TOME 3 - FASCICULE 9 - JANVIER-MARS 1988

Sommaire

Prix de littérature militaire Général BRIALMONT 1989

Joseph THONUS - Un peu d'histoire - Août 1914, Le cavalier FONCK du 2e Régiment des Lanciers à la "Croix Polinard"

Paul RICHELY - L'ouvrage de MIMOYECQUES

Gén-Maj e.r. MATTHYS - La Place Forte de MAASTRICHT (complément)

André ALEXANDRE - Les Carabiniers Cyclistes

J. HARLEPIN - La tenue des casemates et coupoles sous le feu en 1914 - Précisions par G. SCHALICH (deuxième addenda)

J. LEBEAU - La Tranchée des Baïonnettes

J. LEBEAU - Le fort de HUY à travers les siècles

Pierre BEAUJEAN - Un document de 1889, le livret militaire d'un milicien infirmier

G. SALLE - Le Fort d'EMBOURG (4/12)

Courrier des lecteurs

Prix de littérature militaire Général BRIALMONT 1989 de la Société Royale des Officiers Retraités

Rue Royale, 270 - 1210 Bruxelles
REGLEMENT
Le Prix dénommé "Prix de littérature militaire Général Brialmont" est d'un montant de vingt-cinq mille francs (25.000).
Il est attribué tous les trois ans à l'auteur (ou les auteurs) d'une oeuvre originale de haute valeur traitant des questions se rapportant au domaine militaire dans les catégories ci-après:
a) Travail ayant trait:
- A l'art militaire dans ses diverses applications;
- Aux sciences militaires dans leurs aspect historique, culturel et social.
b) Oeuvre d'imagination se rapportant en ordre essentiel au milieu militaire.
Les oeuvres présentées doivent être rédigées en une des langues nationales. Les auteurs doivent être de nationalité belge.
ATTRIBUTION DU PRIX
Le prix sera attribué tous les trois ans à la date du 1er juin au meilleur travail soumis à l'appréciation du jury.
Les travaux présentés, manuscrits ou ouvrages publiés depuis moins de trois ans, doivent parvenir au Secrétariat avant le 1er janvier.
Le jury peut décider de ne pas décerner le prix.
Le jury comprendra cinq membres, dont trois doivent faire partie de la S.R.O.R. Ils sont désignés par le Comité de Direction de la Société.
Le jury aura toute liberté pour solliciter, à titre consultatif, le concours de toute personne étrangère spécialisée dans les domaines traités.
Les décisions du jury se prennent à la majorité simple et sont sans appel.
DROIT DE LA S.R.O.R.
La S.R.O.R. se réserve le droit de publier dans "La Belgique Militaire" des extraits de l'oeuvre primée.
Les ouvrages présentés pour le "Prix Brialmont 1989" devront parvenir au Secrétariat S.R.O.R, pour le 1er janvier 1989.
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Joseph THONUS - Un peu d'histoire - Août 1914, Le cavalier FONCK du 2e Régiment des Lanciers à la "Croix Polinard"

Lorsque le 31 juillet 1914, la mobilisation fut décrétée, le 2e Lanciers eut l'honneur de voir ses unités lancées les premières au contact de l'ennemi qui envahirait, éventuellement notre territoire. En effet, le Général LEMAN, qui commandait la position de Liège, avait ordonné de diriger immédiatement vers la frontière de l'Est, les quatre pelotons de reconnaissance dont il avait depuis plusieurs mois, prévu la constitution et l'entraînement particulier.
Lorsque le samedi 1er août, vers deux heures du matin, les cloches de Thimister sonnent le tocsin, c'est au son de ces notes lugubres que tout le monde se met aussitôt sur pied. Au milieu des explications bruyantes des personnes attroupées, on a peine à entendre la voix du garde-champêtre, courant de-ci de-là et annonçant la mobilisation générale de l'Armée.
Les suppositions les plus diverses, les pronostics les plus divergents trouvent leur écho dans la, bouche des tacticiens improvisés. L'ordre de mobilisation générale décrété, concerne les classes de 1909 à 1901.
MOBILISATION GENERALE DE L'ARMEE
Province de LIEGE
Commune de Thimister. Le 1er août 1914, Modèle 28
La mobilisation de l'armée est décrétée.
Premier jour de la mobilisation: samedi.
Les militaires en petite permission, en congé limité et en congé illimité, y compris les miliciens dispensés du service en temps de paix, inscrits dans les registres de mobilisation sont rappelés sous les armes.
Sans attendre la réception de leur ordre de rappel, ils se rendront immédiatement par la voie la plus rapide et la plus directe, dans les dépôts, corps ou forts où sont conservés armes et leurs leurs effets.
Seront arrêtés par la Gendarmerie, ceux qui n'auraient pas rejoint demain au plus tard avant douze heures.
Aucun prétexte d'ignorance ne sera admis.
Les hommes rappelés seront prévenus qu'ils ne recevront pas de nourriture avant leur arrivée au dépôt ou au corps et qu'ils doivent se munir de quelques vivres.
Les chevaux de selle et les chevaux de trait, ainsi que les voitures à réquisitionner pour les services de l'armée, doivent être fournis aux commissions de remonte au jour, à l'heure et à l'endroit désignés aux affiches placardées dans chaque commune.
Les agents du gouvernement, des provinces et des communes sont tenus de prêter leur concours aux commandants de district, aux commandants de canton ainsi qu'aux bourgmestres pour la prompte et bonne exécution des mesures concernant la mobilisation de l'armée. Seront punis, conformément aux lois, les agents ou fonctionnaires qui apporteraient des entraves ou des retards à l'exécution de ces mesures.
Le Bourgmestre, A. HERMENS
Dès quatre heures du matin, les vaillants rappelés quittent leurs familles. Des adieux angoissants, des larmes, l'appréhension. Ici, c'est un père quittant femme et enfants, là un fils délaissant ses vieux parents.
Ils se dirigent vers la gare, le front baissé, un petit paquet de vivres à la main. Cinq heures quinze, le train s'ébranle!
Dès l'avant-midi, commencent à la maison communale les travaux de réquisition des chevaux de la commune destinés à l'armée.
Le conseil communal siège en permanence jusqu'à huit heures du soir, à l'effet de répartir les charges des fermiers; on a réquisitionné le cinquième du bétail. Tous les cultivateurs de la localité s'exécutent bien volontiers.
Le 02 août, à Liège, de grand matin, le 2e Lanciers quitte la garnison pour se rendre dans ses cantonnements de mobilisation à Milmort, où il reçut l'ordre d'établir un réseau de surveillance vers Battice, tâche dévolue au 1er Escadron, qui sous le commandement du Commandant Mousseaux, se met en marche et prend position à proximité de la bifurcation des routes de Battice - Henri-Chapelle et de Battice - Aubel.
Pendant ce temps, compte tenu de la gravité de la situation, un "arrêté" interdit les rassemblements; de plus, il est strictement défendu de surfaire le prix des denrées de première consommation. Les intéressés ne peuvent offrir ces produits en vente, qu'à des prix raisonnables. La loi prévoit des peines très sévères contre ceux qui profiteraient d'une calamité publique, au détriment de la classe ouvrière.
Le 03 Août, personne encore, ne croit sérieusement à la gravité extraordinaire de la situation, mais, à dix heures et demi du soir, de nouveau le tocsin réveille la population de Thimister.
Dans la rue, le chef de gare, essoufflé, fait part avec une nervosité pleine d'effroi, du contenu de la communication téléphonique qu'il vient de recevoir:
"ORDRE DU GENERAL LEMAN"
L'ennemi va passer la frontière - Réquisitionnez hommes valides avec pelles, pics, etc. pour creuser tranchées sur la chaussée et barricader toutes les routes!
Mais la population dort profondément, un certain temps s'écoule avant que tout le village soit sur pied. La panique s'empare des volontés les plus stoïques; néanmoins, des groupes se forment, les bruits des outils jetés sur la place publique retentissent dans la nuit. L'on discute sur l'inutilité de ces barricades et de ces tranchées, les femmes supplient leurs maris, les enfants sont réveillés, ils pleurent.
Maintenant les choses sont sérieuses, la guerre est certainement très proche!
L'ordre est là! Il faut s'exécuter, les hommes saisissent leurs outils, et par petits groupes, se hâtent vers la chaussée où ils vont travailler dur. Ils ont tôt fait de creuser des tranchées, d'entasser pierres sur pierres, de coucher des arbres entiers au travers de la route, de barricader celle-ci par des tombereaux.
Le 04 août, de grand matin, l'escadron auquel appartenait le Cavalier Fonck reçoit l'ordre de se diriger vers Henri-Chapelle. Vers neuf heures, tout là-bas à l'horizon, au delà des prairies et des champs, l'on aperçoit des masses compactes avançant sur la route de Merckhoff à Visé, ce sont probablement les premières hordes prussiennes, ayant violé notre neutralité.
De la route de Margensault, débouche une estafette de cinq Lanciers belges, dont un officier; on les entoure aussitôt, on les renseigne. La carte à la main, l'oeil nerveusement scrutateur, l'officier note les premiers renseignements de la population enthousiaste, tandis que les cavaliers reçoivent, à profusion, bières, cigares et cigarettes. Quelques instants après, ils repartent et on les voit remonter la côte de la nouvelle route de Stockis à Battice au grand galop. La patrouille s'échelonne le long de la route, et bientôt, Fonck, en position de pointe, disparaît aux yeux de ses compagnons, derrière un virage de la chaussée.
Sur le pont enjambant la ligne de chemin de fer, le Cavalier rencontre le directeur du charbonnage de Battice et un mineur venus pour faire sauter le pont. Le Cavalier Fonck insiste pour passer afin d'accomplir sa mission de reconnaissance et poursuit sa progression en direction de Henri-Chapelle. Arrivé à la ferme Bolsée, il s'arrête et s'interroge sur l'identité d'un groupe grisâtre que le fermier lui montre là-bas sur la route. Le fermier rentra chez lui, et Fonck avance encore. Il met pied à terre, attache son cheval à une barrière, prend position avec son fusil et fait feu sur le groupe de cinq ou six soldats ennemis qui arrivent vers lui. Un soldat allemand tombe, et les autres se dispersent.
Fonck remonte à cheval et progresse encore, mais les ennemis qui appartiennent au 53e Régiment des Uhlans, se ressaisissent et reviennent par les prairies, des deux côtés de la route. Les Prussiens ouvrent le feu et la monture de Fonck s'abat sous son Cavalier. Celui-ci parvient à se dégager et entreprend de faire retraite. Il longe le fossé de la route, traverse la chaussée car il pense que le pont est détruit, escalade l'accotement pour franchir la haie. C'est là qu'une balle le frappe à la nuque et il s'écroule face contre terre.
Voilà comment le 04 août 1914, à 10 heures du matin, le Cavalier ANTOINE FONCK, du 2e Régiment de Lanciers, donna sa vie pour le pays, la devise de son Régiment "Meurt premier comme devant" n'aurait pu être mieux illustrée.
Bibliographie
- Archives communales de Thimister-Clermont
- Archives de la Fraternelle du 2e Lanciers
- Archives de la Commission communale des loisirs de Thimister-Clermont.
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Paul RICHELY - L'ouvrage de MIMOYECQUES

