TOME 5 - FASCICULE 3 - OCTOBRE 1992
Sommaire
Editorial - Les travaux d'Hercule
D'abord aller à la pèche aux articles. Astuce, doigté, patience, encouragement sont, à ce stade, les maîtres mots. Parfois, après des mois de pénurie, une pêche miraculeuse ! Comment caser tous ces articles ?
Impossible sans sacrifier l'un ou l'autre. Longues et difficiles explications à fournir aux auteurs, tous d'autant plus pressés delire leur prose qu'ils ont mis du temps à la coucher sur papier.
S'assurer de la lisibilité, de la correction, de la justesse du contenu. Obtenir la bénédiction du comité de lecture (jamais par retour du courrier !).
Dactylographier les textes et quémander les indispensables photos. A défaut d'obtenir celles-ci, se décarcasser pour les trouver soi-même.
Préparer la maquette, disposer les articles, placer les photos, doser les centres d'intérêt, acheter le papier, voir l'imprimeur, le revoir, coltiner les textes terminés, trier les feuilles, assembler les bulletins ... ah, j'oubliais la couverture, ... , coller le tout, passer au secrétariat pour expédition. Ouf, fini pour cette fois-ci !
Et cela fait 12 ans que cela dure; 12 ans que chaque membre reçoit fidèlement sa revue C.L.H.A.M. si appréciée ...
Et qui accomplit ce miracle permanent, qui se tape ces véritables travaux d'Hercule, sinon notre ami de toujours : Pierre Beaujean. Un homme bien seul, qui aujourd'hui se sent fatigué, et voudrait "passer la main" ...
Alors, chers collègues, combien de ces multiples tâches allons-nous désormais assumer à sa place : une ? deux ? ... toutes ?
Pas de C.L.H.A.M. sans revue trimestrielle.
Pensons-y, s'il vous plait, très sérieusement.
A. Gany
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Le temps de la relève
Lorsque j'insère chaque année, dans le bulletin, l'avis vous invitant à renouveler votre cotisation, je prends en quelque sorte l'engagement d'assurer la publication d'au moins quatre fascicules du bulletin. Cela, depuis une dizaine d'années. Il est temps de penser à la relève.
Mes collègues du C.L.H.A.M., ceux avec lesquels j'ai des conversations à ce sujet, se déclarent non désireux de prendre la suite.
Peut-être se trouve-t-il, parmi les membres du C.L.H.A.M., quelqu'un qui aimerait assumer la responsabilité de la publication ? Qu'en toute simplicité, il se fasse connaître.
Il ne faut pas chercher les raisons du présent appel dans une quelconque mésentente au sein de l'A.S.B.L. mais, tout simplement, dans le fait que le soussigné prend de l'âge, que son dynamisme (s'il en avait) s'émousse et qu'il n'est pas, pas plus que quiconque, à l'abri d'un accident de santé.
Peut-être certains s'imaginent-ils que le bulletin du C.L.H.A.fl. est "chasse gardée". Ce serait une erreur de le croire. Le rédacteur est au service du bulletin et le bulletin est au service des membres du C.L.H.A.M.
Le présent appel sera réédité dans les prochains bulletins. Ne vous en étonnez pas ! Cela signifie que le C.L.H.A.M. est bien déterminé à poursuivre, dans les meilleures conditions possibles, la publication de son bulletin d'information, bulletin que beaucoup d'entre vous apprécient, si l'on en croit le résultat du sondage réalisé en décembre.
Pierre Beaujean
P.S.:
Ayant lu l'éditorial, il saute aux yeux qu'André Gany a fait l'inventaire de ce qu'on attend d'un rédacteur idéal. On peut rêver ! Si le travail était si dur, et si délicat, est-ce que je le ferais ?
Que la gentillesse du Président à l'égard d'"Hercule" ne décourage pas les candidats : le bulletin n'est que trimestriel et il n'est pas épais comme les "pages d'or". Les contacts avec les auteurs d'articles sont souvent passionnants et toujours instructifs.
La suggestion de partager les tâches est intéressante. Elle implique un travail d'équipe, ou l'un corrige les bévues de l'autre et où les tâches répétitives, peu amusantes, sont divisées et alternées.
Pierre Beaujean
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Qui est Monsieur Francis BALACE ?
Le "curricutum vitae" de notre conférencier du 11 avril (Les oubliés de 1914 - Le rôle de la Garde Civique dans la défense de Liège et la retraite jusqu'à l'Yser) aurait pu prendre place dans le dernier bulletin.
En en reparlant, nous avons l'occasion de remercier Monsieur Balace et d'attirer l'attention de nos membres sur l'intérêt que revêtent les manifestations du C.L.H.A.M.
Francis BALACE est né à Liège en juillet 1944.
Docteur en Philosophie et Lettres, ULg, 1975.
Boursier Fulbright aux Etats-Unis, Georges Washington University, 66-67.
CHARGE DE COURS, UNIVERSITE DE LIEGE (Histoire d'Angleterre. Histoire des Etats-Unis, Histoire du Commonwealth, Expansion Coloniale).
Depuis 1984. Président du CENTRE D'ETUDES ET DE RECHERCHES HISTORIQUES DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE (Bruxelles).
Membre de la COMMISSION SCIENTIFIQUE DU MUSEE ROYAL DE L'ARMEE.
Membre de la COMMISSION BELGE D'HISTOIRE MILITAIRE.
Directeur de la publication "JOURS DE GUERRE" (Crédit Communal).
Auteur de 4 livres et de 77 articles d'histoire militaire, diplomatique et politique de Belgique.
Major de réserve (Service d'Etat-Major).
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Col Gend e.r. G. SPOIDEN, La Voie de la Liberté
Bibliographie : VOIE de la LIBERTE - Guide historique et touristique - Grandes Editions Françaises - Paris - 1947
Le commandant Guy de la VASSELAIS, ancien chef de la Mission militaire française de la liaison tactique près le XXe Corps de la IIIe Armée U.S, concevait, dès juin 1944, de réaliser un souvenir grandiose de la Libération, une VOIE DE LA LIBERTE, sorte de voie sacrée reliant SAINTE-MERE-EGLISE à BASTOGNE.
Il s'agit d'un itinéraire de la Victoire imprégné d'un sang généreux, un des nombreux itinéraires suivis par les combattants des armées alliées. L'itinéraire choisi est certainement un des plus glorieux puisqu'il épouse la percée du général PATTON et célèbre sa chevauchée historique qui l'amène en cinquante-quatre jours de la Normandie à Metz.
La "Voie de la Liberté" est comme un chemin de croix où les stations ont été remplacées par des bornes symboliques. (Voir ci-dessous le timbre émis le 10 septembre 1947, à l'occasion de l'inauguration de la Voie de la Liberté.)
Le 1er mars 1947, le Président de la République française écrivait : "La voie de la Liberté, jalonnée de sacrifices et d'héroïsmes, a été la voie de la Victoire et de la Libération : elle rappellera aux générations à venir la grande et ardente solidarité des nations libres et l'impérissable reconnaissance du peuple français envers ces jeunes et nobles fils d'Amérique qui, irrésistiblement, chassèrent de nos terres spoliées et mutilées la terreur et l'esclavage."
Prenons le temps de suivre cette voie sacrée et arrêtons-nous dans les sites glorieux qui jalonnent la Percée.
Point de départ de la Voie de la Liberté :
- SAINTE-MERE-EGLISE, à 1.145 Km de Bastogne.
Ce village de 1.350 habitants a été libéré dans la nuit du 5 au 6 juin 1944 par le 3e Bataillon du 505e Rgt PARA de la 82 Division Airborne, avant le débarquement à UTAH BEACH.
Les troupes aéroportées restèrent héroïquement accrochées au terrain, jusqu'à l'arrivée des premiers chars, le 7 juin 44.
Le fils du Président Théodore Roosevelt repose dans un des deux cimetières militaires établis à proximité de la localité.
- UTAH BEACH, c'est le mot code désignant la plage sur laquelle débarqua le matin du 6 juin 44, la 4e Division américaine (du VIIe Corps). Plus tard, la plage glorieuse fut baptisée "Plage Président-Roosevelt".
- SAINTE-MARIE DU MONT, à 5 Km de Utah Beach, commémore par un monument élevé à la Madeleine, la prise du premier blockhaus ennemi.
- NEUVILLE-AU-PLAIN fut le premier village libéré par les paras U.S.
- MONTEBOURG, à 10 Km de Ste-Mère-Eglise a beaucoup souffert et fut écrasé sous un torrent d'obus de la flotte et de l'artillerie. Prise le 12, perdue le 14, le général Barton ne put s'en emparer définitivement que le 19 juin 1944.
- CHERBOURG (40.000 habitants) était puissamment défendue par l'ennemi. Le fort du Roule, qui domine la ville, était le point d'appui des fortifications de campagne allemandes.
Le VIIe Corps U.S. entra au contact des positions défensives ennemies le 22 juin 44. Au prix de lourdes pertes, les 4e, 9e et 79e D.I. du VIIe Corps pénètrent dans la ville de Cherbourg le 26 juin et y assurent leur jonction.
La ville est conquise à 21.00 Hr et 39.000 prisonniers dont le général von SCHLIEßEN et l'amiral HENNECKE tombent aux mains des troupes américaines.
Un mois plus tard, le fort, en grande partie détruit par les combats, est remis en état et peut accueillir le matériel lourd. Le P.L.U.T.O. (Pipe-Line Under The Océan) relie l'île de Wight à Cherbourg et permet le débit permanent du précieux carburant indispensable à la percée.
Photo
- CARENTAN (4.312 h.)
Situé entre les plages OMAHA et UTAH, ce fut l'objectif n° 1 des Américains.
Dans la nuit du 5 au 6 juin 44, la 101e Airborne Div., que l'on retrouvera plus tard dans Bastogne assiégée, saute au nord de Carentan. Après six jours d'âpres combats et une charge héroïque à la baïonnette au Hell's Corner, la ville est libérée le 12 juin mais restera pendant six longues semaines encore sous le feu des Allemands.
- PONT-HEBERT (930 h.) est libérée le 17 juillet après des combats acharnés s'échelonnant du 2 au 16 juillet.
- SAINT-LO (13.500 h.) est à 41 Km de Ste-Mère-Eglise. Dès le 6 juin, la ville est pilonnée par l'aviation et devient la "capitale des ruines". Les Allemands s'y accrochent et ce n'est que le 16 juillet que les troupes américaines s'en emparent en combats de rues meurtriers.
Le 26 juillet, c'est de Saint-Lo que le général PATTON lancera son offensive vers Avranches, vers la Bretagne et vers la Loire.
- MARIGNY (1.010 h.) subit le même sort que Saint-Lo. 3.000 avions attaquèrent le 25 juillet les positions allemandes qu'ils anéantirent.
- COUTANCES (6.465 h.) est à 68 Km de Ste-Mère-Eglise. Important noeud routier, ma ville fut bombardée par l'aviation américaine et son centre pratiquement anéanti. Elle fut libérée le 28 juillet par les VIIe et VIIIe Corps U.S.
La cathédrale Notre-Dame, un des joyaux de l'art gothique en Normandie, a heureusement peu souffert, au contraire de l'église Saint-Nicolas qui fut très gravement atteinte.
- LENGRONNE (641 h.), à 82 Km de Ste-Mère-Eglise, a connu un très vif combat de chars, avant d'être libérée le 29 juillet par l'armée Patton.
- AVRANCHES (7.578 h.) est à 97 Km de Ste-Mère-Eglise. Bombardée dès le 7 juin par l'aviation U.S., la ville ne fut conquise par les VIIe et VIIIe Corps U.S. que le 30 juillet mais resta sous la menace des Allemands qui contre-attaquèrent début août pour la reprendre, sans y réussir, aggravant les dommages aux immeubles dont 1.850 furent détruits ou gravement atteints pendant la période du 7 juin au 7 août 44.
Signalons dans les environs, le célèbre Mont Saint-Michel portant à son sommet la grandiose abbaye fondée en 966 et connue comme "Merveille de l'Occident".
- SAINT-SERVAN (12.873 h.) est à 160 Km de Ste-Mère-Eglise. La ville fut libérée par les troupes du général Patton le 17 août, après 13 jours de bombardement du Fort de la Cité, vieux fort désaffecté datant de Vauban, que les Allemands avaient puissamment réarmé.
- SAINT-MALO (13.836 h.) a été complètement dévasté. Le 16 août, Saint-Malo, la ville martyre, était enlevée aux troupes allemandes qui y avaient bouté le feu et maintenu en otages au Fort National quelque 350 habitants.
"Il ne restait plus de la magnifique cité corsaire, détruite aux trois-quarts, que des ruines encore fumantes, se dressant vers le ciel comme des supplications ou des imprécations." (René DELANNOY, maire de Saint-Malo).
- RENNES (88.654 h.), à 234 Km de Ste-Mère-Eglise, a beaucoup souffert des bombardements aériens et a été libérée le 4 août par la 4e Div blindée U.S. (XIIe Corps de l'Armée Patton).
- ANGERS (94.408 h.), à 360 Km de Ste-Mère-Eglise, pays des ardoisières dont les couches atteignent 800 m d'épaisseur, fut libérée le 10 août par la 3e Armée U.S. Il faut y visiter le château, forteresse construite de 1228 à 1338 par saint Louis, roi de France, comportant 17 tours hautes encore aujourd'hui de 40 à 60 m.
- LE MANS (100.455 h.), à 460 Km de Ste-Mère-Eglise, fut libéré le 8 août par l'Armée Patton, qui put franchir la Sarthe par le pont Gambetta, qui fut maintenu intact grâce à l'intervention d'un groupe de patriotes. Le Vieux Mans et son enceinte gallo-romaine méritent une visite attentive.
- CHARTRES (26.422 h.) est à 569 Km de Ste-Mère-Eglise. La ville fut occupée le 15 août par les F.F.I. (Forces Françaises de l'Intérieur) et complètement libérée le 18 août par le XXe Corps U.S.
- SAINT-SYMPHORIEN (285 h.), presque à mi-chemin de Ste-Mère-Eglise et de Bastogne, a eu l'honneur de recevoir la première borne provisoire de la Voie de la Liberté, le 25 août 1946, son maire, le commandant Guy de la VASSELAIS, comme dit plus haut, étant le promoteur de la voie sacrée.
- ETAMPES (10.425 h.) a été libérée le 22 août 44 par la 3e Armée U.S. L'église St-Gilles du XIe s., reconstruite au XV/XVIe s., a été gravement atteinte par les bombardements.
- FONTAINEBLEAU (18.770 h.) est à 670 Km de Ste-Mère-Eglise. Le 23 août, Patton libérait la ville sans dommages pour les habitants et pour le Palais Royal.
- EPERNAY (19.900 h.) est à 810 Km de Ste-Mère-Eglise. La ville fut libérée le 28 août 44, grâce à l'action conjointe des F.F.I. qui perdirent 200 des leurs et de la 7e Div. blindée U.S.
- REIMS (110.749 h.) connut les joies de la libération le 30 août 44. C'est à Reims que, l'année suivante (7 mai 1945), l'Allemagne signa la capitulation sans conditions, au collège rue Jolicoeur, alors Grand Quartier Général du général EISENHOWER. La "Salle de la Reddition" est restée telle qu'elle était.
- VALMY (390 h.) a été libéré le 30 août 44 également. Les monuments et le célèbre moulin situés sur le champ de bataille du 20 septembre 1792 n'ont pas souffert des combats de 1944.
- VERDUN (14.609 h.) est à 954 Km de Ste-Mère-Eglise et à 191 Km de Bastogne. Des dommages importants aux immeubles furent occasionnés par les Allemands qui bombardèrent la ville quelques heures après sa libération le 31 août par la 7e D.B. du XXe Corps de l'Armée Patton. La Meuse put être franchie par les Américains grâce au courage de Fernand LEGAY qui coupa en plusieurs endroits la mise à feu des mines du Pont Beaurepaire, aujourd'hui Pont LEGAY.
Verdun devint, dès octobre 44, un des deux plus grands centres de ravitaillement de l'armée américaine.
- GRAVELOTTE (302 h.), à 1.005 Km de Ste-Mère-Eglise. fut l'objet de combats meurtriers et les ruines y furent importantes. La bataille dura du 4 septembre au 13 décembre 44.
- NANCY (100.000 h.) à 1.047 Km de Ste-Mère-Eglise. Dans la matinée du 15 septembre, la Résistance fait merveille et accueille les premiers chars U.S.; le même jour à 11 heures. La ville ne subira pas de dégâts.
- ROZERIEULLES (474 h.) Les troupes U.S., arrivées au contact le 4 septembre, rencontrèrent dans ce village une résistance opiniâtre de l'ennemi qui ne cessa que le 20 novembre 44.
- SAINTE-RUFFINE (278 h.) resta pendant 2 mois et demi dans la zone des combats et ne fut libéré que le 25 novembre 44.
- MOULINS-LES-METZ (1.787 h.) fut libéré le 19 novembre 44 par la 3e Armée U.S. qui dut livrer de durs combats pour percer la défense opiniâtre de l'ennemi autour de Metz. Au cours des combats, le château de Frescaty où, en 1870, fut signée la reddition de Metz, a été détruit.
- METZ (75.000 h.) ne fut conquise, le 19 novembre 44, qu'après 2 mois et demi de durs combats par le XXe Corps U.S. C'était une forteresse redoutable s'étalant sur 30 Km où l'Allemand s'accrocha désespérément. L'artillerie U.S. épargna la ville en souvenir de La Fayette, ancien gouverneur de Metz qui partit en 1777 pour aider la jeune Amérique à conquérir son indépendance.
- THIONVILLE (17.596 h.), située à 1.047 Km de Ste-Mère-Eglise, libérée le 12 septembre (sa rive droite, le 11 novembre 44) au prix de 250 immeubles détruits ou endommagés, a été, du 21 novembre 44 au 18 mai 45, le siège des Q.G. de la 3e Armée U.S. et du XXe Corps U.S.
- LUXEMBOURG (200.000 h.), capitale du Grand-Duché, fut libérée le 10 septembre par la 1ère Armée U.S. mais sa sécurité fut à nouveau mise en péril lors de l'offensive von RUNDSTEDT.
Au cimetière de HAMM, à 4 Km de Luxembourg, le général Georges S. PATTON, chef de la 3e Armée U.S., repose, selon sa volonté, au milieu de 9.000 soldats américains.
- ARLON (11.048 h.) est à 1.105 Km de Ste-Mère-Eglise. Libérée le 10 septembre 44, elle devint le Q.G. de Patton pendant l'offensive de Patton en direction de Bastogne.
- MARTELANGE (1.640 h.), libérée le 10 septembre 44, vit réapparaître les Allemands aux portes de sa cité le 20 décembre 44, mais le 22, les Américains les refoulaient durement.
- BASTOGNE (5.000 h.) est l'aboutissement de la Voie de la Liberté, à 1.145 Km de Ste-Mère-Eglise. Libérée le 10 septembre par la 1ère Armée U.S., elle devient le bastion de la résistance alliée pendant l'offensive von RUNDSTEDT. La "NUTS CITY" est défendue par la 101e Airborne Division, commandée par le général MAC AULIFFE, à laquelle se joignent des groupements des 9e et 10e Div blindées U.S. En dépit de lourdes pertes, les Américains assiégés ne se rendent pas. Le 26 décembre, la 4e Div. blindée du IIIe Corps de la 3e Armée U.S., revenant du secteur Moselle/Sûre à toute vitesse, desserre l'étreinte allemande et assure sa jonction avec la 101e Airborne. Le couloir s'élargit au prix d'âpres combats et la ville est libérée une deuxième fois le 2 janvier 45. La poche des Ardennes se referme définitivement le 16 janvier par la jonction des 3e et 1ère Armées Américaines, aux portes d'Houffalize, à 17 Km à l'est de Bastogne. Les dommages sont immenses et les pertes en vies humaines importantes (15.000 tués). Les populations civiles payèrent aussi un lourd tribu à leur deuxième libération (500 tués - 2.000 immeubles plus ou moins gravement endommagés).
Photo
Voilà décrit dans le détail le parcours de la "Voie de la Liberté" que je vous invite à découvrir pendant vos voyages. C'est un pèlerinage qui permet d'associer dans un même souvenir et un même hommage la vaillante nation américaine et tous ceux, qu'ils soient Français, Belges ou Luxembourgeois, qui les aidèrent dans leur tâche de reconquête.
Des bornes de la liberté
Ci-dessous, une photo extraite du VIF - L'EXPRESS - WEEK-END et une autre, du Journal de TOURING-SECOURS, montrant la dernière borne, celle de BASTOGNE.
Si le bulletin du C.L.H.A.M. pouvait se payer des photos en couleurs, on verrait que les bornes sont peintes en beige, la flamme du flambeau étant rouge, tandis que la couronne supérieure présente ses étoiles blanches sur fond bleu et que l'inscription VOIE de la LIBERTE est également en lettres blanches sur fond bleu.
Photos
Photos aimablement envoyée par un de nos lecteurs, Monsieur Michel HERSENT (Normandie)
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Col Gend e.r. G. SPOIDEN, En complément de "II y a 52 ans, le 10 mai, Georges PIGEON fut fait prisonnier"
UNE CUISINIERE EN BOÎTES DE CONSERVE.
A l'Oflag (camp pour officiers prisonniers) où fut envoyé Georges PIGEON, un de ses collègues cuisine sur un poêle fabriqué exclusivement à l'aide de tôles de boîtes de conserve.
Dans nos prochains bulletins, grâce aux photos que nous a remises M. G. HUYGEN, nous verrons tout ce qui peut être bricolé avec cette matière précieuse, à commencer par la "choubinette", poêle minuscule.
Nous aimerions savoir, grâce à nos lecteurs, si la "choubinette" était aussi connue dans les Stalags (camps pour sous-officiers et soldats).
Depuis l'édition de cette page, nous avons eu des nouvelles de lecteurs et aussi trouvé de la documentation. Vous saurez tout sur le sujet en consultant les textes ci-dessous.
Comme vous pouvez le constater, nous ne vous avons pas oublié, mais il a fallu du temps pour retrouver des renseignements corrects.
Cela concerne "Gravioule".
