. Il y reste la trace de ce sacrifice. Quatre cent douze tombes entourent maintenant la parcelle de terrain réservée pour conserver la trace d'un ardent héroïsme. Les cinq poteaux tragiques sont restés à leur emplacement. Avec un autel de pierre où se célèbre chaque fois une messe commémorative, c'est tout ce qui reste de la Citadelle.
La cour de la Citadelle en 1959, occupée en ce temps-là par le 64A (photo P.B. inédite)
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Bibliographie

Bérets verts - Bérets bruns 1942 – 1992 par André Tobback
En septembre 1942, 89 Belges reçoivent leur béret vert à Achnaccary en Ecosse. A ce moment-là, personne ne réalise qu'ils deviendront l'actuelle Brigade Para-Commando. 50 ans plus tard, elle peut avec raison être comptée parmi les meilleures troupes d'élite du monde.
Pendant la période 1950-1955, 3.587 Bérets bruns se portent volontaires pour la guerre de Corée. Parmi eux, nous trouvons 69 commandos brevetés. Pendant les combats violents, ils vont défendre, avec grand honneur, les traditions des "Verts" et des "Bruns"; tout le monde ne dira-t-il pas : Les Bérets bruns belges ne reculent jamais".
Entre 1942 et 1955. ces deux unités obtiennent 7 citations dont 3 citations présidentielles étrangères : 1 américaine et 2 coréennes.
Nos Bérets bruns n'oublieront jamais le camp d'entraînement des Commandos à Marche-les-Dames. C'est ici que furent jetées les bases de leur sévère entraînement au combat.
En tant qu'instructeur, l'auteur a passe 8 ans dans ces deux unités d'élite. Il relate dans son ouvrage les expériences personnelles qu il a vécues à l'époque, ainsi que celles d'autres personnes.
Les paras-commandos au Mémorial interallié de Cointe
Le Centre Para-Commando a effectué des descentes en rappel du sommet de la tour de Cointe pendant tout l'après-midi du 13 septembre 1992. Le Mémorial était ouvert ce jour-là à l'occasion de la Journée du Patrimoine
La descente vertigineuse n'a pas impressionné les militaires
La file s'allonge devant l'entrée du Mémorial témoigne du succès de la visite organisée
Les administrateurs du CLHAM remercient les Paras et leur moniteur
Rappel
Death Ride
Le vocabulaire de l'architecture militaire (de 1870 à 1945) par Carine Eggen, licenciée en philologie romane
L'auteur vous propose son mémoire de fin d'études : Le vocabulaire de l'architecture militaire (de 1870 à 1945) - 650 pages, nombreuses illustrations, photos, ...).
La Force Aérienne, par Hervé Donnet, André Janssens, Eddy Laden, Gustave Rens, Jacques Schelfaut et Michel Terlinden
Fruit de six années de recherche et d'efforts, le livre "La Force Aérienne" compte 216 pages illustrées de 300 photos et dessins, le tout dans une luxueuse présentation. Il est préfacé par le prince Philippe.
Les auteurs passent tout d'abord brièvement en revue l'aviation militaire d'avant 1945. Les années '50 sont ensuite mises en évidence, période ou l'importance de l'arme aérienne a été mieux comprise.
Les chapitres suivants traitent de la chasse de nuit, du contrôle radar, de la reconnaissance tactique, de la logistique, de la météorologie, des années supersoniques, de la défense des aérodromes, des événements d Afrique, de la guerre dans le Golfe ... Des pages qui raviront aussi bien les specialistes que les profanes.
A l'heure de la suppression du service militaire et de la restructuration de l'armée (et plus spécialement de la Force aérienne), les auteurs n esquivent pas les problèmes qui vont se poser.
Le livre, qui contient aussi les fiches techniques de tous les avions utilisés de même que les emblèmes des escadrilles, coûte 1.750 francs. Il peut être commandé à Fonavibel, quartier Albert 1er. 70, rue de la Fusée, à 1130 Bruxelles (compte n° 001-2365405-39).
FN - Une Grande Centenaire, par Claude Gaier et Auguste Francotte
Centre armurier précoce, Liège exportait ses produits, son savoir-faire, ses artisans et devint au 19e siècle la plus grande fabrique d'armes du monde. En 1887, des tenants particulièrement entreprenants de cette profession se réunissent pour honorer une commande importante de l'Etat belge : 150.000 fusils à répétition (1). Deux ans plus tard, la FN est née, s'acquitte en peu de temps de cette mission et se dote aussitôt d'un atelier de cartoucherie militaire. Puis, c'est la rencontre avec le génial inventeur américain, John M. Browning, qui confie à Herstal la réalisation de tant de brevets, devenus bientôt célèbres :
Le pistolet automatique 1900, le 1903, le 1906, le 1910, le 10/22 et les précurseurs du fameux GP, le fusil-mitrailleur et les mitrailleuses, l'automatique 5 coups de chasse, le "superposé", les carabines .22 Trombone et automatique ...