La construction du site de Mimoyecques (Pas-de-Calais), classé dans la catégorie des ouvrages spéciaux ("Sonderbauten"), a débuté en 1943.
Cette énorme construction (mise en oeuvre d'au moins 150.000 tonnes de béton) devait protéger une batterie de 25 canons à longue portée orientés vers Londres (distance: 150 Km.)
La canon (conçu par l'ingénieur Coenders des aciéries Röchling déjà connues pour leurs obus) d'une longueur d'environ 125 m, était caractérisé par l'assemblage de sections d'environ 4,50 m de long (diamètre 150 mm) , séparées par des doubles chambres d'explosion latérales. Les explosions successives (allumées électriquement) lors du passage de l'obus à leur niveau, devaient animer celui-ci d'une vitesse croissante atteignant 1500 m/sec à la sortie du tube.
Le canon et les obus n'ont jamais été vraiment mis au point.
La décision de construire le site a donc été adoptée alors que l'expérimentation ne permettait de formuler aucun pronostic sérieux quant aux chances de réussite!
L'ouvrage traversé par un tunnel de chemin de fer (- 30 m), sur lequel se greffaient à la perpendiculaire, 11 galeries latérales rejoignant une galerie parallèle au tunnel, possédait probablement plusieurs étages dont le plus profond situé à - 100 m.
Des puits inclinés à 51° (puits à canons) traversaient l'ouvrage de haut en bas et débouchaient à l'extérieur dans une dalle de béton épaisse de 5 m.
Chaque puits (destiné à 5 tubes) se terminait en surface par une excavation rectangulaire (9 m x 4,5 m) recouverte d'une plaque d'acier épaisse de 20 cm., percée d'embrasures à volets pivotants permettant le passage des obus. David Irving (*) estime qu'en juillet 1944, on observait sur le site, 1.000 tonnes de pièces d'acier (plaques d'acier du toit, chambres de culasses, châssis des tubes,-élévateurs électriques, etc.)

(*) "A bout portant sur Londres" p. 348. Edition Robert Laffont 1967

En raison des intenses bombardements alliés et des difficultés techniques allemandes, Mimoyecques n'a jamais été opérationnel et n'a d'ailleurs jamais été achevé. L'ouvrage est aujourd'hui partiellement ouvert au public (uniquement l'étage - 30 m) où on admirera notamment la galerie de chemin de fer, accessible sur 600 m.
BUNKER DE MIMOYECQUES (d'après le rapport Sanders)
Le tunnel d'entrée. Les bouches de sortie des tubes de lancement sont sur le plateau au-dessus de la colline
Photo
Un train entrait dans ce tunnel
(photos J. Lebeau)
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Gén-Maj e.r. MATTHYS - La Place Forte de MAASTRICHT (complément)

Dans le bulletin précédent, dans l'article "La place forte de Maastricht", une ligne a été omise (la 19ème ligne de la page, dans le corps du 3ème paragraphe).
II faut lire "en 1632 (Frédéric-Henri, Prince d'Orange), 1673 (Louis XIV avec Vauban), … etc."
Ceux qu'intéresse l'Histoire auront sans doute remarqué que le texte, tel qu'il a été imprimé, donne, en 1632, moins 6 ans à Louis XIV et moins 1 an à Vauban !
Des cartes postales de Maastricht nous montrent, ci-dessus, la Hellepoort (enceinte moyenâgeuse), et ci-dessous, le Fort Saint-Pierre et son souterrain.
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André ALEXANDRE - Les Carabiniers Cyclistes

"Es sind keine Menschen, sondern schwarze Teufels"
(Ce ne sont pas des hommes, mais des diables noirs)
En 1914, les Allemands, lors de l'attaque de Haelen.
En 1890, le Ministre de la guerre prit la décision de créer une section de cyclistes à l'école régimentaire de carabiniers de Wavre. Initialement, le rôle des cyclistes se bornait à un service d'estafettes.
En 1896, lors des manoeuvres dans la région de Huy, on se rendit compte que le vélo était un moyen de transport idéal pour transférer rapidement des troupes d'infanterie d'un endroit à un autre.
Aussi, deux ans plus tard, le département de la guerre décida que la quatrième compagnie de chaque bataillon serait dotée d'une section de cyclistes et ce, afin de pouvoir former des unités plus importantes au cas où il s'avérerait que ces cyclistes pourraient être utilisés comme éléments tactiques.
Le rôle des cyclistes fut donc spécifié de la façon suivante:
1. Appuyer la cavalerie en participant aux reconnaissances à longue distance.
2. Précéder au besoin la cavalerie pour occuper un endroit bien précis et assurer un service d'estafettes entre la cavalerie et le gros de la troupe.
Quoi qu'il en soit, les autorités militaires accordèrent de plus en plus d'importance aux soldats équipés de vélos "Belgica", capables de parcourir 50 à 100 Km par jour sans fatiguer leur "monture". De plus, ces vélos étaient repliables et se portaient sur le dos comme un simple havresac.
En 1911, sont créées les compagnies cyclistes. Elles sont groupées en un cinquième bataillon du Régiment de Carabiniers.
Deux ans plus tard, le 15 décembre 1913, le bataillon devient autonome et se dénomme "ler Bataillon de Carabiniers Cyclistes". En outre, il est rattaché à la Division de Cavalerie. C'est ce bataillon qui se distingua le 12 août 1914 à Haelen. La cavalerie allemande lui donna dès lors le nom de "Schwarze Teufels", ou les "Diables noirs", car les cyclistes avaient à cette époque des vêtements de combat foncés.
Un second bataillon de carabiniers cyclistes est constitué le 28 janvier 1915 et adjoint à la 2ème Division de Cavalerie.
L'entre-deux-guerres
Une réorganisation de l'armée entraîne la dissolution des deux bataillons de Diables Noirs au début de 1924. En 1923, avait été formé le Régiment de Chasseurs Cyclistes, issu des régiments de cavalerie dissous à ce moment.
Cette unité fut supprimée à son tour en 1926 mais donna naissance à quatre régiments de cyclistes. Le 3ème et le 4èrne Régiments Cy seront déjà dissous en 1927.
Un arrêté royal en date du 10 septembre 1930 donna aux autres le nom de "Régiment de Carabiniers Cyclistes". Le ler s'établit à Tervueren (Etat-Major et 1er Bataillon d'expression néerlandaise) et à Laeken (IIe Bataillon, d'expression française). Le IIe Bataillon stationne d'abord à Namur, puis va occuper les garnisons d'Eupen (EM + IIe Bataillon, d'expression allemande) et Malmédy (ler Bataillon).
Les 3e et 4e Régiments seront reformés en 1939 par dédoublement des deux premiers et iront occuper différents cantonnements au gré de la mobilisation.
Le 5e Carabiniers Cyclistes sera formé en 1940 en qualité de C.R.I. (Centre de Renfort et d'Instruction) avec les recrues de 1940.
L'après-guerre.
Les 1er, 2e et 3e Carabiniers Cyclistes sont reformés en mars 1951 comme bataillons d'infanterie blindée de la 16e DB.
Le 4e Cyclistes verra le jour en janvier 1952. Ces quatre unités seront stationnées en Allemagne.
Le 3Cy revient en Belgique pour devenir unité de défense territoriale avant d'être dissous en 1970.
Atteint lui aussi par la restructuration de l'armée, le 4Cy est dissous à Düren en 1970.
Toujours attachés aux divisions de cavalerie, puis à la division blindée, les Carabiniers Cyclistes ont conquis le droit de porter le béret noir traditionnellement réservé à la cavalerie blindée. Ils sont les seuls fantassins à l'arborer.
Organisation d'un régiment
1. Un état-major, plus une compagnie école, plus une compagnie de canons 4,7 antichars.
Deux bataillons à deux compagnies de fusiliers cyclistes, plus une compagnie de mitrailleurs, plus une compagnie de canons 4,7 antichars tractés. Trois pelotons, plus un peloton hors rang.
2. Un peloton comprend 9 groupes de combat, plus une équipe FM, plus une équipe de fusiliers grenadiers (équipe DBT et AA).
L'armement est composé de mitrailleuses Hotchkiss 8 mm ou 13,2 mm, de fusils modèle 1935 ou 1936, de carabines 1889, de fusils-mitrailleurs modèle 1930, de pistolets GP 1935 9 mm FN ou Browning modèle 1922, 7,65 mm, de lance-grenades DBT.
Uniforme
La capote est très courte et arrive à mi-cuisses; elle ressemble plus ou moins à un caban de marin.
Insigne de coiffure: une roue de vélo portée au bonnet de police et sur le bandeau de la casquette. Sur les épaules: une couronne et un chiffre régimentaire. Sur la manche, les insignes de spécialisation.
Les couleurs du col sont: écusson vert-sapin avec passepoil jonquille timbré d'une roue de vélo, bronzée pour la troupe, argentée pour les sous-officiers, dorée pour les officiers.
Description du bonnet de police: gland vert et passepoil jonquille pour la troupe; gland argenté et passepoil jonquille pour les sous-officiers; gland doré et large bande verte plus passepoil jonquille pour les officiers subalternes; gland doré et double bande verte et toujours passepoil jonquille pour les officiers supérieurs.
Coiffure et veste
Hormis les casques modèles 1915 et 1930, deux autres types de casques sont portés. Les motocyclistes portent depuis 1938 un casque spécial dont la bombe est en liège avec visière et couvre-nuque assez verticaux.
La couleur en est kaki-brun. L'insigne frontal est du modèle 31. La coiffe intérieure est en cuir brun avec protège-nuque qui garantit aussi les oreilles. La jugulaire est en cuir noir.
Le poids du casque est de 600 grammes.
Ce casque était porté par une partie des équipages de T13 et T15, qui disposaient d'abord du casque modèle 20, du Corps des Chars de Combat.
Ce personnel portait également une veste de cuir. Le premier modèle était noir et portait des boutons civils; le second modèle était de couleur kaki-moutarde. Les pattes d'épaules étaient maintenues par de petites chevilles de bois et avaient des boutons portant le lion Belgique.