Quant à "Gerlache", nous n'avons rien et je ne peux que vous conseiller de vous tourner vers des sites traitant de généalogie.
GRAVIOULE
Il n'est point nécessaire d'être un grand philologue pour découvrir le mot gravier dans Gravioule. Aussi est-ce la traduction qu'en ont donné tous ceux qui se sont occupés de cette vieille expression? Chose curieuse, jusqu'à présent, on n'a pas déterminé la raison d'être de la finale où le du nom de la localité. Nul n'ignore pourtant que cette finale, jadis fort usitée à Liège, indique un diminutif Pour dévoiler le mystère, il faut se rendre un compte exact de l'ancienne topographie locale. Celle-ci, il est vrai, a été totalement transformée. Il y a sept et huit siècles, plus même, la Meuse, en aval du pont des Arches et jusqu'à Coronmeuse, n'avait pas l'ampleur qu'elle possède de nos jours. Si ses flots recouvraient l'emplacement des ports et d'une partie des quais de la Batte et de Maastricht, elle était, en revanche, partagée en plusieurs bras d'eau qui servaient: le principal, à la navigation, les autres, à activer des moulins de drapiers, etc. Ce sectionnement de la Meuse en dessous du pont des Arches subsistait dans la seconde moitié du XVIe siècle. La construction de la Batte apporta, cependant, des changements dans la condition du fleuve, de ce côté.
Les divers bras de rivière étaient séparés par des îles, de formes et d'étendues variées. L'une d'elles, la plus vaste sans doute, qu'on voyait entre ce que nous appelons le quai des Tanneurs et le quai de Maastricht, était dite l'île du Grand Gravier, et parfois en Gravier tout simplement. Cette appellation continuait d'être en vigueur au XVe siècle.
C'était évidemment pour établir une distinction entre l'île dite du Gravier ou du Grand Gravier, et l'endroit dont nous allons parler, qu'on appelait celui-ci Graveroule, c'est-à-dire Petit Gravier. Graveroule est le vocable primitif. Nous l'avons rencontré dans l'obituaire de Saint-Denis du XIIIe siècle et dans d'autres documents non moins anciens. Jean d'Outremeuse l'a employé, au XIVe siècle. Le terme l'était encore durant tout le XVe et au commencement du suivant. A la fin du XVe, néanmoins, on commençait à écrire Graviroule , mais l'expression Gravioule, par contraction, allait bientôt devenir générale.
La dénomination alors ne s'appliquait pas seulement à la partie dite maintenant rue Gravioule; elle s'étendait à toute une vaste circonscription comprise, de ce côté, entre la Meuse et le bras de rivière qui passait à l'emplacement du boulevard de la Constitution. Il en a été de la sorte depuis une depuis une époque extrêmement reculée. Gilles d'Orval, chroniqueur de la première moitié du XIIIe siècle, ne dit-il pas que l'église qui devait servir bientôt au monastère des Ecoliers, a été fondée en 1234, «dans le lieu appelé de toute antiquité Graveria (Gravioule) là où deux rivières, la Meuse et l'Ourthe se réunissent ?»
I1 n'est pas impossible de se faire une idée de l'aspect de Gravioule en ces temps éloignés. C'était une île. Pas de doute à cet égard. Gilles d'Orval l'affirme et de nombreux faits en témoignent.
On peut ajouter qu'elle était d'origine essentiellement alluviale. Les crues périodiques du fleuve l'auront successivement agrandie et auront exhaussé son niveau, tandis que le courant impétueux des eaux accumulait sur les rives, le gravier qui devait prêter son nom à l'île tout entière. Seulement, comme le gravier était moins abondant ici que sur l'île proche, gisant au milieu de la Meuse, l'une fut dénommée le Grand Gravier, et l'autre Graveroule ou Petit Gravier.
Précisément parce qu'elle était de provenance fluviale, l'île appartenait de droit, comme tout bien sans maître, au prince et aussi à la Cité. Voilà pourquoi Jean d'Outremeuse, en décrivant la partie du territoire d'au delà du fleuve, qui, prétendument, aurait été transmise, l'an 979, aux des Prés, a soin d'indiquer que ce domaine s'arrêtait en Gravioule.
C'est seulement au XIVe siècle que la Cité et le prince Adolphe de La Marck disposèrent d'une grande portion de ces biens en faveur du métier des tanneurs. Un pré ample et luxuriant, dont jouissait la population des environs, étendait alors sa verdure sur tout le Gravioule que n'occupait pas le prieuré des Ecoliers. L'unique partie dépourvue de végétation était celle que côtoyait la Meuse. Sur cette rive, s'étendait, comme nous l'écrivions plus haut, le banc de Gravier dont le nom s'est transmis à la localité et devint, dès le début du XIVe siècle, un nom de famille. Gravioule ne devait plus être à l'état d'île à cette époque.
L'acte de cession fut conclu le 21 mai 1333, entre les maîtres (bourgmestres), les échevins, les jurés, le Conseil et «toute li universiteit delle cité de Liège», Piron des Balances cearier (receveur) qui représentait le prince, d'une part; Collin dit aux Nales et Jacquemin dit de l'Isleau, tanneurs, délégués du métier des tanneurs, d'autre part. Ces derniers acquéraient ainsi, en rendage perpétuel, deux pièces de terre situées en Gravioule entre le prieuré (aujourd'hui caserne) des Ecoliers et la Meuse, et à côté d'autres parcelles déjà occupées par divers tanneurs individuellement.
Parmi les points de démarcation tracés à ces portions de terre, dans l'acte du XIVe siècle, il est question d'un tilleul qu'on dit avoir subsisté jusqu'au XIXe siècle. I1 s'élevait à droite de l'emplacement de la rue Rensonnet, où se trouve maintenant l'angle Nord-Est du manège des Ecoliers. Tels étaient sa vigueur et son développement que, sous ses branches, trois centaines d'hommes, affirmait on, pouvaient se mettre à couvert.
Une autre indication intéressante de cette charte, c'est la mention faite, pour la première fois à coup sûr, de la rue Gravioule proprement dite. I1 y est stipulé, en effet, qu'entre les deux parcelles de prés cédées aux tanneurs, et les murs des Ecoliers, il devra exister une voie de six pieds de largeur. La redevance annuelle à payer par les tanneurs pour l'octroi qui leur était fait, s'élevait à vingt sous liégeois dont la moitié revenait au prince et l'autre moitié à la Cité.
En même temps que la Cité et le prince décidaient cette cession, ils réglèrent la destination du restant du pré de Gravioule. Il devait demeurer à jamais commons aisemences, c'est dire terrain d'un usage public. Interdiction était faite de l'enclore ou de le limiter d'une façon quelconque, d'y enlever le gazon, d'y laisser paître les bestiaux, s'il devait en résulter des inconvénients. Les chefs de la Cité et de la Principauté s'engageaient à ne pas vendre ce terrain, à ne pas le donner, accenser ou aliéner. Le métier des tanneurs, dont les membres étaient presque les seuls à profiter du pré, avaient soldé aux autorités compétentes une somme de «quarante libres (livres) de Tournoix petit» pour obtenir qu'il conservât cette destination commune. Celle-ci ne l'était vraiment que trop, à preuve cette singulière clause que nous reproduisons en vieux français intentionnellement: «De costet vers Mouse, si avant que li gravier sextenderat, nus (nul) ni porat par couvent fait curreir (mettre au vert), ne aultre chose faire que ce ne soit le comon aisemences de faire le necessiteit de corps humaine».
Quant à la partie du pré où tout le monde pouvait mettre au vert, l'indélicat qui aurait enlevé là une pièce de toile ou autre chose étalées pour sécher ou blanchir, encourait une amende de trois sous de Tournois petits.
Le pré de Gravioule fut soumis très longtemps à ce régime et à ce mode d'utilisation, bien que le prince et la Cité aient fait parfois servir l'endroit à d'autres usages.
Ainsi Gravioule est-il cité dans la Paix de Saint-Jacques de l'an 1487, comme un des lieux où l'on doit déposer les immondices. En 1594 encore, défense était faite aux habitants d'Outre Meuse de «jeter ni tapper cendres dans les rues et rieux»; il fallait les porter «sur les remparts et sur la place de Gravioule».
Durant une courte période de l'année pourtant, une destination plus relevée fut, dès le milieu du XIVe siècle, réservée à cette place. En 1350, en effet, le prince Englebert de La Marck, ayant établi une foire générale annuelle au lieu des deux qui existaient antérieurement, lui fixa Gravioule pour emplacement. Cette foire commençait au jour de l'octave de la fête de Saint-Lambert.
L'aspect du lieu avait subi de profonds changements à la fin du siècle précédent, lorsque Jean Curtius vint établir deux moulins sur le cours d'eau dont il avait obtenu l'octroi du prince Ernest de Bavière le 4 mars 1589, cours d'eau qui coulait à l'emplacement de la rue Curtius et qui fut comblé en 1872.
Les tanneurs cherchaient plus que jamais à tirer parti de leurs biens de Gravioule. Ils mirent même en rengage le 11 septembre 1592, les deux tiers de leur propre jardin, en faveur d'un charpentier, Jean Aymond. En 1658, une autre partie de leur jardin fut livrée aux enchères publiques devant les échevins de Liège.
Répondant à une ordonnance du prince, le métier lui fournit le 4 avril 1664, une série de titres prouvant suffisamment «la réelle et immémoriale possession de la place de Gravioule par les tanneurs». Cela n'empêcha pas la Cité, en 1704, de soulever, derechef, la question de propriété de ces terrains. La corporation des tanneurs ne manqua pas l'occasion d'établir, d'une manière irréfutable, à l'aide de documents nombreux et surtout de la charte de 1333, ses droits sur ce bien foncier. La production de ce dernier titre parut convaincante. Les terres de Gravioule restèrent acquises aux tanneurs, qui n'eurent plus, à ce point de vue, aucun embarras, jusqu'au jour où la Révolution de la fin du XVIIIe siècle vint supprimer les corporations et s'emparer définitivement de leur avoir.
CL 0160 - 13.01.04
A propos de la schubinette, avez-vous quelque chose à voir avec un Monsieur Roger Willot ? A toutes fins, je vous transfère l'échange de correspondance que nous avons commencé à entretenir. Je n'ai pas encore pu lui donner des précisions à propos de cet ustensile, car ce n'est que ce soir que je retrouve d'autres membres du CLHAM auprès de qui je vais essayer d'en savoir plus. En effet, d'une part je suis trop jeune (56 ans) pour avoir connu cet engin et d'autre part, un groupe d'assidus ayant de plus vastes connaissances se réunissent tous les mardis à partir de 19 heures dans nos locaux. Ce sera donc seulement aujourd'hui la première occasion de leur poser des questions à ce sujet.
Vos précisions à ce sujet nous permettent déjà de mieux cerner le sujet. Connaîtriez-vous l'origine du mot orthographié tel que vous l'écrivez ?
Si j'ai la chance d'en apprendre plus, je vous transmettrai le résultat ainsi qu'à Mr Willot.
En ce qui concerne le début de votre message, je me suis toujours attendu à recevoir de telles remarques, mais elles ont été plus rares que je ne pensais et ont atteint, je pense, le but poursuivi. A savoir de ne plus recevoir que rarement des messages sans nom de correspondant et ne comportant qu'une question simpliste, voire farfelue. Personnellement, je ne trouve rien de plus désagréable que de ne pas savoir qui nous écrit et d'être traité comme la machine dont nous servons (PC). Si vous en avez le temps, je vous invite à visiter les pages réservées au courrier des lecteurs et vous aurez l'occasion d'apprécier la façon dont nous "traitons" nos correspondants sérieux et corrects. A remarquer que cette rubrique ne comporte que les courriels qui peuvent apporter des renseignements à nos visiteurs. Il y en a bien d'autres, mais ces derniers sont sans intérêt pour la communauté (Exemple : demande à propos d'un parent tué pendant une des 2 guerres mondiales, recherche concernant des personnes ayant servi dans une unité encore existante, ...)
Sachez enfin que je ne suis ni fâché, ni offusqué et certainement prêt à vous contacter par téléphone si vous avez envie de discuter de ce sujet. Vous pouvez aussi m'appeler un soir entre 18 et 20 heures si vous le désirez (pas les mardis soir). Mon n° : ………. Je reste à votre disposition.
Un dernier point : la gestion de notre site est loin d'être ma seule activité et je déplore moi-même de ne pas pouvoir y faire des mises à jour plus fréquentes.
Cela étant, meilleurs voeux pour 2004 et au plaisir de vous lire.
Bonjour Mr le Web-Mestre (R. Britte)
J'accuse réception de ce message et du précédent. (NdlR : la réponse et copie du message de Mr Willot)
Je vous en remercie, tant pour leur contenu que pour la célérité avec laquelle ils me sont parvenus.
Je suis heureux de ce que vous ne m'ayez pas tenu rigueur d'avoir pris un ton que j'ai cru en accord avec celui que votre texte standard me semblait vouloir être.
D'autant plus que ma réaction était sur la forme -qui me faisait l'effet de provenir d'un instituteur s'adressant à un gamin pris en faute, non sur le contenu avec lequel je suis d'accord.
Je pense que vos éclaircissements et les miens sont le meilleur gage de ce que nos éventuels échanges ultérieurs seront aussi profitables qu'agréables - puisqu'ils nous auront permis de clarifier nos conceptions réciproques de la politesse et du respect de l'autre.
A bientôt et merci.
14.01.04
Mon père, alors sous lieutenant de cavalerie, était prisonnier dans l'Oflag à Prenzlau - ou il a certainement dû connaître le vôtre :
Ils étaient beaucoup, mais tellement les uns sur les autres !
A son retour il nous a construit la machine infernale et nous nous en sommes servi mais pas souvent.
Serait-il possible d'avoir votre impression sur les plans sommaires en annexe, avant que je les envoie aux USA où j'espère trouver plus de renseignements (c'est là que j'ai vu le dernier exemplaire de schubinette dans les années soixante au musée de l'air force, pieusement conservé dans la pièce consacrée aux US airmen POWs)
Un grand merci d'avance.
Par ailleurs jusqu'à sa mort en 1992, mon père est resté en contact avec pas mal des amis qu'il s'était fait là bas, et pendant les annuelles réunions en Belgique de cette chambrée de Prenzlau et Fischbeck, j'ai entendu raconter anecdotes que je vous narrerais volontiers en échange de celles que vous connaissez.
Par exemple
celle du pincus germanicus ?
celle des jambons en bois ?
celle des apostrophes aux feldwebels en Wallon ?
celle des trous dans la boite de lait pendant une alerte aérienne ?
celle du 21 juillet 194?
celle de la messe pour les morts du premier guide ?
Photo
Merci pour ces renseignements et les dessins.
Mardi passé, j'ai demandé à tous les habitués présents des renseignements à ce sujet. Malheureusement, personne n'est capable de répondre.
Mardi prochain, je montrerai ces notes et dessins car cela suscite de l'intérêt. Nous pourrions aussi envisager de passer ces questions à nos membres via notre bulletin, mais cela prendra du temps : prochaine parution en mars, puis attente d'éventuelles réponses.
Je connais un ancien prisonnier de guerre, mais je ne le verrai que dans le courant du mois d'avril.
Concernant l'orthographe, il semble que celle que vous employez est la transcription anglaise de la Choubinette dont parle Mr Willot (déduction toute personnelle). A ce propos, vous a-t-il répondu ?
Quant aux anecdotes que vous proposez d'échanger avec Mr Willot, ne pensez-vous pas qu'elles pourraient être publiées dans notre bulletin ?
Je ne manquerai pas de vous communiquer tout ce qui me parviendrait à ce sujet.
Début octobre 2004, nous recevions de Monsieur Gabriel BERNARD la collection (presque) complète des bulletins de l'Amicale des anciens prisonniers de guerre du Stalag XIII B.
Un premier "coup d'œil" nous a permis de trouver le texte et le dessin ci-dessous.
Je pense que nous savons maintenant l'essentiel sur cette "machine infernale" comme l'appelait notre premier intervenant.
«CHOUBINETTE»
Pour répondre à la demande du CENTRE DE RECHERCHES ET D'ETUDES HISTORIQUES DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE, voici quelques précisions sur l'origine de ce mot.
Ce poêle aurait été inventé par un officier polonais, ingénieur, qui l'aurait baptisé du nom du camp polonais de SZUBIN où Il était incarcéré. Cet officier fut muté au camp de PRENZLAU... et ce petit poêle à papier fut dénommé par les Belges "CHOUBINETTE".
Nous prions le lecteur de se reporter au croquis pour comprendre le processus de combustion de ce fameux poêle.
Description:
Le poêle est constitué de tôles de récupération de boîtes de conserve et comprend:
- un socle (1) muni d'un registre (2) réglant l'entrée d'air frais
- un manteau extérieur (3)
- une chambre de combustion (5) munie d'un clapet réglable (6)
- une chambre de cuisson (7) munie d'un conduit de cheminée (8) et d'une trémie de chargement (4).
Fonctionnement:
- on prépare d'abord des boulettes de papier de journaux de propagande
- on échauffe la chambre de combustion (5) en brûlant quelques bouts de papier
- l'air frais admis par le registre (2) suit deux directions:
a) par le débit vers le foyer de combustion
b) par le débit compris entre le manteau et le foyer de combustion
- par la trémie (4) on charge la chambre de combustion de boulettes; il faut régler l'arrivée d'air par le clapet-foyer presque fermé, de manière à produire une combustion incomplète avec dégagement de gaz.
- simultanément l'air frais s'est introduit entre le manteau extérieur (3) et la chambre de combustion (5) et trouve sa sortie par la série de petits trous pratiqués à la périphérie de la chambre de combustion (partie supérieure)
- le mélange air frais et gaz dégadé par la combustion des boulettes de papier produit des flammes bleues dans la chambre de cuisson (7)
- les gaz brûlés s'évacuent par des conduits de cheminée et servent aussi de tuyaux de chauffage.
Nous remercions l'officier de réserve belge GOSSENS Léon, ancien de PRENZLAU, de nous avoir si bien documenté.
(Extrait de "CEUX DU I A)
La Choubinette
Nos remerciements aux lecteurs qui nous aidé à percer ce mystère..
CL 0159
En ce qui concerne votre demande, je vais en parler mardi prochain à nos assidus des réunions hebdomadaires.
Je ne manquerai pas de vous transmettre tout document qui pourrait vous intéresser que j'aurais pu obtenir.
Help ! Jusqu'à maintenant, pas encore d'éléments de réponse !
CL 0158
L'ouvrage auquel vous faites allusion est très certainement le livre de Roger CASTEELS et Gust VANDEGOOR: 1940 in de regio Haacht. De Belgische eenheiden op de KW-stelling. Paru aux editions Hagok à Herent en 2002. Je ne dispose plus de l'adresse des auteurs, mais vous pouvez sans problème contacter un de leurs amis de la Simonstevinstichting. Il s'agit de Monsieur Julien CANNAERTS. 30, Hallaartstraat, 2222 ITEGEM (E-mail: julien.cannaerts@belgacom.net). Il vous donnera les renseignements ou vous mettra directement en contact avec les auteurs.
Merci de l'intérêt que vous portez à notre bulletin et joyeuses fêtes de fin d'année.
Eric Simon.
CL 0157
Nous sommes toujours ravis d'accueillir un nouveau membre.
Concernant la cotisation, vous avez deux choix :
- soit vous versez 16 Euro sur le compte que vous connaissez avec la communication "Cotisation 2004" et vous recevrez le premier bulletin en mars 2004;
- soit vous versez 32 Euro avec la communication "Cotisations 2003 et 2004". A ce moment, je vous envoie les 4 bulletins de 2003 et vous serez sur la liste des destinataires à partir du bulletin de mars 2004.
Pour ce qui est d'autres bulletins qui vous intéresseraient, il vous suffit de m'envoyer un mail avec la liste que vous désirez acquérir, je vous fait le calcul du prix et des frais de port, et quand la somme est versée sur notre compte, cela vous est envoyé.
Pour votre information : les bulletins édités sur notre site n'existent plus en format papier. Pour connaître le contenu des bulletins encore disponibles, vous trouverez leur sommaire dans les pages "Tome" de notre site
Cher nouveau membre,
Merci de votre affiliation.
Si l'extrait de compte reprenant votre versement est là mardi prochain, je mettrai les 4 bulletins 2003 à la poste jeudi prochain, sinon, ce sera reporté d'une semaine.
CL 0156
Je ne connais personne au CLHAM assez branché sur cette question. Par contre, vous pourriez contacter le
CRIBA.
Je suis membre du CRIBA (passif) mais je sais que quelques personnes sont très calées.
CL 0155
Nous ne possédons pas de copie de l'original. Pour cela, il vous faudrait consulter les archives allemandes à Koblenz. C'est loin, et cela coûte cher.
Une autre solution serait de vous mettre en contact avec Monsieur Schalich. Voici son adresse : Günther SCHALICH - Neustrasse, 57a - D52066 AACHEN.
Vous répondra-t-il ? Je n'en sais rien car je ne le connais pas personnellement et il a rompu tout contact avec le CLHAM. Vous pouvez aussi, via Internet et les pages blanches de Aachen, essayer de trouver son n° de Tf.
J'en profite pour faire une remarque qui sera lue, je l'espère, par toute personne confrontée à de telles situations.
Je suis un des "petits nouveaux" (depuis 1999) du CLHAM et j'ai été amené a constater que certaines personnes, par leur intransigeance, leur égoïsme, leur vantardise, leur impossibilité de reconnaître leurs torts ou leur connaissance limitée, etc. arrivent, par leur attitude à faire partir de l'association des membres actifs et prêts à partager leur savoir. J'ai lutté contre ces tristes personnages et réussi à les évincer.
Malheureusement, le mal est fait et il est presqu'impossible de "récuperer" ces "éléments positifs"
… Et un "coup de gueule" de plus ! …
R. B.
CL 0154
Je vous conseillerais de vous adresser au Musée Herstalien - Place Licourt, 25 à 4040 Herstal - Tél : 04/240.65.15.
CL 0153
Je vous livre, ci-après, quelques éléments de réponse à votre demande via le site du C.L.H.A.M.