(1) Note de la rédaction : les artisans armuriers avaient, pour honorer cette commande, constitué un syndicat. Avant 1940, des ouvriers de l'usine de Herstal disaient encore qu'ils travaillaient "au Syndicat".

Il y eut par la suite une longue collaboration avec les descendants de Browning, puis le rachat de cette société par la FN, le rapprochement avec Beretta et avec Winchester.
En 1930, ce furent les cartouches de chasse, avec les fameuses "Legia" et des modèles de plus en plus diversifiés. Vers la même époque prend naissance à la FN le plus grand atelier de gravure sur armes du monde, dont bien des réalisations marquantes sont illustrées dans ce livre. La création d'armes et de cartouches d'infanterie par les spécialistes de Herstal s'inscrit dans l'histoire mondiale de l'équipement des armées :
Le fameux fusil belge FAL, la mitrailleuse MAG - la M240 des Américains, la Minimi, la carabine FNC, la .50 QCB en attendant la BRG 15 et le P90, les munitions 7,62 et 5,56 homologuées par l'OTAN, les moyens calibres, les grenades à fusil, les adaptations de ces matériels sur engins terrestres et aéroportés, l'ingénierie militaire ...
Que dire de la glorieuse épopée des véhicules de Herstal :
- les motocyclettes - dont celle qui, la première, traversa le Sahara en 1927 et la fameuse 1000 cc militaire de l'avant-guerre, préfiguration de la jeep - et les autos, les camions, l'auto-blindée, les trolleybus ...
- Puis l'aventure de l'aéronautique, avec les premiers moteurs à réaction des années '50, pour aboutir à ceux des puissants chasseurs-bombardiers et appareils civils de notre temps, en passant par les fusées Blue Streak et Ariane.
Enfin, tant d'autres produits dont la diversité et l'originalité jalonnent un siècle d'histoire industrielle : le vélo "acatène", les machines à écrire, le matériel agricole, les machines textiles, les élévateurs à nacelles, les clubs de golf, les planches à voile, les arcs, les raquettes de tennis, etc.
Ce livre raconte la naissance et le succès de tous ces produits, dont la plupart se sont fait un nom à l'échelle mondiale.
Cent ans d'histoire de la FN, c'est cent ans d'armes militaires et civiles parmi les plus notoires, mais c'est aussi une tranche de vie de nos sociétés industrielles et de leur dynamisme interne durant leur siècle le plus glorieux.
Servi par une merveilleuse illustration, la plupart du temps en couleurs, le livre comprend 20 pages de fiches techniques illustrées recensant les armes et les véhicules produits par la célèbre manufacture depuis 100 ans, ce qui intéressera les collectionneurs.
L'ouvrage, édité en 1989 par Didier Hatier. Coûte plus ou moins 1.600 francs et peut être trouvé dans toutes les bonnes librairies.
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Le courrier des lecteurs

Autre temps - Autre style
Monsieur J. LOXHAY nous a remis une coupure de journal. Elle n'est pas datée avec précision, mais remonte à 1990. Il n'était pas encore question alors de supprimer 1e service des miliciens ...
"Il y a 150 ans dans la Gazette de Liège".
"Un article sur l'armée occupe une grande place dans la Gazette d'il y a 150 ans.
"Nos douze régiments de ligne et nos trois régiments de chasseurs à pied ne comptent guère chacun que 800 à 1.000 hommes. Un grand nombre d'anciens soldats ont été renvoyés dans leurs foyers. Beaucoup de bataillons sont uniquement composés de miliciens de la classe 1838 dont l'éducation n'est pas achevée. Plusieurs bataillons ont été supprimés. (...) L'artillerie, les équipages militaires, les ambulances sont dans une situation désastreuse. L'artillerie est entièrement démontée et n'offre plus que le squelette de ce qu'elle était il y a 18 mois. Une grande partie des chevaux a été vendue. Pour replacer la cavalerie dans l'état où elle se trouvait en 1839, il faudrait une remonte de 250 chevaux par régiment. (...) Sans doute la Belgique n'est pas une grande puissance militaire. (...) Nous sommes déjà faibles. Soit. Est-ce un motif pour nous rendre méprisable ?"
Les P(0)W : Prisonniers de guerre allemands
L'article de Monsieur L. Freuville paru sous ce titre dans le dernier bulletin a eu comme résultat qu'un lecteur, Monsieur Pirnay, dont le père a fait son service militaire au 3e Bataillon de Fusiliers, nous a fait remettre des photos prises à l'époque au camp d'Erbisoeul pendant l'hiver 44/45. Voir ci-après.
Mirador n° 3 de la Cage J
Cage J - Hôpital "Nazareth"
Camions d'escorte des prisonniers allemands (25 hommes par camion)
Cage J - Inciviques
Reconstitution d'une évasion
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