N.B. Ce modèle en version modernisée sera porté après la guerre par les MP et les ATK.

Equipement individuel.
D'une manière générale, l'équipement était semblable à celui de l'infanterie.
L'exception principale était constituée par le système de cartouchières: un ceinturon Mills modèle 1908 modifié 1930, sur lequel étaient passées 4 pochettes de cartouches maintenues par des bretelles très larges et des boucles d'attache de style anglais.
La pelle était portée dans un étui de toile sur lequel la baïonnette et la gourde étaient maintenues par un jeu de pressions et de mousquetons. Lorsque le cycliste combattait sans son vélo, les sacoches étaient portées soit en musette (en sautoir), soit en havresac.
En musette: celle-ci était maintenue par des mousquetons qui se trouvaient sur le ceinturon. En havresac: grâce à une lanière dont les extrémités avaient des mousquetons et un anneau en cuivre au milieu.
Le matériel roulant
En 1940, les régiments de carabiniers cyclistes disposaient d'une gamme très variée de véhicules.
1. La troupe disposait de vélos de type Bury, prévus spécialement pour l'armée belge.
Ces vélos étaient les mêmes que pour les Chasseurs Ardennais et les Unités de Cyclistes Frontières. Ils pèsent 17 kilos et ont un développement de 4,20 mètres. Les pneus sont de type ballon et sont prévus pour rouler aussi bien sur des routes macadamisées que sur des chemins de terre.
Les garde-boue sont très larges et enveloppent très bien les roues.
Le guidon est droit et muni de poignées en caoutchouc et d'une sonnette.
Les freins sont à tringle, de type anglais. Sur la fourche, se trouve un support qui permet de fixer une lampe à acétylène. Certains vélos sont munis d'une douille pour placer un fanion; d'autres vélos sont munis d'un porte-bagages à l'avant, pour y placer une bobine de fil téléphonique.
A l'avant du cadre, une plaque de cuir rectangulaire percée par deux rivets qui y fixent une lanière de cuir permet d'attacher le fusil. Sur la partie arrière du cadre, à gauche, une boîte de bois ou de tôle permet de loger la crosse du fusil.
La selle possède de gros ressorts, qui assurent la suspension en terrain très accidenté.
Le porte-bagages est très large et possède des moulures sur sa surface, afin d'éviter que l'équipement ne glisse sur les côtés, des encoches permettent de passer les sangles de maintien.
Sur le garde-boue arrière sont inscrits le numéro de la compagnie et les renseignements tactiques.
L'état-major disposait de voitures Ford 1938 V8.
2. Des camions Chevrolet et Ford et des camions réquisitionnés.
Les camions requis pour le transport des mitrailleuses étaient appelés "AC MI" (auto-camion mitrailleuse). Des tracteurs Utility servaient pour tracter les pièces de 4,7.
3. Différentes motos FN et Saroléa, avec et sans side-cars.
4. Des véhicules chenillés Vickers Carden Lloyd T15 armés d'une mitrailleuse Hotchkiss 13,2 mm. Des Vickers Carden Lloyd T13 armés d'un canon de 4,7 ATK FRC (Fonderie Royale de Canons), tirant des obus de rupture ou explosifs et d'un F.M. 30, calibre 7,65.
Sources:
Jacques P. Champagne (Infanterie, traditions).
Nos Forces.
"L'armée belge entre les deux guerres", du Lt Gen e.r. A. Crahay.
MM. Collette, Jacob, Noël, Meunier (anciens carabiniers cyclistes).
Addenda:
Une petite remarque s'impose au sujet du 2Cy. Celui-ci partagea les casernes de Malmédy et d'Eupen avec une compagnie d'unités cyclistes frontières, plus communément nommées "gardes-frontières" (UCYF)
Ces unités étaient des troupes spéciales prévues pour la destruction des ouvrages d'art proches de la frontière. Ces unités étaient indépendantes, mais étaient rattachées administrativement au 2e Carabiniers Cyclistes jusqu'à leur formation en régiment en 1937.
Le 1Cy et le 3Cy feront partie de la 1ère DC.
Le 2Cy et le 4Cy feront partie de la 2 DC.
Revue des troupes à Bruxelles
Le tracteur Utility et le canon de 4,7
Au 2e Carabiniers Cyclistes à Malmédy
Vélos de face et de profil
Le vélo de l'officier, est muni d'une lampe à carbure
Un véhicule AC MI (auto-camion mitrailleuse)
Le 12 mai 1940. Voiture de commandement Ford V8 Mod 1933
En novembre 1936, la capote (courte) est de rigueur
Le 12 mai 1940, quelque part en Belgique. Officiers en tenues et coiffures diverses
Toutes les photos illustrant cet article font partie de la collection de André Alexandre.
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J. HARLEPIN - La tenue des casemates et coupoles sous le feu en 1914 - Précisions par G. SCHALICH (deuxième addenda)

Nous devons une nouvelle fois revenir à l'article de Mr Harlepin sur la tenue des casemates et des coupoles. Nous avons eu le plaisir de recevoir un intéressant complément de commentaires et d'informations de Mr G. SCHALICH de Aachen, membre de notre association.
Le grand intérêt de cette lettre amène l'auteur à y consacrer spécialement les présentes lignes. Mr SCHALICH a littéralement "épluché" l'article précité et il en résulte les données suivantes:
1) page 8. Fascicule 6: la coupole représentée montre les essais faits par la société John COCKERILL avant 1914.
2) pages 10 et 11: problème du canon.
C'est l'Allemand Maximilian Schumann (et non un Français ),ingénieur du génie prussien, qui doit être considéré comme l'homme décisif pour le développement de l'ancien affût à palier et tourillon (Zapfenlagerlafette) pour en arriver à l'affût à embrasure minima (Minimalschartenlafette). En 1866, des essais ont été faits à Mainz, pour examiner le rendement de cet affût dans une casemate cuirassée, qui fut également construite par Schumann. Il s'agissait de donner un maximum de protection aux armes derrière une embrasure, soit dans une coupole ou tourelle, soit dans une casemate.
Les modèles de la page 10, sont un développement des affûts C 84 et C 84/87 pour des canons de calibre moyen, jusque 150 mm. Sources: Schröder: Maximilian Schumann - Leben und Leistungen -Berlin 1890 et Sander: Zur Eisenpanzerfrage - Frankfurt am Main 1867

N.B.: les Français ont utilisé des canons de 75, en 1914-18, selon un montage du même principe, dans des casemates.