Ces renseignements proviennent du livre de M. Viatour " Seul entre Meuse et Ourthe " Le fort de Boncelles Août 1914 - Mai 1940 Editions Everling.
1914 : bilan des pertes de la garnison du fort = 8 tués
Circonstances - Degée Joseph tué par une balle belge - Cornet Félix + Blétard + Mahy et Daens tués sur le parapet d'infanterie lors assaut du 6 août - Laurent Julien, observateur PO Cockerill, tué lors de sa tentative pour rejoindre le fort - Isebard décapité par un tir de l'obusier de 21 cm alors qu'il observait, via le casque de la coupole de 15 cm - Henquin tué à la coupole de 5,7 cm du saillant III.
1940 : bilan des pertes de la garnison du fort = 6 tués au fort et 2 tués à l'extérieur
Circonstances - 15 mai, Hubert Louis et André Closon à la coupole pour un obusier de 75 mm n° IV - 15 mai, Jean Félix à la coupole n° III - 16 mai, capitaine-commandant Charlier et René Hurlet tués par explosion d'une charge placée devant l'entrée du fort - 16 mai, Joassin Georges abattu par un allemand lors de la reddition dans le fossé de gorge.
Le 12 mai, Edgard Niverlet et Albert Robert tués lors d'un accrochage avec une avant-garde allemande à Vaux-et-Borset.
Espérant avoir répondu à votre demande, veuillez agréer, Monsieur Villez, mes salutations les meilleurs
Emile Coenen
Espérant aussi que vous nous excuserez pour le temps pris à vous répondre.
CL 0152
Nous éditons pour nos membres un bulletin trimestriel. Dans le Tome VIII - Fascicule 6, on peut trouver un article de 30 pages sur cette bataille. Il contient plusieurs photos (N/B), 4 cartes, 2 organigrammes et bien sûr un texte avec de nombreuses notes et références bibliographiques.
Si ce bulletin vous intéresse, vous pouvez l'obtenir en versant 7 Euro sur notre compte, avec la communication : "T VIII - F 6". Nos envois ont lieu le jeudi suivant la réception de l'extrait de compte correspondant à la commande.
Bizarrement, pas de suite !
CL 0151
Après m'être renseigné auprès d'autres membres, je ne peux vous aider sinon en vous conseillant de continuer des recherches sur Internet et/ou en vous adressant à l'Office du tourisme de la ville et au Conseil communal d'Ypres.
Désolé de ne pas pouvoir faire plus.
CL 0150
La réponse demandée est : le 26. novembre 1943, les usines Junkers ouvraient un Centre d'Apprentissage Professionnel (CAP) à Morlanwelz, et ce sous le patronnage de la JL (Jeunesse Légionnaire) sous la direction d'Edmond Nasy. Il y avait un relais en Allemagne, à Halberstad, où il y avait un atelier wallon.
Pouvez-vous transmettre ce renseignement à l'auteur de la question ?
En vous remerciant déjà de ce que vous voudrez bien faire,
Bien à vous,
Eddy De Bruyne
A Monsieur Van Zeir
Tout arrive à qui sait attendre ...
Le 21.01.2002, vous nous avez envoyé le texte suivant :
Dans le cadre de mes recherches quant aux activités de l'industrie aéronautique allemande en Belgique pendant la période 1933-1945, la firme JUNKERS FLUGZEUG- und MOTORENBAU A.G. avait organisé un centre de réorientation pour ouvriers dans les ateliers de FN Herstal.
D'après une certaine source, ce centre a quitté Herstal pour se réinstaller à CHARLEROI.
Il me saurait gré d'apprendre quant à l'exactitude de ce déplacement.
J'avais placé cette question dans notre courrier des lecteurs de notre site. Monsieur Eddy DE BRUYNE me transmet cette réponse :
Le 26 novembre 1943 les usines Junkers ouvraient un Centre d'Apprentissage Professionnel (CAP) à Morlanwelz, et ce sous le patronage de la JL (Jeunesse Légionnaire) sous la direction d'Edmond Nasy. Il y avait un relais en Allemagne, à Halberstad, où il y avait un atelier wallon.
Si vous avez des documents qui sur l'histoire militaire qui pourraient faire l'objet d'un article dans notre bulletin trimestriel, nous serions heureux de les recevoir. D'avance, merci.
CL 0149
Nous ne sommes pas en mesure de vous aider si ce n'est en vous donnant les coordonnées d'un de nos membres qui a fait beaucoup de recherches à ce sujet. Il s'agit de Monsieur Armand Collin, Rue des Martyrs, 5 à 4162 HODY. Je n'ai pas son n° de Tf (liste rouge).
CL 0148
Concernant le récit repris dans notre bulletin, il s'agit de la suite des textes parus dans les bulletins, Tome IV - Fascicules 7 et 8 où Monsieur Pirenne, maréchal des logis au fort d'Eben-Emael, chef de poste au pont de Canne le 10 mai 1940, raconte comment il exécuta l'ordre de faire sauter le pont, fut blessé et fait prisonnier par les troupes d'assaut allemandes, puis pris le chemin de la captivité. Son récit s'arrêtait le 27 mai 1940.
Le texte du fascicule 10 reprend, à la date du 25 juin, la transcription de notes écrites finement au crayon dans un petit carnet qui n'avait plus été relu depuis 1940 (10 pages dactylographiées).
Monsieur Pirenne est décédé.
Les trois fascicules sont en vente au prix de 3 Euro/pièce + 3 Euro de frais de port forfaitaires à verser anticipativement sur notre compte, avec la mention "T IV - Fasc 7, 8, 10".
Voici les seuls autres renseignements en notre possession à propos de ce camp de prisonniers :
CL 0147
Personnellement, je m'intéresse fortement à l'armée US en 1940-1945 depuis plusieurs années. Cependant, je ne me souviens pas avoir jamais vu de photos comme celle(s) qui vous intéresse(nt).
Par contre, un défilé d'une unité de la "3rd Inf Div" lieu à la fin du film "Je reviens de l'enfer avec Audie Murphy" (biographie jeunesse et guerre de l'acteur. Pourriez-vous en copier des extraits ?
Je vais transmettre votre demande à mes collègues, membres assidus des réunions hebdomadaires du CLHAM. Si, d'aventure, une (des) photos souhaitée m'était transmise, je vous la ferai parvenir.
Cela dit, puisque vous habitez à Liège, je vous invite à nous rendre visite un mardi soir (à partir de 1930 heures), à apprendre à nous connaître et à voir ce que nous pouvons vous offrir dans le cadre de vos activités.
Merci de me faire connaître votre avis concernant ma réponse, la suite que vous lui donnerez, au moins un accusé de réception.
Cordialement,
Pas de suite ! Merci !
CL 0146
Pont brûlé ou Verbrande Bruch, sur le canal de Willebroek - Faisait partie de la TPG (Tête de Pont de Gand) Pour de plus amples renseignements, contactez notre membre, François POLSPOEL - 02/305.47.28
CL 0142
Je ne sais pas répondre directement à votre question, mais vous pourriez vous adresser à l'une ou plusieurs des associations patriotiques reprises dans la
page Internet
CL 0141
Tout d'abord, merci pour vos félicitations.
En ce qui concerne "Retrouvailles", nos expériences précédentes ont démontré que le coût en espèces et en personnel étaient trop important pour le résultat obtenu. Désolé. Nous nous rattrapons par une participation aux journées du Patrimoine et d'autres activités (Ex.: en 2002, nous organisions un rallye libre sur le thème "Août 1914", en 2003, présence de près de 2 mois à l'exposition de la FRC, en 2004, participation au 90e anniversaire de la Bataille de Liège et organisation d'un forum international de la Fortification).
Pour ce qui est de votre grand'père, vous devriez trouver d'importants renseignements dans la salle des archives de 1914 au Musée Royal de l'Armée et/ou en vous adressant à l'OCM (Office Central de la Matricule - Evere) si vous connaissez ce numéro.
De plus, puisque vous n'habitez pas loin, pourquoi ne viendriez-vous pas nous rendre visite un mardi soir, après 1930 heures, SANS obligations de quelque sorte. Vous y apprendriez sans doute quelques "trucs" pour faciliter vos recherches, peut-être même obtiendriez-vous l'une ou l'autre réponse à vos questions.
Cordialement,
25.10.03
Bonjour Monsieur Britte,
Merci beaucoup pour votre prompte réponse. Pour mes recherches, je pense que je vais me diriger vers le Musée Royal de l’Armée. Je vous tiendrai au courant si je trouve quelque chose. Mon Grand père était malheureusement très discret sur cette période et c’est dommage, même si c’est compréhensible.
J’essayerai de passer un mardi en soirée pour vous rencontrer. Quoi qu’il en soit, je désire être membre de votre ASBL et vais effectuer le virement. Je pense qu’il est important de sauvegarder ce patrimoine historique car les jeunes ont besoin de racines et si, en plus, elles sont glorieuses, ce ne peut qu’être bénéfique. Je vais souvent me promener ou visiter avec mes enfants les forts de Liège et je suis étonné de l’intérêt qu’ils y portent.
Bonne journée
CL 0140
Voici deux ouvrages que vous pourriez consulter :
1940-1945 - La basse Meuse dans la guerre - Publication de la Société d'Archéo-historique de Visé et du Musée régional d'Archéologie et d'Histoire - Mai 1990
Vigilo (Histoire du 2 CyFr) - Editeur responsable : Edmond Jack - 12, Quai du Ciwaize à 4170 Comblain-au-Pont ou contacter l'Amicale Nationale des Cyclistes Frontière, Mr le Lt-Col (R) J. Remy - Président national - Siège social : Rue Henrion, 24 à 4000 Liège.
Si cela ne devait pas suffire, vous pouvez contacter (le soir) Mr Coenen - 0497/742106.
Il pourra vous en dire plus en ce qui concerne implantation, plans, technique, ..., sauf historique pour ce qui a trait aux têtes de pont de Visé, Argenteau et abris sur Meuse près de Visé (pour les autres dans la région, voir livre sur abris PFL 1).
Espérant que ces renseignements compenseront le retard de réponse, nous restons à votre disposition.
CL 0139
Le bulletin dont question est toujours disponible à la vente et vous pouvez donc mettre votre proposition à exécution.
Savez-vous que Mr Pirenne faisait partie de la garnison du fort d'Eben-Emael (il est décédé) et que tous les prisonniers de cette garnison est restée six mois au secret dans ce camp. Même les officiers d'Eben-Emael y étaient enfermés alors qu'ils auraient dû être détenus dans un Oflag. En effet, les Allemands voulaient absolument garder secrets les nouveaux moyens employés pour la neutralisation de cette fortification : planeurs de transport DFS 230 tirés par des Ju-52, charges creuses, ravitaillements parachutés.
Voici encore quelques renseignements que je possède sur ce camp :
Stalag XI B implanté à Fallingbostel (près de Soltau, un peu au Nord de Hanovre (*)
Nombre de prisonniers : en Jul 41 = 4.479; en Jul 42 = 5.232; en Dec 42 = 3.914; en Sep 43 = 3.725; en Avr 44 = 3.800.
(*) Un peu au Nord de Hanovre (Autoroute Hanovre-Hambourg), on trouve un énorme camp militaire (équivalent de Mourmelon). Le Stalag se trouvait sur le côté Ouest de ce camp, à proximité du village de Fallingbostel. Il n'en reste plus de traces. Au Sud-Est de ce camp, existent encore des vestiges, un Mémorial et un petit Musée du camp d'extermination de BERGEN-BELSEN.
Merci de me faire connaître votre avis concernant ma réponse, la suite que vous lui donnerez, au moins un accusé de réception.
Pas de suite ! Merci !
CL 0138
Cette information est retirée du "Bulletin du Tank Museum ayant pour sujet la motorisation du Corps de Cavalerie".
CL 0137
Ne sachant pas depuis quand vous êtes membre, je ne sais pas si vous aviez reçu les 2 bulletins "Liège libre". Ces bulletins contiennent de telles photos.
De plus, puisque vous n'habitez pas loin, je vous propose de passer un mardi soir au CLHAM et d'y consulter nos archives, voir si des photos vous intéressent et trouver un moyen de les reproduire.
Pas de suite ! Merci !
CL 0136
J'ai appris récemment qu'il existe une salle d'archives consacrée à la première guerre mondiale au Musée Royal de l'Armée et qu'il est possible d'y trouver les dossiers de la plupart des membres des effectifs des unités belges participantes. Il s'agirait de faire d'abord une recherche par l'unité concernée.
En plus de cette recherche, vous pourriez essayer de savoir s'il existe encore une fraternelle de cette unité et prendre contact. Pour ce faire, remontez le fil à partir d'une association d'anciens combattants, prisonniers de guerre ou politiques, ...
Je ne sais malheureusement pas vous aider plus.
CL 0135
Il n'y a plus de caserne Fonck. Les bâtiments ont été revendus depuis plus de 3 ans et c'est devenu l'Institut Saint-Luc.
CL 0134
En ce qui concerne les renseignements sur les "Comhaire", je me renseignerai auprès des habitués des réunions hebdomadaires. Si personne ne peut y répondre directement, peut-être trouvera-t-on des pistes de recherche.
Pour ce qui est des membres de BXL et environs, il y en a 42 (voir liste ci-dessous). Si d'autres régions vous intéressent, veuillez me le faire savoir.
Auriez-vous l'intention de faire renaître une cellule bruxelloise ? Si oui, félicitations, mais aussi bon courage car d'après ce que j'ai entendu (je n'ai pas connu cette époque), ce genre de décentralisation a déjà existé mais n'a pas tenu.
Pas de suite ! Merci !
Mr Patrick Praats nous écrit:
Je voudrais bien formuler une réponse pour la question sous n° CL 0134. recherchant une personne nommé Comhaire.
Tableau
Salutations sincères
Merci à Mr Praats et espérons qu'il donnera l'exemple à d'autres érudits un peu ... timides.
CL 0133
Madame Rengear (si c'est bien votre nom !),
Notre association est belge et n'a donc pas beaucoup de possibilités de recherches en France.
Je vais, malgré tout, essayer de vous aider à vous diriger dans vos recherches.
Dans un premier temps, envoyez votre demande écrite au Commandant de l'Ecole de Cavalerie à Saumur. Envoyez également la même demande au Commandant du 1er Régiment de Spahis à Valence. Ensuite, tentez votre chance à Vincennes (là se trouvent les archives de l'Armée française, mais je ne connais pas la dénomination de ce service).
Allez aussi visiter le site du
1 Spahis, puis essayer de prendre des contacts à partir de ce site, de celui de l'Amicale du
2e Spahis.
e-mail
J'espère que ces petits "tuyaux" vous permettront d'avancer dans vos recherches. Je suis persuadé que vous recevrez des réponses des 2 premiers organismes.
Il me serait agréable de savoir dans quelle mesure vous aurez eu du succès à ce sujet.
Autre message effacé !
Madame Rengear,
Je suis désolé, mais, comme signalé dans ma réponse précédente, nous sommes dans l'impossibilité de vous aider de Belgique.
Je ne peux que vous conseiller d'écrire aux autorités que je vous ai signalées (le Chef de Corps du 1er Régiment de Spahis, le Directeur du Service des Archives de l'Armée, le Maire où est né Jacques Louis Caron, ...). Expliquez votre désarroi, insistez ...
21.10.03
Monsieur j'ai suivis votre conseil. J'ai eu les réponses mais ce sont des réponses négatives, je ne comprends pas que personne ne puisse trouver cette information car Caron Jacques Louis est bien né et il est bien décédé quelque part ! C'est incompréhensible. Si vous pouvez m'aider même en payant cela me serais d'un grand réconfort.
Merci beaucoup, sincères sentiments.
Rengear
Madame Rengear,
Ce n'est pas une question d'argent. J'aimerais bien pouvoir vous aider, mais que puis-je faire de Liège (Belgique) et sans connaître les services français qui pourraient répondre à votre attente.
A votre place, que ferais-je ?
- S'il existe une caserne proche de chez vous, j'irais m'adresser à l'officier des relations publiques.
- Sinon, j'irais demander à la mairie si quelqu'un peut me donner des pistes de recherche.
- Je ferais la même démarche auprès d'un ou plusieurs musées à caractère militaire.
- Je ferais une recherche Internet sur des sites FRANCAIS "Première guerre mondiale" et je poserais mes questions aux adresses de ces sites.
Vos deux plus gros problèmes sont de trouver un fil à tirer sans qu'il ne se rompe et, surtout, de trouver quelqu'un qui prendra le temps de vous aider, ce qui n'est pas évident de nos jours.
Veuillez, s'il vous plait me communiquer ce que vous pensez de ce qui précède et, si vous avez des résultats positifs, me les faire connaître. Merci d'avance.
En ce qui concerne vos messages, je vous conseille instamment de les écrire comme des lettres, comme mes réponses.
Plus de suites, c'est dommage. Si quelqu'un pouvait aider cette dame, je lui communiquerais son adresse électronique.
CL 0131
Les membres du CLHAM contactés n'ont pas été en mesure de donner une réponse. Un de nos visiteurs serait-il plus documenté ?
Je lui envoie donc une demande à ce sujet.
Monsieur Lejaille,
Par le présent message, je vous transmets 2 messages qui nous ont été adressés fin septembre dernier.
A l'heure actuelle, aucune personne de notre Cercle contactée n'a été en mesure de donner une réponse à ce courrier.
Extérieurement ce masque ressemble au modèle belge traditionnel, mais la boîte filtrante est beaucoup plus haute que sur nos modèles. D'autre part, l'inscription "zakonem chranëno" n'est pas tchèque (cela a été vérifié). Il faudrait peut-être orienter les recherches vers la Pologne ou la Finlande.
Seriez-vous à même de donner de plus amples renseignements à ce sujet ?
Si c'est le cas, vous pourriez les transmettre directement au demandeur et nous inscrire pour copie.
A première vue, votre site deviendra de plus en plus intéressant, mais il a déjà le grand mérite d'exister et de présenter un sujet moins connu.
Nous sommes toujours heureux de voir des chercheurs qui partagent leur savoir - c'est un de nos buts - car, encore trop de ceux-ci ont toujours la vieille mentalité de tout garder par devers eux.
Je me propose d'ailleurs d'intégrer un lien vers votre site dans le nôtre et je serais content que vous fassiez de même. Si vous visitez notre site, vous vous rendrez compte que nous sortons largement du cadre de la 1ère guerre mondiale, mais je vous invite à lire les buts de notre Association à la page http://www.clham.org/000002.htm#00.
Nos félicitations et nos encouragements.
Et sa réponse … Pas de chance !
Bonjour,
Je ne suis malheureusement pas en mesure de répondre à vos questions concernant ce masque...
Merci pour vos encouragements; je fais figurer, dès la prochaine mise à jour, un lien dans mon site vers le vôtre.
Bien cordialement
Arnaud Lejaille
Monsieur Benjamin Piante pense qu'il s'agit d'un masque tchécoslovaque de marque Fatra (le type est plus difficile à déterminer, il faudrait le voir de profil).
Il se réfère à deux sites très riches d'informations:
Nous le remercions pour ces renseignements
CL 0130
J'ai transformé la page "de SUYS" de notre site en un fichier Word que vous trouverez en fichier joint.
C'est TOUT ce que nous possédons sur ce personnage.
Pour réduire la taille du fichier, je n'y ai pas laissé les illustrations. Si vous aviez des difficultés de les enregistrer sur votre DD, faites-le moi savoir et je vous les enverrai par mail.
CL 0129
Monsieur Delfly,
Ayant déjà fait quelques recherches sur les camps, je me suis souvenu avoir lu quelque chose à propos du Stalag II B : voir
http://www.ac-amiens.fr
Cela m'appris qu'il existe une Amicale des Anciens du Stalag II B, mais je n'ai rien trouvé aucun lien sur le Web me permettant de poursuivre.
Puisque vous êtes directement intéressé, je vous conseillerais de contacter l'école des 20.000 pierres ... et leur demander le moyen de contacter cette amicale ou un de ses membres (écrire à
20000.papoteux@laposte.net).
Malgré toute ma bonne volonté à essayer de satisfaire nos correspondants, je ne vois pas ce que je pourrais faire de plus.
Si d'aventure, vous obtenez des résultats, il me serait agréable de les connaître.
Bonjour
Je viens de recevoir votre mail et cela me fait très plaisir, voilà enfin des pistes supplémentaires ... quand je vais apprendre cela à mon père, il va être fou de joie ...
Pas de problème; si j'ai des nouvelles à ce sujet je vous averti par mail
Pas de suite ! Merci !
CL 0128
Veuillez envoyer votre demande à notre membre Mr Albert LEKEU, ancien milicien aux Ch A, et qui continue à s'y intéresser. Peut-être pourra-t-il vous aider dans vos recherches. Son adresse :
alblekeu@yahoo.fr
CL 0127
Merci pour votre renseignement qui a été transmis à nos membres assidus de la réunion hebdomadaire du mardi.
Si non, je ne peux que vous conseiller d'y faire un tour...
CL 0126
En ce qui concerne vos recherches, je ne peux que vous conseiller de les orienter vers des services d'archives militaires, vers les services d'archives de l'Essonne, ou de l'une ou l'autre municipalité.
Je ne vois pas comment je pourrais mieux vous aider et j'en suis désolé.
CL 0125
En ce qui concerne des renseignements sur la caserne de Peutie, le mieux est de prendre contact avec l'ISC (Information Sociale et Culturelle) de cette caserne en envoyant un courrier postal adressé au "Commandant de la caserne de Peutie".
Désolé de ne pas pouvoir vous aider plus.
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Franck VERNIER, Les abris de la Position Fortifiée de Liège en mai 1940 (3/4)
Chapitre 5 - La Position Fortifiée de Liège 4
En 1927, la Commission d'Etude du Système des fortifications décide l'organisation de la région fortifiée de Liège dont "la position défensive permanente de la Meuse" fait partie. Cette position défensive permanente de la Meuse est située sur la rive gauche de ce fleuve et constituera la Position Fortifiée de Liège 4.
La Position Fortifiée de Liège 4 devait se composer de la manière suivante :
- de Liège jusqu'à hauteur de Jupille, des abris sur la rive gauche de la Meuse construits dans les culées des ponts;
- de Jupille jusqu'à l'enclave de Maastricht, plusieurs lignes d'abris construits sur la rive gauche en défendant principalement les trouées de Visé et de Lixhe;
- l'enclave de Maastricht : tous les axes routiers seront tenus sous le feu d'abris.
Profitant de la construction des ponts dans le centre ville, trois abris avec plusieurs embrasures seront construits dans les culées des ponts de Liège. Il s'agit des abris du pont des Arches, du pont Saint-Léonard et du pont de Coronmeuse. Ceux-ci seront terminés dès avant 1932. Ils comporteront plusieurs chambres de tir avec embrasures pour mitrailleuses ou pour FM.
Le réarmement des six forts Brialmont de la rive droite étant commencé, la Défense Nationale décide d'y adjoindre deux autres forts. Ce seront les forts de Flémalle et de Pontisse situés sur la rive gauche de la Meuse qui seront réarmés. Ces deux forts feront partie de la PFL 4.
Entre-temps, la construction du canal Albert entre Liège et Anvers va modifier les plans de défense de la PFL.
Afin d'éviter que les ponts de la Meuse ne tombent aux mains de l'ennemi, la Défense Nationale, sur avis de militaires français, décide la construction d'abris contre irruption en face de chaque pont, ceci de Dinant jusqu'à Wandre. En ce qui concerne les ponts du centre de la ville de Liège, on ne construira pas d'abris contre irruption car ces ponts étaient déjà défendus par la PFL 3. Nous exclurons de manière arbitraire de la PFL 4, tous ces abris contre irruption de défense des ponts construits dans la PFL 4 entre Flémalle et Visé.
Avant de décrire la PFL 4 le 10 mai 1940, remarquons qu'à cette date, la ligne n'était pas terminée. On attendait en effet la rectification des berges de la Meuse pour construire certains abris. Or. vu l'état actuel de nos archives, il est parfois difficile de savoir avec certitude si un abri prévu fin 1939 a été effectivement construit ou non. Les recherches sur le terrain nous éclairent parfois mais, cinquante ans après, pour diverses raisons, une dizaine d'abris ont été détruits.
Notre deuxième remarque se situe au niveau de la définition même de la PFL 4 : les documents officiels sont très imprécis à ce sujet. Elle nous semble se terminer à Lixhe et nous en excluons le fort d'Eben-Emael, celui-ci se trouvant dans la zone de combat du 1er Corps d'armée et ne faisant donc pas partie de la PFL, bien que sa garnison dépendait du Régiment de Forteresse de Liège ou RFL. Nous en excluons également les abris défendant l'enclave de Maastricht, c'est-à-dire les abris situés à Lanaye, Canne, Vroenhoven, Veldwezelt, qui sont à inclure dans la ligne de défense du canal Albert.
Le 10 mai 1940, la PFL 4 se compose donc de :
- 3 abris dans la culée des ponts des Arches, Saint-Léonard et de Coronmeuse;
- 2 forts : Flémalle et Pontisse;
- la défense de l'île Monsin.
Cette île, artificiellement créée avec la construction du canal Liège-Maastricht, sera particulièrement bien défendue.
On peut en décomposer les abris en deux groupes (voir plan ci-après) :
1. le long de la rive de la Meuse : 7 abris.
Cette ligne commence à l'extrémité sud de l'île. Deux abris sont dissimulés dans le socle de la statue du Roi Albert : MeMo 1 et 1 bis.
Ensuite, en suivant la Meuse, un abri à plusieurs chambres de tir situé dans le pont barrage : MeMo 2. Entre celui-ci et le pont de chemin de fer, "l'abri MeMo 3. Les abris MeMo 3 bis, MeMo 4 et MeMo 5 flanquent le plan d'eau en aval du pont de chemin de fer.
Photo
2. sur la rive gauche du canal Albert, en face de l'île, 5 abris ont été construits.
Dans les ponts Marexhe, Milsaucy et de Mandre se trouvent des abris à plusieurs chambres de tir : respectivement les abris MeA 1, MeA 2 et MeA 3. Sur la rive gauche du canal Albert, les abris MeA 1 bis et M 26 (*) complètent la défense de l'île et du pont de Wandre.
(*) M 26 fait partie des abris contre irruption de la Meuse. Il s'agit d'une ligne d'abris pour canons de 47 mm défendant tous les ponts enjambant la Meuse. Elle commence à Bouvigne (abri M 5), près de Dinant, pour se terminer à Wandre avec l'abri M 26. Nous excluons ces abris de la PFL.
- un abri de bombardement à la bure d'Abhooz (à l'emplacement de l'actuel Maxi GB de Herstal).
- le secteur PL (Pontisse-Lixhe).
Celui-ci se compose d'une vingtaine d'abris construits derrière la Meuse. Cette série d'abris peut être divisée en deux groupes. Le premier comprenait les abris situés entre la Meuse et le canal Albert et flanquait de ses feux le fleuve tandis que le second était constitué d'abris construits sur la rive gauche du canal Albert sur les hauteurs de Hacourt.
Cette ligne devait prolonger la défense de l'île Monsin après le pont de Wandre jusqu'au village de Lixhe où la 34ème Brigade allemande franchit la Meuse le 5 août 1914. Cependant les travaux de rectification du cours de la Meuse n'étant pas encore terminés à cet endroit le 10 mai 1940, le secteur PL débuta derrière l'usine de Chertal par deux abris avec deux chambres de tir pour mitrailleuse ou FM sur affût Chardome flanquant le fleuve. Il s'agit des abris PL b et PL c
Photo
En suivant la Meuse, on atteint Basse-Hermalle où se trouvent les abris PL 5 et PL 6. Les abris PL 1 à PL 4 ne semblent pas avoir été construits, le Ministère de la Défense Nationale attendant la rectification du cours de la Meuse et la construction du nouveau pont d'Argenteau, l'ancien étant en bois.
Le pont principal de Visé cache un abri à plusieurs embrasures : il s'agit de PL 7
PL 8 et PL 9 bis sont situés à 1 Km plus au nord, le long de la Meuse (PL 9 n'a jamais existé). Ces abris construits le long de la Meuse devaient décourager toute tentative de franchissement du fleuve par l'ennemi. Ils étaient aidés dans leur mission par toute une série de positions de campagne, tranchées, nids de mitrailleuses, maisons barricadées, que des soldats du 2ème Régiment Cyclistes Frontière avaient aménagées pendant la mobilisation. C'est là aussi qu'ils repousseront, comme leurs pères du 12ème de Ligne le firent en août 1914, les troupes allemandes essayant de franchir la Meuse à Visé le 11 mai 1940.
A l'endroit où la bande de terre entre le canal Albert et la Meuse est la plus étroite, environ 750 m, l'armée a fait construire 3 abris :
- PL 10, à deux embrasures et une cloche FM, flanquant la Meuse,
- PL 10 ter à un canon de 47 mm de campagne surveillant la route de Lanaye
Plan
1. Sas - 2. Entrée pour le canon de 47 mm - 3. Chambre de tir avec encoches pour fixer les bêches du canon
Photo
- et PL 10 bis, situé le long du canal, armé d'un canon de 47 mm et de deux embrasures avec affût FRC. Ces derniers ont été récupérés dans deux abris observatoires de PFL 1 lorsque, pendant la phase de modification de ces PO, on mura l'embrasure de la chambre de tir.
Ces 3 abris, auxquels il faut ajouter les barrières Cointet obstruant la route de Lanaye, formaient une bretelle antichar particulièrement bien défendue.
Les 11 autres abris disposés en second échelon sont implantés en arc de cercle, d'Oupeye à Haccourt. Ils défendent ainsi les débouchés de Visé et de Lixhe. Ces abris sont du type standard PFL 2 avec deux chambres de tir à bac à argile ou à sable. Cependant PL 11 a deux embrasures dont les axes de tir sont diamétralement opposés.
Cinq abris possédaient des cloches d'observation : PL 10, PL 13, PL 16, PL 18 et PL 19. Seuls, deux furent retenus comme observatoires d'artillerie de fort et transformés en même temps que les autres PO de PFL 1 et de PFL 2. Il s'agit de PL 13, observatoire du fort de Pontisse et de PL 19, observatoire du fort d'Eben-Emael.
Il est regrettable que l'abri PL 19 soit détruit. Il était en effet le seul à posséder son propre groupe électrogène et le deuxième à être doté de la télétransmission. Il possédait aussi la plus grosse garnison, soit 20 soldats, et ressemblait à une tour en béton se dressant dans la côte d'Halembaye. Ces soldats étaient sous les ordres d'un CSLR (candidat sous-lieutenant de réserve) du fort d'Eben-Emael qui commandait alternativement les MiCA (mitrailleuses contre avions) du fort.
Que reste-t-il de nos jours ?
Suite aux différents travaux le long de la Meuse et du Canal Albert, beaucoup d'abris ont été démolis. Des abris de l'île Monsin, il ne reste plus que les abris MeMo 1, MeMo 1 bis, MeMo 2 et MeMo 3.
Le long de la Meuse et du canal Albert, PL 6, PL 9 bis, PL 10 bis n'existent plus, ainsi que le poste d'observation d'Eben-Emael, PL 19.
Remarque: nous exclurons les 5 abris de la Basse-Meuse de la PFL car, le 10 mai 1940, ils étaient situés dans la zone du Ier Corps d'Armée dont la limite avec le IIIe Corps d'Armée passait à Lixhe.
Cependant, vu leur forme particulière, nous allons les décrire. Ces 5 abris, tous différents les uns des autres, sont situés au nord de Lixhe, sur la commune de Lanaye, entre le canal Albert et la Meuse.
L'abri L 1, construit dans la culée du pont de Lanaye. comportait 4 chambres de tir pour mitrailleuses flanquant le canal et deux embrasures pour FM face aux rampes d'accès opposées, tandis que l'abri L 2, situé 100 m en arrière, dans la falaise, comportait une chambre de tir pour canon de 47 mm sur affût de campagne. Il tenait sous ses feux les accès au pont.
Dans l'écluse de Lanaye, existe un petit abri composé d'une seule chambre de tir. Celui-ci est toujours visible. Sa porte, d'origine, conserve des impacts de balles
Plan
1. Chambre de tir - 2. Bac à argile - 3. Etagères
Photo
Sur la rive gauche du canal Albert, à 1 Km au sud du pont de Lanaye, un abri à deux embrasures (abri I) flanque le plan d'eau. Il assurait ainsi la continuité des feux d'infanterie avec l'abri L 1. Cet abri 1 est du même type que les abris du canal Albert. Malheureusement, suite aux travaux d'élargissement de celui-ci, beaucoup de ces abris furent démolis. On pouvait encore en voir quelques-uns au pont de Briegden (janvier 1990).
Le dernier abri est situé à 1 Km au nord de PL 10 bis. Cet abri F comporte 5 embrasures dont 3 pour mitrailleuses et 2 pour FM avec volets d'embrasure intérieur et fente d'observation qui, une fois rabattu, servait de table d'appui au tireur FM. Ces 5 embrasures avaient un angle de tir total de 180 degrés
Photo
D'autres abris étaient encore prévus pour défendre la Basse-Meuse, près du pont de Lixhe, par exemple. Malheureusement, ils ne furent pas construits, faute de temps ou pour d'autres motifs.
Comme nous venons de le voir, la PFL 4 était une ligne composée de nombreux abris de différents types.
Il est regrettable que de nombreux travaux effectués après guerre aient détruit certains abris uniques en leur genre.
On peut également inclure dans la PFL 4 les obstructions par câbles et/ou par barrières Cointet, faites sur les ponts routiers et ferroviaires de Flémalle à Visé. Leur rôle était d'empêcher une prise des ponts par des éléments ennemis motorisés avant la destruction par nos troupes de ces points de passage obligés sur la Meuse.
Photo
Les abris de PFL 4 construits sur le Canal Albert ressemblent à ceux de PFL 2 : ici, vue de PL 14.
L'embrasure de PL 16 a été transformée en petite chapelle par des habitants de la région.
Chapitre 6 – Le réseau téléphonique militaire enterré
Une des lacunes apparues lors des combats d'août 1914, dans les forts Brialmont, fut la fragilité des liaisons téléphoniques entre les forts, les observatoires extérieurs et les postes de commandement. La radio n'étant pas encore utilisée à des fins militaires, dès que les lignes téléphoniques aériennes furent sectionnées par les bombardements, le central civil au centre de Liège occupé par les Allemands, les forts étaient isolés. Ils devaient alors transmettre les messages et ordres par courriers, par pigeons ou par signaux optiques.
En 1927 déjà, la Commission d'Etudes du Système des Fortifications du Pays a conclu à la nécessité de la création d'un réseau téléphonique enterré, établi dès le temps de paix. Les premiers travaux commencèrent en 1934. Le 10 mai 1940, des modifications et des améliorations étaient encore en cours.
Ce réseau ressemble à une gigantesque toile d'araignée dont les fils sillonnent toute la PFL. Le point de départ général en est le central téléphonique situé dans l'ancien fort hollandais de la Chartreuse. De là, partent les lignes principales vers les forts réarmés de la rive droite de la PFL 2 et vers les nouveaux forts de PFL 1. De nombreuses liaisons transversales furent réalisées. Une ligne principale relie le central n° 1 de la Chartreuse au central n° 36 de la Citadelle. Celui-ci. Central Téléphonique Fortifié 36 ou CTF 36, deviendra le central principal de la PFL. Du CTF 36 partent diverses lignes vers certains forts de la rive gauche : Pontisse, Eben-Emael, Flémalle, Lantin, ...
Le réseau téléphonique se développe sur environ 300 Km et comporte 34 centraux et quelque 200 chambres de visite.
Les câbles téléphoniques, comportant le plus souvent 50, 25 ou 10 paires de fils, sont enterrés à une profondeur moyenne de 2 m, sauf à l'entrée des forts ou des observatoires, où la profondeur peut atteindre 6 m, vu les bombardements probables.
Les centraux téléphoniques, abris dont les dimensions extérieures sont de 5,60 m x 5,45 m, sont construits aux intersections des lignes téléphoniques, aux endroits présumés de l'installation des postes de commandement de l'armée de campagne.
Plan
1. Clôture - 2. Sas - 3. Sortie de secours - 4. Chambres avec têtes de câbles
Cet abri avec entrée en sas, possède une sortie de secours, des goulottes de ventilation et lance-grenades, des têtes de câbles, etc. Celles-ci sont des boîtes métalliques scellées dans le mur de l'abri dans lesquelles arrivent, en traversant le radier, les câbles téléphoniques. Les connections entre les différentes paires de fils sont réalisées dans les têtes de câble.
Vue d'un CTF standard avec sa porte blindée et sa sortie de secours (ici CTF 29)
Les CTF étaient destinés à être occupés par des troupes de transmission de la compagnie TTr de la PFL et des régiments occupant la PFL. Celles-ci pouvaient tirer des lignes volantes partant du central pour aboutir aux divers PC de campagne. Des bouclages étaient réalisés par les troupes de transmission dans les têtes de câble afin de relier les différents forts entre eux dans le cas où le central n'était pas occupé.
Construits en arrière des lignes défensives, les centraux étaient admirablement camouflés en maisons, en garages, ... grâce à un mur de parement en briques rouges et une toiture de tuiles noires.
Certains CTF, construits dès 1934, possédaient une et parfois même deux embrasures pour FM : CTF 3, CTF 8, CTF 11, CTF 12.
La majorité des CTF de construction plus tardive seront tous du même modèle sans embrasure, recouvert d'une couche de ciment imitant des blocs en béton ainsi que de nombreuses maisons du pays de Herve.
Chambre de connexion a 6 partiellement déterrée
Certaines chambres de connexion étaient surmontées d'une construction les camouflant (ici la chambre n 2 )
Les chambres de visite, situées à cheval sur les lignes téléphoniques entre les centraux, permettaient aux troupes de l'armée de campagne et du régiment de forteresse de Liège de se brancher sur le réseau téléphonique militaire enterré.
D'aspect extérieur, elles ressemblent à des chambres de visite du réseau d'égouttage. Elles se composent d'un puits bétonné de 1,25 m de côté et de 1,80 m de profondeur recouvert par une dalle en fonte du type Elkington.
Dans cette chambre se trouvent les deux têtes de câble auxquelles les troupes d'intervalles pouvaient se connecter au moyen de leur téléphone portatif de campagne.
Coupe dans une chambre de connexion type
Le réseau reliait tous les forts de la rive droite, tous les observatoires bétonnés de la PFL 1, PFL 2, PFL 4, les diverses casemates contre irruption, Vesdre, Mont, les IR de PFL 3, les postes permanents PP 5 A, PP 8 A, PP 9 A et 9 B, PP 11 A, PP 13 A1 et A2, le CRA de Fléron (Centre de Renseignement de l'Armée), le PC de la 3ème Division d'Infanterie à la caserne de la Chartreuse. Sur la rive gauche, il reliait, après être passé sous la Meuse et sous la Dérivation, les forts réarmés de Pontisse et de Flémalle, le fort d'Eben-Emael, les forts Brialmont non réarmés de Lantin (où sera aménagé un second PC pour la 3ème DI) et de Hollogne, ainsi que l'aérodrome de Bierset, les observatoires bétonnés de PFL 4 : PL 13 et PL 19; mais aussi différents PC : le PC du IIIème Corps d'Armée à la Citadelle de Liège et le PC de la 2ème DI au couvent des Ursulines à Cointe.
Pour faciliter l'organisation du réseau, celui-ci fut divisé en trois régions principales.
- La 1ère ligne ou T.1.L. (Téléphones 1ère ligne) :
CTF 13 à Barchon
CTF 14 à Ayeneux
CTF 15 à Blindef
CTF 16 à Dolembreux
CTF 17 à Lincé
CTF 18 à Fraiture
CTF 19 à Rouvreux
CTF 20 à Hotchamp
CTF 21 à Mortroux
CTF 22 à Julémont
CTF 23 à Charneux
CTF 24 à Battice (détruit)
CTF 25 à Bruyère-Battice
CTF 26 à 0lne
CTF 27 à Pepinster près du château de Tancrémont
CTF 28 à Theux
Soit 16 centraux téléphoniques.
Cette première ligne est construite légèrement à l'ouest de la PFL 1.
La 2ème ligne ou T.2.L. :
CTF 1 à La Chartreuse
CTF 2 à Jupille
CTF 3 à Bois-de-Breux
CTF 4 à Chênée
CTF 5 au Sart-Tilman
CTF 6 à Rabosée
CTF 7 à Saive
CTF 8 à Retinne
CTF 9 à Beyne-Heusay
CTF 10 à Retinne
CTF 11 à Embourg
CTF 12 détruit, était situé à l'entrée du domaine universitaire du Sart Tilman
Photo
Soit 12 abris centraux téléphoniques. Cette ligne est située entre la rive droite de la Meuse et la ligne des forts réarmés (PFL 2).
Lorsqu'une ligne téléphonique rencontre une rivière telle que l'Ourthe, la Vesdre ou un fleuve comme la Meuse, la ligne est placée en dessous du lit du fleuve.
Photo
Le réseau de la rive gauche ou R.G.
CTF 35 au bois de la Marchandise à Seraing
CTF 36 à la Citadelle de Liège
CTF 38 à Pontisse
CTF 39 à Quinettes (Heure-le-Romain)
CTF 40 à Froidmont (Haccourt)
CTF 41 à Saint-Nicolas (Liège)
Photo
Soit 6 abris centraux téléphoniques construits sur la rive gauche de la Meuse à l'exception de CTF 35, sur la rive droite.
Durant la campagne des 18 jours, le réseau fonctionna bien. Cependant, certaines lignes furent coupées par inadvertance. Par exemple, par le sautage de destruction, le câble téléphonique reliant le fort d'Embourg au fort de Tancrémont fut sectionné. Divers bombardements et l'action de l'ennemi entravèrent le bon fonctionnement de certaines lignes.
L'ennemi a parfois découvert des chambres de visite et il envoyait ainsi des messages erronés aux forts de Battice et d'Aubin-Neufchâteau. Mais, vu l'extrême ramification du réseau, celui-ci fonctionna presqu'à merveille et, sur certaines portions, il est encore utilisé de nos jours par la gendarmerie et par l'armée.
Le réseau téléphonique enterré était relié, au fort d'Eben-Emael, à un second réseau enterré qui reliait toutes les destructions du canal Albert.
Dans la Position Avancée, à l'est de la Province, il existait également un réseau téléphonique semblable reliant toutes les destructions principales. Ce réseau, beaucoup moins ramifié que le réseau principal, partait de Visé jusqu'à Trois-Ponts en passant par Remersdael, Hombourg, Henri-Chapelle, Welkenraedt, Dolhain, La Gileppe, Jalhay, Hockai, Francorchamps, Malmédy et Stavelot. Il servait à la transmission des ordres pour la réalisation du sautage des destructions de ponts, de viaducs, de tunnels, de routes, etc.
Deux têtes de câbles de 50 paires dans le CTF 11
Vue intérieure de l'embrasure pour FM de CTF 11
CTF 19 camouflé en garage. Les portes en bois ont disparu
Sortie de secours de CTF 8
Vue de l'embrasure pour FM de CTF 8
CTF 14 avec sa toiture en tuiles
(Photos Franck VERNIER)
L'auteur demande que toutes les personnes détenant des documents ou des photos en rapport avec les "fortins" veuillent bien prendre contact avec lui. Il leur sera demandé de les prêter et le plus grand soin sera garanti ainsi que la réexpédition après copie. Franck VERNIER, rue de Lambermont, 6, 4800 PETIT-RECHAIN. Téléphone 087/31 72 81.
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L. DEFROYENNES, Barbara, la radio clandestine aux Oflags VII B et X D
BARBARA est née à la fin de l'année 1940 à Eichstätt en Bavière au bloc IV de l'Oflag VII B.
D'où vient ce nom ? (de B(ritish) B(roadcasting) RA(dio) ?) Nul ne le saura sans doute jamais.
Ce doux nom, particulièrement cher aux prisonniers des Oflags VI B et X D dont il a soutenu le moral durant cinq années de captivité, a matérialisé une idée qui a germé dans le cerveau du commandant Barbieux et du Lt Antoine auxquels s'est rapidement joint le Slt Defroyennes.