Vues de ce type de canons
3) page 11, point b): pour plus d'informations, Mr Schalich nous donne une liste de livres:
a)Emil Glanz Freiherr von Aicha - Geschichtliche Darstellung der Panzerungen und Eisenkonstructionen fur Befestigungen überhaupt - Wien 1873.
b) O. Giese - Fortifikatorische Eisenkonstruktionen (avec atlas) - Leipzig 1866.
c) Piarron de Mondesir - Fortification cuirassée - Paris 1909.
d) Josef Kunka - Die Panzertürme, paru sous forme de: Mitteilungen über Gegenstände des Artillerie- und Geniewesens, Heft 1- 2- 3- 4- Wien 1876.
4) page 13- 1): Le Captain COWPER COLES (orthographe exacte) eut une influence décisive sur Brialmont. Coles a d'abord construit des coupoles tournantes pour des bateaux anglais, notamment 4 coupoles sur le "ROYAL SOVEREIGN". On connaît mieux une construction de Coles de 1860: la légendaire coupole pour fort. Les Anglais ont construit cette coupole tournante pour la batterie flottante "Trusty" près de Sheerness en 1861. On a tiré sur cette coupole et la résistance de la construction a fortement impressionné Brialmont.
Autre vue d'une coupole de Coles et le montage
5) page 13, point 3), et page 16,dessin supérieur:
Ce type de coupole est en fonte durcie avec 2 canons de 150 mm - L/23 sur affût à embrasure minima C/90, A la page 24 on en voit le développement.
Les Allemands ont monté 5 coupoles de ce genre dans leurs forts:
- une à Köln (Zwischenwerk IV b)
- deux à Ingolstadt (Fort IIIa, Fort Va)
- deux à Metz (Fort Kameke)
Les deux coupoles de Metz sont encore là, les autres ont disparu. Sources: Varia.
6) pages 18 et 19: A propos de la tourelle Galopin, il est important de ne pas mélanger 2 types de tourelles:
a) la tourelle Galopin de 1889.
b) la tourelle Mougin de 1876. Toutes deux ont deux canons de 155 mm, mais la Mougin était une tourelle tournante, tandis que la Galopin était une tourelle à éclipse.
Le réduit de l'ensemble fortifié de Villey-le-Sec possède une tourelle Mougin. En ce qui concerne la tourelle Galopin, il faut faire une deuxième différence: le premier modèle avait deux canons et a été monté à raison de cinq exemplaires, par exemple à la batterie Eperon près de NANCY.
Pour des raisons économiques, le deuxième modèle n'a reçu qu'une seule pièce, et la tourelle est, de ce fait, plus petite. Ce modèle peut être vu, par exemple, à Verdun (Douaumont, Moulainville, Rozelier.)
Sources:
Cours de cuirassement - Paris 1909.
Recherches personnelles de Mr Schalich.
7) page 19:selon Mr Schalich, le système Galopin n'est applicable qu'à la tourelle éclipsable à deux contrepoids. Par contre, la tourelle de 75 n'a qu'un contrepoids et n'a rien à voir avec la précédente.

N.B.: La 2ème tourelle est l'oeuvre d'un groupe d'ingénieurs. De toute façon, le principe de l'éclipse et le système à contrepoids les rend contemporaines.

Plan de la tourelle de 75 francais de 1914
8) page 19: coupole sans recul: cet ensemble est plus connu sous le nom d'affût cuirassé (panzerlafette). L'expression "coupole sans recul" est plutôt une description.
9) page 19: Mr SCHALICH confirme que BRIALMONT a bien été un précurseur et même plus; il a fait monter la première coupole cuirassée et la première batterie cuirassée sur des fortifications. Bien que l'inspiration et l'idée viennent de Coles, BRIALMONT a dû s'imposer pour introduire cette idée courageuse.
10) page 19: coupoles en 1909: Sur ce sujet, revoir les livres mentionnés ci-avant ainsi que certains ouvrages de Deguise.
11) page 21: tourelle Piron: cette coupole tournante mérite d'être expliquée. Bien que la forme ne soit pas des plus avantageuses, les améliorations sont déjà très modernes.
Ce Belge a même pensé à une couche de caoutchouc pour diminuer le bourdonnement de la cuirasse. Il est curieux de noter que les coupoles de 120 mm d'Eben-Emael et de Battice ont reçu aussi une couche tampon ou d'amortissement, cette fois de feutre et de crin. Par ailleurs, la coupole Piron est de 1863.
Sources:
voir ci-avant
et: Denkschrift über die belgische Landbefestigung - Berlin 1941.
Photo
Le plan exact de la coupole Piron; le croquis de l'auteur a été fait à partir de ce plan.
12) page 25: le plan repris au texte est celui d'une batterie cuirassée, dont un exemplaire a été construit en Hollande (Den Helder). Par contre la batterie du Fort Sainte-Marie a été achetée chez Gruson Krupp; elle est en fonte durcie pour 6 canons de 240 mm. Voir à ce sujet les documents communiqués par Mr GILS et repris à l'addendum.
13) page 29: dernière ligne
Il n'y a pas de coupoles de 210 mm à Gentrange (près de Thionville). Les places de Thionville, Metz, Mutzig, etc. comportent normalement des forts construits par les Allemands entre 1871 et 1916, désignés par "FESTEN". C'est un système décentralisé, déjà précurseur du système de la ligne Maginot. En principe on y trouve des coupoles avec canons de 100 mm et des coupoles pour obusier de 150 mm. Gentrange (ex Feste Ober-Gentringen) a reçu 8 coupoles de 100 mm (2 batteries de 4 pièces).
I1 faut noter que les Français ont changé le calibre pour du 105 mm après 1919.
On peut encore voir des coupoles plus anciennes avec d'autres calibres, par exemple, à Metz: coupoles pour un obusier de bronze de 210 mm (Groupe fortifié du Mont St-Quentin, ex Feste Prinz Friedrich Karl).
Toutefois, cette coupole a des dimensions plus grandes que la coupole Gruson pour les forts Belges. Seul, le système "Panzer-lafette" est le même.
14) page 35, première ligne: pour ce qui concerne la coupole de 120 mm, il s'agit des forts d'Eben-Emael et de Battice. Pour les forts réarmés de Liège, on a, selon la nécessité, remplacé les canons de 120 mm par des 105 mm et les obusiers de 210 mm par des pièces de 150 mm. En 14-18, les Allemands ont emporté pas mal de pièces. Curieusement, les canons de 105 et 150, sont des pièces récupérées après 1918. Pour le cas de Namur la situation est plus difficile et sort du sujet.
15) page 37: revenons à cette photo, identifiée comme étant les "Ateliers de LA MEUSE": Mr Schalich signale que celle-ci est reproduite en sens inverse. On peut le voir sur la photo originale sur la petite plaque en dessous du canon du milieu.
Source: R. Van Wetter: Les coupoles et les phares cuirassés des forts de la Meuse - Bruxelles 1891 (ici aussi la photo est reproduite en sens inverse).
16) page 40 et 41: tableaux A et B (Anvers):
Mr Schalich signale: en mars 1940, l'"ABWEHR" (fremde Heere West) des Allemands, a publié le "Denkschrift Antwerpen" pour les troupes attaquantes. Dans ce document, l'état des forts d'Anvers en 1940, ne nous intéresse pas; mais on donne aussi l'armement en 1914 de chaque fort, redoute ou batterie. Ces explications sont plus précises que dans le document belge, où on parle seulement des types de forts. N'oublions pas que les Allemands ont eu 4 ans de temps pour faire des recherches exactes. Il en résulte les corrections suivantes à apporter au tableau B.
Type I: Le fort 3 a été équipé de la tourelle de Coles en 2 x 15cm mais la colonne "2 x 15" est en fait réservée aux tourelles en acier. Pour la colonne "7,5", nous avons déjà rectifié en y ajoutant 2 pièces; cela concerne les forts n° 2 à 7, selon Mr Schalich.
Type II: pour Stabroek, il faut rectifier comme suit: une tourelle 2 x 15 -deux tourelles 2 x 12 - 4 tourelles de 7,5 et 4 de 5,7.
Type VI: le fort de Bornem a en fait été équipé de: une tourelle de 2 x 15 - une tourelle de 1 x 12 - quatre tourelles de 7,5 - six tourelles de 5,7.
Type VIII: le fort de Schoten a été équipé selon les normes et types des forts de la Meuse, à savoir: deux tourelles de 2 x 15 - deux tourelles de 21 cm - cinq tourelles de 5,7.
Cela a été confirmé à l'occasion d'une visite du fort, organisée par la Simon Stevinstichting récemment.
Type IX: Lierre a reçu trois tourelles de 2 x 15 et trois de 1 x 12, ainsi que quatre tourelles de 5,7.
Walem n'a reçu que trois tourelles de 2 x 15 et quatre de 5,7. Type XIII: Merksem aurait eu deux coupoles de 7,5.
Quant aux deux coupoles de 7,5 de Steendorp, elles sont confirmées.
Enfin, les redoutes de 1 à 18 situées entre les forts 1 à 8 ont reçu une coupole de 7,5.
17) Fascicule 7 - page 7: concernant les effets des obus sur casemates et cuirassements, Mr Schalich fait remarquer que les examens et tableaux du M.R.A., ont toujours comme base le mémoire des Allemands de 1915; General des Ingenieur- und Pionier-Korps beim General-Gouvernement Belgien - Denkschrift über die Ergebnisse der Beschiessung der Festungen Lüttich, Namur, Antwerpen und Manonviller 1914 - Brüssel 1915.
Malheureusement, ce mémoire semble disparu dans les archives de l'Allemagne. Toutefois les Belges et les Français en ont publié des parties dans certains bulletins comme B.B.S.M. ou R.G.M.
18) page 27, lignes 15 et 16:
Sans doute, nombre de coupoles belges étaient de construction allemande. A cette époque, les coupoles n'étaient pas un secret (comme nombre d'armes d'aujourd'hui); n'importe quel pays en avait connaissance. N'oublions pas les nombreux articles dans diverses revues et bulletins avant 1914. Par contre les canons étaient plus secrets et les usines KRUPP et GRUSON ont livré beaucoup de canons pour les coupoles belges. La connaissance p.e. de la portée des pièces, donne l'avantage à l'assaillant, et en 1914, les grosses pièces allemandes n'étaient pas sans raison hors de portée de l'artillerie des forts.
19) pages 38 et 39) examen des photos de phares: Mr Schalich fait un commentaire très intéressant que nous reproduisons tel quel: "Comme souvent, les légendes des photos sont parfois inexactes. Dans les tableaux concernant les effets du bombardement sur les cuirassements, on peut prouver quelques fois cette inexactitude. Pour le phare cuirassé du Fort de Marchovelette,on dit qu'il était encore utilisable. Or, les deux photos sont des phares détruits. En comparant mes reproductions, je peux dire que les deux photos montrent le même phare: celui du fort de Maizeret. Il est bien dommage, que déjà l'original dans le livre "Défense de la P,F.N. en 1914" est trop flou pour être certain.
Une autre chose: les deux photos de la page 40: nous savons que chaque fort de Namur ou de Liège a eu seulement une coupole de 150 mm: Il faut en déduire qu'au moins une photo montre un autre fort. Malheureusement il n'est plus possible pour nous de faire les rectifications dans les forts".