Les premiers vagissements de BARBARA se sont manifestés à l'Oflag VII B sous forme de réception d'émissions en provenance de postes allemands sans doute, mais également de postes émetteurs de Suisse Romande et Alémanique. Ces émissions étaient captées sur un poste à galène fonctionnant dans le cabinet de dentisterie du docteur Roty situé au bloc IV. L'antenne était constituée par une sorte de toile métallique qui avait rempli les mêmes fonctions sur un véhicule allemand.
Le poste ainsi que les accessoires dissimulés sous les lames du parquet sur lequel se trouvait le fauteuil du dentiste étaient ressortis pour les écoutes qui ne pouvaient avoir lieu qu'en dehors des prestations du docteur.
Au début, la précarité du matériel tout autant que la limitation des prestations ne permettaient pas d'assurer une écoute continue.
Les promoteurs
Toutefois, la création de ce lien avec le monde libre et la possibilité d'un recours, même fragile, à des sources d'information plus dignes de foi ont constitué un stimulant pour les promoteurs de l'idée, surtout pour le Lt Antoine qui, jusqu'à la libération, a été la cheville ouvrière d'un système d'information dont le développement a été remarquable et la crédibilité jamais prise en défaut.
L'écoute pour les émissions en langue française était assurée par le Lt Antoine et celle en langue allemande et ultérieurement en langue anglaise par le Slt Defroyennes.
Au début, les nouvelles étaient diffusées dans le camp d'une façon anonyme et parfois accueillies avec scepticisme par certains.
Puis, peu à peu, le matériel s'étant amélioré de même que les conditions et possibilités techniques d'écoute, un service plus organisé de diffusion de nouvelles s'est créé dont s'était chargé le Lt Villée. Il s'agissait d'une diffusion de bouche à oreille sans communication de documents écrits.
Le service régulier de BARBARA s'était implanté profondément dans la vie journalière du camp quand une panne malencontreuse la rendit muette durant le week-end de Pentecôte 1942. Elle permit l'éclosion d'un "canard" d'une dimension telle que pour beaucoup la fin de la guerre était proche.
La réapparition de BARBARA quelques jours plus tard coupa définitivement les ailes à ce malencontreux volatile. Cet incident mériterait d'autres développements de la part de ceux qui en ont vécu les péripéties.
A Fischbeck
Le 28 février 1942, les Allemands réunirent les Oflags de Rothenburg, d'Eichstätt et de Juliusburg à l'Oflag X D, à Fischbeck. Ce camp comprenait aux environs de 1.600 officiers et 120 sous-officiers et soldats belges auxquels furent ensuite ajoutés 500 officiers et soldats polonais.
Il comprenait 15 baraques s'étendant sur 3 hectares, soit une densité de population de 60.000 habitants au Km²
Ces nouvelles conditions déterminèrent une mutation naturelle et non concertée de Barbara. Le noyau d'écoute primitif Antoine-Defroyennes auquel s'est ajouté le Lt Fourmarier continue à fonctionner mais dans des conditions différentes.
Ecoute permanente
En effet, l'écoute devient permanente, tant de jour que de nuit. Les écoutes de jour sont assurées par le tandem Antoine-Fourmarier pour celles en français, celles de nuit par l'équipe Antoine-Defroyennes pour celles en français, allemand ou anglais.
Une partie des écoutes de jour avait lieu dans la baraque XIII (celle du Lt Antoine et du Slt Defroyennes), mais le plus souvent dans la bibliothèque où un poste récepteur était dissimulé dans une pile de Moniteurs Belges collés et évidés pour contenir l'appareil.
Les écoutes de nuit avaient lieu dans la baraque XIII, tantôt dans la chambre du Lt Antoine, tantôt dans un petit local vide servant de cuisine collective situé en début de baraque. Ces écoutes étaient assurées par le Lt Antoine pour les émissions en français et le Slt Defroyennes pour les émissions en allemand et en anglais.
La sécurité des écoutes de jour était assurée par une équipe de surveillance extérieure, celle de nuit l'étant selon l'écoute en cours par le Slt Defroyennes ou le Lt Antoine. Dans ce dernier cas, le risque était grand puisque l'écoute se faisait quasi contre la porte d'entrée d'où l'on n'avait aucune vue sur les mouvements de nos gardiens. Heureusement, en dépit de quelques chaudes alertes, aucun événement fâcheux ne fut enregistré.
Le service de surveillance de jour était du ressort du Slt Defroyennes qui ne l'assurait toutefois pas personnellement. A part les opérateurs, lui seul connaissant le lieu de l'écoute à protéger constituait le relais entre les surveillants et le poste d'écoute dont il fallait assurer la sécurité.
La surveillance proprement dite était assurée par des groupes de 2 ou 3 officiers ou soldats qui se choisissaient entre eux et selon leurs possibilités ou affinités personnelles dans un noyau constant de plus ou moins 70 volontaires immuables.
Transmission des nouvelles
Les nouvelles reçues étaient transmises à un centre de rédaction fonctionnant à la baraque XII sous la direction du Lt P. Houzeau de Lehaye. Ce groupe assurait la "mise en page" des nouvelles reçues et la copie en 15 exemplaires du communiqué, à raison de deux communiqués par jour avec "édition" spéciale en cas d'événement important.
La sécurité de l'équipe de rédaction, totalement indépendante de celle d'écoute, était assurée par le Lt Villée qui se chargeait également de l'acheminement des communiqués à raison de un par baraque. Il y était remis à un responsable. Dans chaque baraquement, ce dernier assurait la lecture dans chaque chambre et ensuite la destruction.
A l'issue du regroupement des officiers de réserve à l'Oflag X D qui s'est opéré en juin 1943, s'est adjoint à l'équipe d'écoute le Slt Santerre qui, tout comme le matériel qu'il apportait, s'est intégré dans l'organisation en place.
Le matériel d'écoute de BARBARA s'était rapidement multiplié dans la perspective d'assurer la pérennité de BARBARA, même en cas d'accident. C'est ainsi que BARBARA a disposé de jusque plus de 6 postes : un pour l'équipe extérieure de jour, un caché dans la cloison entre la chambre du Lt Antoine et la chambre voisine, le troisième pour l'écoute de nuit.
Les 3 postes restants étaient tenus en réserve : l'un enterré face à la chambre du Lt Antoine, l'autre face à la chambre du Slt Defroyennes, le troisième était dissimulé dans un espace vide entre la baraque XII et la baraque XIII. Ce dernier poste a été découvert au cours d'une fouille particulièrement sévère.
Tous construits dans le camp
A l'exception d'un poste, celui du Slt Santerre, tous les appareils ont été construits dans le camp par le Lt Antoine et certains de ses camarades.
Il m'est impossible de dire d'où venait ce matériel. Certaines pièces étaient construites sur place et d'autres "importées". Comment ? Par qui ? Je ne puis le dire car, au sein de Barbara, on évitait les questions afin que, le cas échéant, on n'ait pas à dévoiler les réponses à ceux qui avaient le plus vif désir de les connaître, c'est-à-dire nos gardiens.
Dès l'arrivée à l'Oflag X D, s'est posée la question de l'alimentation en courant électrique, en vue d'assurer la permanence et la sécurité des écoutes.
En effet, dans le cas le plus favorable, c'est-à-dire l'hiver, la lumière n'était donnée qu'à partir de 16.30 Hr et supprimée à 21 Hr. De plus, durant les alertes, et elles furent nombreuses, quasi journalières, le courant des baraques était coupé. Toutefois, le courant n'était pas interrompu dans le local du casernement sous "obédience" allemande. Dans ce magasin, outre la canalisation électrique, passaient également les circuits commandant les hauts parleurs installés dans chaque baraque pour annoncer les succès militaires du Grand Reich. Ce magasin était occupé par les Allemands avec toutefois une interruption d'occupation journalière de 12 à 14 Hr.
Profitant de ces circonstances, le Lt Antoine accompagné de quelques volontaires compétents, après que le haut parleur de la baraque XII eut été débranché, a connecté le circuit de ce haut parleur sur le courant électrique du magasin. De cette façon, l'alimentation en courant était assurée quelles que soient les circonstances, c'est-à-dire même au cours des bombardements. Cette solution était toutefois tributaire de l'enlèvement des fusibles de la baraque XIII, faute de quoi l'ensemble du camp restait sous tension et les baraques illuminées par l'intermédiaire du circuit de la baraque XIII en dépit du fait que le courant eut été coupé par nos gardiens. Cela s'est produit une fois pour le plus grand ébahissement de ces derniers.
Le 15 mai 1945, le camp a été évacué vers Lübeck. En prévision de cet événement, et dès février, le Lt Antoine, le Slt Defroyennes et 5 de leurs camarades avaient décidé de ne pas se joindre à l'opération. A cette fin, une cachette susceptible d'abriter 5 personnes a été creusée sous la chambre du Slt Defroyennes. Cette cachette a été occupée le 15 mai 1945 par, outre le Lt Antoine et 1e Slt Defroyennes, par le Lt Leclercq, le Slt Gasch et le soldat Bardiaux. L'écoute a continué sans manifestation extérieure jusqu'au 17 avril.
Reprise de BARBARA
Le 17 avril, le service de BARBARA a repris avec le noyau de récalcitrants. Il se trouvait installé dans les cachots et la publication du bulletin de nouvelles a repris au bénéfice de la centaine de malades intransportables et autres qui étaient restés au camp.
Par la suite, le Lt Antoine a "réquisitionné" le poste de radio du commandant du camp. Branché sur les hauts parleurs du camp et tant en français qu'en allemand et en anglais et à longueur de journée, il a permis la diffusion directe des nouvelles de la B.B.C., tant à l'intention des officiers et soldats belges et français qui s'y étaient réfugiés que des plus ou moins 2.000 personnes déplacées qui occupaient le camp.
Le camp évacué s'est rendu par étapes successives vers Lübeck et le service de Barbara a continué à être assuré par les collaborateurs habituels à l'exception de ceux restés à Fischbeck.
Le 25 avril 1945, les militaires de l'Oflag X D ont été évacués par un détachement blindé anglais.
Ainsi a pris fin l'aventure de BARBARA qui aura vécu près de 5 ans et s'est terminée dans l'euphorie de la victoire.
Sans aucun doute la présente relation comporte des lacunes, des imprécisions et même peut-être des oublis involontaires qu'il faut excuser. En effet, elle n'est que la concrétisation de souvenirs qui ne peuvent faire référence à aucun document écrit qui n'ont jamais existé pour des raisons de sécurité bien compréhensibles.
BARBARA est un magnifique exemple de ce que peut l'esprit d'initiative et de débrouillardise. Au travers de solutions pragmatiques, sans concertation préalable, s'est échafaudé un système articulé sur des cellules de collaboration étanches permettant une efficacité maximum avec un minimum de risques : matériel, écoute, surveillance et protection, rédaction et diffusion.
Enfin et pour terminer, il faut signaler que rien n'aurait pu être réalisé sans les complicités fragmentaires ou ponctuelles des officiers, sous-officiers et soldats du camp, qui n'ont jamais refusé leur concours chaque fois qu'il leur a été demandé.
Note de la rédaction.
Lorsque nous avons écrit à Monsieur Defroyennes pour solliciter l'autorisation de reproduire son texte, qui avait paru dans le journal "Le Prisonnier de Guerre" de septembre 1986, il nous a fort aimablement donné le feu vert et a ajouté les informations suivantes qui répondent à la question : comment un prisonnier pouvait-il circuler relativement facilement dans un Oflag ?
"Pour votre information, je dois vous signaler que j'avais personnellement adopté deux activités de couverture destinées à me "dédouaner" aux yeux des Allemands et les conforter dans le sentiment que je n'étais pas dangereux.
1. Je m'étais instauré distributeur de créoline pour ma baraque. Cette créoline destinée à lutter contre l'invasion de puces et de punaises dont nous étions victimes me donnait la possibilité de déambuler dans le camp, sans éveiller l'attention des gardiens, muni d'un récipient susceptible d'assurer un transport beaucoup moins innocent que celui de la créoline.
De plus comme le ravitaillement en créoline se faisait dans un local (le magasin), ma présence y était tout indiquée et particulièrement utile en cas de branchement électricité/radio auquel il est fait allusion dans l'article sur Barbara. Une telle activité me donnait de plus une liberté totale de déplacement dans le camp en n'éveillant aucune suspicion.
2. Je fonctionnais également comme moniteur de jiu-jitsu en compagnie de camarades désirant pratiquer ce sport. Le local destiné à ces "ébats" était voisin de celui où se pratiquait l'écoute de jour (pour laquelle ma présence n'était pas requise - émission française).
De cette façon, je disposais d'un point de rencontre pour les guetteurs qui pouvaient me toucher sans difficulté et sans éveiller, par leurs allées et venues, l'attention des gardiens.
D'autre part, nos exercices, les bruits et autres manifestations dont volontairement nous les accompagnions, en cas d'irruption allemande dans la baraque, permettait de détourner et de cristalliser l'attention des intrus, laissant à l'équipe d'écoute le temps de mettre fin à leur activité et d'en effacer toute trace. Cela s'est produit à plusieurs reprises, prouvant que le système était efficace."
L. Defroyennes, le 01/07/92
Les postes de radio et leur constructeur
L'écoute avec le poste dans la cloison
Une équipe à l'écoute
Le service de rédaction au travail
L'estafette bien connue et toujours attendue
Enfin le moment palpitant où les nouvelles sont arrivées
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Franz LAGNEAU, La guerre de 1914-1918 à RUMES*
(*) Rumes est situé au sud-ouest de Tournai, sur la route Tournai-Douai, à quelques kilomètres de la frontière française.
Introduction
Franz Lagneau a quatre ans quand débute la première guerre mondiale.
Son père est sous-brigadier des douanes. Avec sa famille, il occupe une partie de la gare de chemin de fer de Rumes, l'autre partie étant réservée au chef de gare.
C'est là que ce petit garçon va vivre les affres d'une longue guerre.
Rentré à l'école en 1919, l'instituteur demandera à ses élèves de mettre leurs souvenirs par écrit.
C'est la relation faite à l'époque par le jeune Franz que nous soumettons à l'appréciation de nos lecteurs.
A. Gany
Devoir de vacances fait en 1919 par Franz Lagneau
La guerre - arrivée des Allemands à Rumes
Sur la fin de juillet 1914 tout le monde disait que la guerre allait éclater entre l'Allemagne et la France. On avait peur car les Allemands allaient envahir la Belgique pour attaquer les Français. On réquisitionna les chevaux pour l'armée belge. On rappela plusieurs classes de soldats. Les soldats du 3ème Chasseur à Cheval de Tournai vinrent à Rumes et aux environs garder la frontière. La guerre éclata dans les premiers jours du mois d'août. Malgré le courage héroïque de nos soldats, les Allemands envahirent la Belgique en commettant partout des atrocités. On était tous effrayés à Rumes.
Le 22 août on racontait qu'on avait déjà vu des Hulans à Tournai. La garde civique avait été désarmée et on avait porté toutes les armes du village à la maison communale; le même jour, il était passé des soldats français se dirigeant vers Tournai. Le 23 août, ils revinrent vers le soir se réinstaller à Rumes. On devinait que la situation était grave. En effet, le lendemain 24 vers midi, on entendait le canon qui grondait à Tournai. Les Français étaient battus et se repliaient vers la France. Vers 2 heures, les derniers Français partaient à peine de Rumes que des Hulans arrivaient; le village était sans bruit, comme mort; tout le monde se cachait.
Les Allemands frappèrent aux portes le long de la grand-route et ils demandèrent s'il n'y avait plus de Français et firent servir à boire pour leurs chevaux. Ils ne firent pas trop de dégâts au village. Ils incendièrent une grange et détruisirent une partie de la gare. Les jours suivants, les Allemands continuèrent à passer à la grand-route. Il en passa ainsi des milliers avec canons, cuisines, chariots. Peu à peu on s'habitua à les voir.
Tout à-coup vers le 15 septembre, on ne voyait plus d'Allemands depuis quelques jours et voilà que l'on signale des Français qui arrivaient de France avec des goumiers et se dirigeaient vers Tournai. Ces soldats étrangers étaient bien vêtus. La plupart de ces derniers avaient de grands manteaux gris clairs. Beaucoup de ces goumiers criaient "vive la Belgique!" Ils avaient de beaux petits chevaux qui couraient très vite. Beaucoup de gens crurent que la guerre était finie.
Quelques jours après il passa encore des Allemands. Alors nous ne crûmes plus que la guerre allait finir. Ils firent tuer tous les pigeons à Rumes et aux environs. Nous eûmes le ravitaillement et le comité de secours. Les Allemands réquisitionnèrent les chevaux, les vaches, etc.
Pendant la guerre
Nous dûmes loger des soldats allemands en repos. Les Allemands firent remarcher les trains mais rien que pour eux. Il passa des trains très longs chargés de bois, matériels de fer, munitions servant aux tranchées. Nous entendîmes le canon toute la guerre gronder à Ypres, à Lens, etc. Il passait très souvent des Allemands sur les trains qui revenaient du front. Il passa quelques trains de prisonniers russes et plusieurs trains de Croix-Rouge allemands.
Les Allemands prirent les civils pour aller travailler à Jolimet et dans des autres contrées. Alors le village fut en fièvre. Les civils convoqués préparèrent leurs bagages pour partir. Quand ils sont partis tout le monde pleura. Beaucoup de ces hommes ne revinrent plus. Les uns moururent de froid, de faim et beaucoup d'autres causes. Les Allemands réquisitionnèrent encore les animaux domestiques. Nous n'eûmes pas beaucoup de ravitaillement. On eut les policemans et les gendarmes. Ces policemans et ces gendarmes allaient perquisitionner dans les maisons pour prendre une quantité de choses prohibées. Alors nous eûmes faim; nous ne pûmes rien cacher. On devait livrer toutes les récoltes aux Allemands.
Des escadrilles d'aéroplanes alliés venaient tous les jours jeter des bombes.
Il en est tombé une sur la maison de Monsieur Deffontaine Remy au Rouvroir; elle a été anéantie. Plus tard une autre bombe est tombée sur la grange de Cailleau Amédée qui fut détruite et quatorze autres bombes sont tombées, douze dans les pâtures le long de la grand-route, une autre sur la grand-route même et encore une autre près du chemin de fer. Ces trous étaient immenses. Nous ne dormîmes plus une nuit tranquille. Nous étions toujours sur le qui-vive.
Les alliés envoyaient des petits ballons; à ces ballons étaient attachée une quantité de petits papiers. Sur ces papiers on avait imprimé toutes sortes de choses pour démoraliser les Allemands. Tous les jours au soir, on voyait les phares des champs d'aviation allemands qui éclairaient le ciel.
Entre-temps on n'allait presque pas en classe; une fois parce que la Croix-Rouge était installée dans la classe; une autre fois, il n'y avait pas de charbon pour faire du feu; ensuite, on devait aller chercher des feuilles dans les bois pour les Allemands ou encore leur chercher des orties, deux kilos par personne. On fit aussi déménager notre maître d'école pour occuper sa maison. C'était toujours de plus en plus mal, on était très malheureux. Le temps perdu pour l'étude nous a fait beaucoup de tort. Les hommes allaient au contrôle le dimanche pour la commune et tous les mois pour les Allemands.
Vers le mois de septembre 1918, on entendait le canon gronder très fort.
On disait que Douai était repris. Alors il passa à la grand-route des civils avec des chariots et des voiturettes sur lesquelles ils avaient déposé leurs bagages. Il passait aussi des batteries, des chariots allemands avec des boeufs attelés par les cornes, des automobiles, des machines pour écraser le gravier, des vaches, etc. Il passait aussi des femmes, des enfants et des hommes qui évacuaient. Parmi eux ils passaient des hommes en buse qui disaient que c'était la fin de la guerre. Les Allemands prirent une dernière fois le reste des civils ainsi que les vaches, les chevaux, les porcs, etc.
Beaucoup allèrent près de Bruxelles d'étape en étape. Les fermiers durent conduire des marchandises près de Bruxelles et plus loin. Il repassait sur les trains de soldats des petites machines et beaucoup d'autres matériels servant aux tranchées. Les Allemands amenèrent des mines sur un train et ils en déposaient une tous les 5 ou 6 mètres le long de la ligne du chemin de fer.
Quelques jours après, un vendredi, les Allemands arrivèrent pour détruire la gare. Ils firent sauter les voies. Ensuite ils arrivèrent à ma maison.
J'étais encore là avec mon père sauvant vite encore quelques objets. Premièrement ils ont enfoncé les portes du quai; un autre soldat arriva par la rue de la gare avec une mine dans ses bras. Aussitôt il ouvrit la porte et alors il vit mon père et moi. Il nous dit de partir et nous dit de vite lui ouvrir la porte de la cave. Mon père dut la lui ouvrir et demanda dix minutes à l'officier pour aller jusqu'au grenier chercher un objet. L'officier lui accorda. Alors mon père et moi nous dûmes partir de la maison et nous allâmes nous mettre derrière le mur de la maison de Mademoiselle Christine Maton près de chez Demoulin. Monsieur le Bourgmestre, mon père et moi, nous regardâmes détruire ma maison et celle du chef de gare. Je n'oublierai jamais ce que je vis. Je vis alors la maison se lézarder et tomber peu à peu comme un château de cartes. Les Allemands durent miner 8 fois ce bâtiment pour le détruire. Le lendemain tout le monde alla voir les ruines.
Alors on disait déjà que les Anglais étaient à Bachy. Alors on se retira dans les caves en attendant l'arrivée des Anglais. Tout le monde était inquiet de savoir ce qui se passait. Pendant la nuit du samedi au dimanche, ma famille et moi nous nous étions réfugiés chez Madame Martinage, rue du Rouvroir.
Pendant la nuit on entendait marcher dans la cour. On entendait aussi des mitrailleuses de toutes parts répondre l'une à l'autre. C'était déjà les avant-gardes anglaises qui arrivaient. Le matin, on dit qu'il passait des Anglais à la grand-route. Aussitôt on alla voir. En effet, voilà un peloton qui s'amène vers le rouvroir et s'arrête près de chez Martinage. Beaucoup de gens allaient porter toutes sortes de choses aux Anglais, des fleurs, des vivres, etc. Nous avons eu des évacués de quatre ou cinq communes. Il passait beaucoup d'Anglais à la grand-route.