.S. A ce commentaire très pertinent, nous voudrions ajouter que effectivement, en regardant les deux photos de phare, on peut discerner la présence au centre d'un support vertical qui pourait bien être le pied du phare (accumulateur hydraulique: piston élévateur), par comparaison avec le pied du phare du fort d'Emines dont la partie inférieure existe encore à l'heure actuelle.

20) page 45 - §e): après les combats, les Allemands ont remis en état les forts, y compris le béton. Au fort d'Emines, ainsi qu'à d'autres, on voit très bien les traces de ces réparations faites par les Allemands.
21) page 46 - photo: il s'agit d'une coupole du fort de Kessel. Les obusiers autrichiens ont beaucoup participé au succès des Allemands contre les forts belges (calibre 305 mm), et ils ont emmené une coupole pour l'exposer à Vienne. Selon une connaissance, cette coupole est encore visible dans un des musées militaires de Vienne.
Nous remercions vivement Mr SCHALICH pour ses efforts en vue de compléter l'étude précitée. Sa collaboration a été des plus appréciée.
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J. LEBEAU - La Tranchée des Baïonnettes

Lorsque l'on visite le champ de bataille de Verdun, un des monuments qui n'échappe pas à la vue du visiteur, est celui de la tranchée des baïonnettes. Ce monument érigé avant 1921, en mémoire des héros du 137e Régiment d'Infanterie est l'oeuvre de l'architecte A. Ventre et dû à la générosité du citoyen américain Georges F. Rand.
La jolie porte en fer forgé du portique d'entrée de ce monument a été exécutée par E. Brandt, ferronnier d'art, 101, boulevard Murat à Paris.
Comment les fantassins du 137e furent-ils enterrés vivants? Bien des légendes se créèrent autour de cet épisode tragique. Voici le récit relaté par un des officiers survivants, le lieutenant Foucher.
"Parti de la citadelle de Verdun le 9 juin 1916, le 1er bataillon du 137e arrive en ligne dans la nuit du 10 au 11 et relève le 337e."
"La tranchée des baïonnettes se trouve à cheval sur la droite de la 3e compagnie et sur la gauche de la 4e compagnie. Le 11 juin au matin, un violent bombardement de pilonnage se déclenche et dure toute la journée et une partie de la nuit. C'est au cours de cette journée du 11 que les obus (150, 210 et plus gros) ont donné l'aspect, retrouvé plus tard, de la tranchée des baïonnettes."
"Les hommes attendaient l'attaque avec le fusil, baïonnette au bout, mais cette arme était appuyée au parapet à portée du combattant qui avait dans ses mains des grenades, prêt à repousser, d'abord à la grenade, l'attaque probable."
Les obus tombant en avant, en arrière, et sur la tranchée, rapprochèrent les lèvres de cette dernière, ensevelissant les vaillants Vendéens et Bretons. C'est par le fait qu'ils n'avaient pas le fusil à la main qu'il s'est trouvé que les baïonnettes émergeaient après l'écroulement des terres."
"Dès ce soir-là, le 11 juin 1916, la tranchée avait l'aspect que l'on a retrouvé à l'armistice."
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J. LEBEAU - Le fort de HUY à travers les siècles

L'histoire, dressée suivant l'ordre des temps,nous rapporte que l'éperon rocheux dominant le confluent de la Meuse et du Hoyoux fut occupé très tôt.
Il est fait allusion à des fortifications dues à Antonin-le-Pieux (1), à Saint Jean l'Agneau, à Basin de Valois, mais la première mention écrite, date d'un acte de 890.

(1) Antonin-le-Pieux: Empereur romain né en 86, régna de 138 à 161. Itinéraire d'Antonin: Important travail géographique ancien dont on ignore la date de publication. C'est une énumération des lieux de l'empire romain et de leurs distances. Muraille d'Antonin (Vallum Antonini) Mur de défense construit sous Antonin en Grande-Bretagne entre le golfe de la Clyde et le golfe de Forth. Il en subsiste des vestiges, connus sous le nom de Graham's Dyke.

Au cours des siècles, le château prit de plus en plus d'importance.
C'était un poste avancé de la Principauté de Liège qui défendait l'accès de la vallée de la Meuse.
Au XVIIe siècle, cette puissante place-forte se prolongeait à l'ouest par la tour TARDAVISEE, le Fort Rouge,le Fort PICARD puis le Fort Joseph et la SARTE.
A la fin du XVIIe siècle, une période douloureuse se présenta pour la ville de Huy et son château.
Le roi de France, Louis XIV,y tint plusieurs sièges qui donnèrent lieu à des destructions.
En 1715, le traité de la Barrière mit fin à ces guerres et les fortifications anciennes furent démolies.
Le piton rocheux resta vide jusqu'à son arasement un siècle plus tard par les Hollandais.
En 1815, notre pays, par le traité de Vienne, fut rattaché aux Pays-Bas et dut se préserver d'un retour possible de partisans de Napoléon Ier.
C'est ainsi que le Lieutenant-Colonel Ingénieur CAMERLINCK conçut les plans du fort actuel qui devait à nouveau défendre l'accès de la vallée de la Meuse comme au temps de la Principauté de Liège.
Le 6 avril 1818, le prince Frédéric d'Orange assista à la pose de la première pierre; la façade principale au Sud est construite vers la France.
Le fort est bâti en forme de triangle de 148 x 107 x 44 mètres de coté et est à une altitude de 45 mètres au-dessus du fleuve.
Les travaux de construction durèrent cinq ans et coûtèrent un million cent vingt mille Florins. Seul l'ancien puits du XIIe siècle, amélioré sous Erard de la Marck au XVIe, fut conservé pour alimenter en eau une garnison de 600 hommes dont 100 canonniers. Durant 12 années, aucun événement militaire ne vint troubler la vie de la garnison.
En 1830, 1a bourgeoisie hutoise était orangiste en grande majorité; par contre, le peuple ne l'était pas. Aussi le 4 septembre, celui-ci, entraîné par un batelier surnommé MAME, et à l'annonce de l'arrivée des troupes hollandaises, forca-t-il la garde du fort à lui remettre la clef d'entrée de la grande porte.
Un drapeau aux couleurs liégeoises avec les mots "LIBERTE - SECURITE" fut arboré sur le plateau.
Les Hollandais ne revinrent plus à Huy.
Le fort fut désaffecté en 1831 (jusqu'en 1848) pour devenir prison d'état.
Les 17 principaux condamnés de l'échauffourée de Risquons-Tout y furent incarcérés, isolément dans des cellules et sans visite.(2)

(2) Le 29 mars 1848, deux mille ouvriers se présentent à la frontière près de Mouscron, en route pour Bruxelles où ils veulent proclamer la république.

Ils furent dispersés par l'infanterie du Général Fleury-Duray et leurs chefs traduits en Cour d'Assises virent leur peine commuée en réclusion.
Le dernier quitta Huy en janvier 1855.
En 1876 - 1880, 1e fort fut repris par le Général BRIALMONT sur la liste des ouvrages du système défensif de la Meuse et ne fut pas modernisé.
En août 1914, le fort ne joua aucun rôle; les troupes allemandes entrèrent le 15 à Huy et prirent possession du fort.
L'armée allemande y établit un camp de discipline pour ses propres troupes, réfractaires ou déserteurs; ceux-ci y étaient soumis par leurs gardes à un régime très strict.
En novembre 1918, le fort servit de centre d'hébergement pour des prisonniers russes et c'est en 1920 que l'Ecole régimentaire du 14e de Ligne prit possession du bâtiment pour s'y installer jusque 1932.
C'est alors que la Défense Nationale autorisa l'utilisation du plateau à des fins touristiques jusqu'en 1937 pour le réoccuper ensuite.
En 1940,1e fort ne joua aucun rôle militaire et fut occupé par l'armée allemande.
Dès septembre 1940, le fort devint un camp de détention pour civils anglais ou étrangers et ensuite un bagne où séjournèrent plus de 7.000 opposants au régime de l'occupant. Dix y moururent de mauvais traitements et cinq y tombèrent sous les balles du peloton d'exécution.
Le 5 septembre 1944, les détenus qui n'avaient pas été envoyés vers les camps de concentration en Allemagne furent libérés.
La Résistance occupa le fort et, le 12 septembre 1944, le Ministère de la Justice y installa un centre d'internement pour inciviques et collaborateurs.
Depuis le 31 décembre 1946, le fort a repris sa vie paisible d'attraction touristique.
Actuellement, le fort, propriété de la ville de Huy, est avec le site environnant, classé par Arrêté Royal du 1er octobre 1976.
Le château de Huy au XVIe siècle
Gravure du XVIe s. attribuée à Robert Peril (Liège, Bibliothèque communale)
Dessin du XVIe s. (Bruxelles, Cabinet des Estampes)
Le fort de Huy jadis - Lithographie anglaise (Liège, Bibliothèque de l'Université)
Le fort de Huy jados - Carte postale utilisée pendant ou juste après la guerre 1914-1918
Le fort, actuellement
Vue aérienne
La face Sud
La face nord
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Pierre BEAUJEAN - Un document de 1889, le livret militaire d'un milicien infirmier

Dans un bulletin antérieur, nous avons examiné le livret d'un armurier, engagé pour six ans, effectuant son service à l'artillerie de 1870 à 1876.
Cette fois, le livret concerne l'infanterie. La mise en page et le texte en sont un peu différents de ceux de l'artilleur, mais on y retrouve les mêmes éléments.
Une inscription à la plume sur la couverture en vessie de porc indique: Hôpital Diet. Le milicien était infirmier et a servi du 1er octobre 1889 au 31 octobre 1892, soit trois ans et un mois. On pourrait supposer que l'intéressé a été maintenu sous les armes; cependant, il est nommé soldat de première classe et nous verrons sur le titre de congé définitif qu'il a obtenu le certificat de bonne conduite (1)

(1) Il a vraisemblablement pris du congé, ce qui postposait sa libération.

Après un aussi long service, l'intéressé a encore effectué un rappel du 18 au 25 avril 1893 et a été présent aux revues annuelles du 21 novembre 1893, 20 novembre 1894, 20 novembre 1895 et 18 novembre 1896. Il avait vraiment fait une mauvaise affaire en tirant au sort le N° 709, à Liège.
Page de couverture (verso)
La lecture des instructions sur les livrets des hommes, permet de comprendre le système de la "masse d'habillement".

Une remarque: dans le livret de Jean Verbeeck, ce n'est pas le commandant de la compagnie qui a apposé sa signature à la fin de chaque trimestre, mais bien "l'administrateur".

Pages 2 et 3
Le signalement et un minimum d'indications matriculaires.
Page 4
En 1870, l'armurier artilleur n'avait reçu qu'une pièce de chaque espèce. En 1889, le fantassin infirmier reçoit, entre autres, trois chemises, deux caleçons, deux pantalons de toile, deux paires de chaussettes et deux paires de bottines.
Si le bonnet de coton (!) est prévu ici, mais non distribué, le charivari n'apparaît pas, ce qui semble logique, maintenant que nous savons qu'il s'agit de couvre-oreilles anti-bruit, prévu pour des artilleurs. La paire de bretelles a vu son prix fortement diminué: cinquante centimes, contre 1 franc 55 centimes que coûtait celle de l'artilleur. Par contre, la patience du fantassin lui est facturée neuf centimes; celle de l'artilleur en valait trois.
Pages 5 à 11
Je laisse le lecteur apprécier la grande rigueur du décompte qui grève le milicien d'une dette de 107 francs 99 centimes, dès son entrée en service.
Remarquons que le premier poste est un numérotage à l'aiguille pour 45 centimes. Notre homme n'avait donc pas dû effectuer lui-même ce travail qui consistait à marquer tous ses objets d'habillement de son numéro matricule, en l'occurrence, 6.426.
Et, cruauté redoublée, non seulement, on refilait à la recrue des objets usagés, mais encore on lui réclamait le prix des réparations et des ajustements. Exemple: tunique, 4 décimètres de coutures à 40 centimes; 3 boutons moyens pour 12 centimes; 2 pièces de drap pour 50 centimes et même un peinturage du bassin pour 6 centimes etc. Suprême luxe, non prévu initialement lors de l'impression du livret: 5 sachets à vivres, 2 ceintures de flanelle et un trousseau (?).
Chaque journée qui passe représente une retenue ordinaire de 20 centimes et va contribuer à diminuer la dette d'autant. Ce n'est qu'en décembre 1891, après plus de deux ans, que le solde deviendra créditeur. Il représentera un avoir de 32,55 francs lors de la mise en congé illimité. Cette somme ne sera pas remise à l'intéressé, même après son rappel de 1893. Elle restera inscrite à son crédit jusqu'à sa mise en congé définitif, c'est-à-dire tant qu'il sera en possession d'une tenue de "permissionnaire".
Une chose étonnante: on a bien pris son temps, après le départ en congé du milicien, pour réparer son sabre et lui facturer, le 25 novembre, les frais de remise en état. Le procédé est cependant prévu dans les instructions de la page de couverture, moyennant une mention spéciale.
Il est à remarquer que le fantassin a reçu, dès son entrée en service, son équipement complet, tandis que l'artilleur de 1870 ne l'avait reçu que petit à petit, comme si l'armée n'avait pas voulu lui accorder un trop grand crédit.
Qu'il me soit permis ici deux réflexions personnelles.
· Nous sommes loin du système actuel, où le commandant d'unité peut "mettre à charge de l'état" la plupart des dégradations à l'équipement parce qu'elles sont la conséquence d'un usage à l'exercice et où il faut presque plaider en justice pour récupérer sur la solde, des dégradations volontaires.
· Mon père, qui a fait son service en 1908, disait que les galons de fourrier, grands et obliques sur les avant-bras, représentait le V de voleur lorsque ce gradé joignait les mains.
Le système de comptabilisation, tel qu'il apparaît dans le livret militaire, explique peut-être ce préjugé.
Pages 12 à 15
Vierges d'inscriptions.
Pages 36 et 37
Consacrées au feuillet de tir, elles sont vierges d'inscriptions, l'infirmier étant armé du sabre.
Pages 38 à 43 (non reproduites)
S'y trouve un extrait du code pénal militaire dans les deux langues nationales.
Pages 44 à 46
Elles reprennent les obligations des militaires en congé et des hommes appartenant aux 11e, 12e et 13e classes.
Est reproduite la page 46 et son chapitre III qui concerne les revues. A côté, se trouve la copie de la page 27 de l'"Extrait du Livret de Mobilisation" qui porte les certificats de présence aux revues annuelles.
La dernière page (non reproduite)
Elle donne, sous le titre "CROIX ROUGE", un extrait de la Convention de Genève du 22 août 1864.
Recto de la couverture
Y sont imprimées les modalités des "Engagements avec prime".
En complément du livret militaire, le milicien en congé illimité détient un "Extrait du livret de mobilisation", sous couverture en papier léger de teinte bleue et rédigé dans les deux langues nationales. Sont reproduites la page 1, la page 2 avec les "Devoirs généraux du soldat" qui méritent une lecture attentive et la page 4 qui détaille la tenue de congé des permissionnaires, suivant l'Arme. Je suis rassuré en constatant que tous emportent … leur paire de bretelles. La page 5 présente le cartouche de congé du 1er octobre 1893, date qui n'apparaît pas dans le livret.
Le cartouche de congé
Daté d'avril 1893, il place l'infirmier de 1ère classe VERBEEK en congé illimité à Liège et porte les signatures du Commandant de la Place de Diest, du Bourgmestre de Liège, pour remise à l'intéressé, du Commandant de la 4e Compagnie du Bataillon d'Administration et du médecin qui a trouvé le milicien en bonne santé apparente.
Le titre de congé définitif
Le 1er octobre 1899, le Commandant du Bataillon d'Administration accorde congé définitif au sieur VERBEEK, qui a obtenu le certificat de bonne conduite.
Et enfin … il lui est payé la somme de 35,55 francs, valeur de ses effets. Que sont devenus les 33,75 francs après le rappel, inscrits à son avoir dans le livret?
"Toutes les autorités civiles et militaires sont invitées à le laisser passer et à lui donner aide et protection en cas de besoin".
Et l'intéressé est invité à signer. Pour la cause, il est dénommé en français "le congédié" et en néerlandais "de verlofganger", traduction habituelle de "permissionnaire". Le congédiement n'avait sans doute pas, en ce temps-là le sens péjoratif qu'il a actuellement. Le jargon militaire emploie toujours cependant l'expression "congédier une classe de milice".
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G. SALLE - Le Fort d'EMBOURG (4/12)