Puis nous eûmes alors la bataille de l'Escaut, le bombardement qui dura pendant trois semaines. Nous n'eûmes plus de ravitaillement. Nous eûmes aux anglais des biscuits, des boîtes de viande conservée, etc. Il tomba des obus sur la maison de Dervannain Joseph; sa femme fut tuée, sa maison abîmée. Il en tomba encore un autre sur la maison de Carton au Rouvroir; sa femme fut tuée ainsi que deux Anglaisr et une petite fille née depuis quelques heures.
Après ces trois semaines de bombardement, nous eûmes l'Armistice qui fut signée le 11 novembre, un lundi. Alors les civils revinrent. Nous fûmes très joyeux que la guerre était finie et que nous n'étions pas Allemands. Nous eûmes encore le ravitaillement mais l'on débitait beaucoup plus de marchandises qu'avant le bombardement. Des soldats belges revinrent en congé. Il y avait des aéroplanes anglais qui volaient. Nous eûmes des soldats anglais en logement.
La couverture du cahier où F. Lagneau a écrit son devoir.
Nous en utilisions encore de semblables en 1940
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André GANY, Le scoutisme et la guerre dans un village du Namurois
1. Introduction
En 1937, alors que se profile à l'Est la montée du péril, c'est surtout la guerre d'Espagne qui fait l'objet des discussions des Flawinnois. Cela ne va pas sans influencer le scoutisme. Ne voit-on pas un canevas de jeux proposé aux scouts s'inspirer très largement des combats entre les troupes de Franco et les communistes ? Les têtes de chapitres, qui correspondent chaque fois à un ensemble de jeux de plaine ou de bois, ne laissent aucun doute sur la manière de voir des chefs scouts de l'époque. Lisons plutôt :
"Vu en Espagne"
- Les communistes occupent la forteresse de Iruns; les patrouilles scoutes la recherchent. (Jeu d'orientation et lecture de cartes)
- Dans la forteresse, ils ont des prisonniers et les gardent, (Jeu de passage silencieux, gymnastique au sifflet)
- Ils donnent une mauvaise éducation à leurs enfants, (Concours de feux)
- On annonce l'attaque de Irun. (Jeu de gendarmes et de voleurs)
- Les rebelles sont pris au piège, (Jeu de message caché, jeu d'approche, …)
- Le calme renaît après la bataille ... on rétablit la religion (sic !)
C'est vers cette époque qu'est entreprise la construction de la caserne de Flawinne destinée au Régiment d'artillerie des Chasseurs ardennais. On en trouve un écho dans une lettre adressée à l'Abbé Burteau (aumônier de l'unité scoute), le 26.11.37, par le docteur Ringlet, commissaire de district de Namur. On y lit ce qui suit :
"Si vous avez encore un peu de patience, vous pourrez peut-être bien recevoir un coup de main inattendu : il y a paraît-il dans les soldats qui seront casernés à Flawinne, un certain nombre de scouts et d'anciens scouts; peut-être trouverez-vous là une aide imprévue ?"
Cette possibilité ne débouchera cependant sur aucun résultat concret.
Le problème des chefs cette fois-ci, comme souvent, sera toujours présent.
La mobilisation de l'Armée belge, début septembre 39, va priver l'unité scoute de la plupart de ses chefs ainsi que de l'aumônier.
Ce départ va évidemment créer un sérieux problème d'encadrement auquel le staff s'efforcera de remédier par un solide programme de formation des CP (chefs de patrouille) et leur implication dans la préparation des réunions.
C'est ainsi que, dans une circulaire datée du 18 février 1940, l'aumônier incite les jeunes CP à se conduire en vrais chefs :
"Mettez-vous bien dans la tête que les scouts ne se conduisent pas eux-mêmes, tout comme les milliers de soldats que vous voyez autour de vous ne se conduisent pas eux-mêmes» mais si l'armée est disciplinée, si elle marche bien, c'est parce qu'elle est conduite et bien conduite !"
2. Mai 1940
Nous savons assez peu des événements de mai 40, sauf que l'Aumônier Burteau vivra l'invasion au fort de Maizeret et le Chef de troupe, Jean Dury, au fort de Suarlée.
Quant aux locaux, ils seront mis à sac. Ce fait est confirmé par une note adressée par J. Dury à la Feldkommandantur de Namur le 28 juillet 41 (voir ci-après) ainsi que par une demande adressée à la même époque par Ch. Melebeck à un de ses amis scouts pour obtenir des gamelles et des cartes topographiques, tous objets devenus introuvables à ce moment (voir également ci-après).
Plan de Flawinne et des environs (Echelle 1:50.000)
A remarquer les châteaux "des Quatre Seigneurs" et "de Flaminne" ainsi que la gare de formation de Ronet dont question dans l'article. On y voit également les forts de Suarlée et de Malonne.
3. La reprise des activités
Le retour de captivité de l'Abbé Burteau en décembre 40 va permettre la reprise progressive des activités scoutes. Quant à l'équipe de routiers rattachée au Clan central de Namur avec une équipe de St-Servais, elle reprend ses activités dès février 41. Il s'agit essentiellement de réunions au local du patronage et de sorties dans les villages des environs : Marche-les-Dames, Suarlée, Floreffe, relatées avec précision dans le Tally du Clan du Chêne.(*)
(*) Tally : livre de bord, journal
Les allusions aux événements de 40 ou aux faits de guerre y sont rares.
Relevons-en deux : tout d'abord cet extrait du compte-rendu d'une sortie à Marche-les-Dames le 23 février 1941 : "Les plus débrouillards ont déjà mis l'allumette au bois résineux. Pendant ce temps, il ne cesse de passer des trains de troupes et de munitions."
Et cet autre extrait d'un compte-rendu de WE à Suarlée les 29 et 30 mars 1941 : "Au milieu du bois (de la commune), nous faisons un petit arrêt pour regarder les restes de munitions et de vivres qui ont été incendiés par les soldats français."
La troupe reconstituée dès le début de l'année 41 ira cantonner quelques jours au Château de Mielmont sous la houlette de Jean Dury (chef de camp) et de Ch. Melebeck (assistant de camp).
4. L'âge d'or
Au départ, l'année 1942 se présente plutôt mal ! Déjà marquée par un hiver rigoureux qui a rendu toute activité impossible jusqu'au 15 mars, elle voit également s'amplifier les épineux problèmes de ravitaillement. Partir au camp devient une gageure. Chacun se doit désormais d'apporter ses propres provisions à l'intendant de service. Et encore s'arrange-t-on pour atterrir auprès d'une ferme, là où l'achat de lait est plus facile.
C'est ainsi que le programme du WE de Pâques (3 jours) organisé par la Troupe, mentionne in extenso les vivres qui sont à emporter par chaque scout : "1 pain - 1,5 kg de pommes de terre - 1 livre de carottes - 3 poireaux - 1 céleri - 1 livre de navets - 1 livre de rutabagas. Beurre - margarine - confiture. 50 gr de gruau d'avoine - 100 gr de succédané de café - 10 morceaux de sucre – sel"
Ces prestations en nature vont perdurer jusqu'en 1947, se complétant certaines années de l'obligation de fournir également des timbres de ravitaillement pour le pain ou la viande.
Mais l'on retient surtout de 1942 que ce fut l'année de renouveau pour l'unité scoute dans son entier.
Sous l'impulsion de Jean Dury, chef d'unité, une vaste campagne de recrutement va être lancée, qui portera rapidement ses fruits; les chiffres repris à l'état des effectifs pour l'année 1942 en témoignent éloquemment. Dès cette même année 1942, chacune des sections revigorée par un afflux de sang neuf et conduite par des chefs de valeur va redécouvrir et vivre le grand jeu scout avec toute l'ardeur de la jeunesse.
Il peut paraître étonnant, après coup, de voir s'épanouir un scoutisme à la fois joyeux, entreprenant, dynamique, profondément belge et authentiquement chrétien, à une époque apparemment aussi peu propice.
Il est pourtant bien vrai que ces années de guerre vont constituer pour le scoutisme flawinnois comme pour la plupart des unités scoutes du royaume, une des périodes fastes de leur histoire. Cela tient à plusieurs raisons :
- L'absence de toute autre distraction d'abord ! Les jeunes en sont réduits à l'écoute de la radio, aux séances hebdomadaires du cinéma Flawinavox et aux rares pièces de théâtre à la salle Talhia ou chez Solbreux.
Rejoindre Namur, c'est toute une expédition ! On a le choix entre le tram 9, Namur-Onoz. à prendre "Au marronnier", le tram 4, Namur-Malonne, à prendre à Beauce, ou le train, à prendre en gare de Flawinne, à moins que l'on ne préfère le vélo ou ... la marche à pied.
Faire du scoutisme, c'est donc d'abord s'occuper sainement et intelligemment, c'est un peu prendre en main sa destinée.
- Il y a aussi sur notre sol la présence de l'occupant allemand avec toutes les contraintes que cela implique : contrôle des activités, restrictions au port de l'uniforme, limitation du droit de camper en forêt, etc. et les réactions quasi automatiques que cette présence suscite.
Etre louveteau, scout ou routier, c'est inconsciemment sans doute, une sorte de refus de l'asservissement, une revendication à l'autonomie, au respect, à la liberté; c'est une affirmation de son appartenance à la communauté belge ... Je n'en veux pour exemple que le soin apporté lors de camps à vivifier la fibre patriotique (voir cérémonial ci-après).
Et aussi ce souci de chacun, du petit louveteau au routier chevronné, de porter un uniforme impeccable et de manifester ainsi son appartenance à une équipe dont il est fier.
Qui dira pourtant la peine que se sont donnée les parents pour acquérir la laine, tricoter le pull vert du petit loup, coudre les écussons achetés chez Dermine Sports ... en ces temps où survivre était la seule vraie préoccupation fondamentale.
- Il y a enfin l'incertitude des temps ... Pourrons-nous encore subsister demain ? Que deviennent nos prisonniers de guerre en Allemagne ?
N'allons-nous pas perdre la vie dans les bombardements ? ...
A toutes ces questions angoissantes, le scoutisme apporte sa joie de vivre, la confiance en sa propre destinée en référence constante à la foi chrétienne. Ces preuves de foi se manifestent particulièrement, lors des camps d'été où la messe quotidienne et matinale rassemble les scouts et leur aumônier autour de l'autel en woodcraft. C'est la potale installée à l'entrée du camp. ou le mot de l'aumônier à la veillée ou au feu de camp.
C'est aussi cette piété sincère des routiers qui s'exprime ça et là au travers des comptes-rendus d'activités ...
"A la chapelle du Pyrois que nous visitons, nous récitons la prière d'équipe et une prière pour les prisonniers de l'endroit." (Malonne 1944)
"Après s'être réchauffés, nous assistons tous à la grand'messe de 11 heures. Nous sommes dans le choeur et très regardés par les gens de Suarlée. (Suarlée 30 mars 1942)"
C'est cette messe de minuit (pratique par ailleurs interdite par l'occupant), qui rassemble l'unité scoute au grand complet dans la Chapelle du Château David (voir plus loin le truculent compte-rendu de cette activité).
C'est encore cette potale à Notre-Dame installée à l'entrée du chemin d'accès du château des 4 Seigneurs, un beau jour d'août 1944, qui voit affluer les gens des Comognes et de la Leuchère pour le chapelet quotidien en fin d'après-midi.
C'est enfin cette consécration à Notre-Dame de l'Assomption, patronne de l'unité scoute, prononcée en grande pompe le 15 août 1944. en l'église paroissiale de Flawinne.
5. 1944 - L'époque des grands bombardements de Ronet
Dès 1e mois d'avril 1944, les bombardements désormais réguliers de la gare de Ronet vont modifier considérablement la vie des Flawinnois. Les familles sinistrées de Ronet et d'autres qui craignent pour leur sécurité vont émigrer vers les zones plus calmes des hauts de Flawinne : Comognes, Leuchère, Crestia, Château David ...
Les écoles gardienne et communale ferment leurs portes dès après Pâques. Un poste de secours est installé à l'école gardienne et l'on construit des abris un peu partout.
Les activités scoutes se poursuivent tant bien que mal, et les allusions au lent délabrement de la situation générale se font plus nombreuses dans le Tally de l'équipe training.
"... après quelques jeux, nous reprenons le chemin du retour. De fortes escadrilles anglaises sillonnent le ciel ..."
"On voit des escadrilles qui bombardent Jemeppe. Le retour en tram (depuis Onoz) s'effectue normalement et quand nous débarquons, nous apprenons que le premier bombardement de Ronet vient d'avoir lieu."
Plus le temps passe et plus les choses se compliquent. J. Piette nous l'explique une fois de plus avec son sens étonnant du raccourci :
"Nous étions bien lancés, mais une fois de plus, les bombardements nous empêchèrent de continuer notre oeuvre. Les bombardements de Ronet se répétèrent souvent et les événements se gâtèrent. Le district interdit toute grande sorties le local fut endommagé et nous dûmes tenir nos réunions au château des 4 Seigneurs. Là, à l'entrée de l'allée, nous élevâmes une potale à N.D. de la Paix.
"Notre activité pendant ces mois se résuma en ceci. Les petits élèves n'avaient plus cours vu que les classes étaient fermées : alors des cours s'organisèrent sous la conduite d'Elan, de Sanglier, de Chevreuil, de Coucou, de Griffon et de Teddy.
"Puis plus tard on organisa de vastes jeux, auxquels tous les Jeunes gamins furent invités et à la fin desquels l'aumônier leur parlait.
"Puis les bombarderont cessèrent et l'invasion commença, ce qui ne valait pas mieux. Vers le commencement d'août, nous revînmes au local ancien."
6. La libération
"Le début du mois de septembre voit arriver la libération. C'est enfin après 4 ans de terreur : la liberté. Vie et gloire à nos vaillants libérateurs. Nous pouvons maintenant sans aucune peur sortir en uniforme et à cet effet les réunions et les WE deviennent plus nombreux." (Tally)
7. Epilogue
Réveillon de Noël 1944.
"Cette année ce n'est pas à l'égal des autres années un réveillon de réjouissance mais plutôt une méditation religieuse. Une causerie vient nous aider à nous remémorer les célèbres événements.
"On commence par des chants et on apprécie à leur juste valeur les cougnous traditionnels.
"Puis viennent les projections d'actualités et puis la causerie religieuse.
"Nous assistons et nous communions avec joie à la messe de minuit, messe dont nous avions été privés pendant 4 ans". (Tally)
Le Comité des Oeuvres paroissiales de Flawinne met à notre disposition trois petits baraquements en planches, deux tables, deux poêles, et trois bancs.
Comme matériel de camp, ce même Comité nous prêtait avant guerre trois tentes très usagées, et un matériel complet de cuisine. Ces tentes et ce matériel de cuisine ont été pliilés en mai 1940 dans les locaux occupés en partie par l'Armée belge (dépôt d'essence).
Il reste à présent deux seaux, quelques casseroles et une cruche.
Tout ce qui était convenable a été enlevé; les démarches n'ont pas été faites par suite de la désorganisation de la Troupe dont le chef a été 8 mois en captivité.
Photo
Remarques concernant le salut au drapeau
Rassemblement
Qui hisse le drapeau ?
Rôle établi par le conseil des CP d'après les mérites des scouts. Ce scout aura soin de préparer le drapeau avant la cérémonie.
Cérémonial
Chef : Scout toujours …
Scouts : …prêts
Le scout chargé d'envoyer les couleurs quitte sa place et se rend au pied du mât.
Il se découvre et monte le drapeau
Le Chef : au moment où les couleurs montent : Au pays …
Scouts : Au Roi
Tous saluent, au chapeau; les CP aux staffs
Chef : Fixe
Brabançonne ou autre chant de circonstance
Baisser des couleurs
A l'heure convenable, on donne le signal qui peut être entendu dans tout le camp
En uniforme correct, un scout accompagné de 2 gardes de corps se rend au mât, salue (seul)
Le scout approche du mât, se découvre, descend le drapeau
Tous saluent
Le drapeau descendu, chacun reprend ses occupations.
Le scout qui l'a descendu, le plie et le remet en place (tente CT)
Extrait d'un calendrier scout
Extrait d'un calendrier scout
Lettre
Le château de Flawinne
là où en décembre 42, l'unité scoute de Flawinne assista à une messe de minuit clandestine
Le bombardement de la gare de Ronet au printemps 1944
Résultats du bombardement de Ronet
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F. GERSAY, Les Aventuriers (suite et fin)
Octobre 1944
La Belgique est libérée. Le cauchemar est terminé. L'allégresse règne partout. Les Américains et les Anglais, auréolés de gloire, frémissent d'enthousiasme face à l'accueil qu'ils reçoivent partout où ils s'installent. A Bruxelles, on chante "Tipperary" et "The Saints go marching in" entre deux explosions de gaudriole défoulante. Ces gens, venus de loin, n'avaient jamais rencontré cela ailleurs.
Les Belges sont là aussi, bien sûr, mais il manque les dollars. Heureusement, on a la Brigade Piron. L'armée belge, comme elle peut, se reconstitue avec des débris qui serviront de base. On fait quand même figure de parents pauvres. Les indispensables refont surface. Il faut du courage, de la compétence aussi. Mais le monde a changé. Les bons vieux principes commodes, dont on se satisfaisait, devront évoluer, avec les mentalités.
Toutes affaires cessantes, il faut juguler une inflation effarante. Le marché noir continue. Les margoulins font fortune. La foire d'empoigne des appétits a prévalu pour certains pendant quatre ans d'affilée. Des mesures énergiques s'imposent. Certains iront jusqu'à regretter les Boches. Beaucoup vont avoir mal ... au portefeuille, endroit particulièrement douloureux, comme chacun sait.
En grand secret, le ministre Gutt, grand argentier du Gouvernement belge de Londres, a fait imprimer une nouvelle monnaie. Les nouveaux billets, rouges, sont destinés à remplacer les verts que les planches à billets hitlériennes avaient généreusement répandus, partout où sévissait le Reichmark.
On appliqua donc le système dont tous les Belges contemporains de cette époque se souviennent. Chacun pouvait échanger à vue ses billets périmés contre la nouvelle monnaie, à concurrence de 2.000 francs maximum. Les millionnaires, qui avaient des surplus, se les voyaient confisqués et transformés en obligations d'Etat, remboursables dix ou vingt ans plus tard. On comprend que, dans ces conditions draconiennes, les mines s'allongèrent. Une valise d'anciens billets se liquidait par le troc d'un bibelot ou d'une relique guerrière. Désespérés, des margoulins désargentés se firent sauter la cervelle sur des paillasses de billets de banque sans valeur.
Cependant, pour obtenir le "pactole" de 2.000 francs, il fallait sortir de l'anonymat, de la clandestinité éventuelle et finalement montrer patte blanche. Par la force des choses, beaucoup de marginaux se trouvaient dans l'impossibilité de montrer les documents probants sans lesquels on n'obtenait rien. Parmi ces marginaux notoires, se situaient les ARA/SAS, qui se trouvaient sans moyens dans la rue.
Ces valeureux guerriers sans uniforme, n'appartenant à aucune unité, inconnus partout, dangereusement armés et bardés de faux papiers, devaient se rabattre sur le marché noir quand ils le pouvaient. Certains avaient de la parenté sur place, qui les dépannait. D'autres, moins bien lotis, se voyaient refuser l'accès à un mess ou même à une vulgaire cantine. Ils ne pouvaient exhiber que des papiers d'identité faux émanant, soit de l'autorité occupante disparue, soit d'une clandestinité quelconque, soit encore d'une organisation de résistance suspecte. La résistance servait de base à de nombreux alibis.
Des gens un tantinet vaniteux et qui se rappelaient le bon temps avec nostalgie, n'avaient manifestement pas compris grand chose au drame mondial qui continuait à se jouer. Ils se pavanaient dans les rues de Bruxelles libérée, revêtus d'un uniforme périmé, parfois tout neuf. mais qui, le plus souvent, avait été amoureusement conservé dans la garde-robe, jusqu'à la libération tant espérée.
Les gens du peuple, marolliens ou autres, comme chacun sait, peu respectueux du décorum et des exhibitions impressionnantes de dorures sur tranches, avaient qualifié ces nostalgiques de "naphtalines". C'était là, admettons-le, un manque de considération évident. Parfois, le nombre de ces prestigieux anachroniques était suffisamment considérable pour créer, par ci par là, des attroupements qui frisaient l'hostilité. Le ton montait. Le "vulgum pecus" posait des questions impertinentes à ces attardés dont certains portaient le sabre des grands jours et les éperons des grandes randonnées. Manque de courtoisie inadmissible et condamnable, il s'est même trouvé dans cette populace des individus qui cherchèrent à épurer l'atmosphère des relents naphtalinesques pour la remplacer par des concentrés d'oeufs pourris ou d'autre matière ...
Tous ces incidents de parcours indignaient les "aventuriers" tels que Yasreg. Ils n'avaient, eux, aucun uniforme. Leurs vêtements civils, ou plutôt ce qui en restait, servaient évidemment à voiler leur nudité et la maigreur de leurs côtes, mais aussi les armes qu'ils détenaient toujours. Où se situait finalement la différence entre un ARA/SAS et un forban en quête d'un coup à faire ? On pouvait se poser la question. Bon nombre n'ont pas manqué de le faire.
Le plouc Yasreg aurait aimé revêtir autre chose que ses hardes d'aventurier; cela lui aurait au moins garanti quelque chose dans son assiette à midi. Car même les 2.000 francs généreusement octroyés par le ministre Gutt à tout le monde étaient inaccessibles pour ce plouc déguisé en civil. Et il n'était pas question de toucher aux dollars qui lui avaient été confiés et dont il était responsable.
Réception au Shell Building de Bruxelles
La salle de réception est comble. L'ambiance y est spéciale, c'est le moins qu'on puisse dire.