par H. Stegman
Fourni par la Bundesarchiv-Militärarchiv de Fribourg. (République fédérale allemande)
LES COMBATS PRELIMINAIRES
LE COMBAT POUR LIEGE
Dès que les déclarations de guerre avaient été lancées, les chevaux de la cavalerie de reconnaissance mordaient déjà leurs brides et, bientôt, on assistait aux premières escarmouches à proximité des frontières.
Le 3 août déjà, des chasseurs alpins français montèrent à l'Ouest sur la crête des Vosges pour gagner les hauteurs des cols du Donon jusqu'au Col de Bussang; des aviateurs français apparurent au Rhin, essayant de faire sauter les ponts de chemin de fer, des cavaliers allemands traversaient la Porte de Bourgogne, pénétraient dans les bois de Delle pour s'y livrer à des reconnaissances en vue de détecter l'avance à laquelle on s'attendait. Près de Nowossielica, sur la frontière entre la Bukovine et la Bessarabie, Autrichiens et Russes se heurtaient, depuis le Niemen jusqu'à la Vistule, des Cosaques et de la cavalerie de ligne russe, armée de canons légers, attaquaient le mince réseau de la garde-frontière prussienne; enfin, à Kalich et à Czenstochau, des avant-gardes allemands pénétraient en territoire russe. Les premiers coups de canon furent tirés devant Belgrade et le 2 août l'artillerie de la marine allemande tirait à Libau, près de la côte de Courlande, et à Philippeville en Algérie. Il s'agissait de mouvements de reconnaissance et de couverture derrière lesquels le déploiement des forces armées s'effectuait suivant les plans prévus.
De l'avis général, le délai nécessaire pour le déploiement et la mise en marche des armées de terre devait être estimé à au moins 14 jours.
Brusquement, le quatrième jour déjà de la mobilisation allemande, une avance contre la frontière belge et la position fortifiée de Liège, déchirait le voile. La campagne de l'Ouest avait débuté d'une manière inattendue, même avant que le déploiement n'ait été terminé. D'un violent élan, Siegfried lançait la pierre contre la tour, dont la chute faisait s'écrouler tout l'édifice stratégique de l'ennemi de l'Ouest.
Le plan de campagne allemand partait du principe qu'il était indispensable pour la sauvegarde du pays d'atteindre le territoire français le plus rapidement possible et le plus sûrement possible, de percer de manière décisive à un endroit vulnérable et d'imposer ainsi sa loi à l'ennemi.
Etant donné qu'il paraissait inutile de vouloir s'attaquer au front de la Moselle et de la Meuse, d'autant plus que cela aurait exigé une incroyable articulation en profondeur des armées entassées l'une sur l'autre, l'idée de traverser la Belgique devenait la base du mouvement d'attaque.
La marche en avant impliquait un mouvement énorme de l'aile droite, ce qui, en cas de réussite, devait aboutir au contournement et à l'encerclement de l'ennemi. Afin d'amener l'armée prête au coup jusque tout contre l'ennemi et de protéger les lignes de communication les plus importantes du front allant de Metz à Aachen, des parties du VIIIe Corps d'Armée pénétraient le soir du 1er août dans le Grand Duché de Luxembourg et prenaient possession des lignes de chemins de fer, ponts et autres points stratégiques.
Le 2 août au matin tout le réseau de communication du Luxembourg était entre les mains des Allemands et servait maintenant à la 5e Armée pour faire front face â la ligne Longwy - Audun. De la sorte le front d'attaque sur la ligne de base Aachen - Malmédy - Luxembourg - Metz était fixé.
Si Metz, forteresse indépendante se trouvait à l'aile gauche de ce front, la position fortifiée de Liège menaçait sur l'aile droite et bloquait l'accès à la partie belge de la vallée de la Meuse. Seule une avance frappant comme un coup de tonnerre pouvait ouvrir l'accès et assurer le succès de l'attaque allemande.
LE COUP DE MAIN
Le 4 août 1914, deux brigades sur pied de paix, renforcées d'un peu de cavalerie et d'artillerie, le tout sous les ordres du Général von Emmich, furent lancées contre la forteresse. Des unités des VIIe, IXe et Xe Corps d'Armée suivaient. Non mobilisés, sans attendre le personnel complémentaire et sans l'équipement de guerre complet, les régiments se mettaient en marche. Il s'agissait de prendre Liège en coup de main ou par une attaque en force.
Le soleil d'août chauffait fort lorsque les troupes allemandes pénétraient en marche forcée dans le paysage vallonné et boisé. La frontière fut franchie à Aachen et plus au Sud en direction de Verviers; des pointes de cavalerie, des camions et des trains blindés poussaient en direction de la ligne de la Meuse. Sur les hauteurs autour de Liège, la présence des troupes belges fut constatée; il s'agissait d'une partie de la 3e Division d'Armée et de la 16e brigade, auxquelles le Général Leman avait fait appel pour la défense. Les hommes se retranchaient entre les forts. Au cours de leur avance, certaines colonnes allemandes avaient déjà rencontré de la résistance. Les routes avaient été rendues impraticables, des arbres abattus, des fossés creusés et des barricades dressées. Avant que les pointes avancées n'aient été en contact avec l'ennemi devant, la "petite guerre" éclatait derrière et sur flancs. Des gendarmes belges et des compagnies de cyclistes l'encourageaient adroitement. Les villages crachaient du feu; des champs de blé et des sous-bois partaient des coups de feu. Des hommes en sarrau et des femmes participaient au combat, qui dans l'éclatement de la passion partriotique et dans le sentiment de la violation du territoire neutre, faisaient fi des règles de l'humanité et de la Convention de la Haye et qui, tout en rendant la guerre du peuple belge pour la liberté très sanglante, appelaient des mesures de représailles terribles; celles-ci ont laissé des traces au pays par la destruction de maisons, de villages et de villes.
De la sorte, l'avance des troupes allemandes a été marquée par le sang. Néanmoins, la poussée des colonnes allemandes a eu le dessus et, irrésistiblement elles avançaient vers la ceinture des forts pour déborder la Position par l'Est et par le Sud; tandis qu'à Visé, plus en aval de Liège, la traversée de la Meuse fut obtenue après de sauvages combats de rues. Témérairement, une poignée de cavaliers traversait les intervalles entre les forts de l'Est et pénétrait dans la ville qui n'était protégée par aucune ceinture. En plein galop, ils passaient par les rues, bousculaient des Lanciers et tentaient de s'emparer du Commandant de la Position fortifiée, le Général Leman. Vaincus par des forces supérieures et dispersées, ils ont bien vite dû abandonner leur entreprise inouïe; quelques uns seulement sont revenus.
Le coup de main sur Liège avait échoué.
L'ATTAQUE EN FORCE
Et maintenant, après la marche forcée de 40 Km l'Infanterie attaquait immédiatement. Dans un demi-cercle tracé du Nord au Sud, la forteresse a été attaquée en force le 5 août de Liers au Nord jusque Boncelles au Sud de la ville. Sur l'aile droite, il y avait des chasseurs du Mecklenbourg; à côté d'eux des Rhénans attaquaient Wandre et Rabosée; dans le centre, direction Fléron, la 14e brigade attaquait; des Brandebourgeois et des Hannovriens se battaient à l'aile gauche pour Embourg et Chaudfontaine. L'équipage comptant sur des renforts, se défendait avec courage. La première attaque contre les forts se soldait par un échec. Avec lourdes pertes, les attaquants approchaient lentement les 6 et 7 août vers le front Sud et s'accrochaient dans les angles morts; par contre, les unités qui, près de Liers, étaient passées sur la rive gauche de la Meuse, furent obligées par les forces principales belges à se replier.
Entre-temps, la cavalerie avait traversé la Meuse au Nord de Visé; la défense belge du fleuve avait été dépassée et rejetée sur les forts; la cavalerie allemande, avec ses canons et ses bataillons de chasseurs avançait en Campine. Là, on ne voyait encore rien de l'armée de campagne belge.
Le deuxième jour passait sans plus de résultat; les régiments allemands fondaient au feu. Une contre-attaque de la lle brigade belge brisait l'attaque violente et la bloquait.
LA CONQUETE DES FORTIFICATIONS EXTERIEURES
Voilà qu'arrivait péniblement d'Aachen l'artillerie lourde, qui prenait position au crépuscule. Tard le soir, arrivaient encore deux régiments d'Infanterie et se jetaient dans la bataille. La lune brillait au-dessus de la cuvette de Liège et éclairait le paysage, les forts, la ville et les cours d'eau de la Meuse, de l'Ourthe, de sa pâle lumière. Sous la protection d'un violent tir d'artillerie, les positions d'infanterie allemandes furent poussées en avant et l'attaque contre les intervalles entre les forts recommençait. Le Général Leman y opposa les 12e et 9e brigades et faisait venir en renfort de Huy la 15e, mais maintenant l'attaque allemande était irrésistible. Le 6 août déjà, les troupes de campagne belges évacuaient la rive droite de la Meuse; le même jour encore, elles entamaient la retraite, poursuivies par la cavalerie, laissant ainsi - sur ordre du Général Leman - la forteresse à son sort.
La nuit même, parmi les forts, la force de résistance de Fléron, Embourg et Barchon fut ébranlée. Vers une heure du matin, un Zeppelin apparaissait au-dessus des forêts noires de l'Est, descendait à hauteur de la forteresse et larguait des bombes de fort calibre sur la Chartreuse et sur la ville même, ce qui provoquait une panique terrible.
Au matin, une brèche avait été créée dans la ceinture des forts au Sud-Est; deux ouvrages avaient été réduits au silence. Des unités de la 14e brigade s'engouffraient dans la brèche et avançaient jusqu'aux traversées de la Meuse, où les Belges avaient fait sauter les ponts. Cette percée aussi avait coûté très cher. Le Commandant de la 14e brigade, le Général von Wussow fut tué; à sa place, le Général-Major Ludendorff entraînait les hommes à l'assaut. Le Général von Bulow était victime d'une balle de franc-tireur et devant l'escarpe d'un fort crachant du feu, le Prince Friedrich zu Lippe tombait mort à côté de son drapeau au milieu de quelques courageux.
Comme maintenant, on pouvait prendre par le flanc les forts qui tenaient encore sur la rive droite et qu'ils pouvaient être pris sous le feu de l'artillerie au départ de la Chartreuse, leur force diminuait peu à peu. La tempête des Régiments allemands par la gorge des forts allait planter leur drapeau sur les remparts verts.
Deux bataillons belges qui n'avaient pas été touchés par l'ordre de repli, se défendaient encore jusqu'au 13 août dans l'angle d'embouchure entre l'Ourthe et la Vesdre, après quoi ils se défilaient à travers les lignes allemandes en direction d'Awans et de Namur. C'était tout ce qui avait pu s'échapper des unités de front de l'Est.
Pendant ce temps, les forts de la rive gauche de la Meuse résistaient toujours sans défaillance. Il n'y avait aucune raison de les prendre d'assaut, car il n'y avait aucune armée de secours et l'artillerie lourde de siège avait eu le temps d'arriver. C'est à celle-ci qu'incombait la mission de réduire au silence ces forts tandis que les régiments victorieux de von Emmich se déployaient en quelque sorte seulement maintenant à Liège même en tant qu'aile droite de la première armée et y recevaient leur personnel de complément; ces régiments ont donc seulement été "mobilisés" dans la forteresse conquise.
On pourrait tracer ici un parallèle avec la mobilisation française de 1870, lorsque des régiments français reçurent seulement leur personnel de complément sur le champ de bataille de Wörth; mais quelle différence entre la situation tactique et la sûreté d'exécution.
Mais le grand blocage de la Meuse n'était pas encore complètement maîtrisé. Les forts qui, sur la rive gauche de la Meuse, barraient les routes et les chemins de fer, devaient tomber.
A cet effet le parc d'artillerie fut mis en position sur la rive droite de la Meuse. Pour assurer la direction de la défense de la rive gauche, le Général Leman s'était rendu au plus solide des forts, celui de Loncin. Il refusait obstinément de se rendre et croyait pouvoir retarder de quelques jours l'avance allemande. Le Commandement de l'Armée belge comptait chaque heure et espérait déjà voir débarquer dans quelques jours l'Armée britannique à Ostende.
D'après tout ce qui s'est passé, l'armée française ne pouvait tarder non plus et elle était attendue devant Namur pour donner la main à l'armée belge avant la chute de Liège.
Le 11 août commençait le bombardement des forts de la rive Ouest situés plus au Sud et cela avec des canons de 15 cm; les couvertures extérieures furent rasées. D'abord, on ne touchait pas au noyau du fort de Loncin, contre lequel devait se porter l'attaque principale, mais la mise en oeuvre des pièces de 21 cm causait de graves dégâts et paralysait les forces vives de la défense. L'escarpe de la gorge fut détruite et le remblai d'une batterie de flanc démoli. De la fumée asphyxiante pénétrait dans les locaux fermés et obligeait l'équipage à se réfugier dans les galeries. Le bombardement dura jusqu'au matin du 15 août, après que toutes les installations d'éclairage et d'aération étaient démolies; seules subsistaient les tours blindées et les casemates. Là, l'équipage résistait héroïquement. Et vers 2 heures de l'après-midi, un obus de dimensions inouïes tombait sur l'ouvrage. Cette nouvelle arme ne tirait que peu de coups; il s'agissait d'un obusier de 42 cm secrètement mis au point dans les ateliers de Krupp, portée de 12 à 15 Km tout en gardant un bon effet de tir. Après cela, le fort de Loncin était en ruines, déchiré jusqu'au noyau du béton. Les tours blindées furent jetées sur les côtés comme des boites de tôles éclatées, les canons détruits, les remparts transformés en entonnoirs, où il ne restait rien de vivant.
Dans une lettre adressée â Sa Majesté le Roi, le Général Leman a été le premier à décrire l'oeuvre de destruction réalisée par ces obus: "Quand ils arrivaient, nous entendions dans l'air le sifflement, qui peu à peu progressait jusqu'à devenir le hurlement d'un ouragan enragé pour se terminer par un coup de tonnerre terrible. D'immenses nuages de poussière et de fumée se propageaient sur le sol tremblant".
A 4 heures 20 du matin, un de ces projectiles faisait sauter le fort de Loncin et enterrait l'équipage.
Des décombres, on retirait le courageux Commandant, qui avait perdu connaissance. Voyant cette destruction, les derniers forts hissaient le drapeau blanc. Seul le Major Namèche, qui commandait le fort de Chaudfontaine, refusait de se rendre et se faisait sauter avec l'ouvrage qui lui avait été confié.
DU THEATRE DE GUERRE BELGE - EXTRAIT DE "DER VOLKERKRIEG" - Ober Kommando des Heeres
Ber. St d H. Fremde Heere West n° 44/40 g. Kdos (15.01.1940)
fourni par la Bundesarchiv-Militärarchiv - traduit par le Colonel-Médecin Mathar
L'ARMEE ET LES FORTIFICATIONS BELGES
L'armée belge a été réorganisée suite à la décision prise en 1913. Conformément â celle-ci, la force sur pied de paix devait être portée de 43.000 à 100.000 hommes et les effectifs sur pied de guerre à 150.000 pour les fortifications (dont 90.000 rien que pour Anvers) et 60.000 de réserve.
Au début de la guerre, cette réforme était en pleine réalisation, mais loin d'être terminée; pour l'armée de campagne, il existait tout au plus 100.000 hommes et 80.000 pour les fortifications.
A côté de l'armée proprement dite, il y a encore la Garde civique. Sa valeur militaire est minime; sa mission est d'assurer la mobilisation, de protéger les routes et l'approvisionnement.
L'armée est probablement subdivisée en six divisions d'armée comportant chacune trois brigades à deux régiments. Chaque brigade dispose de trois batteries d'artillerie à quatre pièces. Chaque division, en tant qu'unité stratégique, dispose en outre de 36 pièces d'artillerie et d'un régiment de cavalerie. De plus, une division de cavalerie sera mobilisée: elle comporte trois brigades à deux régiments et dispose de trois batteries â cheval, d'un bataillon cycliste et d'une section de génie. Elle est donc articulée de façon très moderne.
L'armement est valable, seul le fusil de l'infanterie n'est pas tout â fait à la hauteur. Le fusil mauser, modèle 1889, calibre 7,65 mm à répétition, tire des balles à tête ronde avec une vitesse initiale de 600 mètres seconde. La précision du tir n'est pas des meilleures; c'est pourquoi des essais avec d'autres projectiles étaient en cours. Les mitrailleuses Maxim, modèle 1911 sont utilisables; elles sont transportées à dos d'âne. La cavalerie est dotée de sabres courbés; seuls les lanciers disposent de lances. Tous les cavaliers sont équipés d'une carabine Mauser 7,65 mm.
L'artillerie de campagne (8 régiments pour l'armée de campagne) dispose de canons modèle 1905 système Krupp calibre 7,5 cm avec amortisseur à recul et bouclier de protection; ils tirent en "shrapnels". Il n'y a pas encore d'obusiers de campagne. Chaque batterie comporte six canons et 13 voitures blindées à munitions.
Le matériel des forts est d'une importance particulière: il se compose d'obusiers de 15 cm et de 21 cm, ainsi que des mortiers de 15 cm et de 8,8 cm. Le projet d'achat d'obusiers de 12 cm avec canons à amortisseurs de recul n'a probablement pas pu être réalisé. Les troupes techniques sont équipées de matériel moderne. Il existe 3 ballons dirigeables, un 4e serait en voie de construction.
De tout temps, la Belgique a attaché une grande importance au perfectionnement de ses fortifications. Le motif en était l'importance très faible de son armée du temps de paix, qui ne pouvait compter que sur un système de fortifications adéquat pour pouvoir retenir pendant un certain temps un ennemi pénétrant dans le pays.
L'idée de traverser la Belgique tombe sous le sens, puisque la vallée de la Meuse représente la liaison la plus directe entre Paris et Berlin. C'est ce que prévoyait la Belgique et elle a essayé tout d'abord de bloquer la vallée de la Meuse. Ensuite, en prévision de la chute des fortifications de cette région et afin de prévenir l'anéantissement de l'armée, dans l'impossibilité de résister en campagne, elle a fait d'Anvers une place forte de premier rang.
La ligne de la Meuse comporte les grands camps fortifiés de Liège et de Namur, reliés entre eux par le fort de Huy. Liège dispose de 12 forts solides, situés de part et d'autre de la Meuse et pourvus de coupoles blindées. L'armement est très important; les bâtiments sont bétonnés de façon moderne. Le fort de Huy est un fort d'arrêt au sens moderne du mot et contrôle les passages de la Meuse. Namur, au confluent de la Sambre et de la Meuse, est déjà important de par sa situation. Une ceinture de 9 forts solides en fait une place d'armes capable de résister.
Grâce au constructeur de forteresses bien connu, le Général Brialmont, Anvers sur l'Escaut est devenue une des places fortes les plus importantes du monde entier. Au cours des dernières années, une nouvelle boucle de travaux très avancés y a été ajoutée. La circonférence des solides lignes continues des forts est de plus de 100 kilomètres.
La Position fortifiée de Liège en 1940
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Courrier des lecteurs

Réponse à la question "Qui connaît ce véhicule?" parue dans le bulletin Tome II – Fascicule 7.
Monsieur J. Harlepin nous adresse deux copies de photos extraites de "Military Vehicles of World War 2". La légende en anglais est reproduite et suivie d'un essai de traduction.
The original Pavesi prototype, without body, shows off its unique chassis articulation and methed of steering and transmission.
Le prototype original Pavesi, sans carrosserie, expose son système unique d'articulation de châssis et de méthode de conduite et de transmission
A Pavesi P-4 under test at WVEE. Limited license production by Armstrong-Siddeley commenced in 1929
Un Pavesi P4 lors d'un essai au WVEE. La production sous licence restreinte par Armstrong-Siddeley commença en 1929.
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