Yasreg fait une entrée difficilement qualifiable de triomphale, parmi des gens assis. Une atmosphère de maffia, confirmée par des visages inquiétants et des attitudes de gens qui attendent et en ont marre.
On le regarde pendant qu'il prend un siège et s'installe. Quelques visages lui paraissent quand même familiers. Tiens ! Voilà L..., l'homme de Marche-en-Famenne, que les Anglaises trouvaient si beau et si séduisant qu'elles l'avaient baptisé Charles Boyer. Cela flattait cet ancien séminariste un peu trop enclin à la gaudriole. Rencontre providentielle, dépannage en vue : L... a de la parenté à Bruxelles et y connaît beaucoup de monde. Il rentre de Paris. Il s'y est acheté un complet et ce dernier s'est rétréci. Il a l'air de s'être introduit dans une saucisse et son pantalon boude ses bottines. Il a bonne mine, lui aussi.
Quelques autres visages vus en cours d'entraînement, sous un numéro, sont là. Ce sont des retrouvailles de gens qui sont toujours anonymes.
Il y a dans cette pièce une trentaine d'individus douteux, sales et hirsutes. Personne n'est gras et personne n'a envie de rire. Chacun de ces types a derrière lui un passé et des actes de courage qu'il sera seul à connaître. Ce sont des ARA, des saboteurs, des commandos d'action directe. Ils sont tous armés, on l'a déjà dit, et certains même de grenades Mills.
Les aventuriers attendent la visite de Monsieur L..., administrateur de la Sûreté d'Etat qui, paraît-il, se déplace spécialement pour eux. L'exactitude est en principe la politesse des rois et on sera indulgents pour les 10 minutes de retard. Car finalement, le voilà ! On croyait voir arriver un civil, mais c'est un monsieur sanglé dans un uniforme tout neuf qui fait son apparition. Il a grande allure.
Personne ne se lève. Tout le monde reste assis. Curieuse ambiance. Les ARA/SAS le dévisagent sans un mot. On attend des explications de Monsieur L... qui, paraît-il, représente le ministre de la Justice. Et voilà qu'on a droit à un discours de circonstances. Yasreg ne s'en rappelle plus les termes. L'officiel parle de courage, de services éminents rendus par les soldats sans uniforme, et cite même en passant l'un ou l'autre qui n'est pas là ce soir pour la simple raison qu'il a disparu. On parle de dévotion patriotique et chacun se sentirait confirmé dans sa valeur si on avait le ventre plein. Ce n'est pas le cas. Mais le discours est beau, on peut faire confiance à ce juriste éminent. très élégant dans sa tenue de parade. Certains ARA/SAS se sentent venir la larme à l'oeil.
En résumé, Monsieur l'administrateur comprend la situation des laissés pour compte. Il la déplore de tout son coeur. Mais il faut comprendre qu'on sort d'une guerre. Il faut s'extirper de la pagaille. Les problèmes sont énormes, à tous les niveaux. Hélas, personne n'est responsable vraiment des retards ! Chacun doit se persuader que l'attention nécessaire est apportée à la situation difficile des ARA/SAS. La Belgique se montrera reconnaissante pour ceux qui ont fait le maximum pour sa survie ... !
C'est étonnant de voir le peu de résultats que ces affirmations passe-partout grandiloquentes ont sur des marginaux à l'estomac vide. C'est alors que quelqu'un parmi les auditeurs de Monsieur L... se lève et demande la parole.
Il est grand et sec, filiforme. Il n'est pas rasé et on note d'emblée ses traits accusés et rébarbatifs. C'est un nourri aux rutabagas, comme Yasreg. Ce dernier ignore qui il est, mais l'avait cependant entrevu quelque part du côté de Liverpool, pendant l'entraînement para. Il n'a pas l'air commode et donne l'impression de rarement prendre des choux de Bruxelles pour des citrons de Corinthe. La plupart des "naphtalines" se sentiraient mal à l'aise en le rencontrant dans une rue peu passante. Pourtant son curriculum vitae de guerre est impressionnant. On le saura plus tard quand une certaine décantation se sera opérée. Mais, bien sûr, tout cela restera dans les dossiers. En feront leurs choux gras, des gens qui y auront accès et chercheront à rédiger du sensationnel.
"Monsieur l'administrateur,
"Merci de nous avoir fait l'honneur d'une visite. Nous avons bien compris vos difficultés, mais nous sommes rassurés en ce qui concerne votre souper. En ce qui concerne le nôtre, c'est beaucoup plus problématique. Nous voulons donc, avant de sortir de cette pièce, percevoir les 2.000 francs, au moins, que le dernier des clochards de Bruxelles a touché. Nous ne disposons plus, Monsieur l'administrateur, que de monnaie de singe et nous en détenons encore beaucoup. Mais nous possédons aussi encore beaucoup d'explosifs qui ne demandent qu'à être utilisés. Vous savez peut-être, Monsieur, que nous sommes des militaires, en dépit des apparences, mais que nous n'avons accès à rien de ce qui est accessible à tous.
"Nous demandons la remise des documents qui nous permettront de revivre une vie normale d'abord, et les 2.000 francs ensuite. Il y a une limite au scandale.
"Nous avons pleinement conscience des tergiversations et de l'hostilité de certains milieux à notre égard. Nous espérons que vous allez faire en sorte que ces obstacles disparaissent !
"Merci pour vos bonnes paroles, Monsieur l'administrateur de la Sûreté."
Une fois de plus, la mémoire fait défaut pour évoquer le temps qui passa encore avant de recevoir des documents militaires probants, mais en fin de réunion, chacun perçut une certaine somme en devises nouvelles, en principe destinée à assurer la "transition". Nous avons oublié les détails de ces transactions. En ce qui concerne Yasreg, heureusement pour lui, L..., l'homme de Marche-en Famenne. lui donna l'hospitalité provisoire.
Ce n'est qu'après un certain temps que le Docteur H..., de Comblain-au-Pont, auprès de qui Yasreg aurait dû être parachuté, le rencontra à Bruxelles.
Puis les choses se précipitèrent pour Yasreg. Des gens mandatés par la Sûreté de l'Etat mirent cet aventurier en mesure de rédiger et de conclure son rapport. Il n'y avait pas là de quoi pavoiser !
On le débarrassa en même temps aussi du poids encombrant de ce qu'il trimbalait : armes, munitions, cristaux d'émission. La somme en dollars qu'il détenait fut remise à qui de droit.
Chose plus importante, on lui donna le gîte et le couvert rue du Châtelain à Bruxelles. Dans cette rue qui, en 1944, se situait à la perpendiculaire de l'avenue Louise et y débouchait, Monsieur Rothschild, banquier Israélite important dans le domaine de la finance, fit cadeau aux ARA/SAS d'un immeuble de grande valeur. Cet homme se sentait reconnaissant envers ceux qui l'avaient sauvé des griffes de la Gestapo, lui et sa famille. C'est en tout cas ce que l'on raconte. Mais nous ne sommes pas historiens !
Quelques jours plus tard, on pria poliment Yasreg d'avaler sans tarder une boîte de corned beef et de prendre place dans une vedette lance-torpilles britannique pour rentrer à Londres toutes affaires cessantes afin d'y rendre des comptes.
Cette randonnée l'amena à Nordhaven dans le sud de l'Angleterre, à travers une tempête dans la Manche. Le navire de guerre, où Yasreg n'était que passager, en même temps que plusieurs autres, remplissait une mission retardatrice. Secoué des heures durant comme un prunier, Yasreg finit par éjecter son corned beef entre deux couchettes, et c'est le ventre creux qu'il débarqua, satisfait.
L'expérience convainquit cet ancien clochard qu'il ne suffit pas de savoir supporter le mal de mer pour se transformer en pirate.
Epilogue
Le moment est, semble-t-il, venu pour cet aventurier en fin de course de tirer discrètement sa révérence. Il voudrait saisir cette occasion pour exprimer son appréciation pour la gentillesse et l'indulgence que lui ont témoignées des personnes qu'il ne connaît pas. Car bien sûr un demi-siècle a passé. C'est assez long quand même. Il est temps d'en finir avec ce qu'il faudra bien appeler des réminiscences plus ou moins fastidieuses. Il s'agit, dans les meilleures conditions possibles, de mettre un terme à un prurit littéraire qui s'éternise, balbutie, et se révèle finalement sans objet.
Honni soit qui mal y pense !
Au revoir et merci !
Yderf Yasreg.
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Guy de SAIVE, Les barrières COINTET
Dans nos articles sur les fortifications de 1940, il est souvent question des barrières "COINTET".
Guy de SAIVE, dans un article paru dans le bulletin Tome III, fasc. 2, de juin 1986, nous en donnait d'excellentes explications que nous reproduisons ci-après, le bulletin original datant déjà de six ans.
Nous joignons ci-dessous un croquis, extrait de "Sedan 1940" édité par le "Service Historique de l'Armée de Terre" (Vincennes).
Ce dessin illustre bien l'explication donnée par G. de Saive au troisième paragraphe de son article.
C'est au début des années 30 que le Colonel de COINTET proposa le prototype de ses barrières anti-chars, anti-irruptions.
Elles ont été fabriquées en Belgique dans 28 usines différentes. Le modèle belge se distinguerait du français par l'ajout de 8 cornières verticales en façade ayant fonction d'empêcher les fantassins ennemis de passer à travers, les obligeant à escalader, les mettant ainsi à découvert sur sa crête.
Les barrières COINTET étaient prévues pour s'accrocher les unes aux autres, de façon à pouvoir constituer des obstacles sans limite de longueur, leur permettant ainsi de barrer les routes, les frontières, les plages, les forêts, les champs immenses, en avant de certaines fortifications, fortins, etc. Elles devaient briser un premier assaut; si un PANZER avait foncé dans un mur COINTET. il s'y serait empêtré comme une mouche dans une toile d'araignée.
Mais, dans ce cas, l'insecte qui l'attendait n'était autre que la mitrailleuse MAXIM 08/15 ou mieux, le petit mais terrible canon F.R.C. de 47 mm.
Les barrières COINTET utilisées comme verrous routiers pouvaient être déplacées entières, une à une, assez facilement, par quelques hommes (1) grâce à leurs rouleaux (2).
En cas d'alerte, ces barrières étaient bloquées en travers des routes, des chemins de fer, des tunnels, des ponts, etc... par une élingue d'acier courant au ras du sol d'une borne COINTET à l'autre (3).
Les bornes COINTET, espèces de gros seaux en béton (4), placées à chaque extrémité des endroits à interdire, doivent leur phénoménale résistance à la traction et aux chocs (5) au fait qu'elles sont renforcées intérieurement par une poutrelle d'acier noyée dans un massif de béton enterré sous elles; de plus, leurs formes tronconiques inversées force le câble qui les entoure à rester à leur base. Il n'y a donc pas de mouvement de levier. Bornes et massifs étaient bien entendu coulés sur place.
75.000 barrières COINTET ont été commandées par le gouvernement belge. Elles auraient pu former un mur de fer de 225 Km.
Le 10 mai 1940, 73.600 pièces avaient déjà été fournies par l'industrie, soit, mises bout à bout : 221 Km.
Une barrière COINTET belge pèse environ 1.300 Kg pour une largeur de 3 m et une hauteur de 2,5 m.
L'armée allemande les réemploya (6) pendant toute la guerre un peu partout en Europe et surtout sur le mur de l'Atlantique.
(1) Généralement l'équipe d'un fortin I.R. (anti-irruption).
(2) Trois rouleaux par barrière en tôle d'acier ou en ciment coulé.
(3) Ne pas confondre les bornes COINTET avec les bornes à câble, celles-ci toutes différentes, servent à tendre un câble à environ 60 cm de hauteur en biais des routes.
(4) Ses flancs sont entourés d'une chape en forte tôle galvanisée pour empêcher l'effet de cisaillement du câble.
(5) Dans la vallée de la Vesdre, en face du fortin Vesdre, une COINTET a même résisté à l'impact d'un obus de 75 mm, tiré très probablement du fort de Tancrémont, obus. qui, il est vrai, n'a pas explosé.
(6) Elles ne furent pas plus convaincantes pour eux que pour nous.
Photos
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Louis FREUVILLE, Les P(0)W : prisonniers de guerre allemands
Quelques chiffres
A la date du 30 avril 1945, on trouvait en Belgique 195.000 prisonniers de guerre allemands, détenus dans les camps britanniques ci-après :
Tableau camps Britanniques
Tableau camps américains
En mai 1945, 60.000 prisonniers allemands furent cédés à la Belgique qui les répartit en 41 camps de travail, surtout dans les charbonnages. Les "Forstlagern" en Ardenne traitaient le bois nécessaire aux galeries de mines. Les camps de déminage, en vertu des Conventions de Genève, n'étaient pas officiellement des camps de prisonniers. Les Allemands détenus étaient des "Surrendered Enemy Personnel" (Personnel ennemi rendu) ou des "Disarmed Enemy Forces" (Forces ennemies désarmées). Ces camps furent dissous au printemps de 1948.
454 Allemands moururent dans les camps belges après la guerre.
Camps belges
Souvenirs
Janvier 1946. Mon unité de V.G.44 (Volontaires de Guerre 1944) vient d'être dissoute et je me retrouve dans un organisme assez hybride dépendant directement du Ministère de la Défense nationale. Tous mes collègues sont d'avant-guerre et viennent d'être libérés de TOTAD, du Secours d'Hiver ou des services de contrôle du ravitaillement où ils avaient oeuvré de 1940 à 1945.
Vous comprendrez aisément que je ne me sentais guère en symbiose avec mon entourage et, suite à une opération que je jugeais particulièrement biscornue, je fis part de mon désagrément. A ce jour, je maintiens que j'avais raison, mais mon interlocuteur était major et j'étais sergent. On ne me punit pas; on me changea de service et tout un chacun sait qu'une mutation n'est pas une punition ...
Je quittai donc l'agence bancaire sous séquestre où j'avais mon bureau bien chauffé à quelques mètres de la rue de la Loi et me retrouvai dans un baraquement très aéré à Winterslag, dans une unité chargée de la garde de quelques centaines de prisonniers allemands et quelques dizaines d'inciviques devenus, plus ou moins volontairement, ouvriers mineurs dans la bataille du charbon chère à "Acille" Van Acker.
C'était homérique. Les collègues sur place étaient des V.G.45 qui, engagés trop tardivement pour être envoyés en opérations, avaient constitué un Bataillon de Garde. Ils étaient maintenant en voie de démobilisation et remplacés avec des fonds de paniers tels que moi et des miliciens anversois, alors que tout ce qui restait du cadre était francophone. C'est là que j'ai acquis mes premiers rudiments de la langue de Vondel (op zijn Aantwaarpse) en vue d'aider mon Commandant de Compagnie, brave capitaine de réserve, instituteur à Mons et tout à fait imperméable à tout ce qui n'était pas français, picard ou borain. Le pied !
Le service était très dur. En plus de la garde, soit en patrouille, soit en faction dans les miradors (avec phare et Bren), il fallait, trois fois par jour, escorter du camp au charbonnage les équipes de prisonniers-mineurs. Cela voulait dire se lever à 4 h, quitter le camp avec la "pause" de 6 Hr et ramener ceux qui avaient pris leur service à la taille la veille à 22 Hr. Idem pour la pause de 14 Hr et celle de 22 Hr. Le lendemain, en guise de repos, on était de garde. Sur papier, c'était déjà assez farfelu.
Ajoutez à cela que certains miliciens (pas tous, heureusement) étaient des gars des classes 42 et 43 dont la sympathie avait tendance à se trouver du mauvais côté des barbelés. Ils n'osaient guère refuser de garder les prisonniers mais ils carottaient d'importance. Le médecin faisait des heures supplémentaires, la RTT faisait des bénéfices grâce aux télégrammes demandant des congés d'urgence (il serait intéressant de faire des statistiques des grand-mères décédées dans la Province d'Anvers à cette époque).
Dans l'ensemble, les prisonniers ne se comportaient pas trop mal. Tant les Allemands que les "noirs" percevaient le barème syndical; en principe, ils pouvaient faire parvenir de l'argent à leur famille et garder une partie en "Lagergeld" qui leur permettait d'acquérir, à la cantine du camp, des cigarettes, des lames de rasoir et les quelques rares douceurs qu'on pouvait trouver chez nous au lendemain de la guerre. En fait, travail mis à part, leur situation était, de loin, préférable à celle de leurs "collègues" qui dépérissaient dans les camps et prisons.
Les évasions du camp proprement dit étaient inexistantes. Il y eut, toutefois, quelques tentatives au départ du charbonnage. Il faut savoir que, à la taille, les internés et les mineurs normaux travaillaient en commun. Lors de la remontée, ils étaient tous noirs comme du charbon (ben, voyons !). Les lettres PG peintes sur leurs salopettes étaient invisibles et le seul moyen que nous avions pour les départager était que les Belges avaient des lampes à verre blanc uni; les porions voyaient leur verre orné d'un filet rouge, les Allemands d'un filet bleu et les inciviques d'un filet vert.
Il y eut, d'aventure, des "erreurs". Un interné remontait dans les premiers ascenseurs avec une lampe blanche et était dirigé vers les douches. Plus tard, dans les derniers remontés, on trouvait un Belge qui, muni d'un filet bleu. jurait ses grands dieux qu'on lui avait volé sa lampe. Quoi qu'il en soit, nous ne pouvions que déclencher l'alerte. On tirait du lit les pauvres gars qui venaient à peine de se coucher et on partait en patrouille dans la belle imitation du Sahara (la neige en plus) qui entourait ce coin de la Campine sauvage.
Une de ces patrouilles, dont j'avais la charge, a retrouvé, trois heures plus tard, son évadé. Non seulement était-il en civil, il avait les poches bourrées de nourriture ... et il était accompagné de deux autres Allemands évadés d'un camp français et pris en charge par ce qu'il faut bien appeler une chaîne d'évasion. Je n'ai jamais connu les résultats de l'enquête. Peut-être jugea-t-on mieux de ne pas remuer tout cela ... Je conduisis mes trois lascars au camp de transit et de discipline à Ghlin (Hainaut) et je n'en ai jamais plus entendu parler.
En ce qui me concerne, cela dura jusqu'en fin 1946 avec très peu de congés et pas de permissions (manque de personnel). Je parvenais exceptionnellement à partir en escorte vers les camps tout proches de Zwartberg et Waterschei bien que cela ne changeait guère l'ordinaire et, oh joie, oh allégresse, je fis un séjour d'une semaine à Etterbeek afin d'y subir des tests.
Ce n'est qu'en janvier 47 que je fus désigné pour TESO de Bourg-Léopold (j'étais condamné au Limbourg !) où, avec mes collègues VG, je devais confirmer mes sardines. L'ESO était une belle imitation de Cayenne; nous portions la tenue de toile avec un numéro sur l'estomac qui permettait à tous les instructeurs et autres gardes-chiourme de relever la moindre faute. Sauf punition (et elles pleuvaient) nous pouvions sortir le mercredi soir et un week-end de temps en temps. Il fallait vraiment aimer l'armée (ou être masochiste ...) pour supporter cela pendant six mois. D'ailleurs les défections furent nombreuses.
Pour corser le tout, le 6 juin 1947, pendant les révisions en vue de l'examen final, un lot de grenades réelles (nous n'avions pas de munitions d'exercice) explosa dans une salle de cours, tuant dix copains et en blessant douze. Par chance, TESO se trouvait très près de l'Hôpital militaire qui, à l'époque, était réservé aux prisonniers de guerre allemands travaillant dans les charbonnages du Limbourg (coucou !) et ce sont les docteurs allemands et le personnel infirmier ex-Wehrmacht qui ont soigné et sauvé les blessés.
Le hasard veut qu'en Allemagne et à trois reprises, la dernière en 1982, je sois mis en présence d'un pépère, ancien doryphore, qui me raconte sa guerre. Quand nous nous apercevons que nous étions ensemble en Campine, nous échangeons des souvenirs de l'époque où nous n'avions guère plus de vingt ans et, avec le recul, il appert que, comme disait Simone Signoret, "la nostalgie n'est plus ce qu'elle était" !
Les archives allemandes sont bourrées de photos de 1940 montrant des soldats belges prisonniers, en route vers les camps.
Voici deux photos de la collection de Georges Pigeon, nous remises par Georges Huygen, montrant des soldats allemands, gardiens de camps de prisonniers, partant à leur tour en captivité.
Photos
Sont visibles sur les photos, des officiers belges libérés et des militaires anglais des troupes blindées, les libérateurs.
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Raymond PIERRE, Une coupole de 75 mm pour le fort de BARCHON
Monsieur Raymond Pierre nous tient informés, en nous adressant le magazine Blegny Initiatives, de ce qui se passe au fort de Barchon.
"Les visiteurs bénéficiaient déjà d'un montage audio-visuel d'une qualité exceptionnelle produit par F. Bonmariage. Ensuite, ils pouvaient terminer la visite par un trajet souterrain de 400 m qui les menaient à la tour d'air, la seule encore accessible pour l'ancienne Position Fortifiée de Liège, "Le seul regret, parfois exprimé, était le manque de matériel militaire.
"Cette lacune sera bientôt comblée grâce à l'aide de la firme Mondia. En effet, au Camp militaire d'Elsenborn, se trouvait, inutilisée depuis 60 ans, une coupole de 75 mm qui servait aux artilleurs des forts lors des exercices à tir réel. Cette coupole était toujours en bon état; seul y manquait le canon de 75 mm enlevé par les Allemands pendant la guerre 40-45.
"Après quelques mois de démarches, les autorisations nécessaires ont été obtenues et l'appui de la firme Mondia assuré. Aussi, le samedi 30 mai, dès 8 Hr du matin, une grue de 70 tonnes, deux camions avec semi-remorque, du matériel de levage, quelques bénévoles et beaucoup de bonne volonté étaient sur place au camp d'Elsenborn.
"Le travail consistait à démonter la coupole et la charger sur les camions.
La coupole se composait d'une tourelle orientable et éclipsable, une avant-cuirasse fixe et coulée dans le béton et un contrepoids dont la manoeuvre à la main permettait le soulèvement de la tourelle.
"Au premier essai, la grue retira sans difficulté la tourelle de 6 tonnes de son puits et la chargea sur le camion. L'avant-cuirasse de 24 tonnes comprenant trois voussoirs offrit plus de résistance. Les voussoirs étaient coincés l'un contre l'autre par des clavettes et par la rouille. Il fallut les dégager l'un après l'autre au marteau brise-béton. Le plus petit, de 5,5 tonnes, céda après deux heures d'effort. Les deux autres furent soulevés d'une pièce puis séparés avec des crics et des vérins hydrauliques. La dernière pièce, le contrepoids de 1,2 tonne, fut chargée vers 16 Hr.
"Toutes les pièces, d'un poids total de 30 tonnes furent amarrées sur les deux camions semi-remorques. Le travail avait duré plus de 8 heures.
"Une dernière difficulté fut le franchissement, centimètre par centimètre, du porche d'entrée du fort de Barchon par les deux camions.
"La dépose du matériel se fit dans le fossé de gorge ou, avant de le replacer dans le puits du saillant II, il subira un nettoyage approfondi.
"Nul doute que l'arrivée de la coupole de 75 mm constitue un atout supplémentaire pour les visites du fort."
La grue de la firme Mondia soulève la tourelle de 6 tonnes
Raymond Pierre
Signalons que les fidèles des réunions du mardi soir ont pu assister le 16 juin à la présentation, par Monsieur Jean-Luc Loxhay, du film vidéo qui a été réalisé lors de toute l'opération décrite ci-dessus et où aucun détail n'a été omis.
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Les visites du château de FRANCHIMONT et du musée de LA GLEIZE
Le Château de Franchimont
Le 20 juin, malgré des conditions météorologiques peu encourageantes, une vingtaine de membres ont répondu présents à la visite du château de Franchimont.
Cette ancienne place forte de la Principauté de Liège mérite plus qu'une visite. Notre ami Emile Coenen nous a guidés et a retracé l'historique de ce château remodelé et agrandi sous l'épiscopat d'Erard De La Marck.
Si le rôle historique et stratégique de Franchimont a diminué après le XVIe siècle, les armoiries de la Province de Liège reprennent les trois lions couronnés de sinople (vert), qui rappellent le marquisat de Franchimont.
L'après-midi, nous nous retrouvions devant le Musée de La Gleize flanqué de son char Tigre. Empruntons au fascicule édité par les responsables du musée les renseignements suivants que nous placerons sous le titre :
Découvrons un musée : Décembre 1944 à La Gleize
L'offensive des Ardennes
Le 16 décembre 1944. Hitler lance une ultime offensive dans les Ardennes
L'importance de l'offensive des Ardennes dans l'issue de la deuxième guerre mondiale n'est plus à démontrer. C'est elle qui a précipité la chute du 3e Reich. L'objectif d'Hitler était d'atteindre Anvers via Liège pour couper en deux les forces alliées et l'axe de percée au nord était essentiel.
L'axe d'attaque principal avait été confié à la 6e Panzerarmee regroupant des divisions de la Waffen SS dont la célèbre Leibstandarte Adolf Hitler : L.A.H. (garde personnelle d'Hitler), commandée par le Brigadeführer Wilhelm Mohnke. Le Kampfgruppe du Colonel J. Peiper était le fer de lance de la 1ère Panzer SS : il disposait de la plus grande partie des chars de la division.
On parle beaucoup de Bastogne, mais dans les plans de Hitler, c'était l'axe nord du saillant qui était la clé de l'offensive; Bastogne devait être seulement contournée. Les troupes du sud du saillant étaient loin d'être solides et bien équipées, leurs éléments hétéroclites devaient seulement contenir la montée des renforts américains venant du sud. Tout le poids de l'offensive reposait sur Peiper.
Après avoir atteint Stavelot le 18 décembre 1944 à 00.00 Hr, la colonne blindée de la 1ère Panzer SS poursuit son avance vers La Gleize où elle est définitivement arrêtée malgré deux tentatives vers Stoumont et Neufmoulin.
Encerclé, Peiper abandonne ses véhicules et rejoint les lignes allemandes. Le 23 décembre, Peiper reçoit l'autorisation de quitter le chaudron de La Gleize. A pied et de nuit, accompagné d'environ 800 hommes (*). Peiper s'infiltre dans les lignes américaines qu'il réussit à traverser pour rejoindre ses propres lignes. Il a abandonné à La Gleize 135 véhicules blindés.
(*) Le Kampfgruppe Peiper comptait le 16 décembre environ 2.000 hommes
(référence : "La Bataille des Ardennes - Le choc des armées" par le Major Emile ENGELS - Edition Didier Hatier - RTBF - 1984).
L'offensive de Hitler est brisée au nord
Le Musée Décembre 1944 est un musée européen soutenu par les pouvoirs publics. En 1983, les responsables politiques et les propriétaires des collections (M. Gérard Grégoire et Philippe Gillain) ont proposé à l'Exécutif de la Communauté Française, la construction d'un musée permanent. Les nouveaux bâtiments ont été conçus par le Service Provincial des Bâtiments, qui a voulu essentiellement que l'environnement soit respecté.
L'impressionnant char Tigre (Königstiger 80 T), le porte-carte personnel de Peiper, une multitude d'objets retrouvés sur le champ de bataille. 70 mannequins équipés de pièces rigoureusement authentiques, des véhicules, des centaines d'insignes et de décorations, une collection de boucles de ceinturons, une centaine de képis et casques, des dizaines d'armes et une masse de matériel provenant de la bataille font que le Musée Décembre 1944 est un des plus importants du genre en Europe.
Adresse: SC Décembre 1944, rue de l'Eglise, 7, 4981 La Gleize - Tel. 041 76 66 34 - 080 78 54 50.
A La Gleize, le char Tigre devant le Musée Décembre 1944
Dans le musée, les personnages et le matériel forment des tableaux pleins de réalisme
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BIBLIOGRAPHIE : Histoire oubliée des hommes perdus. Quinze jours de décembre 1944. Par Gilbert Gallez. Editions G. Everling - Arlon - 1984
Le livre de notre excellent ami Gilbert Gallez, ancien officier de KDH (Sécurité et Hygiène MDN) retrace l'histoire des opérations militaires qui se sont déroulées au nord du Saillant des Ardennes du 16 au 31 décembre 1944 et mirent en présence :
Du côté allemand (effort principal) :
attaque conjointe du 1 SS PZ Corps (Général Priess) - LXVII Corps Inf (Général Hitfeld) avec ses 326e et 246e Div Volksgrenadiere.
Du côté américain (défense sur front large) :
la seule 99e Div Inf US dont le 395e Reg Inf occupe 1e secteur nord (Hofen), le 393e Reg Inf le centre et le 394e Reg Inf le sud jusque Lanzerath.
Le général Laver, commandant de la 99 Div Inf, arrivée au Havre, via la Grande-Bretagne, le 3 novembre 1944 seulement, et composée d'hommes jeunes et inexpérimentés, d'où leur surnom de Battle Babies, avait heureusement un dispositif défensif en profondeur avec des positions de replis bien aménagées.
Cette division allait faire preuve d'une vaillance à toute épreuve et stopper l'ennemi définitivement dans sa percée vers Liège.
Le livre particulièrement bien documenté et bien illustré du commandant G. Gallez rend un vibrant hommage à ces G.I. qui s'illustrèrent à Hofen (3e Bon du 395e Reg Inf surnommé "le Roc de Hofen"), à Krilkelt, Rocherath, Wirtzfeld, Elsenborn (393e Reg Inf - 324 Bon Gn), Hünningen, Mürringen, Üdenbreth, Losheimergraben, Lanzerath (314e Reg Inf) au prix de lourdes pertes.
L'odyssée glorieuse du lieutenant Lyle J. Bouck de l'Intelligence and Reconnaissance Platoon du 394e Reg (Pon I et R) y est racontée dans le détail.
En position sur les hauteurs boisées de Lanzerath, l'unité dominait le point de passage de Losheimergraben quand les feux de l'artillerie allemande se déchaînent. le 16 décembre 1944 vers 05.30Hr, les hommes sont dans leurs "foxholes", frigorifiés mais attentifs et bien armés en armes automatiques.
Les 20 hommes du lieutenant Bouck vont bloquer pendant 18 heures le passage des éléments de pointe du Kampfgruppe Peiper.
En 1982, sur décret spécial du Président des Etats-Unis, leurs exploits furent récompensés; les uns reçurent la Distinguished Service Cross, les autres la Silver Star, certains à titre posthume... Histoire oubliée des hommes perdus !
Hommage est également rendu aux artilleurs des 370, 371, 372 Field Artillery Bon et à ceux des 924 et 776 Field Artillery Bon qui se replièrent sur Elsenborn pour former un ensemble de 12 batteries, qui, dans la nuit du 20 au 21 décembre 1944, tirèrent plus de 7.000 projectiles en l'espace de 20 minutes, stoppant ainsi la progression ennemie au nord du saillant, de façon définitive.
Ecusson de la 99 Div Inf
La bande horizontale à damiers blancs et bleus est reprise des armoiries de William Pitt de qui la ville de Pittsburgh tient son nom. Le fond noir symbolise le charbon de la région du sud-ouest de la Pennsylvanie, où fut constituée la 99e Div en 1931.
Le livre compte 230 pages et contient énormément de photos et documents.
G. SPOIDEN
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Le courrier des lecteurs
Mimoyecques - suite
Nous recevons de Messieurs P. Richely et A. Neve la lettre suivante. Après des hésitations, nous en reproduisons la totalité, bien que, selon nous, on y trouve, sans nuance, un jugement trop sévère à l'encontre de l'auteur de l'article incriminé.
"Mimoyecques : imprudent Monsieur Fréson
"Monsieur Willy O.H. Fréson a publié dans les fascicules 1 et 2 du bulletin du C.L.H.A.M de 1992, un article portant le titre "La pompe à haute pression - Arme secrète allemande V3".
"Il y a beaucoup à dire sur ce texte, traduit de la publication allemande "Waffen Revue" n° 70 et n° 73. Cette particularité n'apparaît pas dans le texte de Monsieur Fréson qui, néanmoins, cite comme seules références les numéros 70 et 73 de la revue précitée, "Les lecteurs du bulletin du C.L.H.A.M. peuvent imaginer que l'article résulte d'une étude détaillée dont, au moins, les points principaux ont fait l'objet d'une vérification attentive.
"Pour notre part, notre connaissance de l'ouvrage de Mimoyecques, tant par les études sur place que par des recherches bibliographiques et des travaux sur archives, nous donnent bien des doutes sur la qualité de ce travail.
"Trop d'erreurs ont été relevées, en nous limitant à la partie de l'article que nous pouvons juger le mieux : Mimoyecques.
"Nous citerons notamment :
"1. Mimoyecques, qui n'est pas un village, mais un lieu-dit ou tout au plus un hameau, n'est pas situé près de Rinxents il suffît de consulter la carte IGN (1:25.000) pour le constater.
"2. Trois puits inclinés et non cinq ont été construits à Mimoyecques. Les travaux n'ont donc pas été achevés.
"3. "Les endroits ou les bouches des canons sortaient de terre" n'étaient pas "renforcés au moyen de fortes plaques en béton armé". La zone des trois puits inclinés était recouverte en surface d'une énorme et unique dalle en béton armé longue de 70 mètres, large de 30 mètres et épaisse de plus de 5 mètres. A la sortie des puits à canons, des fosses avaient été aménagées dans la dalle. Elles étaient elles-mêmes recouvertes de plaques en acier dont nous avons retrouvé un certain nombre d'exemplaires dans la carrière de la "Vallée Heureuse" à Hydrequent.
La revue "After the Battle" (n° 6 p. 39) a publié, notamment, la photo (copyright Impérial War Museum) d'une de ces fosses à canons.
"4. La galerie principale à 30 mètres (le tunnel) n'est pas orientée d'Est en Ouest mais Nord-Sud. Large de six mètres (y compris le quai de déchargement), elle est traversée par une voie de chemin de fer reliée, par des boucles, à la ligne Calais-Boulogne. Comment aurait-on pu faire passer dans ce tunnel une route carrossable pour les camions et une ligne de chemin de fer à deux voies ?
"5. La galerie qui "s'évasait en son centre en forme de dôme" témoigne d'une imagination particulièrement fertile, (voir les cartes postales en vente à Mimoyecques). Il n'y a pas la moindre trace d'un dôme.
"6. La totalité des auteurs situe les débuts de la construction en juillet-août 1943. Roland Hautefeuille, spécialiste des ouvrages spéciaux, pense que les travaux pourraient même avoir débuté en avril-mai 1943. Quoiqu'il en soit ceux-ci étaient suffisamment avancés en septembre 1943, pour que le service d'interprétation de la R.A.F, distingue des boucles de chemin de fer conduisant à deux tunnels situés entre Boulogne et Calais. L'ouvrage de Mimoyecques, selon les projets, devait comprendre deux parties construites au départ de deux tunnels desservant chacun 25 canons soit au total 50 canons. Après les premiers bombardements des 5, 8 et 10 novembre 1943, la construction du tunnel ouest fut abandonnée. Des vestiges sont encore visibles aujourd'hui. Seuls les travaux au tunnel est furent poursuivis avec acharnement. Ici encore Monsieur Fréson se trompe lorsqu'il écrit que l'ordre d'entamer la construction fut donné au début de l'année 1944.
"Conclusion
"Les erreurs relevées dans l'article analysé illustrent un problème fondamental : le contrôle des sources d'information. En l'occurrence, ce contrôle ne semble pas avoir été opéré, l'auteur s'étant contenté de traduire le texte d'une revue allemande.
"L'"accident" qui en résulte n'est même pas fructueux car il ne découle pas de divergences dans l'analyse des faits ou de leurs conséquences. Les erreurs sont flagrantes et d'autant plus regrettables que, par une seule visite sur le terrain, l'auteur aurait pu éviter la plupart d'entre elles.
"Bizarre : le bulletin du CLHAM (notamment le bulletin n° 11, 1991, p. 27) n'a même pas été pris en considération.
"Comment les lecteurs du bulletin placés devant des données aussi contradictoires pourraient-ils choisir ? Qui croire ! D'autre part, le Comité de lecture, aussi bon soit-il, est condamné à faire confiance dans l'ensemble aux auteurs de textes. Il appartient donc à ceux-ci de s'imposer une rigueur et une discipline de travail qui, de toute évidence, ont fait défaut dans le cas qui suscite notre réaction.
"Ecrire, copier ou traduire des textes sans précautions expose immanquablement à des erreurs grossières. L'association en subit un préjudice qui se traduit par une perte de crédibilité de son bulletin d'information.
"Sources
"Outre nos propres et nombreuses investigations sur place et divers livres ou publications évoquant le site de Mimoyecques, nous citerons :
- Rapport de la Mission Française dirigée par le Professeur Henri Moureu en 1944
- Rapport du Génie Anglais
- Rapport du Génie Français
-"Ouvrages spéciaux" par Roland Hautefeuille, Paris 1985."
P. Richely - A. Neve
Commentaire du rédacteur du bulletin (Pierre Beaujean)
La réaction de M. Richely (seul signataire de la lettre) est saine puisqu'il n'hésite pas à prendre la plume pour remettre la machine sur les rails.
La critique adressée nominativement à Monsieur Fréson concerne cependant principalement le document sur lequel celui-ci s'est basé. L'article incriminé a cependant le mérite de nous dire des choses que beaucoup ignoraient et qui ne sont pas toutes contestées (pas encore ?).
D'autre part, la rédaction du bulletin considère, peut-être à tort, qu'en invitant régulièrement ses lecteurs à communiquer, par la voie du "Courrier", les remarques, ajouts, rectifications, que ceux-ci jugent bon de faire, il est permis d'arriver à la bonne crédibilité que l'on doit attendre de notre bulletin d'information.
En termes clairs, et avec le sourire pour tous, espérons-le, pour obtenir de Monsieur Richely qu'il nous communique, par écrit, son savoir, il fallait que Monsieur Fréson fasse aussi un gros travail et que le C.L.H.A.M. le publie.
Personnellement, dans l'article de Monsieur Fréson, la partie "artillerie" m'a intéressé et je serais curieux d'en apprendre plus par d'autres spécialistes.
Réponse à "Qui reconnaît ?"
Monsieur A. Gérard a reconnu son père sur une des photos communiquées par Monsieur M. Viatour et publiées à la page 72 du dernier bulletin.
Sur la première photo, prise en 1941 à l'Oflag II A à Prenzlau, le lieutenant Gérard est le personnage le plus haut et le plus à gauche. Né le 07.04.1905 et décédé le 04.01.1962, cet officier d'active, ingénieur civil des mines, s'était rengagé par amour de l'armée et des chevaux. Lorsqu'il fut fait prisonnier le 28 mai 1940, il était lieutenant, probablement au 3e Régiment d'Artillerie.
Monsieur A. Gérard nous promet de rechercher d'autres photos et d'interroger sa mère pour obtenir quelques noms d'officiers.
Nous reproduirons la ou les photos dès que plusieurs autres officiers auront pu être identifiés.
Variation sur les haricots
Fidèle correspondant, le Major e.r. P. Davreux met à profit ses vacances pour nous adresser, de France, une plaisante anecdote.
"En 1951, lors de la manoeuvre JUPITER, nous nous trouvions engagés côte à côte avec des éléments de l'armée française (notamment le 7 Tirailleurs Marocains).
"Belles manoeuvres où le sac de couchage n'était pas déplié deux fois au même endroit. J'étais dans ma jeep et chacun attendait son tour de passer le Rhin sur des bacs du génie. Dans les fossés, de part et d'autre de la route, se trouvaient des fantassins français à la halte. Un de mes soldats avise l'un d'eux en train de manger, à même la boîte, des MEATS and BEANS, les haricots tomates qui arrivèrent en 44 en même temps que les Yankees.
"Il lui dit "C'est bon ?" Et le Français, avec un accent inimitable, lui répond "C'est pas cor assez d'bouffer les fayots d'la France, faut cor bouffer ceux d'l'Amérique".
"Je n'aurais pas conté ce vieux souvenir si le hasard ne m'avait mis entre les mains ce qui suit :"
Bulletin officiel du Ministère de la Guerre - Année 1887.
IM° 41. Note ministérielle relative à l'introduction des lentilles dans la composition des approvisionnements de légumes secs pour le service militaire, à l'intérieur. (Direction des Services administratifs, Bureau des Vivres.)
Paris, le 14 janvier 1887
En vue d'apporter une certaine variété dans la composition des approvisionnements de légumes secs entretenus pour le service militaire à l'intérieur, le Ministre a décidé, en principe, que ces approvisionnements comprendraient, à l'avenir, des lentilles dans la proportion de moitié (l'autre moitié continuant à être constituée en haricots).
L'application de cette mesure sera toutefois subordonnée à la possibilité de se procurer, dans les diverses places, ou de se faire expédier sur elles les quantités nécessaires, dans les mêmes conditions de prix d'achat ou de prix de revient que les haricots.
Dans le cas où il devrait résulter de l'application de cette mesure une augmentation de dépense, l'approvisionnement serait constitué tout entier en haricots.
L'insertion au BULLETIN OFFICIEL tiendra lieu de notification.
"Il me reste à vous souhaiter, à tous, bon appétit !"
P. Davreux - Paris, le 14 août 1992.
Pluie de V1 sur Liège et Anvers
En complément de l'excellent article de notre ami Louis Freuville "Pluie de V1 sur Liège et Anvers", nous extrayons de l'Atlas du professeur Bernard de l'Ecole Royale Militaire "Guerre totale et Guerre révolutionnaire. Editions Brepols, le croquis ci-joint, de nature à intéresser nos lecteurs.
Appel aux érudits
"Sur deux plans hollandais du fort de la Chartreuse à Liège, les courbes de niveau sont indiquées en "degrés, minutes, secondes". Exemple : au pied de la colline, la cotation est de 262° 0' O". Sur le fort, elle est de 100° 0' O".
Qui peut me donner la conversion en mètres de ces mesures ?
Merci d'avance"
LOXHAY Jules. 68/28. rue Demoitelle, 4030 LIEGE - Tél. 04.165 59 45.
Note du Webmaster : cette question n'a, à ce jour, toujours reçu aucune réponse. L'appel reste donc d'actualité. Merci d'avance.
Le blockhaus d'Eperlecques – Première base de V2
Dans le bulletin précédent, Monsieur Fossoul demandait des informations sur le blockhaus d'Eperlecques. Il a trouvé lui-même la réponse dans une publicité qu'il nous envoie, car cela peut intéresser d'autres membres. En voici le résumé.
"Décembre 1942. Hitler accepte la construction d'une usine d'assemblage de V2 équipée de sa propre production d'oxygène liquide et complétée par une base de lancement. Le village d'Eperlecques est choisi pour sa situation géographique : a l'intérieur des terres - abrité par un grand massif forestier - à égale distance entre Boulogne, Calais, Dunkerque et à proximité de Saint-Omer, l'ouvrage est bien caché. Le chantier est colossal, de nombreuses victimes payant de leur vie pour la construction de ce monstre de béton (130.000 t) et d'acier (40.000 t), d'une surface de plus d'un hectare, 60 m de profondeur et 22 m au-dessus du sol.
Les bombardements des forces alliées (5.000 t de bombes) n'arrivent pas a le démolir mais l'empêchent d'être opérationnel.
Le Bunker d'Eperlecques, F 62910 Eperlecques (France). Tel 21.88.44.22.
La cloche de l'Atlas V
Dans le bulletin Tome V, fasc. 1, à la page 82, est relatée l'histoire de l'Atlas V, ce remorqueur qui, sous la conduite de son capitaine, Jules Hentjens, avait forcé, le 3 janvier 1917, les défenses allemandes de la Meuse et avait conduit en Hollande 103 passagers.
Par hasard, en visitant l'exposition "Si la Meuse m'était contée", organisée à la C.G.E.R. à Liège, nous avons pu admirer la maquette de l'Atlas V, "forceur de blocus", et y apprendre qu'il ne reste rien de ce bateau, si ce n'est la cloche.
La cloche de l'Atlas V se trouverait à Banneux, sur l'Esplanade, où elle appelle les fidèles et les malades pour les offices. (Information non contrôlée).
P.B.
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